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FLORIAN,

DE L'ACADÉMIE FRANÇOISE, De celles de

MADRID, FLORENCE, ETC.

Je tâche d'y tourner le vice en ridicule,
Ne pouvant l'attaquer avec des bras d'Hercule.
LA FONT. Fables, liv. v, 1.

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P. J. DE MAT, A LA LIBRAIRIE NATIONALE et étrangère.

1828

DE LA FABLE.

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a quelque temps qu'un de mes amis, me voyant occupé de faire des fables, me proposa de me présenter à un de ses oncles, vieillard aimable et obligeant, qui, toute sa vie, avoit aimé de prédilection le genre de l'apologue, possédoit dans sa bibliothéque presque tous les fabulistes, et relisoit sans cesse La Fontaine.

J'acceptai avec joie l'offre de mon ami: nous allâmes ensemble chez son oncle.

Je vis un petit vieillard de quatre-vingts ans à peu près, mais qui se tenoit encore droit. Sa physionomie étoit douce et gaie, ses yeux vifs et spirituels; son visage, son souris, sa manière d'être, annonçoient cette paix de l'âme, cette habitude d'être heureux par soi qui se communique aux autres. On étoit sûr, au premier abord, que l'on voyoit un honnête homme que la fortune avoit respecté. Cette idée faisoit plaisir, et préparoit doucement le cœur à l'attrait qu'il éprouvoit bientôt pour cet honnête homme.

Il me reçut avec une bonté franche et polic, me fit as

seoir près de lui, me pria de parler un peu haut, parce qu'il avoit, me dit-il, le bonheur de n'être que sourd; et, déjà prévenu par son neveu que je me donnois les airs d'être un fabuliste, il me demanda si j'aurois la complaisance de lui dire quelques-uns de mes apologues.

Je ne me fis pas presser, j'avois déjà de la confiance en lui. Je choisis promptement celles de mes fables que je regardois comme les meilleures ; je m'efforçai de les réciter de mon mieux, de les parer de tout le prestige du débit, de les jouer en les disant; et je cherchai dans les yeux de mon juge à deviner s'il étoit satisfait.

Il m'écoutoit avec bienveillance, sourioit de temps en temps à certains traits, rapprochoit ses sourcils à quelques autres, que je notois en moi-même pour les corriger. Après avoir entendu une douzaine d'apologues, il me donna ce tribut d'éloges que les auteurs regardent toujours comme le prix de leur travail, et qui n'est - souvent que le salaire de leur lecture. Je le remerciai, comme il me louoit, avec une reconnoissance modérée; et, ce petit moment passé, nous commençâmes une conversation plus cordiale.

J'ai reconnu dans vos fables, me dit-il, plusieurs sujets pris dans des fables anciennes ou étrangères.

Oui, lui répondis-je, toutes ne sont pas de mon invention. J'ai lu beaucoup de fabulistes; et lorsque j'ai trouvé des sujets qui me convenoient, qui n'avoient pas été traités par La Fontaine, je ne me suis fait aucun scru

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