FABLE XIV. La Pie et la Colombe, Une Colombe avait son nid Tout auprès du nid d'une pie. Cela s'appelle avoir mauvaise compagnie, Au logis de la Tourterelle Ce n'était qu'amour et bonheur; Dans l'autre nid toujours querelle, } OEufs cassés, tapage et rumeur. Lorsque par son époux la Pie était battue, Chez sa voisine elle venait, Là jasait, criait, se plaignait, Et faisait la longue revue Des défauts de son cher époux : Il est fier, exigeant, dur, emporté, jaloux ; De plus, je sais fort bien qu'il va voir des corneilles ; Et cent autre choses pareilles Qu'elle disait dans son courroux. Mais vous, répond la Tourterelle, Êtes-vous sans défauts? Non, j'en ai, lui dit-elle; Je vous le confie entre nous : En conduite, en propos, je suis assez légère, Coquette comme on l'est, par fois un peu colère, Mais qu'est-ce que cela? — C'est beaucoup trop, ma chère; Votre humeur peut l'aigrir.... Qu'appelez-vous, ma mie? Interrompt aussitôt la Pie : Moi de l'humeur ! Comment! je vous conte mes maux, Adieu, petite impertinente : Mêlez-vous de vos tourtereaux. Nous convenons de nos défauts, FABLE XV. L'Education du Lion. Enfin le roi lion venait d'avoir un fils; Les rois heureux ont tant d'amis! Sire Lion, monarque sage, Aux soins d'un gouverneur vertueux, estimé, Vous jugez qu'un choix pareil Est d'assez grande importance Pour que long-temps on y pense. Le monarque indécis assemble son conseil : peu de mots il expose En Le point dont il s'agit, et supplie instamment Chacun des conseillers de nommer franchement Celui qu'en conscience il croit propre à la chose. Le tigre se leva: Sire, dit-il, les rois N'ont de grandeur que par la guerre ; Il faut que votre fils soit l'effroi de la terre : Faites donc tomber votre choix Sur le guerrier le plus terrible, Le plus craint après vous des hôtes de ces bois. Un animal de poids, de qui l'expérience Et mettre à profit ses exploits. Après l'ours, le renard s'explique, |