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QUATORZIEME ANNEE

JOURNAL DE LA SEMAINE

PARAISSANT TOUS LES SAMEDIS

SAMEDI 2 JUILLET 1921

Le Problème du Pacifique et la solidarité des
Continents: JACQUES BARDOUX...

Editorial:

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N° 27

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Ce qu'on dit.

3

Le problème de la Haute-Silésie: RENÉ BERGER.

14

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Le problème du Pacifique

et la solidarité des Continents Fidèle à ses origines, la Prusse est solidaire de l'Orient. Si aucun remous ne vient ý creuser des lignes nouvelles, l'espoir d'une revanche reste lointain. Elle ne peut être déclenchée, avec chance de succès, que, si la reconstitution d'une Russie centralisée et tsariste permet de préparer, d'accord avec Berlin, le double flux. qui balaiera les Etats baltiques et roulera à travers les plaines polonaises.

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Certes la France n'a, avec l'Empire du Soleil Levant, aucun sujet de querelle. Bien au contraire, les pensées françaises, curieuses de connaître toutes les formes de la vie et toutes celles de l'esprit, sont sensibles à l'attrait du mystère, au charme de l'art et au prestige du courage japonais. L'accueil qui a été fait au prince héritier, de la mer au Rhin, dans toutes les villes et par tous les milieux, est là pour en témoigner. La République, qui n'est et ne veut être qu'une puissance africaine, croit que les peuples asiatiques, dans la limite plus ou moins souple de leurs frontières ethniques, sont appelés à se diriger eux-mêmes et à se suffire à eux

Une autre éventualité permettrait de niveler le fossé polonais, qui coupe la terre prussienne, et de franchir le fossé rhénan, qui couvre les nations occidentales. Si la force américaine, entraînée vers le lointain Pacifique, était paralysée par une guerre d'usure et si la force britannique, affranchie d'une rivalité commerciale, était absorbée par une ère de prospérité, la veillée franco-mêmes. Aucun appétit ne trouble son jugement. Aucun belge suffirait-elle, même avec l'appui de la Petite-Entente et d'une Pologne régénérée, à empêcher l'explosion d'un nouvel attentat contre la paix européenne? Il est permis d'en douter.

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préjugé n'altère sa vision. Aussi est-il permis à une plume française, de s'exprimer, en toute franchise et sans froissement possible, sur un conflit qui risque d'ébranler, à nouveau, la paix du monde.

Ce péril se présente sous des formes à peu près analogues à celles qui caractérisaient le danger, dont l'Europe prit conscience en 1914.

L'évolution industrielle et la poussée ouvrière qui caractérisent le Japon moderne, ne sont pas encore parvenues à transformer l'autorité politique, qui reste disciplinée et mystérieuse, militaire et oligarchique, féodale tel l'Etat prussien à la veille de l'explosion. Un essor prodigieux et un enrichissement rapide n'ont pu, ni au Japon, ni en Allemagne, assurer la stabilité économique et absorber une population croissante. Elle

:

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dans les limites de son droit et du droit Et à l'heure o il se détourne d'un système de garanties mutuelles, écarte les suggestions du premier ministre néo-irlandais et refuse à la France l'exécution de son contrat formel, 1e" Foreign-Office affichant une fois de plus un illogism séculaire, renouvellerait le traité anglo-japonais ?

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déborde. La terre arable, dont dispose dans ses iles | gleterre pourra vaquer paisiblement à son commerc l'Empire nippon, est inférieure, comme superficie, à celle de la Belgique. Or sa population est supérieure à celle du Royaume-Uni, de la Belgique et de la Hollande réunies plus de 60 millions d'âmes, plus de 800.000 naissances. Dès qu'une infiltration japonaise se dessine dans une terre qui n'est point surpeuplée, elle est aussitôt enrayée. A peine la loi californienne, qui interdit aux Japonais d'être propriétaires fonciers, est-elle entrée en application (9 décembre 1920), qu'un texte nouveau, voté en mars, contrôle, limite, ligote les 40 écoles japonaises, qui instruisent 1.900 gamins sur le territoire américain. Le même effort a été tenté à Hawaï, dès que la statistique eût révélé que les immigrants japonais représentaient 42,7 0/0 de la population totale et que leurs 136 écoles primaires et leurs 10 collèges secondaires groupaient 17.300 enfants (décembre 1920).

L'atmosphère est aussi menaçante que celle de 1914. Et si les gouvernements intéressés proclament leurs intentions pacifiques, la vieille formule de la «< guerre fatale» est sur toutes les lèvres. On la retrouve sur celle des étudiants japonais qui travaillent à Paris, comme sur celles des commerçants français qui rentrent d'Extrême-Orient déversoir indispensable, résistance américaine. Or, la tension des esprits prépare la tension des diplomaties. Cet état psychologique est surtout dangereux, quand il coïncide avec un malaise économique et avec une occasion militaire. Guillaume II .eût.hésité davantage à déclencher le conflit et à galvaniser l'Autriche, s'il avait été plus rassuré sur l'essor de l'industrie allemande et moins confiant dans la supériorité des effer tifs austro-allemands. Orvoici que la généralisation de la crise commerciale et la fermeture des marchés européens viennent, au Japon, aviver les regrets laissés par une invraisemblable prospérité et les espoirs donnés par les clientèles asiatiques. Si encore les Nippons étaient sûrs qu'il sera toujours impossible de leur interdire, par une intervention navale, tout privilège sur la terre chinoise. Mais un jour viendra, où les flottes américaines ne seront point paralysées par la longueur infinie des routes du Pacifique et pourront se ravitailler en charbon et en huiles, sans être escortées par les escadres.

fragiles, de leurs cargos. Si la flotte américaine disposait d'une autre base que celle de Hawaï et des Philippines, elle retrouverait immédiatement tous les avantages que lui assure sa supériorité numérique. Or l'îlot de Guam, l'île de Malte de la mer Pacifique n'est point encore fortifié.

Cet avantage temporaire prend toute sa valeur psychologique lorsqu'on sait que la Chine est incapable de rembourser au Japon les 200 millions de yens, dont l'échéance est prochaine et qui sont gagés sur des mines. de fer et de charbon. La menace d'une flotte réduite à l'impuissance par la longueur des distances et le manque de bases, suffira-t-elle pour décider un gouvernement oligarchique et souverain, exaspéré par des incidents répétés, en Californie, à Hawaï et en Sibérie, à refuser ce gage opportun et à fermer ce débouché nécessaire ?

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Le Spectator, fidèle une fois de plus à ces traditions de courage civique et de sens politique dont il fut l'éloquent interprète à la veille d'août 1914-poursuit la même tâche d'honnêteté et de sagesse il signale la gravité du conflit qui grandit, il critique le renouvellement d'une alliance qui le précipite.

Depuis des mois et des mois, les interprètes les plus autorisés et les plus différents de l'opinion et du gouvernement britanniques proclament à l'envi que l'ère des alliances est close. Seul subsiste le pacte de la Société des Nations. Affranchie de toute entrave, l'An

:

Comment expliquer, se demande le Spectator, pareille exception à la règle nouvelle ?. Le traité primi tif était dirigé contre l'impérialisme russe il s'es évanoui dans les brumes du passé. Ce pacte fut utile contre la flotte allemande : elle est au fond des mers.. Contre qui serait-il aujourd'hui dirigé ? En diplomatie, on ne se marie que contre quelqu'un. « Certainement pas contre les Etats-Unis », proclamait M. A. Chamberlain le 18, et M. D. Lloyd George le 20 juin 192 1. Et tous les premiers ministres coloniaux d'insister le 21, dans le même sens et dans des termes qu n'ont pas dû tous être également agréables au Foreign Office. Avec raison le Spectator ne s'est pas laissé démonter par cette argumentation d'une sincérité discutable. Une coopération n'est pas toujours militaire. Un prêt vaut une escadre. Une usine vaut une batterie. Une neutralité bienveil lante peut être aussi efficace qu'une coopération formelle. Et, d'ailleurs, la lutte des flottes dans le Pacifique n'est qu'une éventualité la lutte des influences en Chine est une réalité. Or, un témoin anglais, l'avocat B. Lennox Simpson, dans des lettres au Daily Telegraph (7 et 20 juin) et au Spectator (25 juin), a montre l'autorité que puisaient les Japonais entreprenants dans Falliance anglo-nipponne.

L'opinion américaine demande au gouvernement bri tannique de ne point renouveler l'alliance japonaise.

«M. B. Lennox Simpson a constaté que les hommes politiques américains approuvaient en général la déclaration, qui lui avait été faite par le sénateur Mac Cormick, en pré sence du sénateur Lodge, président de la commission des affaires étrangères s'il est possible pour la Grande-Bretagne et pour le Japon de rédiger un traité, qui puisse être accepté par le gouvernement américain, ces deux Etats en devraient pouvoir faire un traité qui puisse être accepté par l'opinion américaine. Or, c'est le peuple américain, qui, au bout du compte, décide de la politique américaine. »

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japonais. Nulle tactique n'est plus imprudente, dans ce continent inorganique, en voie de gestation, ébranlé par Finfiltration slave et japonaise. Seule une politique d'union américaine et de solidarité continentale peut, en apaisant les esprits et en atténuant les concurrences. assurer la paix.

Elle exige que les diplomaties fassent l'effort intellectuel nécessaire pour donner au Japon la satisfaction que mérite son courage, le débouché que réclame son industrie, le déversoir qu'impose sa population.

Si les Alliés décidaient de maintenir, pour une période déterminée, le principe de conférences entre ministres des Affaires étrangères ou leurs représentants, le Japon continuerait à y être représenté à côté des EtatsUnis. Cet accord général annulerait les accords particuliers. Cette entente collective absorberait les alliances à deux. L'interpénétration des Européens et des Asiatiques resterait assurée... L'Amérique et le Japon recevraient égale satisfaction.

Washington a, d'ailleurs, inventé la formule qui permet, tout en sauvegardant l'intégrité de la Chine, d'assurer la participation des Etats intéressés dans l'exploitation d'un marché dont ils ne peuvent plus se passer. Il suffit d'élargir le consortium financier et de lui réserver le monopole des concessions et travaux que Pékin croirait devoir accorder à des puissances étrangères. Ces affaires industrielles seraient réparties proportionnelle ment à la part des associés dans le passif qu'il crée, or cela, au Japon, est considérable. Le consortium interallié est la formule nécessaire d'une politique orientale. Elle libère. Elle coordonne. Elle pacifie.

J'entends bien que cette participation ne saurait suffire au Japon. Il lui faut une colonie de peuplement. Il la trouvera non pas dans la Chine surpeuplée, mais dans la Sibérie vide, et cependant fertile. Cette terre noire, cultivée par le paysan japonais, fournira à l'Empire insulaire les vivres dont il ne peut se passer. Elle deviendra, entre ses mains, une digue contre l'infiltration bolcheviste et une barrière contre l'impérialisme russe, une garantie pour l'équilibre européen.

Cette esquisse d'une politique orientale paraîtra audacieuse et peut-être rêverie française. Au monde transformé, sont nécessaires des solutions nouvelles. Il est vraiment temps de cesser de vivre à l'aveuglette et de recommencer à penser.

JACQUES BARDƆUX.

CE QU'ON DIT

UELQUES esprits chagrins s'indignent de la place que tient dans les journaux le prochain championnat du monde de boxe. Ils trouvent qu'on ne devrait pas accorder à un combat sportif une telle importance. Ils se trompent.

Au lendemain d'une guerre qui a épuisé notre race, il importe de l'améliorer physiquement. Or, il ne suffit pas de faire des lois et de rendre l'éducation physique obligatoire: il faut absolument rendre le sport populaire et lui attirer la foule.

Comment faire ? Employer le moyen par lequel on répand les idées aussi bien que les marchandises

qui est la grande force du monde moderne: la publicité. Croyez bien que celle que tous les journaux donnent à Carpentier fera plus pour vulgariser le goût et la pratique des sports qu'une dizaine de lois et le louble de décrets.

D'ailleurs, la rencontre de samedi présente un autre méret: les Américains sont, chacun le sait, grands

admirateurs de la force et se montrent fiers de posséder. les meilleurs boxeurs in the world. Pour mesurer l'im portance qu'ils attachent au titre de champion du monde, il suffit de rappeler l'effet produit lorsque ce fut un nègre, Johnson, qui réussit, le premier, à conquérir ce titre. Sa victoire prit aux yeux de la plupart de ses compatriotes l'importance d'une défaite de la race blanche. Or, pour la première fois depuis de longues années, un étranger se prépare, avec quelques chances de succès, à affronter leur champion, et cet étranger se trouve être,, non pas un Anglo-Saxon, mais un de ces Français si longtemps dédaignés au point de vue athlétique. On peut être certain que la victoire de Carpentier aurait, aussi bien en Amérique qu'en Angleterre, un retentissement considérable et contribuerait à accroître le prestige de la France: cela non plus n'est pas négligeable. Les souverains ont coutume de faire à l'étranger des voyages qui n'ont pas seulement pour but de conclure des traités ou de leur permettre de causer avec les chefs des Etats visités. Ils font, en même temps, une "excellente publicité aux idées, à l'industrie et au commerce de leur pays. La République, elle, envoie à Pétranger ses représentants les plus qualifiés. Carpentier n'est pas le moins utile de nos agents de propagande. Les Allemands, qui savaient si bien organiser leur réclame, auraient, on peut en être convaincu, été heureux de posséder un Carpentier. Nous aurions tort de nous plaindre que l'on en profite chez nous aussi bien qu'on leût fait chez cux. SERGE ANDRÉ.

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Au Bois.

Par ci par là.

Mais où sont les printemps d'antan... et du Sentier de la Vertu ?... Cependant ne trouvez-vous pas que cette allée des Acacias est vraiment exquise depuis qu'elle n'est plus le mail de Paris?

Exquise, en effet, puisqu'on s'y promène pour soi et non plus comme autrefois pour les autres.

Mais il ne faut point le dire trop haut, ou ce sera l'odieuse cohue et toutes ses conséquences mondaines. Et plutôt que de goûter son frais ombrage, l nous faudra saluer de ci de là, et remarquer la toilette, le visage et le compagnon de nos amies et des amies de tout le monde. Laissez cela à l'avenue du Bois, je vous prie.

Voilà comme on parlait cette année de l'allée des Acacias. Mais nul ne tint de tels discours dimanche dernier. Quelle cohue, mes amis depuis l'allée des Acacias jusqu'au coin le plus retiré. Ah! l'on avait bien oublié les assassinats du Bois de Boulogne !

Et tout le peuple de Paris se vautrait avec délices sur une herbe sèche et poussiéreuse. A la fin de la journée, quand les voitures du Grand Prix commencèrent de refluer vers Paris, on se pencha pour les voir passer. Et de temps en temps, l'on entendait crier : voilà le Président. Cependant le Président ne paraissait pas ; et comme on s'était laissé prendre plusieurs fois à des cris trompeurs, on ne bougeait plus. On ne bougea même pas quand le Président arriva dans son landau, sans escorte, et saluant, saluant inlassablement les badauds qui ne l'attendaient plus.

Dans la galerie des Glaces.

Chez ceux qui règnent.

Trois souverains, ou peu s'en faut, furent donc réunis l'autre jour à Versailles, pour goûter l'esprit de M. Robert de Flers.

Le roi d'Espagne venait d'Angleterre, et le prince Hiro-Hito, comme on sait, avait commencé par le pays

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De la Galerie des Glaces on s'en fut vers le buffet. L'assistance, particulièrement choisie et élégante, s'était jusque-là montrée digne et respectueuse.

On s'était bien tenu pendant la conférence de M. de Flers, on ne se bousculait pas trop, les messieurs gardaient soigneusement leurs chapeaux à la main.

Mais, quand on fut passé dans les salons voisins, qu'on eut doublé le grand escalier de marbre et qu'on fut en vue du buffet, le cortège changea d'aspect.

Les hommes assujettirent immédiatement leurs chapeaux sur leur tête, et, la canne sous le bras, ils s'élancèrent vers les gâteaux et les friandises.

Les femmes rivalisèrent de vitesse. Les premiers arrivés s'installèrent et se tassèrent, et opposèrent aux moins agiles une digue infranchissable.

Les assiégeants tentèrent vainement de s'y infiltrer. Quelqu'un, dans l'espoir de la rompre, usa d'un stratagème, et cria:

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Voilà le Roi qui s'en va.

Nul ne bougea.

Une vieille dame, vêtue d'une robe de soie noire engloutissait des gâteaux avec une telle rapidité, qu'il tombait une multitude de miettes. Pour n'en rien perdre, elle les recueillait dans son mouchoir, les y happait ensuite, puis se précipitait vers la table pour y saisir une nouvelle tranche de gateau, trouvant à peine le temps, dans l'intervalle, de crier à sa fille :

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Madeleine, prends donc du gâteau, voyons... Quand les verres furent vides, qu'il ne resta pas un seul petit four, le front se rompit enfin, les assiégés n'ayant plus de vivres.

Et sur les marches de l'escalier royal, un vieillard répétait, avec une mélancolie de courtisan disgracié :

Je n'ai même pas pu avoir un verre de limonade.

Fantoches.

Nous sommes plusieurs à nous souvenir d'une scène étrange qui se déroula, récemment, à la terrasse d'un café des boulevards.

Un consommateur, d'aspect assez bourru sous des dehors obèses, était assis solitaire, devant une consom

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Par une soudaine résolution, ces bons sénateurs avaient donc voulu consacrer eux-mêmes la conquête de l'air. Ils s'envolèrent vers Londres, et trouvèrent à l'ambassade de France un bon dîner, où l'on ne manqua pas de chanter en de multiples toasts la sécurité parfaite et la grande commodité des voyages aériens.

Le colonel Saconney se préparait à chanter aussi tout cela le lendemain matin, à la petite collation qui attendait les voyageurs au Bourget.

Mais ils arrivèrent avec vingt-quatre heures de retard : une panne les avait forcés d'atterrir à Amiens ; et puis la nuit les avait surpris à Breteuil.

C'est pourquoi le colonel Saconney changea son fusil d'épaule, et sans s'attarder sur les charmes de la navigation aérienne, il loua le courage et la ténacité de MM. les sénateurs...

Chez ceux qui dansent.

De Malplaquet à l'avenue d'Iéna.

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Marlborough vient de se marier; il a épousé miss Gladys Deacon. Et Paris, qui pourrait en vouloir encore vainqueur de Malplaquet, a fêté l'héritier de notre vieil ennemi. Tant de générations ont chanté :

Malbrouk s'en va-t-en guerre
Mironton, mironton, mirontaine

que le nom de « Malbrouk » est devenu tout à fait sympathique.

Aussi, journaux et magazines nous ont conté les moindres détails des cérémonies.

Cependant, ils ne nous ont pas dit que le mariage religieux, célébré avenue d'Iéna, par le révérend J.-T. Wright, pasteur de l'église presbytérienne d'Ecosse, rompu avec une tradition plus que séculaire et marqué un progrès bien fait pour réjouir ies féministes.

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Le prêtre a demandé à la jeune épouse si elle consentait à prendre pour époux le duc de Marlborough, et si elle lui jurait fidélité. Mais il a arrêté là ses questions. D'obéissance il n'a pas été question.

Sans doute s'est-on dit qu'exiger d'une fille de la libre Amérique un serment d'obéissance était vraiment trop exiger. Et le vainqueur de Malplaquet, lui-même, à la place de son petit neveu, lassé de partir en guerre, se contenterait du serment de fidélité.

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moins antiques. Celui-ci ne va qu'en banlieue, à Champigny,

Ace théâtre antique de la Nature, la nature est charmante, si l'antiquité n'est que de carton. Ce carton d'ailleurs, ou plutôt ce mur de toile camouflant le pan d'une villa, est parmi la verdure, d'un rouge-rose assez égyptien et peut paraître au soleil couchant tout à fait orange-Orange.

Seulement le soleil ne décline qu'à la fin du jour, et l'on commence à jouer bien plus tôt. Les acteurs furent héroïques sous l'insolation. Les spectateurs le furent moins... sur des sièges qui suèrent leur peinture fraîche et zébrèrent robes et pantalons.

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L'Opéra vient de monter les Troyens avec toutes les Tessources théâtrales dont disposent M. Rouché et sés collaborateurs. On sait que Berlioz avait dû renoncer à la réalisation complète de son œuvre parce que les procédés scéniques de son temps ne se prêtaient pas à la traduction visuelle de son rêve.

L'histoire de Troie semble décidément se prêter à toutes les révolutions scéniques. Bien avant les Troyens, il y eut les Troyennes, tragédie de M. de Châteaubrun, qui fut reprise à la Comédie Française en 1769. On venait de supprimer les fameuses banquettes qui rétrécissaient la scène, incommodaient les comédiens et détruisaient l'illusion; et l'on avait choisi cette tragédie, où il y a un grand nombre d'acteurs, pour mieux faire sentir au public les avantages de la nouvelle disposition.

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meté, de résolution, et qu'on leur montre les dents de bonne grâce; et, au vrai, ils ne sont jamais plus à craindre que lorsqu'on paraît les craindre. »

Cette formule, qu'a citée M. Martineau en inaugurant son cours d'histoire coloniale au Collège de France, n'est-elle pas satisfaisante ? Elle n'est point de M. Briand, mais de Saint-Georges, l'un de nos chefs d'es-. cadre et l'ami de, Dupleix, qui s'exprimait ainsi dans un mémoire à la Compagnie des Indes...

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Les aventures d'une amirale russe.

On a pu lire ici même, il y a huit jours, l'histoire de cette amirale russe qui, pour fuir le bolchevisme, avait fait semblant d'épouser un Anglais, s'était fait conduire par lui jusqu'à la Côte d'Azur, lui avait payé les cent mille roubles convenus, et cherchait maintenant le moyen de gagner sa vie. Ce moyen, elle l'a trouvé et vous le comprendrez aisément quand vous verrez prochainement au cinéma les malheurs de l'amirale Makaroff. Pauvres misères humaines qui se vendent, comme les monstruosités à la foire.

Il est vrai que l'amirale Makaroff s'est contentée de donner le sujet du film et de se faire tourner pendant cinq minutes. Passé le premier tableau, elle a fait maquiller une étoile de film en amirale Makaroff. Ce qui n'empêchera pas le public de s'apitoyer sur les aventures authentiques de l'héroïne qu'il verra.

Celles qu'on oublie de consulter.

Enfin la grève du charbon semble avoir pris fin. Et le gouvernement anglais n'est pas seul à s'en réjouir.

A Burnley, dans le pays noir, une femme de gréviste se plaignait, il y a quelque temps, à un journaliste, lui rappelait que beaucoup de familles ne s'étaient pas encore relevées du désastre de la dernière grève, et lui demandait qu'on ajoutât cet article à la loi qui reconnaît le droit de grève : « Les hommes ne pourront se mettre en grève qu'après un vote de leurs femmes ».

Ce serait en effet simple et logique et cela éviterait peut-être, à l'avenir, les désordres de cette année...

Les couleurs et les criminels.

Les Áméricains nous avaient déjà initiés à l'influence subtile des couleurs sur la digestion.

Mais voici mieux: le professeur Kemp Prossor affirme que l'usage rationnel des couleurs peut et doit diminuer la criminalité. Il faut surtout, dit-il, éviter dans les prisons la couleur grise, les criminels ayant habituellement vécu dans une ambiance grise.

Les enfants ayant une tendance au vol devront vivre dans le rose.

Les criminels violents devront vivre dans des cellules orange et jaune.

Pour guérir les cambrioleurs, les meilleures couleurs. sont le violet et le noir éclairés de quelques points bleus. Toutes les cellules doivent avoir des plafonds d'azur.

Les, criminels, conclut le savant professeur, sont des détraqués. Si vous désirez les guérir, laissez pénétrer dans leurs cellules le jaune du rayon de soleil et le vert du printemps, les deux couleurs qui représentent la vie.

L'idée est originale, mais le plus fort est que le Museum Médical de Washington a demandé à M. Kemp Prossor un rapport très détaillé sur sa science nouvelle et que de grandes expériences vont être faites dans les prisons américaines.

Heureux criminels, qui, au lieu de recevoir le fouet et la bastonnade, vont se repaître les yeux de savantes. harmonies!

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