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Pour sécher notre poterie.

Vous, pontife du dieu de l'air, Obtenez-nous cela, mon pere, je vous prie; Parlez pour nous à Jupiter.

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- Très volontiers, ma chere amie :

Mais je ne sais comment accorder mes enfants;
Tu me demandes du beau temps,"

Et ta sœur a besoin de pluie.

Ma foi, je me tairai de peur d'être en défaut. Jupiter mieux que nous sait bien ce qu'il nous faut; Prétendre le guider seroit folie extrême :

Sachons prendre le temps comme il veut l'envoyer. L'homme est plus cher aux dieux qu'il ne l'est à lui-même-; Se soumettre, c'est les prier.

FABLE VII.

Les deux Chauves.

Un jour deux chauves dans un coin

Virent briller certain morceau d'ivoire : Chacun d'eux veut l'avoir; dispute et coups de poing. Le vainqueur y perdit, comme vous pouvez croire, Le peu de cheveux gris qui lui restoient encor. Un peigne étoit le beau trésor

Qu'il eut pour prix de sa victoire.

FABLE VIII.

Le Léopard et l'Ecureuil.

UN écureuil sautant, gambadant sur un chêne, Manqua sa branche, et vint, par un triste hasard, Tomber sur un vieux léopard

Qui faisoit sa méridienne.

Vous jugez s'il eut peur! En sursaut s'éveillant,
L'animal irrité se dresse;

Et l'écureuil s'agenouillant
Tremble et se fait petit aux pieds de son altesse.
Après l'avoir considéré,

Le léopard lui dit : Je te donne la vie,
Mais à condition que de toi je saurai

Pourquoi cette gaîté, ce bonheur que j'envie,
Embellissent tes jours, ne te quittent jamais,
Tandis que moi, roi des forêts,
Je suis si triste et je m'ennuie.
Sire, lui répond l'écureuil,

Je dois à votre bon accueil

La vérité: mais, pour la dire,

Sur cet arbre un peu haut je voudrois être assis. -Soit, j'y consens: monte. - J'y suis.

A présent je peux vous instruire.

Mon grand secret pour être heureux
C'est de vivre dans l'innocence;

L'ignorance du mal fait toute ma science,
Mon cœur est toujours pur, cela rend bien joyeux.
Vous ne connoissez pas la volupté suprême
De dormir sans remords; vous mangez les chevreuils,
Tandis que je partage à tous les écureuils

Mes feuilles et mes fruits; vous haïssez, et j'aime :
Tout est dans ces deux mots. Soyez bien convaincu
De cette vérité que je tiens de mon pere:
Lorsque notre bonheur nous vient de la vertu,
La gaîté vient bientôt de notre caractere.

FABLE I X.

Pan et la Fortune.

Un jeune grand seigneur à des jeux de hasard

Avoit perdu sa derniere pistole,

Et puis joué sur sa parole;
Il falloit payer sans retard :

Les dettes du jeu sont sacrées.

On peut faire attendre un marchand,

Un ouvrier, un indigent,

Qui nous a fourni ses denrées,

Mais un escroc? L'honneur veut qu'au même moment

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On le

paye,

et très poliment.

La loi par eux fut ainsi faite.

Notre jeune seigneur, pour acquitter sa dette,
Ordonne une coupe de bois.

Aussitôt les ormes, les frênes,

Et les hêtres touffus, et les antiques chênes,
Tombent l'un sur l'autre à la fois.

Les faunes, les sylvains, désertent les bocages;
Les dryades en pleurs regrettent leurs ombrages;
Et le dieu Pan, dans sa fureur,

Instruit que le jeu seul a causé ces ravages,
S'en prend à la Fortune : O mere du malheur,
Dit-il, infernale furie,

Tu troubles à la fois les mortels et les dieux,
Tu te plais dans le mal, et ta rage ennemie.....
Il parloit, lorsque dans ces lieux
Tout-à-coup paroît la déesse.

Calme, dit-elle à Pan, le chagrin qui te presse;
Je n'ai point causé tes malheurs :

Même aux jeux de hasard, avec certains joueurs,

Je ne fais rien.

Qui donc fait tout? — L'adresse.

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Je me souviens à ce propos

Qu'au temps jadis, après une sanglante guerre
Où, malgré les plus beaux exploits,
Maint lion fut couché par terre,
L'éléphant régna dans les bois.
Le vainqueur, politique habile,
Voulant prévenir désormais

Jusqu'au moindre sujet de discorde civile,
De ses vastes états exila pour jamais
La race des lions, son ancienne ennemie.
L'édit fut proclamé. Les lions affoiblis,
Se soumettant au sort qui les avoit trahis,
Abandonnent tous leur patrie.

Ils ne se plaignent pas,

ils gardent dans leur cœur

Et leur courage et leur douleur.

Un bon vieux petit chien, de la charmante espece
De ceux qui vont portant jusqu'au milieu du dos

Une toison tombante à flots,
Exhaloit ainsi sa tristesse:

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