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Une retraite hospitaliere.

Elle applaudit déja : mais quelle est sa douleur,
Lorsqu'elle voit son fils, ce fils dont la jeunesse
N'entendit que leçons de vertu, de sagesse,
Saisir le foible oiseau, le plumer, le manger,
Et garder au milieu de l'horrible carnage
Ce tranquille sang froid, assuré témoignage
Que le cœur désormais ne peut se corriger!
Elle en mourut, la pauvre mere.

Quel triste prix des soins donnés à cet enfant !
Mais c'étoit le fils d'un milan;
Rien ne change le caractere.

FABLE I V.

L'Ane et la Flûte.

LE's sots sont un peuple nombreux,

ES

Trouvant toutes choses faciles :

Il faut le leur passer, souvent ils sont heureux ;

Grand motif de se croire habiles.

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Regardoit

un pasteur jouant, sous le feuillage,

t D'une flûte dont les doux sons

Attiroient et charmoient les bergers du bocage.

Cet âne mécontent disoit : Ce monde est fou!
Les voilà tous, bouche béante,

· Admirant un grand sót qui sue et se tourmente A souffler dans un petit trou.

C'est par de tels efforts qu'on parvient à leur plaire, Tandis que moi... Suffit... Allons-nous-en d'ici, Car je me sens trop en colere.

Notre âne, en raisonnant ainsi,

Avance quelques pas, lorsque, sur la fougere,
Une flûte, oubliée en ces champêtres lieux
Par quelque pasteur amoureux,

Se trouve sous ses pieds. Notre âne se redresse,
Sur elle de côté fixe ses deux gros yeux;
Une oreille en avant, lentement il se baisse,
Applique son naseau sur le pauvre instrument,
Et souffle tant qu'il peut. O hasard incroyable!
Il en sort un son agréable.

L'âne se croit un grand talent,

Et tout joyeux s'écrie en faisant la culbute:
El! je joue aussi de la flûte ↓

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FABLE V.

Le Paysan et la Riviere.

в veux me corriger, je veux changer de vie, Me disoit un ami : dans des liens honteux

Mon ame s'est trop avilie;

J'ai cherché le plaisir, guidé par la folie,

Et mon cœur n'a trouvé que le remords affreux.
C'en est fait, je renonce à l'indigne maîtresse
Que j'adorai toujours sans jamais l'estimer;
Tu connois pour le jeu ma coupable foiblesse,
Eh bien! je vais la réprimer;

Je vais me retirer du monde,

Et, calme désormais, libre de tous soucis,
Dans une retraite profonde,

Vivre pour

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Que de fois vous l'avez promis!

Toujours en vain, lui répondis-je.

Ça, quand commencez-vous?-Dans huit jours, sûrement. - Pourquoi pas aujourd'hui ? Ce long retard m'afflige. -Oh! je ne puis dans un moment

Briser une si forte chaîne:

Il me faut un prétexte; il viendra', j'en réponds.
Causant ainsi, nous arrivons

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Jusques sur les bords de la Seine;
Et j'apperçois un paysan

Assis sur une large pierre,

Regardant l'eau couler d'un air impatient.

-L'ami, que fais-tu là? - Monsieur, pour une affaire

Au village prochain je suis contraint d'aller:

Je ne vois point de pont pour passer la riviere,
Et j'attends que cette eau cesse enfin de couler.

Mon ami, vous voilà, cet homme est votre image; Vous perdez en projets les plus beaux de vos jours: Si vous voulez passer, jetez-vous à la nage;

Car cette eau coulera toujours,

FABLE VI.

Le Prêtre de Jupiter.

Un prêtre de Jupiter,

Pere de deux grandes filles,

Toutes deux assez gentilles,

De bien les marier fit son soin le plus cher.
Lés prêtres de ce temps vivoient de sacrifices,
Et n'avoient point de bénéfices:

La dot étoit fort mince. Un jeune jardinier
Se présenta pour gendre; on lui donna l'aînée.
Bientôt après cet hyménée

La cadette devint la femme d'un potier.
A quelques jours de là, chaque épouse établie
Chez son époux, le pere va les voir.

Bon jour, dit-il je viens savoir

Si le choix que j'ai fait rend heureuse ta vie,
S'il me te manque rien, si je peux y pourvoir.
Jamais, répond la jardiniere,

Vous ne files meilleure affaire:

La paix et le bonheur habitent ma maison;
Je tâche d'être bonne, et mon époux est bon;
Il sait m'aimer sans jalousie,

Je l'aime sans coquetterie:

Aussi tout est plaisir, tout jusqu'à nos travaux;
Nous ne desirons rien, sinon qu'un peu de pluie
Fasse pousser nos artichaux.

C'est là tout?- Qui vraiment. Tu seras satisfaite, Dit le vieillard demain je célebre la fète

::

De Jupiter; je lui dirai deux mots.

Adieu, ma fille. - Adieu, mon pere. Le prêtre de ce pas s'en va chez la potiere L'interroger, comme sa sœur,

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Sur son mari, sur son bonheur.

Oh! répond celle-ci, dans mon petit ménage,

Le travail, l'amour, la santé,

Tout va fort bien, en vérité;

Nous ne pouvons suffire à la vente, à l'ouvrage :
Notre unique desir seroit que le soleil
Nous montrát plus souvent son visage vermeil

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