LE CHAT ET LE MOINEAU. La prudence est bonue de soi; Mais la pousser trop loin est une duperie Des Moineaux habitaient dans une métairie. Un beau champ de millet, voisin de la maison, Ces Moineaux dans le champ passaient toute leur vie, Le vieux Chat du logis les guettait d'ordinaire, Tournait et retournait; mais il avait beau faire, Sitôt qu'il paraissait la bande s'envolait. Comment les attraper? Notre vieux Chat y songe, Médite, fouille en son cerveau, Et trouve un tour tout neuf. Il va tremper dans l'eau Dans du millet en grain aussitôt il la plonge; Alors, à cloche-pied, sans bruit, par un détour, La patte en l'air et sur le dos, Ne bougeant non plus qu'une souche. Venait pour becqueter: de l'autre patte, crac! Il en prit vingt par cette feinte. Et prudemment fuit la machine; Mais dès ce jour il s'imagine Que chaque épi de grain était patte de chat. Il se retire, et plus n'en sort, Et meurt, pour éviter la mort. LE ROI DE PERSE. Un Roi de Perse, certain jour, Il eut soif, et dans cette plaine On ne trouvait point de fontaine. Près de là seulement était un grand jardin Rempli de beaux cédrats, d'oranges, de raisin: - A Dieu ne plaise que j'en mange! Dit le Roi; ce jardin courrait trop de danger : Si je me permettais d'y cueillir une orange, Mes vizirs aussitôt mangeraient le verger. |