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L'Avare arrive en ce moment,

De douleur, d'effroi palpitant:

-Mes pommes! criait-il : coquins, il faut les rendre, Ou je vais tous vous faire pendre.

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Mon père, dit le fils, calmez-vous, s'il vous plaît;

Nous sommes d'honnêtes personnes :

Et quel tort vous avons-nous fait?

Nous n'avons mangé que les bonnes..

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LE COURTISAN ET LE DIEU PROTÉE.

On en veut trop aux Courtisans.
On va criant partout qu'à l'État inutiles,
Pour leur seul intérêt ils se montrent habiles.
Ce sont discours de médisans.

J'ai lu, je ne sais où, qu'autrefois en Syrie
Ce fut un Courtisan qui sauva sa patrie.
Voici comment. Dans le pays

La peste avait été portée,

Et ne devait cesser que quand le dieu Protée Dirait là-dessus son avis.

Ce dieu, comme l'on sait, n'est pas facile à vivre ;
Pour le faire parler il faut longtemps le suivre,
Près de son antre l'épier,

Le surprendre, et puis le lier
Malgré la figure effrayante.

Qu'il prend et quitte à volonté.

Certain vieux Courtisan, par le roi député,

Devant le dieu marin tout-à-coup se présente.

Celui-ci, surpris, irrité,

Se change en noir serpent: sa gueule empoisonnée Lance et retire un dard messager du trépas,

Tandis que, dans sa marche oblique et détournée, Il glisse sur lui-même, et d'un pli fait un pas. Le Courtisan sourit : Je connais cette allure,

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Dit-il, et mieux que toi je sais mordre et ramper. Il court alors pour l'attraper ;

Mais le dieu change de figure:

Il devient tour-à-tour loup, singe, lynx, renard. - Tu veux me vaincre dans mon art, Disait le Courtisan; mais depuis mon enfance, Plus que ces animaux avide, adroit, rusé, Chacun de ces tours-là pour moi se trouve usé. Changer d'habit, de mœurs, même de conscience, que d'aisé.

Je ne vois rien là

Lors il saisit le dieu, le lie,

Arrache son oracle, et retourne vainqueur.

Ce trait nous prouve, ami lecteur, Combien un Courtisan peut servir la patrie.

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LA GUENON, LE SINGE ET LA NOIX.

Elle

• Une jeune Guenon cueillit

Une noix dans sa coque verte;

y porte la dent, fait la grimace... - Ah! certe, Dit-elle, ma mère mentit

Quand elle m'assura que les noix étaient bonnes. Puis croyez aux discours de ces vieilles personnes Qui trompent la jeunesse ! Au diable soit le fruit! Elle jette la noix. Un singe la ramasse,

Vite entre deux cailloux la casse,

L'épluche, la mange, et lui dit :

-

Votre mère cut raison, ma mie,

Les noix ont fort bon goût, mais il faut les ouvrir.

Souvenez-vous que, dans la vie,

Sans un peu de travail on n'a point de plaisir.

LE LAPIN ET LA SARCELLE.

Unis dès leurs jeunes ans
D'une amitié fraternelle,

Un Lapin, une Sarcelle

Vivaient heureux et contens.

Le terrier du Lapin était sur la lisière
D'un parc bordé d'une rivière.

Soir et matin nos bons amis,

Profitant de ce voisinage,

Tantôt au bord de l'eau, tantôt sous le feuillage,
L'un chez l'autre étaient réunis.

Là, prenant leur repas, se contant des nouvelles,
Ils n'en trouvaient point de si belles
Que de se répéter qu'ils s'aimeraient toujours.
Ce sujet revenait sans cesse en leurs discours.
Tout était en commun, plaisir, chagrin, souffrance;
Ce qui manquait à l'un, l'autre le regrettait ;

Si l'un avait du mal, son ami le sentait ;

Si d'un bien, au contraire, il goûtait l'espérance,

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