Sans avoir même un pauvre chien Pour l'aimer et pour le conduire. Un certain jour il arriva Que l'Aveugle, à tâtons, au détour d'une rue, Il entendit ses cris; son ame en fut émue. Pour se plaindre les uns les autres. — J'ai mes maux, lui dit-il, et vous avez les vôtres : Unissons-les, mon frère, ils seront moins affreux. -Hélas! dit le perclus, vous ignorez, mon frère, Que je ne puis faire un seul pas; Vous-même vous n'y voyez pas : A quoi nous servirait d'unir notre misère? ·A quoi! répond l'Aveugle; écoutez à nous deux Nous possédons le bien à chacun nécessaire; J'ai des jambes, et vous des yeux : Moi, je vais vous porter; vous, vous serez mon guide. Mes jambes à leur tour iront où vous voudrez. PANDORE. Quand Pandore eut reçu la vie, Chaque dieu de ses dons s'empressa de l'orner. Vénus, malgré sa jalousie, Détacha sa ceinture et vint la lui donner. Jupiter, admirant cette jeune merveille, Craignait pour les humains ses attraits enchanteurs; Vénus rit de sa crainte, et lui dit à l'oreille : Elle blessera bien des cœurs; Mais j'ai caché dans ma ceinture XXII L'ENFANT ET LE DATTIER. Non loin des rochers de l'Atlas, Au milieu des déserts où cent tribus errantes C'était le jeune fils de quelque Musulmane, Quand sa mère dormait il courait le pays. Dans un ravin profond, loin de l'aride plaine, Auprès un beau Dattier tout couvert de ses fruits. Demeuraient à jamais perdus. |