X LE PRÊTRE DE JUPITER. Un Prêtre de Jupiter, Père de deux grandes filles, Toutes deux assez gentilles, De bien les marier fit son soin le plus cher. La dot était fort mince. Un jeune jardinier La cadette devint la femme d'un potier. A quelques jours de là, chaque épouse établie Chez son époux, le père va les voir. Bonjour, dit-il, je viens savoir Si le choix que j'ai fait rend heureuse ta vie, S'il ne te manque rien, si je peux y pourvoir. -Jamais, répond la jardinière, Vous ne fites meilleure affaire : La paix et le bonheur habitent ma maison; Je tâche d'être bonne, et mon époux est bon; Il sait m'aimer sans jalousie, Je l'aime sans coquetterie : Ainsi tout est plaisir, tout jusqu'à nos travaux; Nous ne désirons rien, sinon qu'un peu de pluie -C'est là tout?—Oui, vraiment.-Tu seras satisfaite, Sur son mari, sur son bonheur. -Oh! répond celle-ci, dans mon petit ménage, Le travail, l'amour, la santé, Tout va fort bien en vérité; Nous ne pouvons suffire à la vente, à l'ouvrage : Nous montrât plus souvent son visage vermeil Pour sécher notre poterie. Vous, pontife du dieu de l'air, Obtenez-nous cela, mon père, je vous prie : Parlez pour nous à Jupiter. -Très volontiers, ma chère amie. Mais je ne sais comment accorder mes enfants : Et ta sœur a besoin de pluie. Ma foi, je me tairai, de peur d'être en défaut. Jupiter, mieux que nous, sait bien ce qu'il nous faut. Sachons prendre le temps comme il veut l'envoyer. L'homme est plus cher aux dieux qu'il ne l'est à lui-même. Se soumettre, c'est le prier. |