L'animal écoutait l'harmonieux ramage Avec la gravité d'un docte connaisseur, Baissait parfois la hure en signe de faveur, Ou bien, la secouant, refusait son suffrage. -Qu'est ceci? dit le financier : Comment! les chantres du bocage Pour leur juge ont choisi cet animal sauvage? -Nenni! répond le jardinier : De la terre par lui fraîchement labourée Sont sortis plusieurs vers, excellente curée Qui seule attire ces oiseaux; Ils ne se tiennent à sa suite Que pour manger ces vermisseaux, Et l'imbécille croit que c'est pour son mérite. LE RHINOCÉROS ET LE DROMADAIRE. Un Rhinocéros jeune et fort Disait un jour au Dromadaire: - Expliquez-moi, s'il vous plaît, mon cher frère, Je sais bien que sur votre dos Vous portez ses enfants, sa femme, ses fardeaux ; Des mêmes vertus est capable; Je crois même, soit dit sans vous mettre en courroux, Que tout l'avantage est pour nous: Notre corne et notre cuirasse Dans les combats pourraient servir; O Et cependant l'homme nous chasse, Nous méprise, nous hait, et nous force à le fuir. Ami, répond le Dromadaire, De notre sort ne soyez point jaloux; C'est peu de servir l'homme, il faut encor lui plaire.. Vous êtes étonné qu'il nous préfère à vous; Mais de cette faveur voici tout le mystère: Nous savons plier les genoux. LE ROSSIGNOL ET LE PAON. L'aimable et tendre Philomèle, Voyant commencer les beaux jours, Racontait à l'écho fidèle Et ses malheurs et ses amours. Le plus beau Paon du voisinage, Élevant la tête et le ton, Vint interrompre son ramage. - C'est bien à toi, chantre ennuyeux. Avec un si triste plumage, Et ce long bec, et ces gros yeux, A la beauté seule il va bien D'oser célébrer la tendresse: De quel droit chantes-tu sans cesse? Moi qui suis beau, je ne dis rien. |