M. Milliès-Lacroix, ministre des Colonies, répondant à une question, donne quelques renseignements sur les combats de ces derniers temps en Mauritanie. M. Sevère interpelle le ministère au sujet des troubles qui se sont produits à Fort-de-France, le 29 avril, jour d'élections, où le Maire M. Siger, fut assassiné en empêchant la foule d'envahir la mairie. 14 juin, Chambre. A la suite des trop nombreuses rectifications de votes qui s'étaient produites la veille, M. Arago dépose le projet de résolution suivant: « Lorsque le gouvernement aura posé la question de confiance sur un vote, le scrutin sera soumis obligatoirement à l'opération du pointage. Pour tous les autres scrutins, quand l'écart entre les bulletins bleus (contre) et les bulletins blancs (pour) ne sera pas supérieur à 60, il sera encore procédé au pointage. Dans les autres cas, le bureau décidera. >> Cette motion, accueillie par des applaudissements, est adoptée à mains levées. Discussion générale du projet de revision des tarifs douaniers. M. Beauregard combat ce projet, dont M. Plichon prend la défense. Sénat. Le Sénat adopte les deux premiers paragraphes de l'article 1er, du projet, accordant l'amnistie pour faite de grève allant du 2 mai 1908 au 14 janvier 1909 et, en particulier, relatifs aux grèves de Draveil. Les divers orateurs expriment l'opinion que les amnisties sont trop fréquentes. M. Clémenceau expose pourquoi celle-ci est opportune. Le Sénat repousse par 239 voix contre 33 la motion Gaudin de Villaine, tendant à étendre aux postiers le bénéfice de l'amnistie. 17 juin. Chambre. M. Chéron sous-secrétaire d'Etat à la Guerre, promet, en réponse à une question de M. Zevaès, le dépôt d'un projet de loi étendant aux militaires la loi sur les accidents du travail. Suite de la discussion générale de la révision douanière. M. Plichon termine son discours en faveur du régime protectionniste. M. Thierry préconise une politique réaliste, qui se tienne à égale distance des deux systèmes. Sénat. Discussion de la loi d'amnistie. Le Sénat repousse deux amendements Flaissières tendant à étendre l'amnistie aux antimilitaristes et aux fonctionnaires révoqués pour propagande révolutionnaire. Il repousse également, sur intervention de M. Briand, l'amendement Jenouvrier, tendant à étendre l'amnistie aux infractions à la loi sur les congrégations et à la loi de séparation. Finalement, l'amnistie est votée par 202 voix contre 17. 18 juin. Chambre. M. Caillaux, ministre des Finances, dépose le projet de budget de 1910. Discussion des interpellations sur la politique générale du gouvernement. M. Delahaye attaque avec une extrême violence le ministère et les parlementaires. M. Gauthier de Clagny fait le procès du parlementarisme et se livre à diverses attaques dans le domaine judiciaire. Sénat. Discussion de la proposition de loi relative à la réglementation du travail des mécaniciens, chauffeurs et agents des trains et aux conditions de retraite du personnel des chemins de fer. M. Poincaré, rapporteur, expose que les dispositions préconisées par M. Strauss auraient des conséquences financières inacceptables et que le projet du gouvernement serait plus admissible. M. Denoix rappelle que les Compagnies ont déjà organisé un système complet de retraites, et conteste la légitimité juridique et objective de l'intervention de l'Etat. M. Barthou, mi nistre des Travaux Publics, répond aux objections d'ordre juridique portant sur le droit d'intervention du gouvernement. Il estime que les charges résultant du projet gouvernemental, peuvent être supportées par les Compagnies, en dépit de la crise temporaire actuelle. 21 juin. — M. Viviani répond à une question de M. Berteaux au sujet de la grève des lads (garçons d'écurie) de Maisons-Laffitte. M. Doumergue, ministre de l'Instruction Publique répond à une question de M. Barrès au sujet de plusieurs suicides de lycéens. M. Thierry termine son discours sur la question douanière. 22 juin. Chambre. La Chambre repousse, par 446 voix contre 127, la motion Wilm-Sembat, tendant à la suspension de toutes poursuites contre le Syndicat des agents des Postes. M. Briand, ministre de la Justice, montre quelles seraient les conséquences d'un vote favorable à cette motion. Adoption d'une motion Belcastel, tendant à ce que le vin soit distribué aux soldats en quantité plus grande. Discussion du projet de loi tendant à suspendre le monopole du pavillon, afin d'assurer les transports entre l'Algérie et la France, au cas de grève des inscrits maritimes. La Chambre adopte d'abord une motion invitant le gouvernement à faire une nouvelle tentative auprès des armateurs et des inscrits pour décider les deux parties à accepter un arbitrage. La Commission des douanes, revenant sur son opinion première, se rallie au projet gouvernemental, comportant suspension du monopole du pavillon, à condition qu'on suspende en même temps les privilèges des inscrits. Après une discussion confuse, la suite des débats est renvoyée. 23 juin. Chambre. Validation de M. Fournol, député de SainteAffrique. Suite de la discussion du projet de convention avec les Messageries Maritimes. M. Thierry critique ce projet. 24 juin. Discussion d'une interpellation Chastenet sur la beauté de Paris. L'orateur s'élève surtout contre les constructions, de dimensions abusives, qui enlaidissent Paris. M. Spronck reprend le même sujet. MM. Dujardin-Beaumetz, puis Briand, répondent à ces observations. M. Desplas prend la défense de la municipalité parisienne et montre la nécessité de renforcer la législation existante. Discussion d'une interpellation Varenne et Allemane sur l'arrestation à Rouen de M. Marck, délégué de la Confédération Général du Travail. Une vive discussion s'engage à ce propos sur les rapports de police au ministère de l'Intérieur et à la Marine; elle se termine par le vote d'un ordre du jour de confiance. Sénat. Discussion du projet portant ouverture d'un prédit de 58 millions pour les dépenses engagées au Maroc. M. Pichon, ministre des Affaires étrangères, fait quelques déclarations au sujet de notre politique au Maroc. M. Chautemps apporte, au nom de la Commission des finances, quelques renseignements sur l'emploi des obus dans la marine. 25 juin. Chambre. Discussion de la révision douanière. M. Paul Bencour parle en particulier au point de vue de la viticulture. Suite de la discussion sur la politique générale du ministère, contre lequel M. Jaurès prononce un long réquisitoire. Sénat. Vote des crédits pour le Maroc. Suite de la discussion du projet de loi sur les retraites des agents des chemins de fer, M. Caillaux, ministre des Finances, défend le texte gouvernemental, qui est finale ment adopté et qui comporte: Pour les mécaniciens et chauffeurs, retraite à 50 ans; pour les autres fractions du service actif, retraite à 55 ans; pour les agents sédentaires à 60 ans. L'article 2, qui contient ces dispo sitions, est donc adopté.. 28 juin. Chambre. La Chambre décide, malgré l'opposition des députés de l'Algérie, d'ajourner sans date fixe la discussion sur le monopolé de pavillon, parce que les inscrits et les armateurs ont consenti pour le moment à se soumettre à une sentence arbitrale. Suite de la discus sion sur la question douanière. M. Siegfried expose la thèse libre-échangiste M. Merel, rapporteur, défend le régime actuel et expose les modifications qu'il croit nécessaire d'apporter aux tarifs existants. La grève des inscrits maritimes reprend à Marseille. 29 juin. Chambre. Suite de la discussion de la question douanière. M. Morel termine son exposé. M. Vaillant soutient la thèse libre-échangiste: Sénat. M. Ruau, ministre de l'Agriculture, répond à une question posée par M. Audiffred, au sujet des incidents qui se sont produits au Grand Steeple d'Auteuil, où quelques garçons d'écurie en grève empêchèrent les courses d'avoir lieu. Suite de la discussion de la proposition de loi relative aux retraites des employés des chemins de fer. M. Strauss, rapporteur parlé en faveur de l'assimilation des agents des trains aux mécaniciens et chauffeurs au point de vue de la retraite. M. Barthou, ministre des Travaux Publics, expose en quoi cette assimilation serait ruineuse et d'ailleurs injuste. Le Sénat repousse par 184. voix contre 79, le texte de la Commission, qui comportait l'assimilation demandée par le rapporteur. 30 fuin. Chambre. Suite de la discussion du projet de convention. entre l'Etat et les Messageries maritimes. M.. Caillaux, ministre des Finances, expose les avantags de la subvention variable, avec contrôle de l'Etat, sur la subvention forfaitaire. Il se déclare prêt à faire des concessions sur la question de l'adjudication. La Chambre adopte, par 490 voix contre 93, une motion Lasies, par laquelle elle s'engage à statuer sur l'organisation du vote personnel avant d'aborder le débat sur les quatre contributions directes. Sénat: - Le général Picquart, ministre de la Guerre, fait connaître au Sénat son opinion sur le projet de loi relatif à la réorganisation de l'artillerie, en vue de la prochaine discussion de ce projet. M. Ancel poseune question au Garde des Sceaux au sujet d'un incident d'ordre ecclésiastique. M. Knight critique l'administration de la Martinique. La grève des inscrits maritimes de Marseille, qui paraissait terminée, reprend de nouveau. Chronologie étrangère... Allemagne. 11-13 juin. Des bagarres sérieuses se produisent à Kiel à la suite d'une grève des travailleurs municipaux. 25 juin. pacifique. L'Empereur Guillaume prononce à Cuxhaven un discours 26 juin. Le Prince de Bülow, chancelier de l'Empire, ne peut triompher de la coalition des Conservateurs avec le parti du Centre, coalition qui forme une majorité dans la Commission des Finances et fait échouer le projet d'impôt d'Empire sur les succesions, que le Chancelier déclarait indispensable. La Commission n'admet que des impôts indirects et, en présence de cette coalition qui met fin à la politique du bloc conservateur-libéral, le Chancelier offre sa démission. Il est entendu qu'il se retirera aussitôt la réforme financière effectuée selon les volontés de la majorité. Brésil. 13 juin. Mort du Président des Etats-Unis du Brésil, M. Moreira Perma. M. Milo Paçanha, vice-président,, lui succède. Espagne. 12 juin. Le Conseil d'Etat vote les crédits nécessaires pour le développement des armements dans les: Présides espagnols du Maroc. Grande-Bratagne, 10 juin Une chaleureuse réception est faite, à Londres, aux: délégués de la presse coloniale, venus à la Conférence Impériale de la Presse. Lord Rosebery, Sir E. Grey, M. Balfour, insistent devant les délégués, sur la nécessité pour les colonies de collaborer à la défense de la métropole. Italie. 1-30 juin. — Célébration enthousiaste du cinquanteniare des batailles desquelles sortit l'indépendance de l'Italie. Les représentants de la France sont chaleureusement acclamés. 23 juin. M. Tittoni, ministre des Affaires étrangères, fait l'éloge de la triple alliance à l'occasion de la discussion du, budget des Affaires Etrangères. La question de l'émigration italienne, est longuement traitéé à cette même occasion.. Maroc. 1-30 juin. Le mouvement de révolte contre l'autorité du nouveau sultan, Moulaï-Hafid, va en s'aggravant. Perse. 1-30 juin. Les tribus montagnardes des Baktians marchent sur Téhéran. La situation critique met la Russie dans l'obligation de faire franchir la frontière par des troupes russes. Russie. 2-10 juin. La Douma adopte, après de vives discussions, le projet de loi relatif à la liberté de conscience et du culte. 12 juin. Un torpilleur heurte un cuirassé et coule à pic avec son équipage dans la rade de Sébastopol. 17 juin. L'Empereur de Russie et l'Empereur Guillaume se rencontrent au large d'Helsingfors, à. bord de leurs yachts. Ils prononcent des toasts pacifiques. et amicaux. ני Suisse. 18 juin A la Conférence de Børne, les délégués français et suisses se mettent d'accord sur les décisions suivantes relatives aux voies d'accès au Simplon: construction des tronçons Moutier-Granges et Frasne-Vallorbe. Le rachat par la Suisse de la gare de Genève est également résolu. Le percement de la Faucille est; en fait, indéfiniment ajourné. Turquie. 1-30 juin. Les désirs d'annexion à la Grèce manifestés par les Crétois: rendent très tendues les relations entre la Turquie et la Grèce. Les puissances protectrices de la Crète, essaient, de maintenir le statu quo et de faire régner le calme dans l'île... 10-25 juin. Le général Dichavid Pacha fait une expédition contre les Albanais révoltés, et revient après des succès partiels... BIBLIOGRAPHIE EMILE LEVASSEUR, de l'Institut. Salariat et salaires. 1 vol. in-12, 484 p. Doin et fils, éditeur, 1909. Quand, le 8 décembre 1908, dans la salle du Collège de France où était célébré le 80° anniversaire de M. Emile Levasseur, nous entendions certains orateurs, en admiration devant la tâche accomplie par notre vénéré maître et ami, lui insinuer doucement que l'heure du repos pouvait avoir sonné pour lui, nous pensions que ceux-là connaissaient mal leur homme. Six mois se sont à peine écoulés depuis cette époque et déjà M. Levasseur nous offre un nouveau volume. C'est dans l'ENCYCLOPÉDIE SCIENTIFIQUE et pour l'excellente Bibliothèque économique dirigée par notre confrère Daniel Bellet que ce volume est publié, sous le titre qu'on vient de lire. On y trouve à la fois un résumé très substantiel et très clair de toutes les études historiques, études doctrinales, et une mise au point très précieuse de tous les documents statistiques les plus récemment parus sur les salaires. Les questions brûlantes soulevées par la réglementation de la durée du travail, par les grèves, par l'action syndicaliste y sont traitées assez sommairement mais avec une grande maîtrise. Ce n'est pas seulement la Bibliothèque de Daniel Bellet, c'est la science économique elle-même qui est véritablement enrichie par ce nouveau livre de M. Levasseur. F. F. ALFRED FOUILLÉE. Le socialisme et la sociologie réformiste. 1 vol: in-8°, Alcan. Ce livre est un effort considérable pour montrer que la science sociale doit dépasser à la fois le socialisme et l'individualisme. La première partie nous fait assister aux essais des socialistes pour renouveler la morale, le droit, l'histoire et la sociologie. Dans la seconde partie, nous vooyns se dérouler trois formes graduées du socialisme. L'une se contente d'organiser la production: c'est le socialisme pur et simple; l'autre veut organiser aussi la distribution: c'est le collectivisme; la troisième, enfin, vise à organiser la consommation même: c'est le communisme. Une fois embarqué. on va loin. Dans une conclusion du plus haut intérêt, l'auteur recherche quel est l'avenir des trois grandes nouveautés de notre temps: syndicalisme, coopératisme, étatisation progressive des services publics. L'importance et l'actualité de ces difficiles problèmes n'échapperont à personne; ils sont traités dans ce livre avec toute l'impartialité qui convient au philosophe et au sociologue. L.-M. V..., officier de vaisseau et E. LIRON, capitaine d'artillerie coloniale. La Marine. Le Haut Commandement. Ses Fautes; Sa Réforme. 1 vol. in-12. Prix: 2 fr. 50. Après avoir analysé certaines des fautes capitales du pouvoir central |