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et l'on sera émerveillé de l'excellence et de la rapidité des résultats obtenus. Nous affirmons cela, sans crainte de nous tromper, parce que nous parlons par expérience.

Batterie demi-groupe. Définissons maintenant le rôle du capitaine commandant dans le commandement des deux unités de tir ou batteries de 4 pièces, formées par ses deux noyaux permanents. Il consisterait, soit à diriger personnellement le tir juxtaposé des deux batteries comme la Commission de l'armée l'a vu faire avec la batterie de 6 pièces, soit à conserver sous son commandement direct une seule de ses deux batteries en confiant à l'autre telle ou telle mission, soit enfin, à opérer avec ses deux batteries comme un commandant de demi-groupe, en s'inspirant des principes posés par le règlement pour le commandement du groupe. Il est clair que c'est vers cette dernière solution que, d'une façon générale, il convient de tendre, les deux autres ne pouvant répondre qu'à des cas spéciaux, exceptionnels. Rien n'est, d'ailleurs, plus aisé à mettre en pratique, car une initiation de quelques jours est parfaitement suffisante pour permettre à un bon capitaine commandant de prendre en main la direction de ses deux unités de tir. La preuve matérielle en a été faite maintes fois à notre connaissance.

Mais, a dit à ce sujet, la Commission militaire, si l'on donne les attributions du commandant de groupe au capitaine commandant, que fera le chef d'escadron? Il y aura confusion de pouvoirs et le règlement ne sera plus applicable.

Il n'est pas douteux que le règlement qui, dans sa forme actuelle ne prévoit pas le rôle nouveau attribué au capitaine commandant, n'est pas littéralement applicable au cas de la batterie demi-groupe; mais l'organisation à donner à une armée quelle qu'elle soit, ne doit pas être faite, que nous sachions, pour se modeler exactement sur un règlement préexistant et c'est, au contraire, au règlement à se modeler sur l'organisation. Quant à la forme, tout au moins, l'objection est donc enfantine et ne mérite même pas qu'on s'y ar

rête.

Elle n'est pas plus sérieuse quant au fond, car les fonc

tions du chef d'escadron au feu sont d'ordre à la fois technique et tactique et ses fonctions techniques sont, dans certains cas, à ce point chargées, qu'elles le détournent de ses fonctions tactiques qui sont pourtant les plus importantes. C'est surtout des premières que le capitaine commandant déchargerait le chef d'escadron, ce qui aurait directement pour résultat de le rendre plus complètement à sa mission naturelle. Il n'y aurait, d'ailleurs, que des avantages à faire pénétrer, dans une juste limite, le capitaine commandant le demi-groupe sur le terrain tactique que d'aucuns veulent si jalousement réserver au seul chef d'escadron, de façon à lui permettre de dégager aussi, de ce côté, le commandant du groupe des menues préoccupations de détail et de se préparer lui-même à agir de son initiative propre, si cela devient nécessaire, ce qui sera extrêmement fréquent à la guerre. Ainsi, les frontières rigides et infranchissables qu'on semble vouloir établir entre les attributions des chefs d'escadron et celles des capitaines commandants n'existent pas dans la réalité des choses; il ne faut voir là qu'une discussion théorique d'école. Dans la pratique, les deux fonctions se pénètrent, se complètent et il est nécessaire qu'il en soit ainsi pour donner à l'exécution du service le liant et la souplesse dont il a besoin, ainsi que pour assurer à tout moment la succession du commandement.

Il n'y a donc pas plus d'objections à faire sur le fond que sur la forme, ce n'est qu'une simple affaire de révision de règlement, et non seulement cette révision ne présente aucune difficulté, mais elle est, à tous égards, désirable; car, en assurant une meilleure répartition du travail, elle doit nécessairement augmenter le rendement et donner à l'emploi de l'artillerie sur le champ de bataille plus de souplesse, plus de rapidité et plus de précision.

La conception de la batterie mobilisant un demi-groupe de deux batteries conduit à constituer, en temps de paix, le groupe à deux batteries, ce qui lui en donnerait quatre en temps de guerre. Le régiment à 10 batteries aurait, en conséquence, cinq groupes de deux batteries.

Numérotage des batteries. -Les batteries-mères du temps

de paix peuvent être numérotées dans le régiment, soit de 1 à 10, soit de 1 à 20 en ne prenant que les numéros pairs ou impairs, par exemple la série 1, 3...19. Dans le premier cas, on désignerait par les lettres A et B les deux unités que la batterie constitue en temps de paix ainsi que les deux batteries correspondantes que celles-ci formeraient en cas de guerre. Le numéro de la batterie suivi de la lettre A ou B permettrait ainsi de désigner avec précision n'importe quelle unité du temps de paix ainsi que n'importe quelle batterie mobilisée du temps de guerre.

Dans le second cas, la batterie numéro n, constituerait, en temps de paix, les unités numéros n et n+1 et formerait en temps de guerre les batteries de même numéro. Aucune confusion ne serait, non plus, à craindre.

La première solution comporterait le maintien, en temps de guerre comme en temps de paix, des deux unités de tir provenant de la même batterie-mère, en une seule unité administrative; le deuxième, la constitution de chaque unité mobilisée en unité administrative distincte. Cette dernière solution aurait, en outre, l'avantage de ne rien changer à l'expression employée pour désigner les unités de tir sur le terrain et, pour ces raisons, nous lui donnons la préférence.

Artilleries divisionnaires. — La conception à la fois très simple et très souple de la batterie et du groupe en temps de paix comme en temps de guerre, que nous venons de préciser mettrait à notre disposition au moment de la mobilisation, 20 batteries par division d'infanterie, parfaitement homogènes et interchangeables et nous permettrait, en cas de besoin, de porter non plus seulement à 144 comme les Allemands, mais à 160, le nombre des canons de nos corps d'armée à deux divisions. Elle irait donc au-delà du vœu exprimé, si timidement, par la Commission sénatoriale, puisqu'elle nous assurerait sur les Allemands une supériorité numérique de 16 pièces par corps d'armée. Nous pensons qu'il serait non seulement inutile, mais nuisible d'aller aussi loin, parce que le nombre des canons serait hors de proportion avec les effectifs de l'infanterie, ce qui alourdirait sans profit les corps d'armée, et que l'utilisation pratique d'un

aussi grand nombre de pièces serait à peu près impossible dans les neuf dizièmes des cas, sur un front normal de corps d'armée. Pour les raisons que nous avons développées tout au long dans notre deuxième article (1), 16 batteries par division, soit 32 batteries ou 128 canons par corps d'armée, sont plus que suffisantes pour nous assurer, jusqu'à nouvel ordre, une large supériorité sur les Allemands, sous la condition, bien entendu, que ces canons seront pourvus d'un approvisionnement suffisant en munitions. Nous constituerions donc, dans chaque régiment, l'artillerie divisionnaire qu'il aurait charge de fournir avec les quatre premiers groupes, le cinquième restant disponible pour fournir les batteries de complément, de renforcement et de remplacement ainsi que les batteries de dépôt nécessaires, tant au moment de la mobilisation que pendant la durée de la guerre. De toutes façons, l'avenir serait ainsi aussi largement assuré que le présent.

Les quatre groupes à 4 batteries dont serait dotée une division d'infanterie en campagne constitueraient une masse beaucoup trop lourde et occuperaient sur le terrain de beaucoup trop grandes surfaces pour que le commandant de cette artillerie pût conserver le commandement direct de tous ces groupes. Il est de toute nécessité de séparer cette artillerie en deux commandements distincts de deux groupes chacun et, par conséquent, de scinder, dès le temps de paix, le régiment en deux demi-régiments autonomes, comme le sont déjà les groupes dans le régiment. Chaque demi-régiment serait commandé par un lieutenant-colonel ou un chef d'escadron figurant au tableau d'avancement pour le grade de lieutenant-colonel.

Ce dispositif complèterait l'application du système binaire de la batterie à l'artillerie divisionnaire, en passant par le demi-groupe et le groupe, ce qui donnerait à l'ensemble une remarquable homogénéité.

Le groupe disponible, qu'on pourrait appeler groupe complémentaire, serait rattaché, en temps de paix, à l'un des demi-régiments.

(1) Revue politique et parlementaire du 10 mars 1909.

Régiment. Le tableau no 3 donne la composition qu'aurait, en temps de paix, un régiment organisé d'après ces principes.

Son examen donne lieu aux observations suivantes:

1° L'état-major du régiment a été subdivisé en état-major de régiment proprement dit et en deux états-majors de demirégiment, afin de bien affirmer l'autonomie de ce dernier :

2o L'état-major du régiment ne comporte plus d'adjudants majors, de capitaine instructeur, de directeur du parc, ni de capitaine affecté à la mobilisation. Toutes ces fonctions seraient remplies par les capitaines en second des batteries;

3° Nous avons admis pour la composition du peloton hors rang les fixations adoptées dans le projet de loi, mais en supprimant l'adjudant premier maître maréchal-ferrant et en rétablissant le maréchal des logis vaguemestre.

La création d'un adjudant premier maître maréchal nous paraît inopportune; car, quelque grande que soit l'importance des fonctions des maîtres maréchaux, celles-ci n'en sont pas moins à peu près exclusivement manuelles et n'ont aucun rapport avec l'exercice d'un commandement militaire proprement dit. Il est, d'autre part, nécessaire que les premiers maîtres maréchaux restent à la forge en continuant de mettre eux-mêmes la main à l'œuvre et il faut s'attendre à ce qu'on ait de la peine à l'obtenir d'eux quand ils seront pourvus du galon d'adjudant. Il y a là une question d'amour-propre mal placé dont on rencontre de nombreux exemples dans la vie militaire, qui ne s'explique peut-être pas rationnellement, mais qu'on est bien obligé de constater puisque c'est ainsi que les choses se passent. Pourquoi, d'ailleurs, faire passer sans transition les premiers maîtres maréchaux du grade de maréchal des logis dont ils sont actuellement pourvus, à celui d'adjudant, quand les chefs mécaniciens qui sont tout aussi intéressants, n'ont que les galons de maréchal des logis chef? On sent manifestement là une influence latérale étrangère à l'intérêt du service, à laquelle il n'y aurait que des inconvénients à céder. Que les premiers maîtres maréchaux conservent donc leurs galons de maréchal

REVUE POLIT.,

T. LXI.

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