Puis dans sa colère il écrit. Comme il le prévoyoit, les souris grignolèrent Et crevèrent. C'est bien fait, direz-vous, cet auteur eut raison. Et l'on déshonore sa plume FABLE XXI. L'AIGLE ET LE HIBOU. A DUCIS. L'OISEAU qui porte le tonnerre, Disgracié, banni du céleste séjour S'en vint habiter sur la terre: Il erroit dans les bois, songeant à son malheur, Triste, dégoûté de la vie, Malade de la maladie Que laisse après soi la grandeur." Un vieux hibou, du creux d'un hêtre, Consiste dans trois points: Travail, paix et santé. Mon frère, répondit-il, (les aigles sont polis Minerve, en vous plaçant sur sa tête divine, C'est avec elle, j'imagine, Que vous en avez tant appris. Non, répond le hibou, j'ai bien peu de science; Si malheureusement, le matin, dans le bois, Je souffre, je me tais; et, dans ce chamaillis, M'esquivant doucement de taillis en taillis, Tu me l'as dit cent fois, cher Ducis, tes ouvrages, Ne sont rien à tes yeux, auprès de cette paix Les crimes de Macbeth, de Léar le malheur, T'occupe et te charme sans cesse; FABLE XXII. LE POISSON VOLANT. CERTAIN poisson volant, mécontent de son sort, Disoit à sa vieille grand'mère : Et les requins me font la guerre Quand je me plonge au fond des mers. La vicille lui répond: Mon enfant, dans ce monde, Lorsqu'on n'est pas aigle ou requin, Il faut tout doucement suivre un petit chemin, En nageant près de l'air, et volant près de l'onde. |