L large. A déclaration que M. André François-Poncet a élaborée pour servir de programme à l'Alliance Démocratique pourrait aussi bien servir de programme à une concentration républicaine très On y trouve autre chose que des regrets et des anathèmes, autre chose que les formules usées de la vieille rhétorique. On y trouve le souci, le goût des réalités présentes, et 'dans un style clair, des pensées modernes. Elle est laïque sans faux-fuyants et sans sectarisme, sociale sans timidité et sans démagogie, nationale sans mysticisme et sans chauvinisme. Je dirais volontiers qu'elle est juste milieu si le mot n'avait pas gardé un air Louis-Philippe. Disons, si vous préférez, qu'elle est centre gauche. Tout lecteur impartial y verra un effort de compréhension et un effort de modération. Le républicain le plus avancé pourra juger qu'elle ne contient pas tout. Du moins elle ne contient rien qui soit de nature à l'offenser. Sans doute il lui reprochera de combattre cette politique des monopoles, qui n'a d'abord été, qu'un expédient fiscal et dont quelques partisans s'efforcent aujourd'hui de faire un dogrne. Mais il faudra bien qu'ils avouent que si M. FrançoisPoncet redoute les débordements de l'Etat dans le domaine de l'initiative privée, il a cependant une conception très haute de l'Etat, de ses droits et de ses devoirs. Par ailleurs ce que M. François-Poncet a écrit, sur la nécessité de poursuivre au dehors l'organisation de l'arbitrage et de la sécurité et en même temps sur la nécessité de poursuivre au dedans le rajeunissement de notre statut militaire est irréprochable -et M. Paul-Boncour pourrait le signer. La plate-forme électorale de l'Alliance Démocratique paraît donc plus large que son rédacteur lui-même ne la suppose. Certes, il y a de la distance entre son programme et celui Une série de coincidences singulières ont fait que toute la carrière de M. de Beaumarchais notre nouvel ambassadeur en Italie a été dominée par le Maroc et les affaires marocaines. Son premier poste fut Tanger. Son arrivée dans cette ville fut marquée, d'ailleurs, par un événement douloureux ses enfants furent noyés pendant leur transfert du paquebot à la côte. De retour en France, M. de Beaumarchais se voit confier au Quai d'Orsay, la direction des affaires africaines. A ce titre il est appelé à s'occuper du statut de Tanger et de la conférence demandée par l'Espagne, à ce sujet. Le voici maintenant nommé à Rome. La première question dont il lui va falloir s'occuper sera la participation de l'Italie au règlement définitif du statut de Tanger. Progrès. On va démolir à Londres la vieille gare de CharingCross et la remplacer par un immense bâtiment qui sera construit comme un navire à sept ponts. Tout au fond sera le pont réservé au métro (The Tube); plus haut, ce sera le Chemin de fer de ceinture (The Underground); plus haut encore le niveau du sol avec ses tramways et ses autobus. Plus haut encore, sur un pont, c'est le Strand avec ses autobus et son chemin de fer. Au-dessus du Strand, on va construire un pont à deux étages qui fournira donc deux niveaux supplémentaires; enfin le toit du bâtiment gigantesque sera aménagé de façon que, dans l'avenir les avions puissent venir s'y poser. Mercure devant le jury. 86 On plaisante souvent l'administration française qui exige des cantonniers qu'ils possèdent leur certificat d'études. Nous n'avons pas, pourtant, le monopole de ces exigences. Sait-on ce que le gouvernement anglais demande aux candidats à l'emploi de « messager » c'est-à-dire de garçon de courses dans les ministères ? Ces candidats âgés de 14 à 16 ans doivent subir un examen. Le programme pour l'histoire comporte : les progrès de l'industrie au XIXe siècle, l'histoire de l'Angle terre réforme du Parlement, développement des Trade Unions, abolition de l'esclavage, législation criminelle, législation du travail, histoire des relations entre la Grande-Bretagne et les autres nations; la Révolution française et ses conséquences; l'unité de l'Italie et de Le président Domergue doit penser aux amis et leur l'Allemagne, causes et effets de la guerre de 1914-1918 et, envoie des lièvres et des lapins. Gentillesses viennoises Voici deux extraits d'un journal de Vienne qui nous sont adressés en originaux ; c'est bien le mot ! CONVERSATION FRANÇAISE << J'ai l'honneur d'annoncer que ce n'est qu'après avoir enfin, histoire de la Société des Nations et de son œuvre. Tout cela pour être admis à porter un poulet ou une livre de chocolat à l'amie d'un fonctionnaire ! CONSERVATION et BLANCHEUR des DENTS POUDRE DENTIFRICE CHARLARD Pharmacie.12.Bd. Bonne-Kenwelle Pologne et Lithuanie sont deux soeurs longtemps sianoises et maintenant ennemies, comme il est assez naturel à les sœurs siamoises. Depuis le XVI siècle jusqu'à la fin du XVIII, les deux Etats se voyaient joints par une union étroite: le roi de Pologne était ex officio grand-duc de Lithuanie; répuplique polonaise et grand-duché lithuanien possédaient leux administrations distinctes, deux armées distinctes, mais 's n'avaient qu'une Diète et qu'une diplomatie et les nobleses des deux pays, alliées d'ailleurs par de multiples mariaes, mêlaient leurs sangs sur les mêmes champs de bataille. Les démembrements de la fin du XVIII° siècle attribuèrent la Russie la partie orientale de la Pologne avec la Lithuaie tout entière. Dès lors, la politique des tsars s'attacha vide ut imperes à accentuer les différences existant tre les deux peuples. Et tandis que la Pologne russe ›nservait assez longtemps une demi-autonomie, la Lithuae fut soumise à une « russification » intensive. Pendant la guerre de 1914-1918, l'Allemagne, dans un at politique, imagina de ressusciter l'ancien grand-duché. n 1917, une Diète réunie par le gouverneur prussien proamait « l'indépendance de la Lithuanie, alliée de l'Alleagne ». Après leur victoire, les Alliés respectèrent cette constitution. La Lithuanie de 1917 comprenait la région de Wilna ui lui avait été attribué par les Allemands. Wilna est bien la capitale historique du grand-duché thuanien. Mais en fait, par les mœurs de ses habitants, par ur culture, par leurs affinités, elle est depuis longtemps olonaise. Quand, en 1920, les armées soviétiques envahirent la Pologne et parvinrent en vue de Varsovie, les Lithuaniens, in de s'opposer à leur marche, la favorisèrent au contraire. Les Polonais n'oublièrent pas ce qu'ils avaient considéré omme une trahison. Et quand, vainqueurs des Soviets, leur contre-offensive les eut amenés à occuper Wilna, ils refusèrent de renoncer à cette occupation. Le gouvernement lithuanien protesta de toutes ses forces. Mais rien n'y fit. Et la Conférence des Ambassadeurs, puis le Conseil de la Société des Nations se trouvèrent conduits à ratifier le fait accompli et à reconnaître l'annexion de Wilna à la Pologne. La Lithuanie, elle, ne s'est jamais inclinée. Et, depuis 1920, sans commettre d'actes positivement hostiles, elle se considère théoriquement comme en état de guerre avec la Pologne. L'année dernière même, le gouvernement lithua nien a fai, voter un amendement à la Constitution, proclamant Wilna capitale -capitale in partibus - de la République lithuanienne. Cette situation a entraîné des conséquences éminemment fâcheuses pour les deux Etats voisins entre eux, aucune relation économique n'existe, aucun train ne circule et leurs citoyens respectifs sont, dans l'autre pays, considérés comme des ennemis. On pense bien que ce déplorable état de choses a été soigneusement entretenu par l'Allemagne, d'une part, par l'Union soviétique, de l'autre, c'est-à-dire par les deux pays qui redoutent avant tout une Pologne puissante, prospère et assurée sur ses frontières. Et, de Berlin comme de Moscou, le gouvernement lithuanien n'a pas cessé de recevoir des encouragements à l'intransigeance. Le conflit a pris une acuité nouvelle quand, à la fin de 1926, le Cabinet Valdemaras a pris le pouvoir en Lithua nie. Ce ministère, qui a en Allemagne des sympathies nombreuses et prétend imiter les méthodes fascistes, a implacablement pourchassé tout ce qui représente en Lithuanie la civilisation polonaise: propriétaires fonciers, ecclésiastiques, instituteurs. L'an passé, quatre-vingts écoles primaires polonaises existaient en Lithuanie, recevant près de cinq mille enfants; le gouvernement de Kowno les a aujourd'hui toutes fermées et les instituteurs ont été destitués. Le gouvernement polonais a quelque temps hésité à user de représailles : le maréchal Pilsudski, président du Conseil et dictateur de facto de la Pologne, est lui-même originaire de Wilna et n'a aucune antipathie personnelle contre les Lithuaniens. Cependant, M. Valdemaras s'étant rendu à Berlin pour assister avec ostentation au jubilé du maréchal Hindenburg, le Cabinet de Varsovie ne crut pas devoir prolonger plus longtemps une attitude expectante, qui pouvait passer pour de la faiblesse ; le mois dernier, sur un ordre, l'école normale lithuanienne de Wilna fut à son tour fermée, ainsi qu'une trentaine d'écoles primaires lithuaniennes établies dans la région. Protestation du gouvernement lithuanien. Appel à la Société des Nations. Les choses en étaient là quand, le 25 novembre, le gouvernement des Soviets publia urbi et orbi une note adressée par lui à la Pologne. Tout en affectant un ton courtois, teinté d'une nuance protectrice, cette note constitue un avertissement au fond | Lithuanie, c'est, à plus ou moins longue échéance, entraîner assez comminatoire. Le gouvernement soviétique s'y prétend alarmé par les graves conséquences pouvant découler du différend polonolithuanien; il émet l'opinion que le maintien de la paix 'dépend bien plus de la Pologne que de la Lithuanie; enfin, il attire l'attention du gouvernement polonais sur « l'immense danger que présenterait un attentat éventuel commis par un pays quelconque, contre l'indépendance de la Lithuanie, sous quelque forme que ce soit >>. Là est la pointe : traduite de style diplomatique, cette 'dernière phrase veut dire qu'en cas de conflit armé, les Soviets se rangeraient aux côtés de la Lithuanie, contre la Pologne. Et cette menace prend toute sa valeur, si on la rapproche 'du fait que la note soviétique a été publiée le jour même où M. Litvinof, commissaire-adjoint du peuple aux Affaires extérieures, en route pour Genève, se rencontrait à Berlin avec M. Stresemann. Devant cette attaque brusquée, le gouvernement de Varsovie n'a pas perdu son sang-froid: le maréchal Pilsudski a simplement confirmé son intention de se rendre en personne à Genève pour discuter devant le Conseil de la Société des Nations la plainte de la Lithuanie; et, lundi dernier, son gouvernement a adressé une note circulaire aux chancelleries de Paris, Londres, Rome, Berlin et Moscou. Dans cette note, très brève, le Cabinet polonais déclare à nouveau qu'il n'a « aucune visée dirigée contre l'indépendance politique et l'intégrité territoriale de la République lithuanienne »; il souligne que sa bonne volonté pacifique s'est continuellement heurtée aux refus catégoriques des gouvernements successifs de la Lithuanie, qui prétendent qu'aujourd'hu., comme par le passé, leur pays se trouve en état de guerre avec la Pologne »; il termine en souhaitant que tous les gouvernements s'efforcent « de satisfaire, par la fin de l'état de guerre proclamé à tant de reprises, à l'unique demandé du gouvernement polonais ». Réponse digne et modérée, qui met la Pologne, devant la Société des Nations et aux yeux de l'opinion publique universelle, en excellente posture. celle-ci dans l'orbite de l'Union soviétique. Et c'est le commencement de la revanche. Enfin, les Soviets ont la hantise du prétendu encerclement auquel la Grande-Bretagne essaie, selon eux, de les soumettre. La constitution, sous l'inspiration britannique, d'une alliance des Etats baltes et de la Pologne est leur cauchemar. On sait qu'ils n'ont rien négligé pour rompre l'entente économique ébauchée, à l'instigation du Foreign Office, entre l'Esthonie et la Lettonie. Maintenir la Lithuanie dans son état d'irritation polonophobe, c'est, pour les hommes de Moscou, empêcher la constitution de ce front unique, tant redouté, et c'est faire échec à la politique anglaise. : Ceci dit, il n'y a, dans l'attitude du gouvernement soviétique, guère que du bluff. Dans l'état actuel de la Russie, Moscou serait probablement bien empêché d'envoyer une armée au secours de qui que ce fut. Le gouvernement allemand le sait parfaitement. Et si, dans le communiqué publié le jour de l'entrevue de MM. Litvinof et Stresemann, le Cabinet de Berlin a pu paraître se rallier au point de vue soviétique ; depuis, il a fait machine en arrière : une note officieuse, publiée le 26 novembre, à l'issue du Conseil des ministres du Reich, a fait connaître que le gouvernement allemand ne croyait pas aux intentions agressives prêtées par les Soviets à la Pologne. C'est un assez fâcheux présage pour le succès de la politique tortueuse que se proposent de poursuivre à Genève M. Litvinof et les innombrables collaborateurs qu'il y a traîné après lui. Il n'est pas probable que le Conseil de la Société des Nations parvienne, au cours de la session qui s'ouvre lundi, à régler définitivement le conflit polono-lithuanien. On peut, au moins, espérer qu'il l'empêchera de s'enve nimer encore. La chute du Cabinet Valdemaras, chute qui semble assez possible, aiderait vraisemblablement à trouver un modus vivendi acceptable par les deux parties. C'est là l'intérêt de la Pologne, que la présence à son flanc d'un adversaire faible sans doute, mais violent et agité, empêche de s'appliquer uniquement à sa restauration financière et à son développement économique. C'est là surtout, l'intérêt de la Lithuanie qui, prise entre la Pologne traitée en ennemie, une mer sans ports et la pauvre Lettonie, elle-même placée sous l'influence des Soviets, meurt littéralement asphyxiée et dont les citoyens ne trouvent d'avenir possible que dans une émigration massive. Sans doute, la meilleure solution serait-elle un retour la situation antérieure aux démembrements de la Pologne une union qui, tout en assurant à la Lithuanie son autonomie, l'associerait étroitement à la République polonaise; si une telle union intervenait, peut-être les Polonais consen tiraient-ils à restituer Wilna à une Lithuanie, désormais, alliée à eux... Mais cela demeure l'œuvre de demain. Aujourd'hui, il faut d'abord faire cesser cet état de guerre théorique qui, par la faute de la Lithuanie, empêche tout échange entre elle et la Pologne. Et puis, les relations rétablies, il faut s'attacher à les rendre aussi intenses et aussi fructueuses que possible. La situation actuelle de la Lithuanie, où deux millions de pauvres diables meurent de faim par la faute d'un gouvernement colérique, est une monstruosité. Seuls les Soviets, monstres eux-mêmes, ont quelque intérêt à la perpétuer. La Société des Nations a là une belle occasion de montrer qu'elle est à la hauteur de son rôle de pacificatrice et de << normalisatrice » de l'Europe. JACQUES CHASTENET. D'autre part, la foi religieuse n'a jamais subi d'atteinte sérieuse dans le pays, sauf, encore une fois, dans certaine partie de la bourgeoisie libérale et souvent sous la forme du jansénisme. Le protestantisme fit peu de recrues, sauf, peut-être, d'une façon éphémère et bien inattendue, à Vitré. Plusieurs centres, Fougères entre autres, furent des citadelles de la Ligue. Au lendemain de la Révolution, l'Ille-et-Vilaine se retrouvait plus traditionaliste peut-être qu'à la veille de 89. D'une part, les libéraux avaient mesuré le péril de certains mouvements d'opinions, et, d'autre part, les passions politiques et les rancunes s'étaient exaspérées chez les paysans. Plus que jamais, la région de Vitré, de Fougères et de Redon, celle de Montfort aussi et une partie de la campagne de Rennes, ainsi que le sud de l'arrondissement AFFAIRES INTERIEURES de Saint-Malo, s'affirmèrent pays de droite. Peu à peu, une Ille-et-Vilaine L'Ille-et-Vilaine renferme Rennes, la capitale de la Bretagne. L'arrondissement de Redon, situé au Sud, vers la LoireInférieure et le Morbihan, diffère un peu par ses tendances du caractère rennais. Saint-Malo, d'autre part, présente une physionomie bien tranchée. L'Ille-et-Vilaine est un département démocratique, parce que, dans les éléments qui concourent à former sa majorité politique, faut faire entrer en ligne de compte la région de Saint-Malo, et la population très libérale des villes. Il faut tenir compte aussi du mouvement socialiste créé par les agglomérations industrielles, notamment dans la région de Fougères et de Rennes. Mais l'ensemble du pays rural est resté très conservateur, très attaché à sa tradition; l'arrondissement de Vitré et certains coins de l'arrondissement de Fougèrcs, qui ont été le berceau de la chouannerie, sont restés pays blancs. Aujourd'hui, profondément entrée dans l'unité française, cette région garda longtemps avec ténacité, par fidélité historique et attachement passionné à ses libertés, à ses franchises, à ses institutions, une tendance à l'indépendance. Il ne faut pas exagérer ni surtout généraliser l'histoire des mouvements et des soulèvements bretons, mais, souvent, la monarchie, surtout quand elle fut devenue étroitement centralisatrice, eut à les combattre et à les réprimer le dernier mouvement avoué fut lié à la conspiration de Cellamare; mais l'administration du duc d'Aiguillon, plus tard encore ne trouva pas grâce devant la résistance à la centralisation. Aujourd'hui, il ne reste qu'un fond de ténacité et d'attachement à la tradition locale : quelle que soit par ailleurs l'importance du mouvement celtique en Bretagne, il est insignifiant en Ille-et-Vilaine. Par ailleurs, si un département permet de vérifier ce que nous avons dit du caractère différent des campagnes et des villes, c'est bien celui de l'Ille-et-Vilaine. La bourgeoisie libérale de Rennes s'était unie à la noblesse tant qu'il s'était agi de défendre le Parlement et les Etats. Le conflit éclata dès les premiers jours de 89. et depuis, Rennes, ville bourgeoise, parlementaire et universitaire, est demeurée de tradition libérale. Peut-être est-il possible d'admettre que la reconstitution presque totale de la ville, évolution se fit sentir. Les campagnes de Vitré demeurèrent, en majorité, et demeurent encore irréductibles, grâce en partie à la popularité de personnalités locales et à l'influence du clergé dans ce pays et dans certains cantons de Fougères. D'autre part, les faubourgs de Rennes se peuplaient d'une population ouvrière turbulente, remuante, peu dévote, de tendance radicale, puis socialiste, qui devint une recrue pour le boulang sme, avant de devenir l'armée électorale des hommes d'extrême gauche. En face de cette population nouvellement embrigadée, et tantôt s'appuyant sur elle et tantôt la combattant, la bourgeoisie rennaise non conservatrice oscille entre l'opportunisme et le radicalisme modéré. Dans l'ensemble, le département fut de bonne heure républicain et donnait dès 1885 une majorité républicaine dans laquelle était enrôlé Waldeck-Rousseau. Le collège sénatorial, image fidèle de l'opinion moyenne dans les grands départements agricoles, était partagé en deux parties sensiblement égales, et la balance penchait de tel ou tel côté, au gré des événements. La politique générale allait les fixer, par un singulier regroupement. Les grosses majorités conser vatrices de Vitré étaient noyées dans l'ensemble des suffrages départementaux, et se retrouvaient intactes, aux consultations d'arrondissement. Mais le département, entraîné doucement vers la gauche libérale et tolérante, s'arrêta brusquement, lorsque la politique anticléricale s'affirma celle des majorités républicaines. La majorité regarde à droite. Et cette droite avait cessé d'être exclusivement monarchiste. Contre l'ancien opportunisme triomphant, il se créa donc une opposition libérale, formée par la conjonction de la droite et des républicains catholiques. Notons, d'ailleurs, que cette évolution fut favorisée par les hommes qui avaient la confiance de la population, surtout dans la région rennaise. Dans cette formule libérale et modérée, se groupa peu peu la majorité, une majorité en somme très stable, laissant sur sa droite les forces royalistes d'ailleurs diminuées et localement circonscrites, et sur sa gauche, les troupes radicales de Rennes et de Saint-Malo, et surtout les forces socialistes, grandes à Saint-Malo, à Fougères, dans certains cantons et à Rennes même, où elles dévorent peu à peu les radicaux. Assez puérilement, ce regroupement s'est vu attribuer, pour cause, par des militants de gauche, la « trahison » de certains républicains. Ces républicains n'eussent pu évoluer impunément s'ils n'avaient |