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écrit: M. Henri de Régnier, c'est lui dont la personne me paraît la plus sympathique et pour laquelle je me sens une amitié et une estime particulières.

J'aime son indépendance de pensée, sa liberté d'esprit, sa façon de vivre, sa curiosité. Et puis, il a écrit la Chartreuse de Parme, le roman dont j'aimerais le mieux être l'auteur.

M. Paul Souday

Le critique du Temps a bien voulu consacrer un de ses articles à cette enquête et nous l'en remercions vivement. On sait l'amitié que M. Souday porte à Hugo, amitié offensive et défensive peut-on dire, car il ne permet point que l'on touche d'une main si peu que ce soit, irrespectueuse à l'auteur des Contemplations. Mais il n'a pas de tendresse exagérée pour le romantisme et c'est avec vigueur qu'il défend les approches de l'autel où le poète est monté.

Chateaubriand est assurément sympathique, d'autant plus qu'il l'est moins à certains détracteurs. Stendhal est mieux que sympathique un maître et un ami très cher (excepté pour les disgraciés). Balzac n'est pas antipathique, malgré quelques lourdises. Mais quand on dit les romantiques, on veut dire surtout les poètes. Musset? Certes non, ce n'est pas lui que nous couronnerons dans le concours de M. Bourget-Pailleron. Par paresse et faiblesse d'esprit, il a sombré niaisement dans la crapule et y a gâché son talent. De son cas très particulier, il a tiré une absurde théorie générale qui s'étale dans plusieurs de ses ouvrages, notamment dans l'inepte Rolla et dans ce Lorenzaccio dont M. Pierre Brisson vous a fort bien montré que ce n'était pas une grande œuvre. Il a, en outre, trahi le romantisme. Leconte de Lisle l'appelait « ce jeune calicot ». On ne l'exalte presque jamais, qu'à mauvaise intention, pour en rabaisser d'autres qui lui sont très supérieurs, ou pour autoriser la négligence et la cacographie. Il s'est volontairement prêté à cette vilaine manoeuvre. C'est un faux frère.

Trois illustres poètes de cette période sont au contraire extrêmement sympathiques et des êtres nobles, qu'on peut aimer autant qu'on les admire Vigny, Lamartine, Hugo. Mais lequel des trois l'est encore plus que les deux autres ? Vigny avait quelques petitesses incommodes: une outrecuidance un peu ridicule, dont le venimeux Sainte-Beuve joua savamment pour le brouiller avec Hugo ; une affectation de planer dans un olympe avec une indifférence superbe aux faits littéraires pourtant les plus notoires. Par exemple, il était l'homme qui n'avait jamais lu Sainte-Beuve, déjà nommé. Malgré ses divers torts, le lundiste était de ceux qu'il fallait lire... Lamartine, très haut et très pur, a commis cependant quelques fautes. Il a renversé Louis-Philippe à la légère il a fait la République trop tôt, lorsqu'elle n'était pas encore viable; on se demande avec inquiétude s'il tenait beau coup à ce qu'elle durât, ou s'il n'avait pas cherché un simple succès personnel. « N'oublions pas que c'est à ce coco-là que nous devons l'Empire », a dit brutalement Flaubert. Et certain article des Entretiens a été qualifié par Hugo: « Essai de morsure d'un cygne... » Hugo! Lui, il a écrit:

Si j'étais le bon Dieu, je serais un bon homme.

Et c'était vrai. Il était un peu l'un et pleinement l'autre. Et puis, malgré tout, le poète le plus sympathique, ne vous semblet-il pas que c'est d'abord le plus grand ?

M. Louis Dimier

Mais voici un renfort à la thèse de M. Paul Souday. C'est M. Louis Dimier qui l'apporte. Il choisit, lui aussi Hugo, pour des raisons différentes, il est vrai. Nul n'est

plus loin des romantiques que M. Louis Dimier. Et on le conçoit fort bien. Il a trop l'esprit, le goût et le langage du XVII° siècle pour admettre tant d'excès. Se figure-t-on le cardinal de Retz chez Louise Colet ?

M. Dimier ne fait qu'une exception, en faveur de Hugo.

Vous m'embarrassez beaucoup. Je trouve le romantisme essentiellement antipathique. Aucun de ceux qui l'ont pratiqué n'a mon amitié. Je ne puis aimer des gens qui font parade d'inquiétude sans but et de désespoir, ou dont les sales coucheries me sont contées sans le moindre naturel, dans le style des Psaumes et de l'Apocalypse.

Le vrai seul est aimable. Ils y tournent le dos. Grands écrivains parfois, encore plus grands poètes, ce sont des particuliers insupportables, puant la fatuité, assommants de pédantisme. En conséquence, laissez-moi gauchir légèrement votre question.

Dans les œuvres, non 'dans la personne, chez lequel des romantiques trouvé-je l'expression de sentiments entièrement chers?

Sans hésitation, chez Hugo. Je laisse le bonhomme et prends les vers. Chez celui-là seul, quand il est inspiré, je trouve le vrai. Cela n'arrive pas toujours. Que de feintes et de grimaces! C'est un grand maître de singeries. Mais, s'il est souvent froid, il ne donne jamais dans le faux en fait de sentiment. Ce qu'il s'efforce de peindre est toujours sain, conforme à la loi de l'existence, où le cœur trouve ses aises, non ailleurs.

Il n'inspire ni découragement ni vague à l'âme. C'est un homme bien portant. Les autres sont des malades, des sensibilités détraquées. Mises à part, les images, j'ai horreur du Lac, horreur des Nuits. Le Moïse du bonhomme Vigny me ferait horreur s'il n'était en carton. Mais voici ce que j'aime et qui est admirable :

Que peu de temps suffit pour changer toutes choses !
Nature au front serein, comme vous oubliez !
Et comme vous brisez dans vos métamorphoses
Les fils mystérieux où nos cœurs sont liés !

Cela fait pleurer et cela console; cela attendrit et cela ressuscite. Croyez-moi, c'est le seul grand. On ne lira que lui, les autres feront rire.

M. Gonzague Truc

M. Gonzague Truc se libérant de toutes les disciplines classiques auxquelles nous l'avions cru jusqu'alors attaché, jette un long cri d'amour vers Lamartine. Il est vrai qu'il malmène fort sévèrement Hugo, Musset, Vigny et Gautier. C'est égal, voilà qui n'est pas fait pour éclaircir le débat ! C'est Lamartine !

Et comment ne serait-ce point Lamartine! Il m'a consolé à dix-huit ans de noirs pédagogues. Il attarde l'écho de la vieille France. Il pense encore (voir sa correspondance). Son lyrisme négligé n'est point débraillé. Il a su mourir pauvre et son vers, un peu ronronnant, mais noble et plein comme

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La France n'est pas seule à se couvrir de statues. La mémoire du poète Karl Spittler va être honorée en Suisse d'un monument, qui se dressera à Liestal, bourg où naquit le poète. C'est un Comité zurichois qui rassemble les fonds. Il faut espérer qu'en souvenir d'un auteur si ami de la France, notre pays contribuera quelque peu à cette commémoration.

A Stockholm, la souscription est ouverte pour élever une statue à Strindberg. Ladite statue sera l'œuvre du sculpteur Carl Eldh.

A Cracovie va se dresser bientôt la statue du poète Adam Asnyk, décédé l'an dernier.

Enfin, l'on sait que, à l'occasion du centenaire de William Zlake (mort en 1827), un monument commémoratif vient d'être inauguré à Londres dans la cathédrale Saint-Paul. Hommage officiel bien curieux, si l'on songe au romantisme subversif et satanique du poète graveur.

Arithmétique et psychologie

Voici une petite particularité académique, pas neuve certes, mais bien amusante tout de même.

Aux scrutins du dernier jeudi de juin prirent part, on s s'en souvient, 32 Immortels; et M. Abel Hermant fut élu par 23 voix, M. Emile Mâle par 17.

Divers journaux ayant cru pouvoir nommer quelques-uns des électeurs, en passant sous silence les autres, ceux-ci ne tardèrent pas à réclamer.

Seulement, quand on additionna les électeurs d'abord cités et ceux qui voulaient être cités aussi, on découvrit à chacun des élus une trentaine d'électeurs !

Il y a là un problème d'arithmétique qu'on ne peut résoudre que par la psychologie.

Paris et l'Académie.

C'est M. Henri-Robert qui recevra sous la Coupole M. Abel Hermant.

Or, ces deux Immortels sont deux Parisiens de Paris,

On n'avait jamais vu peut-être un directeur parisien de l'illustre Compagnie y accueillir un récipiendaire également parisien au sens géographique du mot!

On le verra sans doute assez souvent désormais, car les Parisiens de Paris chez les Quarante sont maintenant au nombre de douze MM. Maurice Donnay, Eugène Brieux, René Doumic, Marcel Prévost, Henri Bergson, Mgr Baudrillart, MM. Jules Cambon, Henri-Robert, Joseph Bédier, Emile Picard, Albert Besnard et enfin Abel Hermant

Li très curieuse vie de Law, aventurier honnête homme,

« L'Europe devient pour lui un vaste tapis vert où il faisait rouler son argent d'une capitale à l'autre. Le moindre change

ment de monnaie le mettait en branle. Aussitôt prévenu il envoyait dans le pays en proie au mal d'argent, une quantité d'espèces fortes qu'il vendait, puis rachetait sur place avant de les faire revenir accrues par le jeu du change. »

Quand cela se passait-il ? L'année dernière. Ner, mais en 1697. Et le spéculateur que M. Georges Oudard nous dépeint, ainsi dans son dernier livre, s'appelait Law, de fameuse mémoire.

CE QU'ON LIT

Mémoires de VOLTAIRE, suivis de Mélanges divers et précédés de Voltaire démiurge par Paul SOUDAY (Emile Hazan). M. Paul Souday, dans la préface de cette édition agréablement présentée, appelle Voltaire un « véritable don Juan de la connaissance », et le mot est joli. Très juste enfin, car l'édition Beuchot, déjà vieille, où la correspondance est extrêmement incomplète (nécessairement), ne comprend pas moins de soixante-dix volumes in-octavo, d'une justification compacte, et dont chacun renferme cinq ou six cents pages; et Voltaire a dans cette œuvre immense traité de tout, et de toutes les façons. M. Souday remarque d'une façon non moins judicieuse qu'alors qu'on réimprime toujours les mêmes ouvrages : les contes, la correspondance, parfois enfin le Siècle de Louis XIV, on néglige ces savoureux et piquants opuscules et pamphlets, << flotte de combat, croiseurs et brûlots de toutes sortes », selon le mot de M. Souday qui n'emplissent pas moins de 14 volumes de l'édition Beuchot, et parmi lesquels se trouvent des morceaux vraiment admirables. C'est d'ailleurs ce que nous avions signalé nous-mêmes au libraire qui publie cette réimpression, lorsqu'il était venu nous voir pour nous en entretenir, et nous sommes heureux de nous être rencontré ici avec M. Paul Souday.

A vrai dire, nous n'irions pas jusqu'à écrire comme le critique du Temps, qu'on a organisé contre ces ravissants morceaux la «< conspiration du silence ». Si on les cite si peu, c'est tout simplement, croyons-nous, que les auteurs de manuels ne répètent les uns les autres. Rien n'est plus rare qu'un jugement de goût qui soit véritablement indépendant. Et ne doutons pas que les plus injustes classements ne soient éternellement reproduits. Il a fallu une très vigoureuse campagne pour démolir la gloire du

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Roman de MAURICE DE MARSAN Avec 200 dessins originaux de René GIFFEY 1 volume (19 X 12), 320 pages. 10 fr.

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sieur Manuel, fondée pourtant sur le seul esprit de corps, et une quasi-unanimité de la critique et du public pour introniser Stendhal dans les petites histoires de la littérature.

Dans ses Mélanges, véritables chroniques de journaux avant les journaux (modernes), Voltaire combat surtout la religion en général et le catholicisme en particulier. Il joint à des arguments et à des plaisanteries de toutes sortes, « l'érudition et la critique de textes », M. Paul Souday a raison de le signaler; et c'est là sa grande originalité. Le genre de polémique qu'il a ainsi, sinon inauguré, certes, mais tout à fait lancé, a eu une importance considérable après lui. On sait que c'est pour des raisons philologiques que Renan avait perdu la foi. Et toutes les raisons métaphysiques du monde passeraient pour d'ingénieux paradoxes, si l'on démontrait d'une façon irréfutable et propre à décourage les objections, que les textes sacrés sont inauthentiques et l'existence de Jésus controuvée, par exemple...

M. Paul Souday a donc extrait des Mélanges plusieurs morceaux qu'il réédite à la suite de ces incomparables Mémoires où Voltaire raconte ses démêlés avec l'odieux Frédéric II, qui ont été plus souvent réinprimés et sont un peu mieux connus. On est heureux qu'il n'ait pas oublié la Seconde anecdote sur Belisaire, dont à l'ordinaire on ne connaît guère que le titre, parce qu'on a dit qu'Anatole France s'en était inspiré en inventant son petit frère Ange et Farchon la vielleuse dans la Rôtisserie de la Reine Pédauque. Cela paraît vraisemblable, à condition de donner au mot inspiré son sens véritable et de ne pas accuser le maître de « plagiat », selon la mode actuelle.

Pour ma part, je n'aurais pas réimprimé les Questions de Zapata, dont l'intérêt me semble plus historique ou, si l'on veut, plus intellectuel, que proprement littéraire. Je leur préfère le Sermon des cinquante. Mais quelle bonne idée d'avoir reproduit Femmes, soyez soumises, et surtout l'incomparable lettre Sur Mlle de Lenclos !... C'est quand on vient de relire, grâce à M. Souday, ces merveilleuses chroniques qu'on doute peu que notre véritable patron, à nous tous journalistes, ne soit celui qui les a écrites. - J. B.

'Anatole France et Racine ou la Clé de l'art francien, par Gabriel des HONS. Cinq planches hors texte (Armand Colin).

Voici la réédition en demi-luxe d'un ouvrage aussi agréable qu'utile sur l'œuvre d'Anatole France: M. des Hons, partant du principe que l'auteur des Dieux ont soif savait par cœur l'œuvre de Racine, n'a pas eu de peine à retrouver dans ses conceptions de l'amour, de la politique, dans son langage même, dans la métrique de sa prose, des traces évidentes d'imitation sérieuse ou ironique, consciente ou instinctive, de Racine. C'est un cas bien curieux d'imprégnation, comme le dit l'auteur. En tout cas, l'ouvrage, fait sur fiches, mais avec tact et finesse, est aussi aisé à lire que sont incomestibles d'habitude les travaux universitaires du même genre. A vrai dire, M. des Hons n'en a pas seul le mérite: chaque citation est, en soi, un délice pour les amis du goût français. Et cela fait relire partiellement deux auteurs classiques. Que demander de plus ? A. T.

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viendront comme il le souhaite, à ceux dont la tournure d'esprit, l'élan de cœur, la conception artistique s'accordent à faire de Rodin un génie des belles formes et de la chair. Les autres, ceux qui lui en veulent d'avoir volontairement ignoré l'architecture et d'avoir conçu ses chefs-d'œuvre en l'air, comme des tableaux de chevalet, rendront justice à la hauteur de pensée de son biographe et approuveront son choix d'une trentaine d'œuvres significatives, pas trop rebattues. Le romantisme n'était pas fait pour la sculpture. Il ne l'a que trop prouvé, mais n'est-ils pas curieux de voir ce levain fermenter un quart de siècle après la Marseillaise de Rude, dans la Porte de l'Enfer, de Rodin ? Inquiet, passionné, tumultueux, le maître de Meudon est venu trop tard dans un siècle qui n'était plus le sien. Il est bon qu'il y ait eu un Rodin. Que les dieux nous préservent de ses suiveurs ! - H. C.

Gabriel Fauré, par Charles KOECHLIN (Alcan)

L'excellente Collection des Maîtres de la musique, de l'éditeur Alcan, s'augmente à propos d'une étude sur Gabriel Fauré, où M. Charles Koechlin, avec sa conscience habituelle, son minutieux souci du détail, évoque la physionomie si attachante du maître disparu, et caractérise à souhait sa personnalité si tranchée. Certains seront peut-être tentés de reprocher à la louable piété de disciple de M. Koechlin de ne pas avoir peutêtre suffisamment mis en valeur les points culminants de l'œuvre si prenante que vous savez et de comprendre dans une dévotion également fervente, ses manifestations même secondaires, que Fauré, avec son tact si sûr, savait parfaitement mettre à leur place. Tel quel, le travail de M. Koechlin n'en rendra pas moins de sérieux services et sera consulté avec fruit par les admirateurs du musicien sensible et profond des Quatuors, des Nocturnes et de tant de mélodies au parfum impérissable. G. S.

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BIBLIOGRAPHIE

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ROMANS. Alfred MORTIER, La guerre du diable (Radot, 10 fr.). · Marcel François FOSCA, Derechef (S. Kra, 12 fr.). BERGER, Quarante de fièvre (Flammarion, 12 fr.). Pierre-Paul FOURNIER, Le dernier amour du colonel Lee (Plon, 12 fr.). Emmanuel d'ASTIER, Passage d'une Américaine (Au Sans Pareil). Francis de MIOMANDRE, Olympe et ses amis (J. Ferenczi, 12 fr.).— Jean LAHOVARY, Carnet d'un égoïste (Plon, 12 fr.). Juliette LERMINA-FLANDRE, Une petite fille... (Flammarion, 12 fr.).

J.-H. ROSNY aîné, Amour étrusque; les deux Amantes (Ferenczi, 12 fr.). J. KESSEL, Les cœurs purs (Gallimard). Octave AUBRY, Le roman de Napoléon : Bonaparte et Joséphine (A. Fayard). · C.-F. RAMUZ, Aline, histoire (Grasset, 12 fr.). Arthur SZYK, Le Juif qui rit, nouvelles légendes arrangées par CURNONSKY et J.-W. BIENSTOCK, 2a série (A. Michel, 12 fr.). Henry CLÉRYS, Naïlé Hanoum, capitaine turc (Gallimard, 8 fr.). James STEPHENS, Mary Semblant, trad. par Abel CHEVALLEY (Rieder, 12 fr.). Abel HERMANT, Les épaves (J. Ferenczi). Martin MAURICE, Nuit et jour (Gallimard, 12 fr.). Dr LUCIEN-GRAUX, L'automne d'Adonie (A. Fayard, 12 fr.). Manuel ACOSTA Y LARA, Les amants de Grenade, trad. par Francis de MIOMANDRE (Librairie Cervantès, 12 fr.). Paul CAZIN, Lubies (Plon, 12 fr.). Jean GUYON-CESBRON, La plus belle conquête (A. Michel, 12 fr.). Elissa RHAIS, Par la voix de la musique (Plon, 12 fr.). Gabriel-Joseph GROS, Le meil

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Successeur de

MEYNIAL E. JEAN FONTAINE

30, Boulevard Haussmann, PARIS. Tél. : Central 85-77 Grand Choix de Beaux Livres Anciens et Modernes. Achats de Livres et de Bibliothèques.-Direction de ventes pubiiques, Expertises. Catalogue mensuel franco sur demar,de.

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leur de sa vie (G. Crès, 12 fr.). Guillaume APOLLINAIRE, Le poète assassiné (Au Sans Pareil, 12 fr.). Pierre GIRARD, Connaissez mieux le cœur les femmes (S. Kra). Pierre DOMINIQUE, Selon saint Jean (Grasset, 12 fr.).. Philippe SOUPAULT, Le cœur d'or (Grasset, 12. fr.). René MARAN, Djouma, chien de chasse (A. Michel). Princesse BIBESCO, Catherine-Paris (Grasset, 12 fr.). - Jérôme et Jean THARAUD, La rose de Saron (Plon, 12 fr.).

MUSIQUE

Au Conservatoire, à l'Institut et à

l'Ecole Normale de Musique

Je vous ai, l'an dernier, dit ici à loisir mon sentiment sur les Concours du Conservatoire et sur l'institution du Prix 'de Rome de musique, tel qu'il fonctionne du moins depuis sa fondation jusqu'à ce jour. Est-il besoin de vous dire que rien n'a changé ?... Par l'importance démesurée qu'on leur accorde, par l'appétit de réclame et d'intrigue qu'ils surexcitent chez des élèves qui ont, le plus souvent, tant à apprendre encore, par la composition bizarre de l'assistance frivole qui trouve toujours moyen de s'y faufiler, — l'attrait d'un spectacle gratuit n'est-il pas, plus que jamais, irrésistible, même pour les plus fastueux Parisiens ? les Concours, tant qu'ils resteront publics, perdront inévitablement le caractère d'épreuve scolaire qui est leur seule raison 'd'être, pour prendre un désobligeant caractère d'exhibition, surtout en ce qui concerne les classes de chant et de déclamation lyrique. Je ne vous en donnerai pas ici les résultats 'détaillés de ces longues journées, vous renvoyant pour cela aux gazettes quotidiennes, dont la prolixité à ce sujet n'a d'égale que leur laconisme à l'égard de toute manifestation de musique vraiment intéressante ou significative. Comme 'de coutume, les classes instrumentales se sont affirmées nettement supérieures aux classes de chant. Elles peupleront nos orchestres et nos concerts d'exécutants pourvus déjà d'une technique accomplie et dont quelques-uns semblent même avoir reçu des fées le don précieux d'une véritable tandis que c'est à peine si nos directeurs de théâtre lyrique pourront trouver dans le lot singulièrement bariolé des chanteurs ou prétendus tels, trois ou quatre recrues utilisables, parmi lesquelles on doit citer à part Mlle de Méo et M. Gaudin, susceptible de faire une carrière, s'ils savent perfectionner une technique vocale encore bien incertaine, ne pas excéder leurs moyens, et renoncer surtout à exploiter sans délai la notoriété passagère que leur vaut leurs succès scolaires.

nature,

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Au moins les récompenses octroyées aux élèves du Conservatoire sont-elles décernées par des jurys d'une compétence professionnelle en général éprouvée, et dont la composition fait honneur au zèle clairvoyant de M. Henri Rabaud. Il n'en est pas de même, pour le concours du Prix

de Rome, pourtant le plus important de tous, puisqu'il s'agit ici de composition musicale et non d'interprétation. Ici, vous le savez, le jugement est rendu à l'Institut par l'Académie des Beaux-Arts, toutes sections réunies, en l'absence des critiques, dont la convocation à cette manifestation serait pourtant autrement justifiée qu'aux concours ordinaires. Et elle serait en tous cas moins dangereuse (puisqu'ils ne participeraient pas au scrutin) que la présence de nos Immortels peintres sculpteurs, ou simples amateurs d'art fortunés, qui eux, votent et disposent même, pour la décision finale d'une majorité d'environ 18 voix sur 24, la section musicale n'étant composée que de six membres titulaires augmentés, simplement pour la forme, de trois compositeurs venus du dehors et n'ayant qu'une voix purement consultative, même quand ils s'appellent Vincent d'Indy, Paul Dukas, Alfred Bachelet ou Maurice Ravel! Ce règlement extravagant a d'autres beautés, puisqu'il impose aux candidats, isolés pendant un mois au Palais de Fon

tainebleau, la mise en musique de ce je ne sais quoi qu'on nomme sous la coupole un livret de cantate, et qui est, à la fois par l'indigence du fond et la convention de la forme, la négation même d'une œuvre permettant d'apprécier les mérites d'un jeune musicien. Qu'il me suffise à cet égard de vous citer deux extraits du Coriolan de M. Guy de Téramond, choisi cette année par l'Institut :

« O matrone admirable, ô noble Vélurie »>...
« Ecoute ta mère
O soldat vainqueur !
Sa douleur amère
Me brise le cœur ! »

Comment s'étonner que de pareilles effusions aient médiocrement inspiré MM. Gaujac, Tomasi, Loucheur, qui ont été cette année les estimables lauréats du concours ? Il est temps que les membres éminents de la section musicale de l'Académie des Beaux-Arts s'aperçoivent de l'urgence d'une réforme qui honorerait leur zèle. On doit déplorer, à ce point de vue, que des raisons assurément respectables de convenance personnelle aient empêché les grands musiciens que sont MM. Vincent d'Indy et Paul Dukas de leur apporter l'appui précieux de leur expérience d'éducateurs en acceptant d'entrer à l'Institut. Qu'on ne vienne pas dire en effet que la forme de la cantate est indispensable pour assurer la sincérité du concours. Pourquoi ne pourrait-on pas proposer aux concurrents, au lieu d'une élucubration plus ou moins mirlitonesque, dont l'Institut rétribue d'ailleurs l'auteur, une pièce d'une valeur littéraire incontestée, choisie dans l'oeuvre de quelque poète notoire, classique, romantique ou moderne, et qui pourrait être traitée soit sous la forme d'un poème lyrique dialogué, soit sous celle d'un poème symphonique. Pourquoi, après tout, la fonction d'un jeune musicien français serait-elle obligatoirement d'écrire de la musique « de théâtre », et surtout de l'espèce la plus conventionnelle et la plus fausse ?... Souhaitons, -- sans beaucoup l'espérer, qu'on s'en avise

enfin en haut lieu. Il y va de l'avenir du Prix de Rome, et surtout de celui de la composition musicale en France, si souvent faussée en son essence par ce mauvais départ.

Je ne voudrais pas passer sous silence l'excellente besogne

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faite par l'Ecole normale de musique, qui, grâce à l'activité de son directeur M. Mangeot, prend une place de plus en plus considérable dans l'enseignement musical. Je vous ai dit naguère comment les jeunes élèves étrangers venus à Pris pour leurs études musicales, y trouvaient des guides sûrs et expérimentés. Il me suffira d'indiquer aujourd'hui que MM. Jacques Thibaud et Alfred Cortot viennent d'y donner des remarquables « cours d'interprétation » de violon et de piano, suivis par un auditoire nombreux et enthousiaste, que M. Paul Dukas y professe toute l'année un cours de composition d'une portée capitale, par la maîtrise technique et la libre profondeur des aperçus. Je n'en veux pour preuve que le commentaire magistral des Derniers Quatuors de Beethoven par quoi il s'est terminé cette année. Il serait à désirer qu'une publicité plus importante fasse mieux connaître à la rentrée, l'existence de ces libres causeries dont tant de musiciens ou d'amis de la musique pourraient tirer un précieux profit.

La Danseuse Argentina

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qui

Dernièrement, au THÉATRE DES CHAMPS-ELYSÉES, >qu'on a plaisir à voir rendre aux manifestations vraiment artistiques pour lesquelles il fut construit, Mlle Argentina nous a donné un « concert de danse» qui avait attiré la foule des grands soirs. Ce fut, en vérité, un enchantement... Nulle mieux qu'elle aujourd'hui, par la grâce nerveuse de son corps, l'harmonie de ses gestes, la justesse innée de son sens rythmique, le goût raffiné de ses costumes, le vivant langage surtout de ses prestigieuses castagnettes, ont toutes les ardeurs, toutes les subtilités, ne peut rendre sur les tréteaux la couleur sombre ou lumineuse, le sentiment pénétrant des pièces notoires d'Albeniz, de Granados, de Manuel Infante, qui constituaient la première partie du programme. Elle ne montra ni moins d'intelligence, ni moins de souplesse dans le délicieux Amour Sorcier, dont une réalisation scénique et orchestrale un peu improvisée clôturait la séance, et où M. Manuel de Falla a traduit avec tant de bonheur, vous le savez, l'intense saveur de terroir de l'Andalousie, son pays natal.

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Musiques estivales

Chassée de Paris par la canicule et les déplacements de ses adeptes, la musique prend ses quartiers d'été dans les riants paysages de l'Ile de France. Au Conservatoire américain, installé dans les spacieuses salles du Palais de Fontainebleau, ont lieu deux fois par semaine d'attirants concerts auxquels les élèves de l'Ecole et un nombreux public local fait un accueil enthousiaste. Cette semaine on y a entendu, avec le concours de l'auteur, la Sonate, le Trio et les Variations pour piano de M. Gabriel Pierné, les Quatuors à cordes de Fauré, Debussy et de M. Roger Ducasse, fidèlement traduits par le quatuor Pascal. Dans le cadre plus restreint du cours d'harmonie de Mlle Nadia Boulanger ont eu lieu excusez du peu l'audition de deux actes presque intégraux d'Ariane et Barbe-Bleue de et Barbe-Bleue de M. Dukas, avec des interprètes de la qualité de Mles Bunlet, Vhita et de M. Narcon. La jeunesse des Etats-Unis, plus favorisée que la nôtre en l'espèce, au Con

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servatoire, ne reconnaîtra pas la musique française sous de mauvais auspices.

De son côté, Mme Wanda Landowska, nous a conviés le 3 juillet, à l'inauguration de l'harmonieuse salle d'auditions qu'elle vient de faire construire dans le jardin de sa villa à Saint-Leu-La-Forêt, et où elle réunira désormais ses nombreux élèves ou admirateurs français et étrangers dans le culte de cette musique du passé dont elle a le secret, et pour laquelle semblent faites la grâce de son jeu, la pureté de son style et la précision ailée de sa technique. Avec l'aide autorisée de M. Alfred Cortot, elle a évoqué devant nous une fois de plus, au piano et au clavecin, de façon prestigieusement évocatrice, les génies tour à tour profonds, voluptueux et tendres de Bach, de Mozart, de Rameau, de Couperin, la délicate fantaisie de Dandrieu et de Chambonnières; tandis que dans les arbres voisins chantaient les oiseaux et jouaient les rayons du soleil : heure exquise qui réalise le rêve d'une artiste née, et dont l'œuvre de résurrection est précieuse et unique en son genre. GUSTAVE SAMAZEUILH.

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En commémorant, comme il sied, la pensée romantique dans le roman, l'histoire, le théâtre, la musique, la peinture, la gravure, la sculpture, l'architecture, toutes les lettres et tous les arts, il faudra se garder d'oublier les arts industriels. Certes, l'époque ne fut pas toujours bonne pour le travail du bois, du métal, de la terre, des textiles, du cuir ou du papier. Les industriels, enivrés des découvertes du machinisme, ne songèrent qu'à augmenter leur production et à abaisser le prix de fabrication, au détriment souvent du mérite artistique. La connaissance plus approfondie pourrait dire la découverte - des chefs-d'œuvre du passé, les conduisit en même temps à pasticher au lieu de créer, et notre art décoratif en souffrit pendant trois quarts de siècle. Mais c'est au romantisme que l'on doit l'entrée des artisans (le mot n'avait encore rien perdu de sa force originelle) dans le panthéon des gloires nationales.

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on

Diderot, qui se passionnait pour les arts « mécaniques » et qui l'a bien prouvé dans son Encyclopédie, ne nomme guère les protagonistes des métiers qu'il décrit, sauf lorsqu'il leur emprunte des descriptions et des techniques. Mais les écrivains romantiques, Balzac, Gautier, Hugo, les critiques Janin, Planche, s'éprennent sincèrement des grands ouvriers de leur temps (et du passé), jusqu'à établir un parallèle entre l'outil et la plume. Je ne crois pas que notre XXe siècle, qui a fait une si belle place aux artistes-décorateurs (dénomination nouvelle et plus prétentieuse de l'artisan)

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