Imágenes de páginas
PDF
EPUB

croisée à la manière de Greuze. A peine notre voleur mptait-il vingt printemps, et il avait déjà tous les côtés ands et poétiques du métier, qu'il exerça avec tant de disction pendant une quinzaine d'années. Il avait le flair, le ng-froid, l'audace, la patience, le coup d'oeil, l'attaque pétueuse, la retraite habile, le retour terrible, le déguiseent merveilleux, tous les âges à son gré, l'art de porter is les costumes, le génie enfin du chef. Aussi eut-il bientôt ani sous son commandement une centaine de jeunes fils famille dont les noms furent passés sous silence aux diences de son grand procès criminel au parlement d'Aix. Si le second vol marquant de Gaspard de Besse n'eut s toutes les grâces chorégraphiques du premier, il fut arqué néanmoins au coin d'une originalité plus vive. Il la, aidé des intéressants fils de famille dont nous venons = parler, la cave de l'évêque de Fréjus, réputée célèbre armi toutes les caves épiscopales. Il ne laissa pas une seule uteille, pas même un flacon de lacryma-christi, vin que n étiquette devrait mettre à l'abri de tout moderne pillage. è vol serait vraiment impardonnable s'il n'était relevé par e particularité touchante. Sachant que son ancien proseur, le bon prêtre qui lui avait enseigné tant de belles oses en grec et en latin, buvait souvent de l'eau à son pas, il glissa dans sa cave jusqu'alors habitée les par iris, la plus grande partie des excellents vins volés à vêché de Fréjus. Ah! ce trait est admirable. Il devrait urer dans une histoire de voleurs à l'usage de la jeunesse, ns quelque Eraste des grands criminels. Besse appelait vol des vins de l'évêque de Fréjus mon vol in coena mini. On ne dit pas si le bon curé accepta le don du trop néreux Gaspard.

La Provence était alors mal gardée, et les diligences de poque n'allaient pas très vite à travers les gorges de mongnes et les bois ; les bois n'étaient pas non plus éclaircis mme de nos jours. Ils suaient le guet-apens et le crime. us leur ombre silencieuse. Quel champ magnifique à ploiter pour un génie comme celui de Besse ! Il organisa e petite armée, et il exploita jour et nuit, avec une prosrité qui ne se démentit que bien rarement, les bois dont ici les noms l'Estérel, la Sambesque, les bois de Cuges, Barben, les Taillades et quelques autres bois. Comment océdait-il pour mettre sur les dents la maréchaussée lancée ses trousses par toute la sénéchaussée de Provence ? and il avait fait un coup à l'Esterel, par exemple, il disraissait, et quelques jours après, on apprenait qu'il avait pouillé des voyageurs à dix lieues de là, à trente lieues ime, à la Barben ou aux Taillades. Les années s'écouent, on ne mettait jamais la main sur lui, et son nom venait européen. Toujours spirituel, quand le roi Frédéric Prusse, l'ami de Voltaire, se fut emparé de la Silésie, il écrivit pour qu'il le nommât vice-roi de cette province, butant qu'il n'y avait pas comme un voleur pour bien rder un bien volé ». Nous ignorons si le grand Frédéric fit répondre par Voltaire ou par Maupertuis, ou s'il lui pondit lui-même.

Gaspard rançonna la Provence pendant tant d'années," il y a laissé une renommée impérissable, égale au moins celle de Cartouche et de Mandrin, mais avec cette diffé

[ocr errors]

rence, tout à sa louange, qu'il ne commit pas de meurtres dans sa vie. C'était un brigand plein d'honneur, à sa manière. Il défendait l'effusion du sang ; jamais un voyageur n'a perdu la vie entre ses mains ou celles de ses gens. Sa courtoisie était exquise; il appartenait à la grande école des Laugern. Il arrêtait à l'ambre et il dépouillait au musc. Quand il présidait à une opération, il déployait les façons d'un gentilhomme; il abordait les voyageurs, tenus en respect par ses bandits, le sourire sur les lèvres, le chapeau à la main, et traçant autour d'eux de profondes révérences. Et que d'excuses charmantes de sa part pour les avoir dérangés de leur voyage ou des douceurs du sommeil : il en était au regret, au désespoir; il les priait de prendre en considération la rigueur des temps, le caractère de sa mission... Il leur offrait des cordiaux s'il les voyait faiblir, et, quand il les forçait à descendre de diligence, il n'est sortes de politesses dont il ne les comblât. Il accompagnait les hommes jusqu'au marchepied quand il s'agissait de remonter en voiture, et les femmes, il les portait dans ses bras jusqu'à leurs places, en leur disant : « Vous êtes si légères, Mesdames, que ce que j'ai eu l'honneur de vous voler devait vous rendre bien lourdes. Adieu, Mesdames, recevez mes hommages. »

Une nuit, en plein bois de Cuges, sa troupe arrête une chaise de poste où un noble de la noble ville d'Aix se trouvait avec sa fille, jeune personne de seize ans qui portait une très belle bague. Tout fut dévalisé sans résistance. Mais quand un des bandits chercha à s'emparer de la bague qu'il avait vu étinceler dans l'ombre, la jeune fille protesta par ses cris et ses larmes, disant que cette bague était un souvenir de sa mère. Le bandit n'ayant tenu aucun compte de sa réclamation, ses cris alors redoublèrent, et furent si déchirants que Gaspard, occupé plus loin à éventrer une valise, accourut et s'informa. Quand il sut de quoi il s'agissait, il arracha l'anneau des mains de son compagnon, qu'il accabla de reproches. Posant ensuite un genou en terre, Gaspard supplia la jeune fille de lui permettre de remettre cet anneau à son doigt, ce qui lui fut accordé aux applaudissements de sa bande spoliatrice et émue. Cette scène de nuit, au milieu des bois, a fourni le sujet d'un petit tableau, plein d'effets vagues et sinistres, au peintre Granet, compatriote du chevaleresque Gaspard. La tête du bandit est superbe de grandeur sauvage et de soumission.

Une autre fois, Gaspard aperçut à l'entrée d'une forêt une pauvre vieille femme qui sanglotait; le brigand lui demande la cause de son chagrin. Elle répond que les huissiers sont occupés à tout saisir dans sa maison; qu'elle est allée chez une parente qui a refusé de lui prêter la somme pour laquelle elle est poursuivie : six cents francs; qu'elle va donc être mise à la porte. Gaspard s'attendrit, et de cette main qui faisait trembler les plus fiers, il remet à la vieille la somme exigée; puis il s'éloigna. Quand le temps

Si vous voulez un beau portrait photographique d'un écrivain, d'un homme politique, d'un personnage connu qui vous intéresse, adressez-vous au Service de Librairie de P’Opinion qui vous le procurera franco de port, moyennant 30 francs.

[graphic]

20

[ocr errors]

qu'il fallait pour que les huissiers eussent été payés se fut écoulé, Gaspard, embusqué près de la route que ceux-ci devaient prendre, s'élança sur eux et leur enleva l'argent. Superbe coup! Coup admirable! Il rentra dans ses fonds et il avait fait une bonne action. Ce trait a été raconté plu-. sieurs fois et attribué à d'autres bienfaiteurs du grand chemin, mais il appartient en propre à notre Gaspard de Besse à qui nous le restituons du droit que nous donne la vérité et que la postérité nous impose. Cartouche, à qui on l'attribue, n'avait pas cette romanesque sensibilité; Mandrin, auquel on le prête aussi, ne fut jamais un voleur, mais un simple contrebandier de toiles peintes.

C'est à Gaspard qu'il faut pareillement faire remonter l'invention des mannequins simulant une troupe de bandits et couchant en joue les voyageurs, stratagème auquel il avait recours quand il ne voulait faire entrer personne dans le partage de quelque riche butin.

Après avoir été poursuivi longtemps sans avoir été pris sérieusement une seule fois, il fut reconnu dans un cabaret par des gardes-marines qui se saisirent de lui et le livrèrent au parlement d'Aix. Son procès instruit et jugé dans cette cité, en 1776, occupa au plus haut degré toute l'attention de la France. Gaspard de Besse parut aux débats avec une contenance ferme et nullement insolente. L'affluence fut énorme aux audiences. Il parla bien, il intéressa, il émut, il remplit ses réponses d'éloquentes citations classiques. Il n'en fut pas moins condamné à être roué, supplice trop prodigué au moment où il allait disparaître pour toujours de nos codes. Gaspard n'aurait pas même mérité de nos jours les travaux forcés à perpétuité. Et quel voleur nous eussions

conservé !

Le bourreau reçut l'ordre secret de l'étrangler avant de lui briser les membres. Le jour de sa mort fut un jour de deuil pour la ville d'Aix. On oubliait ses vols pour ne parler que de ses belles qualités, de sa fine courtoisie, de son désintéressement, de sa rare délicatesse envers les femmes. L'heure de l'exécution arrivée, il fit une toilette complète ; aucun désordre mental n'en trouble la délicieuse régularité. Il était rasé et poudré. Il traversa les rues qui allaient de la prison à la place de la Madeleine, un bouquet de roses à la main. Les fenêtres étaient garnies de belles dames et de belles demoiselles qui pleuraient et lui envoyaient des adieux et des regrets; et lui, le gracieux Gaspard, les saluait profondément, inclinait son bouquet devant elles. Sur l'échafaud, son courage ne se démentît pas.

Sa mémoire est toujours honorée dans les nombreuses localités voisines ou lointaines du théâtre de ses exploits. Le peuple des campagnes l'adorait au point qu'il ne fut jamais trahi par personne, quoiqu'il eût la périlleuse habitude d'aller jouer presque toutes les nuits dans les chambrées et les cabarets des villages.

On ne parle pas encore de lui élever une statue. Il serait plus spirituel de lui en enlever une.

A. DE BERSAUCOURT.

La signalisation de nos routes de Frafice a été commencée en 1921 par le Touring-Club, aidé pécuniairement par Dunlop. Actuellement, après six ans d'efforts, Dunlop a fait placer sur les grands itinéraires 35.000 potaux de signalisation, ce qui représente une dépense de 3.500.000 francs.

SPORTS

La question du du « manque-à-gagner ›

Le gros public, même non initié à notre jargon sportif, peut manquer de finir par connaître cette expression venue che nous de la langue, si je ne m'abuse, des assurances et de l' giène sociale. Aussi bien, est-ce proprement un problème d'e vergure sociale que pose la question de l'amateurisme, gale sur laquelle, en fin de compte, nous nous noierons peut-être un jour, pour nous être « mal embarqués ».

Sur le fond même du débat, j'ai déjà eu l'occasion de din ici, librement, mon opinion. Opinion si différente de celle de plupart des camarades, des amis, voire des maîtres que j'ai d la presse sportive ! J'avoue continuer à ne pas comprendre po quoi, en ce siècle pratique, le sport resterait, de toutes les act vités humaines, la seule qui ne pût sans déchéance être pratiques << pour de l'argent ». Aucun art, aucune profession ne connai sent cette étrange barrière. Que nous importe qu'un écriva qu'un comédien, qu'un avocat soient rémunérés ou non. L'es sentiel, c'est qu'il ait du talent. Nous sommes quelques-uns you ne demandons pas autre chose que « d'avoir du talent> son genre à l'athlète que nous nous plaisons à voir s'ébatt devant nous. Question bien distincte, soulignons-le, de celle l'« éducation physique de la race », qui, elle, se nourrit av tout de moyennes et de statistiques en progrès, mais qui n'a diffère pas plus que celle de l'éducation primaire de celle de l'enseignement supérieur !

Je reviendrai sans doute, quelque jour de cet hiver, sur ce point capital. Je dirai comment le sport tel qu'il se trouv organisé aujourd'hui à la surface de presque tout le globe a dû d'être vicié dans son principe à ce fait qu'il commenç par être, vers 1850-1860, l'apanage patricien de certaine << gentry » britannique. Que de nobles lords aient jugé à p pos d'écarter, de ces jeux qu'ils étaient en train de codes ingénieusement, la foule des manants, ouvriers, paysans << petits bourgeois », qu'ils aient décrété, une fois pour tout qu' << amateur » dans la force du terme, c'est-à-dire pur serait seul celui qui, de sa vie, n'aurait accepté un dédomm gement pécuniaire, et « professionnel », « impur» (vous sissez l'intention péjorative du terme) quiconque n'aura pas le moyen de s'entraîner, de se déplacer, de lutter toujours p le seul honneur »..., cela, nous le concevons assez. Ce que concevons beaucoup moins, c'est que les dirigeants du sp actuel, pour la plupart issus de nations et de milieux démoc tiques, aient accepté, les yeux fermés, cette doctrine comme pilier même faute duquel le temple s'écroulerait.

Le Comité olympique international, recruté en dehors toute consultation publique, fils de lui-même et de la pe généreuse de M. Pierre de Coubertin, ne pouvait man

d'épouser, d'entrée de jeu, pareille théorie, que dis-je, de renchérir sur elle. Dès le début de son action, la qualité d'amateurs des concurrents rassemblés en vue des Jeux fut nécessité imposée, au lieu de celle de la beauté plastique ou de la « classe >> athlétique. C'est en une glorification de la noblesse de l'amateurisme que se résout la fameuse formule du serment olympique. Noblesse que nous ne discuterons pas, idéal, cependant, qui peut serabler un peu « jeune » ou un peu « vieillot » dans l'ère de progrès, mais de lutte matérielle où nous ne faisons que d'entrer.

[ocr errors]

--

N'importe, la formule consacrée a encore trop de prestige. pour que personne ait eu l'ambition d'amener des « professionnels » des hommes qui vivraient de leurs capacités physiques amenées à leur développement maximum par la plus sévère astreinte hygiénique et morale, fi donc ! à concourir, fût-ce pour la gloire, pas plus au Stade de Colombes que, l'an prochain, dans celui d'Amsterdam. Je crois comprendre qu'on choque déjà les princes, comtes et barons du Comité olympique en tolérant que les athlètes de chaque nation viennent, aux frais de leurs commettants. Ne serait-il pas plus élégant que chacun subvînt à ses frais, comme ces Messieurs le font sans doute quand ils se déplacent dans les sleepings de la Compagnie des wagons-lits du Conseil de laquelle certains appartiennent? Enfin, soit, ils fermaient les yeux. Mais voilà qu'une autre requête a pris naissance, s'est enflée, est parvenue jusqu'à leurs oreilles, apportée par de ces personnages politicailleurs, pensent-ils, mais nous vivons dans de tristes temps !-que sont tels présidents de Fédérations nationales ou internationales 1 Il est un grand sport, sans doute le plus pratiqué en Europe, celui dont le chef suprême, notre ami, M. Rimet, est dit régner si c'est régner! sur vingt millions de sujets. C'est un sport dont les adeptes se recrutent, à quelques exceptions près, dans la classe... mettons qui n'est pas la plus favorisée de chaque peuple. Petits employés et comptables, mécaniciens, à la rigueur, quelques fils de petits patrons... Or, l'épreuve de football des Jeux est l'une des plus attachantes. Elle mit aux .prises, en 24, sous nos yeux, les représentants de vingt et une nations, et se termina par la victoire-apothéose uruguayenne. Or, voilà, dis-je, que les dirigeants du football dans chaque pays, s'entendant comme larrons en foire, ont émis le vœu que leurs équipiers... — oh! rassurez-vous, ne touchent pas un franc, pas un centime sur le million et demi de recettes qu'ils feront encaisser à Amsterdam (on compte essentiellement sur eux pour « boucler » le budget des Jeux) mais reçoivent l'équivalence exacte de ce qu'ils eussent continué de gagner qui au bureau, qui à l'usine..., cela, tout au long de leur déplacement, qui variera de huit à cinquante jours.

[ocr errors]

--

[ocr errors]

On devine le tolle. Mais les délégués du football tinrent bon. Ils avaient, je l'ai indiqué, des arguments bien terre à terre à faire peser dans la balance, dont sont bien forcés de se servir nos hautains idéalistes. Ces arguments furent de telle nature, présentés avec tant de vigueur qu'il y a quelques mois, à Lausanne décision dont le monde sportif n'est pas encore revenu! - le Comité exécutif du Comité olympique international reconnaissait, pour le fotball, le principe du « manque à gagner >>. Il l'admettait, avec des formes. Pas d'argent qui souille les doigts versé directement aux athlètes (qui, cependant, ont pris l'habitude et que voulez-vous y faire ! d'aller gentiment toucher, à la trésorerie de leur Club, leurs incessants frais de déplacement, d'équipements, etc.). Mais un système discret, longuet, hypocrite! assurant la remise, aux employeurs, par les soins des Fédérations, déléguées du C. O. I., des sommes destinées à aller dans la poche des employés.

-

Tel fut le pas fait à Lausanne. Il eut bonne ou mauvaise presse. Mauvaise plutôt, car, je le répète, nos camarades les plus modernes et les plus intelligents voient rouge dès qu'il est question d'attenter aux principes sacro-saints. On croyait cependant la thèse acceptée, le fait accompli. Patatras! Depuis quelques jours, tout est remis en question. Est-ce que la Fédération de « ballon rond » britannique ne vient pas de partir en guerre, et de la façon la plus violente, contre une décision qu'on pensait décidément entérinée ! Le Comité exécutif accusé d'abus de pouvoir, la décision prise de ne pas envoyer, à Amsterdam, de représentants du football britannique (il est vrai qu'on n'en vit déjà pas à Paris !), une visible pression exercée sur des Comités de Dominions (l'Australie criant à son tour son émotion, s'associant aux déterminations anglaises), certaine menace latente d'embrigader dans l'abstention d'autres Fédérations britarmiques (et pourquoi pas l'athlétisme? Ce serait complet!)... On voit la gravité de l'incident. Et le pis, c'est que celui-ci trouve sa répercussion en France. L'autre jour, nous est parvenu, de la cité du Retiro, parfois mieux inspirée, un communiqué à vrai dire assez enveloppé ; mais duquel se dégage un assentiment net donné à l'intervention de Londres, la même imputation jetée au Comité exécutif d'avoir outrepassé ses pou

voirs.

Celui-ci doit être bien ennuyé. Il avait, la mort dans l'âme, voté une mesure qu'il jugeait susceptible de sauvegarder ce dont, tout « planant » qu'il soit, il doit bien se soucier: la recette. Là-dessus, on lui cherche querelle. Que faire ? Devra-t-il se déjuger? Ne va-t-il pas se voir d'ailleurs désavoué par un Bureau ravi de la tournure que prend l'affaire, et de la revanche des grands principes !

'Autre chose: un fait paraît certain, c'est qu'au cas du retrait de la disposition relative au « manque à gagner »>, c'est tout le football d'Europe centrale qui, unanimement, s'abstiendra. Allemagne, Tchéco-Slovaquie, Autriche, Hongrie, YougoSlavie, Pologne, cela fait un faisceau de formidables équipes dont plusieurs avaient de grandes chances d'aller loin dans la grande compétition. Découronné de leur participation, le tournoi de football d'Amsterdam a du plomb dans l'aile. La France ni la Belgique ne le gagneront pas pour cela ! Elles ne sont pas réellement en course. Personnellement, notre pays passera pour s'être, une fois de plus, mis à la traîne de l'Angleterre — et des hobereaux internationaux. Nous aurons laissé se détacher pour former un bloc solidaire, désormais, avec l'Allemagne, plusieurs des peuples nos amis. Acheminement à un championnat, retentissant, d'Europe centrale ! N'exagérons pas ! Cependant, on sait à quel point le sport a commencé d'influencer la vie affective des nations. Il y a là une incidence toute petite politique que je me permets de signaler.

MARCEL BERGER.

CHOCOLAT-MENIER

Demandez la Tablette "RIALTA"

Le meilleur des Chocolats à Croquer

A propos de cinéma

Tout le monde se rappelle ces automobiles que les Américains introduisirent par légions en Europe, lorsqu'ils vinrent se ranger, il y a dix ans, aux côtés des alliés. Conçues pour rouler sur les terrains accidentés de certaines régions du Nouveau Monde, ces voitures s'adaptèrent très bien aux fatigantes routes du front et rendirent ainsi de grands services aux armées. Mais quand les besoins militaires eurent pris fin, on remarqua leurs lignes peu heureuses, vraiment choquantes pour des yeux habitués aux élégances françaises. Les Américains s'attachèrent depuis lors à modifier selon le goût de notre pays l'aspect général de leurs carrosseries. Après le dernier Salon de l'Automobile, on ne saurait nier qu'ils soient parvenus à satisfaire aux plus rigoureuses exigences.

C'est dans tous les domaines de l'industrie que l'on peut noter cette remarquable souplesse des Américains. Pour plaire à la clientèle d'un marché où ils veulent pénétrer, ils adoptent les meilleures caractéristiques des produits indigènes. Ce n'est pas à dire qu'ils réussissent. toujours ni partout avec le même bonheur, mais il faut reconnaître que, dans l'ensemble, ils montrent une habileté qui leur vaut maint succès.

Cette politique d'adaptation, ils la pratiquent aussi bien en matière de cinéma qu'en matière d'automobiles, et ils cherchent à doter leurs productions du cachet particulier aux oeuvres de certains pays d'Europe. Certes, ce moyen n'est employé qu'en dernier ressort, quand il s'établit que le public est saturé du << genre américain ». Ainsi, les premiers films qui, des EtatsUnis, vinrent chez nous, portaient nettement la marque d'outreAtlantique. C'était l'époque où la guerre entravait les efforts. cinématographiques de l'ancien continent. On accueillait favorablement les films venus d'Amérique, où l'industrie pouvait se développer dans des conditions normales et subvenir aux besoins des belligérants. La concurrence que rencontraient chez nous les productions de la nation associée était négligeable: le front absorbait toutes les énergies. Les Etats-Unis pouvaient donc, en toute sécurité, nous expédier les œuvres mêmes qui suffisaient à leur public. Elles devaient bien nous suffire aussi.

-

[ocr errors]

On aurait tort, cependant, de rendre la guerre seule responsable de la situation générale actuelle de la cinématographie. Même sans elle, les Américains auraient conquis la place prépondérante qu'ils occupent aujourd'hui. Si, grâce à des noms tels que Marey, Lumière, Pathé, Gaumont, Aubert la France est bien le berceau du septième art, l'hégémonie économique n'en appartient pas moins, logiquement, au pays qui peut amortir sa production sur son propre territoire et, dès lors, l'exporter sans grands risques. On sait que c'est le cas des Etats-Unis. La guerre fut l'occasion qui permit à l'Amérique de prendre la tête de la cinématographie universelle, elle ne fut pas la cause déterminante de sa suprématie.

L'action des premiers films importés d'Amérique a pu être comparée à celle des missionnaires chargés d'ouvrir la voie à une civilisation nouvelle. Ils révélaient au public du Vieux Monde des coutumes différentes des siennes, le séduisaient par d'heureuses innovations, le convertissaient peu à peu au goût de leur

pays d'origine. Familiarisée chaque jour, davantage avec le productions des Etats-Unis, la clientèle des salles d'Europe leur réservait un accueil de plus en plus favorable. Il va sans dire que le succès de ces films fournissait une propagande très eff cace à l'industrie américaine en général, et c'est pourquoi chacun, de l'autre côté de l'Atlantique, se trouvait intéressé à la prospérité du cinéma national. Mais, la paix venue, l'industrie européenne se ranima. Elle eut d'abord quelque peine à lutter contre des concurrents bénéficiant d'un handicap considérable. Elle parvint à les inquiéter quand, au lieu de les prendre aveuglément pour modèles, elle utilisa, à l'intérieur de chaque pays, les qualités spécifiques de la race. Chez nous, le public apprit à connaître, à côté du genre américain, le genre français, et ne tarda pas à lui donner la préférence.

Les Américains virent le danger et le combattirent avec leur souplesse habituelle: ils se décidèrent à modifier le caractère de leurs films; ils accueillirent chez eux des artistes et des inte

lectuels de chez nous ; ils vinrent se documenter en France me; ils se pénétrèrent autant que possible de notre esprit, et luttèrent sur notre territoire avec nos propres armes. Une méthode analogue fut employée respectivement pour chacun des principaux pays d'Europe. On ne s'étonne plus, dès lors, de la prépondérance de l'édition américaine dans le monde entier. Elle est en mesure de satisfaire aussi bien au goût des Latins ou des Scandinaves, qu'à celui des Slaves ou des Germains, et, pour atteindre ses buts, elle n'hésite pas à fournir la somme de travail et de capitaux nécessaire. Si dans certains pays, l'Alle magne ou la France, par exemple, les Américains se trouvent en présence de caractères nationaux nettement distincts des leurs, ils envahissent par contre sans peine le marché anglais, où ils sont favorisés par une étroite parenté de race, de langue et de religion. Plus de 90 pour 100 des films projetés dans les salles britanniques ont franchi l'Océan.

Dans les pays où ils ont à effectuer un plus important tra vail d'adaptation, le succès les récompense suivant le mérite de leur effort. Ils ne négligent en tout cas rien pour triompher des difficultés, en mettant le plus grand nombre d'atouts pos sible dans leur jeu.

[graphic]
[ocr errors]

Ainsi, un scénario tiré d'une opérette de MM. Jacques Bousquet et Henri Falk, deux artistes français : Arlette Marchal et Adolphe Menjou, une autre artiste, scandinave d'origine, mais très parisienne d'allure: Greta Nissen, un tour d'esprit qu'on ne désavouerait pas dans la capitale, voilà qui fait actuellement auprès du public de l'Electric-Palace-Aubert la vogue du film intitulé la Brune ou la Blonde.

L'intrigue est comparable à celle de nos comédies du boulevard Henri Martel épouse la brune Blanche après avoir divorcé de la blonde Fanny. Mais la grand'mère de celle-ci entend démontrer à Henri qu'il aime au fond la seule Fanny. Elle y parvient au cours de nombreuses scènes fort amusantes, après avoir réuni chez elle le mari, la femme et l'ex-épouse. Elle feint d'ignorer le divorce et le remariage d'Henri : c'est pour mieux rapprocher à nouveau et définitivement deux cœurs faits pour se comprendre, au moment même où il n'allait plus être possible de dissimuler davantage la véritable situation matrimoniale des personnages.

Cette trame aimable fournit à Adolphe Menjou l'occasion de faire apprécier la finesse et le bon goût de son comique. Ses partenaires se montrent dignes de lui, de sorte que l'intérêt de la comédie ne languit pas un instant. Est-ce la peine, dès lors, de faire remarquer que, malgré la tournure parisienne qu'on s'est efforcé de donner au film, on respire parfois un peu trop l'atmosphère d'Hollywood? qu'on connaît là-bas seulement des formalités aussi succinctes pour passer du célibat au mariage,

[blocks in formation]

L'allure générale de notre marché a été empreinte d'irrégularité pendant toute cette huitaine, et bien qu'une certaine fermeté se soit manifestée en clôture, les cours antérieurs n'ont pu être atteints.

Aux fonds d'Etat, les rentes françaises ont cédé à l'ambiance; on remarque, toutefois, en fin de semaine, une meilleure résistance de la plupart d'entre elles. Parmi les fonds étrangers, les Russes sont sans affaires. Les rentes ottomanes, défavorablement. influencées par le retard apporté à la signature de l'accord définitif, sont en nouveau recul.

On note une reprise assez sensible du groupe bancaire. Les valeurs de chemins de fer et de navigation n'enregistrent que des écarts très restreints par suite du peu d'animation de ce groupe.

Parmi les industrielles diverses, tandis que les produits chimiques et les sucrières semblent vouloir regagner leurs plus hauts cours, les titres métallurgiques et les charbonnages, au contraire, se montrent indécis.

En Banque, les pétrolifères se retrouvent sans grand changement sur leurs cours antérieurs. Les pétrolifères roumaines et galiciennes, toutefois, ont fait l'objet d'échanges suivis.

CREDIT FONCIER

du Brésil et de l'Amérique du Sud Société Anonyme au capital de 100.000.000 de francs (Capital autorisé 200.000.000)

Statuts déposés chez M Moyne, notaire à Paris Registre du Commerce: Seine 148.048 Siège Social à Paris: 39, boulevard Haussmann Siège principal à Rio-de-Janeiro: 44, avenue Rio-Branco

Augmentation de capital de 90.000.000 de francs par l'émission de 180.000 actions nouvelles de 500 francs, numérotées de 200.001 à 380.000, dont la création a été décidée par le Conseil d'Administration dans sa séance du 30 septembre 1927, conformément à l'autorisation qui lui a été donnée par l'Assemblée Générale Extraordinaire du 26 juin 1925.

Ces 180.000 actions sont à souscrire en espèces ou par remise d'obligations.

Elles auront droit dans les conditions de l'article 49 des statuts, à leur quote part des bénéfices de l'exercice 1927, au prorata du temps couru de la date de l'émission à la fin de l'exercice.

Prix d'émission: 730 francs par titre, payable:

Pour les souscriptions irréductibles, soit en espèces, soit pat remise en paiement de deux obligations 5% de la Société ; Pour les souscriptions réductibles, à raison de 355 francs à la souscription et le solde, soit 375 francs à la répartition. Exercice du droit de préférence :

1° Actionnaires : Contre remise du coupon N° 30 et contre espèces, les actuels actionnaires (1 à 200.000) auront le droit de souscrire à titre irréductible trois actions nouvelles pour cing anciennes.

2o Obligataires : Dans la limite des 15.000 actions réservées à cet effet, les obligataires échangistes auront droit contre livraison de leur titre à une action nouvelle pour deux obligations.

Les obligataires échangistes et les actionnaires anciens ont également le droit de souscrire contre espèces et à titre réductible aux actions nouvelles éventuellement disponibles, après exercice des divers droits de préférence.

3° Porteurs de parts: Contre remise du coupon 14 et contre espèces, les porteurs de parts ont le droit de souscrire à titre irréductible dans la proportion de neuf actions nouvelles ́pour quatre parts de fondateur.

Les souscriptions sont reçues jusqu'au vendredi 25 novembre 1927, au Crédit Foncier du Brésil et de l'Amérique du Sud, 39, boulevard Haussmann, ou par l'intermédiaire des Agents de change, Etablissements de Crédit et banquiers à Paris et en province.

Grands Moulins de Corbeil

Réunis en Assemblée ordinaire le 22 octobre, les actionnaires ont approuvé les comptes de l'exercice 1926-1927, se soldant, au 30 juin dernier, après amortissement sur immobilisations de 1.519.966 fr., en bénéfice de 5.249.586 fr. Il est porté 500.000 fr. au compte de prévoyance.

Le dividende a été fixé à 20 fr. brut, soit net 16 fr. 40 au nominatif et 15 fr. 17 au porteur (coupon n° 23 pour les actions de priorité, no 40 pour les ordinaires); et à 39 fr. 90 brut pour les parts, soit net 29 fr. 90 (coupon n° 27), payables à partir du 1er décembre prochain. Il absorbe 3.052.900 fr.

MM. Jules Vuylsteke et Robert Salles, administrateurs sortants, ont été réélus pour six ans.

D'après le rapport du Conseil, la Société a livré 1.692.242 quintal, donnent 210.991.460 kilos de pain. quintaux de farine qui, à raison de 130 kilos minimum par

Le dividende réparti représente 0 fr. 014 par kilogramme de pain contre 0 fr. 013 l'an dernier.

CHRONIQUE

[blocks in formation]
« AnteriorContinuar »