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et la Beauce, et qui, en étroite liaison avec les recéleurs de Paris, ravageaient à leur tour les villages, incendiaient les fermes, chauffant les paysans, râflant les économies, détruisant et volant le bétail, pendant des siècles de terreur, renouant la tradition des grandes Compagnies, des bandes cartouchiennes à la bande d'Orgères, la dernière, qui ne fut exterminée qu'aux premiers jours du Consulat. La population de la Beauce a donc toujours vécu dans une insécurité terrible, au milieu des pires épreuves et des pires menaces. Sa dureté un peu silencieuse, sa

FFAIRES INTERIEURES prudence, son attachement au sol, s'expliquent ainsi, un peu mo

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Les forces politiques de la France

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Il faut bien le ranger dans l'Orléanais, ce beau département Eure-et-Loir, comme il a bien fallu accoler au Berry, cette tre charmante circonscription du Loir-et-Cher. L'Eure-et-Loir ini par prendre - comme tant d'autres dans le cadre dértemental, une physionomie personnelle. Dans le cadre déparnental tracé en 1790, et peut-être dans l'apanage des princes Orléans qui réunissaient déjà ses territoires parmi lesquels trouve Dreux, Chartres, Châteaudun. Pourtant, que de ys divers, dans ce département groupé par une arbitraire lonté, et qui a arraché des lambeaux au Perche, à l'Ile de ance et à l'Orléanais, pour grouper autour de Chartres quatre ondissements si divers! Des traditions diverses ont formé hommes, des habitudes différentes ont fixé leur génie, as ce pays de Nogent-le-Rotrou, de Dreux et de Chartres. quels paysages brusquement changés, de la grande plaine nie de Beauce, à la jolie vallée de l'Eure et aux campagnes lonnées et boisées du Perche, avec ses prairies, ses herbages ses troupeaux ! Tout cela a fini par se fondre peu à peu, quelques nuances près. Le paysan beauceron est conservar. Il a toujours été conservateur, il l'est demeuré. On peut liquer par les circonstances fortuites, par l'appel à des sentints secondaires, les variations de son opinion. Mais il est netnent, profondément, définitivement conservateur : je veux dire s attaché, furieusement attaché à la propriété, défenseur ouche de l'ordre social, et ne transigeant pas sur la hiérare très dure, et l'autorité du maître. Il est égalitaire ce démote. Et il a, encore que de solides vertus militaires, cette haine la caserne et du service, commune à tant de paysans de ance, mais plus vivace peut-être en Beauce qu'ailleurs je Ix dire qu'il aimerait l'armée, garantie de l'ordre, exemple utaire de discipline, et qu'il y servirait volontiers par libre ix, le cas échéant, et fort bien, mais qu'il en exècre les consénces, la servitude imposée qui l'arrache à ses champs, à son our, à ses propriétés. Le paysan beauceron est laborieux, iant et dur. Son histoire explique son caractère. Nulle région été plus longtemps ravagée, plus menacée. L'histoire des premiers siècles de la Beauce fut celle des incendies et des ages des Normands, et la haine qui s'alluma alors contre la vince voisine n'est pas encore éteinte. De là, cette sourde et iente méfiance et cet amour désespéré, farouche, pour les issons de la plaine, plus chères des larmes et du sang qu'elles coûté. Car, en plus des sueurs et de l'âpre travail quotin, de combien de ruines, de désastres, de massacres, furent8 payées ? Il fallut à chaque instant recommencer à consire des chaumières, à réensemencer les champs ravagés. Puis, furent les querelles religieuses, puis la guerre civile, avec ses uveaux incendies et ses nouvelles ruines. Puis, à peine la paix venue, les bandes de chauffeurs qui terrorisèrent l'Orléanais

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difiés dans le pays de Dreux, où les cultures sont plus variées, dans le Perche aussi, où le tempérament devient moins âpre, mais toujours méfiant. Par ailleurs, la tradition catholique un peu émoussée par un travail très tenace, et sans grande emprise sur des caractères très pratiques, très attachés à des soucis matériels, a cependant laissé une empreinte profonde dans la Beauce. Si certaines tendances que j'ai marquées et surtout le ferment révolutionnaire du prolétariat agricole expliquent le progrès de la conquête radicale, l'entêtement, le sens patriarcal, la fidélité aux traditions, la forte influence de Chartres, et son puissant rayonnement religieux ont cependant maintenu dans une partie de la population un sentiment catholique très vivace. Tout l'arrondissement de Chartres, notamment, présente ce caractère. C'est un catholicisme peu mystique, peu communicatif, mais assez résistant, que nous ne retrouverons pas au même degré, d'ailleurs, tant s'en faut, dans le Dunois, le Thymerais et le pays de Dreux. L'homme du Dunois est un homme de progrès, qui se pique d'être éclairé. « Il entend à demi mot », disait-on de lui. Il n'est pas médiocrement fier de ce brocard, et il en a l'orgueil. Fin, moins rude que le pur Beauceron, déjà voisin du Vendômois et de la Touraine, il trahit parfois déjà le scepticisme et l'ironie narquoise de ces régions. L'homme du pays chartrain, lui, s'en tient au rude et sévère dicton, qui a été sa leçon et son évangile terrestre à travers les siècles : « Tant vaut l'homme, tant vaut la terre. » Une formule verbale peut entraîner la fantaisie de l'homme du Dunois; pour le Beauceron, au contraire, il faut faire appel à sa rancune, lui montrer les impôts qui l'écrasent, les charges militaires qui le menacent, évoquer son passé d'insécurité et de ruines, le dresser contre des représentants qui, lui assure-t-on, l'ont trompé. Il faut surtout lui dissimuler avec soin les conséquences économiques des formules de gauche. Le socialisme n'a pas d'emprise dans ce pays sur le prolétariat agricole, envieux, jaloux, et durement mené par les maîtres des fermes, et dont il ne faut point d'ailleurs méconnaître l'importance. Des sautes d'humeur, des brusqueries, vite refrénées sous la patience muette et laborieuse, voilà ce que peut offrir le pays chartrain comme variation d'opinion. Mais il revient vite à son bon sens fondamental, républicain libéral ou radical de gouvernement. Sans les caprices du Dunois et la souplesse politique du pays de Dreux, cette résistance aux possibilités révolutionnaires serait bien plus précise encore et bien plus nette dans l'Eure-et-Loir.

sauf

Mais il faut tenir compte aussi des villes. Chartres, capitale de la Beauce, est une ville catholique. Catholique et presque mystique. Eh oui! cet entrepôt général des blés, cette cité de paysans et de courtiers, ville de foires et de trafic sur les graines et les farines, serait une ville mystique ? Certes, et ses clochers célèbres ont abrité, fortement, une tradition puissante dans la plaine qu'elle domine, d'où on l'aperçoit de tous les points d'un immense horizon. Plus que Vendôme, Orléans et Auxerre, Chartres fut catholique. Elle dut sans doute cette tradition à ses grands évêques, à la vertu mystique de cette cathédrale qui fut, parmi toutes les cathédrales, par une singulière rencontre, le lieu d'élection de tous les mystiques de notre époque : le refuge

de Huysmans et le pèlerinage de Péguy. Après tant de batailles héroïques contre l'envahisseur, à l'abri de ses murailles sans cesse reconstruites, après la lassitude de tant de discordes civiles, de discussions avec son chapitre et ses seigneurs, Chartres retrouvait une vigueur nouvelle pour défendre la Beauce contre l'hérésie naissante et opposer au roi protestant une résistance opiniâtre. Elle avait chassé sa souveraine, la charmante et romanesque duchesse de Nemours, favorable à la réforme, et, à toutes les propositions d'Henri IV, répondant « qu'il est huguenot ». Catholique, elle lui ouvre la cathédrale, et demande « l'honneur de le sacrer»: Elle ne fut pas, à elle seule, dit Philarète Chasles, l'écueil des réformes mais contre la réforme, cité religieuse et centrale par excellence, elle protestera en restant catholique. Philarète Chasles était le fils de ce Michel Chasles, prêtre défroqué de Chartres et régicide, et nous a retracé l'émouvant tableau des angoisses qui étreignirent son père et des combats qui déchirèrent son âme sur cette âme à la fois volontaire et dure, obstinée et mystique, Chartres avait imprimé son empreinte mystérieuse. Cette ville au passé héroïque, riche de la plus célèbre, de la plus belle des cathédrales, est une ville de prêtres et de petits rentiers, d'artisans, de bourgeois paisibles, sans autre industrie que celle de la farine, sans autre commerce que celui du blé, une ville charmante, d'ailleurs, et dont la population indique bien le caractère libéral. Dans la plaine chartraine, dont l'uniforme monotonie n'est pas sans une grandeur pacifique, parfois troublante, de petites villes sont dressées, çà et là. Puis, aux extrémités du département, Chateaudun, illustre d'un incessant martyre, tant de fois brûlée et reconstruite, remuante, en dépit de la solitude de ses grandes rues, agitée dans son enceinte trop large. Nogent-le-Rotrou, petite ville du Perche, conservatrice et catholique, emplie d'une activité à moitié normande. Dreux, où déjà les caractères se devinent du pays d'Evreux et des villes de l'Eure, conquises par le radicalisme.

Le département de l'Eure-et-Loir, dans l'ensemble, n'a jamais été radical, ou a oscillé d'un libéralisme très net à un radicalisme très conservateur, selon les influences personnelles qui dominaient dans les cantons. Jamais il n'a été très à gauche, jamais non plus il n'a penché vers la droite: ces ruraux laborieux, fiers de leur propriété individuelle, n'aiment pas l'ancien régime, et c'est ce point de la tradition qui est peut-être le plus sensible, celui aussi qui, leur ayant donné depuis longtemps un équilibre démocratique très stable, les met en garde contre la démagogie et le désordre. Il serait facile de démêler quelles imperceptibles nuances séparent, sur les questions fondamentales, sauf sur la question religieuse, bien apaisée d'ailleurs aujourd'hui, les hommes qui ont représenté l'arrondissement de Chartres, autour des municipalités progressistes du chef-lieu. Lhopiteau, Gabriel Maunoury, Maurice Maunoury, de Saint-Pol, et ce brave Royneau, adversaire libéral de Maurice Maunoury, mort sénateur radical, et qui était le type même du conservateur paysan, exact sur les marchés, attentif aux mercuriales, féroce à la moindre tentative de désordre, Maurice Maunoury a représenté une victoire du radicalisme contre « la réaction ». La réaction, ce fut M. de Saint-Pol, ferme républicain modéré, qui écrivit un livre classique sur << la volaille à la ferme >> et Royneau; et le radicalisme, ce fut Lhopiteau, dont le rouge ne tint pas même contre le combisme. Nogent, qui se piquait d'être à gauche, demeura toujours fidèle à Deschanel. Châteaudun fut plus

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radical, d'un radicalisme particulier, assez prudent, assez por aux replis vers les modérés, à la moindre menace de gauche nous sommes ici, encore une fois, un peu comme dans le Vend mois avec moins de littérature, ou dans la Touraine avec moins de prolétariat. Nogent est prudemment, mais ferme ment conservateur, comme la Normandie, avec moins de plante reuse richesse et de finesse avisée. Dreux, enfin, flottant long temps entre un opportunisme anticlérical en dépit de certam cantons à un apaisement plein de réticences, est devenu le fe de M. Viollette.

Je n'aime pas, dans ces études générales sur les causes tendances d'opinion, à m'appesantir trop longuement sur les pole miques contemporaines, qui impliqueraient, pour être relativemen exactes, trop de minutieux détails. Cependant, en Eure-et-Loir il est impossible de ne pas commenter le succès du Cartel e 1924. La formule en soi du Cartel ne peut être considérée comme celle de l'Eure-et-Loir : ce serait en contradiction avec toute les données historiques et logiques. Il faut donc tenir comple d'abord, du prolétariat agricole, ensuite, de ce fait que la majo rité reste acquise aux modérés dans les deux arrondissements Chartres et de Nogent, et que la forte situation de M. Viollett a, presque à elle seule, entraîné la majorité pour l'arrondisse ment de Dreux. Enfin, que le paysan de l'Eure-et-Loir, dan la mesure où il a collaboré à la victoire des gauches — et nous exagérons pas cette mesure a obéi surtout à des cons dérations personnelles et à des sentiments bien déterminés début de cette étude : mécontentement et protestation S adhésion aucune à une doctrine économique révolutionnair Pour un observateur impartial, il ne saurait être question d'u évolution sérieuse dans la stabilité traditionnelle dans cette régi laborieuse, obstinée, devenue conservatrice, en majorité, l'Eure-et-Loir.

AFFAIRES

TRYGÉE.

ECONOMIQUES

Renaissance monétaire

Il n'est rien de plus injuste ni de plus inexact que mot d' << expérience » appliqué à la politique financière gouvernement français. Les actes successifs qui ont accomplis depuis le mois d'août 1926 ont, au contraire, caractère de nécessité qui est la cause même du redresse ment du crédit public. Si le crédit de l'Etat s'est amélio d'une manière progressive, ce n'est pas par une sorte miracle de la confiance, c'est parce que chacun a constater que le gouvernement, soutenu par le Parlemen était décidé à faire ce qui convient, et qu'ainsi l'opinio s'est répandue que la France se comportait comme Société bien gérée. Quant à attendre que, par un événe ment magique, nous soyons tout d'un coup délivrés fardeau de la guerre et de l'après-guerre, dispensés poursuivre un effort fiscal sans précédent, ou capables

subvenir sans compter à des dépenses inconsidérées, on ne voit pas quel esprit raisonnable a jamais pu concevoir de >areilles illusions.

Nous arrivons peu à peu à un état d'équilibre, ou plutô: le solidité, qui doit permettre au pays, malgré la charge de la dette publique, de préparer pour la génération suivante une période de véritable prospérité. Nos chances sont neilleures aujourd'hui qu'elles n'ont été à aucun moment lu XIXe siècle.

La crise des débouchés extérieurs, dont souffre toute 'Europe, doit nous atteindre moins que d'autres, grâce au développement économique futur de nos territoires extraeuropéens. La France est une nation peuplée d'environ cent millions d'habitants, dont la moitié à peu près appartiennent à la race blanche; elle a encore à défricher de vastes régions.

La destruction partielle de l'épargne peut trouver un correctif dans l'amortissement progressif de la dette publique, qui doit, en quarante ou cinquante ans, remettre à la disposition des forces productrices des capitaux très importants.

Enfin l'insuffisance de certaines ressources (charbon, pétrole, coton) pèsera sans doute moins lourdement sur nous dans l'avenir qu'elle ne l'a fait dans le passé. L'équipement électrique du pays, les inventions de l'industrie chimique, les cultures coloniales doivent, normalement, faire dispaaître peu à peu les désavantages naturels dont la France subi les effets depuis une centaine d'années.

Mais avant d'entrer dans cette période de prospérité qu'il est raisonnable d'entrevoir, il faut « tenir > pendant juinze ou vingt ans. Il faut à la fois que nous soyons capables d'une politique suivie, et que nous ayons le sentinent de l'avenir ouvert, sentiment indispensable aux initiaives vraiment larges.

Les deux choses sont liées. Il subsiste dans le pays une certaine crainte de l'avenir. Et c'est cette crainte qui retarde encore le « démarrage » nécessaire. C'est elle qui explique les paradoxes de la situation présente, caractérisée par une "abondance extrême des capitaux et par l'hésitation qu'ils nontrent à s'engager, autrement dit par la différence extraordinaire qu'il y a entre le taux très bas de l'argent à court erme et le taux très élevé des engagements durables.

Une telle disparité entretient elle-même un sentiment l'hésitation. Un grand pays ne peut se satisfaire d'éviter les catastrophes. Il lui faut de vastes espoirs. N'en déplaise Guillaume le Taciturne, il lui faut espérer pour entrerendre.

C'est là, semble-t-il, l'essentiel. Et ce serait une erreur

EXQUISE ET RAFRAICHISSANTE

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grave de négliger ce problème de la psychologie française, pour ne s'attacher qu'aux phénomènes techniques qui permettent de rendre compte de l'état présent du marché financier.

Ces phénomènes techniques sont pourtant d'une impor tance exceptionnelle et provoquent, dans le monde entier, des commentaires. Ils n'ont, en eux-mêmes, rien de déroutant ni d'imprévu. Mais l'ampleur qu'ils ont prise signale à l'attention générale les difficultés, depuis longtemps connues, des vastes mouvements de capitaux.

Depuis un an, des capitaux considérables ont afflué de l'étranger vers la France. Sous le régime de l'étalon d'or universel et de la libre circulation de l'or, cet afflux aurait eu pour conséquence des importations d'or d'une grande ampleur. Sous le régime actuel, ses effets ont été tout dif férents.

La Banque de France a dû ouvrir des crédits en francs à tous les acheteurs de notre devise, et s'est trouvée ellemême créditée à l'étranger des livres sterling ou des dollars correspondants.

Ainsi se posait un double problème.

Les crédits en francs ont augmenté les dépôts dans les banques, et ont reflué vers le Trésor, qui s'efforce, à grand'peine de restreindre les émissions de Bons de la Défense nationale et le volume des comptes courants ouverts par lui. Les banques, ne pouvant employer qu'à court terme les sommes qui proviennent des dépôts à vue de leur clientèle, ne parviennent pas à trouver sur le marché une quantité suffisante de papier commercial. La seule solution consiste dans un développement des placements à long terme, qui immobiliserait une partie de ces capitaux actuellement flottants. Et c'est là qu'interviennent les éléments psychologiques dont nous avons parlé au début.

Mais cette situation n'est pas particulière à la France : on la retrouve dans certains pays étrangers, et notamment à Londres.

En effet, les crédits en livres sterling dont dispose la Banque de France doivent nécessairement s'employer, et s'employer, eux aussi, à court terme. D'où un phénomène tout à fait analogue à celui qui est observé chez nous : abondance excessive des disponibilités, difficulté extrême de trouver dans la Cité du papier court. Ce phénomène comporte un double inconvénient.

D'une part, l'Allemagne, encore imparfaitement remise de l'anéantissement des fonds de roulement qui a été la conséquence de sa crise monétaire de 1923, absorbe à peu près sans limite les crédits à court terme en livres et en dollars. Situation dangereuse à bien des égards, et qui peut faciliter un jour des manoeuvres politiques contre le plan Dawes.

D'autre part, en Angleterre même, des crédits importants en livres ont été absorbés par des spéculateurs qui les utilisent aussitôt à de nouveaux achats de francs, créant ainsi un «< circuit » d'ordre international et qui, théoriquement, n'a aucune fin.

Ainsi, tandis que les disponibilités de la Banque de

France en livres et en dollars s'accroissaient sans cesse, le marché de Londres alimentait une inflation du crédit international, dont on ne pouvait apercevoir la limite.

C'est alors que la Banque de France prit la décision de cesser l'opération qui consistait à prêter sur le marché de Londres les livres sterling dont elle disposait. Elle n'avait 'donc d'autre emploi à en faire que d'acheter de l'or. Ce qu'elle fit au milieu de mai.

Mais l'encaisse métallique de la Banque d'Angleterre ne comprend que 30 millions de livres sterling d'or disponible, le reste (120 millions) étant immobilisé comme couverture des billets, en vertu du Bank Act. Le retrait, en quelques jours, d'une quantité d'or équivalent à 3 millions de livres provoqua une émotion immense dans la Cité, et un renchérissement immédiat du taux d'intérêt des bons du Trésor britannique.

La polémique entamée depuis quelques mois par M. Mackenna contre le Bank Act reprit une nouvelle vivacité. Le président de la Midland Bank demande qu'une enquête officielle soit instituée pour réformer complètement la législation monétaire de la Grande-Bretagne. M. Churchill, chancelier de l'Echiquier, s'y refuse formellement.

De toute manière, il apparut que la Banque de France ne pouvait cesser d'acheter de l'or à Londres qu'à la condition d'en acheter à New-York, ce qu'elle fit. On put alors constater qu'un accord entre la Banque de France, la Banque d'Angleterre et le Federal Reserve Board américain était nécessaire, et que le problème se transformait et s'élargissait singulièrement. Il ne s'agit plus, à proprement parler, du franc, mais d'une difficulté générale qui intéresse à la fois la stabilité du franc, celle du sterling, et l'utilisation rationnelle de l'or.

Aussi attend-on avec une vive curiosité des nouvelles précises des entretiens qui ont lieu à New-York entre les trois instituts d'émission, entretiens auxquels a été convié également (sans doute pour les raisons que nous avons indiquées plus haut) le directeur de la Reichsbank.

Pour la première fois, le problème monétaire est posé sur son véritable plan, qui est international. Pour la première fois, peut-être, il apparaît clairement que les grandes nations, c'est-à-dire celles dont la prospérité financière importe à toutes les autres, doivent prendre conscience de leur solidarité.

Telle est la phase actuelle de l'« expérience ». Les esprits les plus prévenus ne lui dénieront pas une certaine grandeur.

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MAX HERMANT.

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NOTES ET FIGURES

Le grand prix de l'A. C. F.

Il y a vingt ans, le grand prix de l'A. C. F. remplissa d'émoi tout un département et attirait un public exalté venu par toutes les routes de France, souvent au prix des plus grands sacrifices et de « pannes » fort angois

santes.

Aujourd'hui, les voitures sont dix fois plus nombreuses elles évoquent par leur forme des salons, des boudoirs o des yachts, s'animent à la pression du pied, s'arrêtent sur place sans effort et ne réclament plus aucun héroïsme de la part de leurs conducteurs. Cependant, on va beaucoup moins au grand prix de l'A. C. F. et les journaux sports se répandent en commentaires sur les causes de cette désaf fection.

Les engagements ne sont pas assez nombreux. C'est une bonne raison en effet, mais alors comment expliquer que grand prix de cette année où trois marques françaises étaient inscrites seulement, ait fait venir beaucoup plus de monde que celui d'il y a deux ans, organisé au même endroit et Qui donnait lieu à une compétition internationale entre la France, l'Angleterre et l'Italie ?

Autre raison la publicité de cette course est mal faite C'est possible en effet. On a reproché âprement l'A C. F. d'avoir « laissé tomber » l'autodrome de Mont lhéry. Il y a, paraît-il, du vrai dans cette accusation, mais il faut reconnaître que cette année, le travail de préparation fut mieux assuré. Il y avait, dimanche dernier, cinquante mille personnes à Montlhéry. Ce n'est pas considérable s l'on songe aux foules que les parties de foot-ball réunissen en Angleterre, mais c'est déjà fort bien que le programm annoncé ait intéressé tant de monde.

Les constructeurs reculent maintenant devant la cours et on le comprend un peu. Même si l'on tient compte de l différence des différents prix de revient, elle leur coû beaucoup plus cher qu'autrefois. La réduction nécessa de la cylindrée à mesure que croissait le rendement d moteurs, impose maintenant aux ingénieurs de véritabl tours de force. Une voiture de course achevée, est u œuvre d'art dont les moindres détails ont demandé des m de travail et d'expériences. Et la précision de la mécaniq est aujourd'hui telle qu'une voiture bien réussie peut, départ, faire le vide autour d'elle. Les concurrents sav avant la course que un tel est de dix ou de quinze ki mètres plus rapide qu'eux. Ils ne peuvent donc compter d sur l'imprévu pour gagner. Et cet imprévu est aujourd' bien diminué. On ne voit plus guère un constructeur per une course par la faute de ses bougies, encore moins cause de ses freins ou de ses pneus. Ajoutons à cela que plus rapide est souvent celui qui a la marche la plus s

scar il est le seul à rester maître de sa vitesse et il ne la donne d'essence et d'huile. Ne pourrait-on sen inspirer pour de qu'à bon escient.

Alors à quoi bon risquer tant d'argent quand une course est perdue d'avance ? C'est le raisonnement que chacun se fait. Il n'est valable, bien entendu, que pour une épreuve comme celle de l'A. C. F. où les voitures sont souvent engagées avant deur naissance, ainsi que les chevaux de course, et où l'on peut avoir longtemps à l'avance, des renseignements exacts sur leur mise au point.

Il est rare que plusieurs marques réussissent simultanément la création idéale du type de voiture proposé. En 1922 les Fiat dominaient toutes les autres. 1924 fut l'année d'Alfa-Romeo. Cette année, en France, Delage possède une suprématie incontestable. Fiat a, paraît-il une douzecylindres étonnante. Pourquoi ne l'a-t-il pas engagée à Monthhery? Parce qu'elle n'avait pas terminé sa mise au point et que la marque, estimant qu'elle n'avait pas de chance sérieuse contre Delage, se réservait pour SaintSébastien Espérons que ces deux rivaux s'y retrouveront.

Dimanche dernier la course de Delage fut d'une sérénité magnifique. La meilleure voiture était menée par le meilleur <conducteur. Le vrai signe du talent, c'est Fillusion qu'il donne de la facilité. La précision de Robert Benoist, son sang-froid, son intelligence de la course sont si naturels qu'on oublie de les admirer. C'est aux virages surtout qu'il faut le voir. Je suis resté l'autre jour une demi-heure à la fameuse « épingle » du Fay, tournant 'très sec et qui se termine en légère descente ce qui en accroît la difficulté. Il était amusant d'apprécier les différents styles :: Wagner virant sec se laissait déporter jusqu'à frôler l'herbe du bas côté de sa roue arrière. Williams, autre pilote de Talbot, serrait son virage en égratignant la route d'un coup d'ac célérateur rapide. Benoist traçait si bien sa courbe que sa voiture ne «< chassait pas d'une ligne. On l'aurait cru moins rapide que les autres, si grande était son aisance.

Il mena sa course comme il le voulut et accéléra plus tôt quà Tordinaire. Parti à trente mètres derrière Divo, il le passa dès le quatrième tour ce qui montre (combien til était sûr de sa voiture. Il faut regretter que Divo n'ait pu lui résister davantage. La lutte eût été fort belle si Benoist n'eût pas trouvé une tâche facile.

Le public qui dédaigne les subtiles questions de cylin drée, ne demande qu'une chose la bataille. Sa bonne volonté était évidente dimanche. Une voiture en dépassait elle une autre (fût-ce entre conducteurs de la même marque) on le voyait éclater en applaudissements. S'il bouda le prix de la Commission sportive, ce ne fut pas seulement à cause du temps pluvieux, ni parce qu'il se donnait un samedi, mais bien plutôt à cause du souvenir que lui avait laissé le dernier grand prix de tourisme.

Hâtons-nous de dire qu'il eut tort et qu'il perdit le spectacle d'une lutte ardente. Il est rare de voir comme samedi dernier, le vainqueur de la course, se faire dépasser dans le dernier tour, puis reprendre la tête et gagner de quelques mètres ainsi que le fit André Boillot devant Doré. Donc, ce règlement du prix de la Commission sportive paraît bon. Il laisse la cylindrée libre et ne limite que la consommation

prochain Grand Prix ?

Le constructeur Bugatti, interviewé à ce sujet par notre confrère Frantz Reichel du Figaro réclame la formule libre, entièrement libre. C'est peut-être excessif. Mais la cylindrée libre, avec une consommation limitée paraît fort intéressante et l'A. C. F. devrait bien examiner cette solution. ROBERT BOURGET-PAILLERON,

L'exposition internationale du Livre
à Leipzig

Leipzig n'est pas seulement la ville de la Foire, c'est aussi et surtout la cité du Livre. Les éditeurs y sont innombrables et le promeneur qui circule dans ses belles et 'larges avenues remarque souvent sur de grands bâtiments modernes les titres répétés de Musée du livre, Maison du livre, Ecole des arts graphiques.

Une foule de documents y sont rassemblés. Ici, ce sont les titres de livres, depuis les éditions originales de Goethe collection de somptueuses reliures françaises et allemandes et de Luther jusqu'aux plus modernes à côté c'est une

des XVI, XVIIe et XVIIIe siècles.

A TEcole des Arts graphiques, les élèves des deux sexes sont reçus jusqu'à quarante ans. Ils peuvent suivre simultanément des cours de brochage, de mise en page, de reliure, de gravure sur bois ou à l'eau forte et de lithos. Cette installation modèle comporte des ateliers multiples, a ec presses mécaniques, press es à bras et tout ce qui est nécessaire à la naissance d'un beau livre.

Berlin, jalouse de la suprématie de Leipzig dans l'industrie du livre, cherche activement à la lui ravir, mais Leipzig se défend énergiquement et vient d'organiser une Exposition internationale du livre dans le rez-de-chaussée de son principal musée. Dix-neuf pays ont participé à cette manifestation très réussie. Celui qui a le plus grand nombre d'exposants est la France.

Bien entendu, les Saxons sont là en grand nombre. Il leur a été facile, étant sur place, de rechercher dans leurs cartons et chez leurs éditeurs tout ce qui pouvait mettre leurs œuvres en valeur. Celui d'entre eux dont la personnalité me semble 'la plus marquante et dont il m'a été permis d'étudier l'œuvre de près, est le professeur Hugo Steiner Prag. Cet artiste dont la virtuosité étonnante se joue des difficultés de l'eau forte et de la lithographie, joint à une grande puissance, une souplesse et une sensibilité captivantes. Son érudition et sa fantaisie lui permettent de comprendre et d'enrichir par ses compositions les textes les plus variés. Les Contes d'Hoffmann, la Carmen de Mérimée, Flaubert, Heine. Il y a parfois dans ses oeuvres, dans ses illustrations pastorales, par exemple, une grâce sensuelle qui s'apparente à celle que possèdent si bien les

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