Imágenes de páginas
PDF
EPUB

artistes français modernes, et qu'on ne retrouve pas chez les autres illustrateurs allemands.

Bien entendu, plus encore qu'un autre, Steiner-Prag entend que les caractères typographiques et la reliure viennent parfaire son œuvre et non la desservir. Si ce n'est pas lui qui travaille le cuir ou le parchemin de ses reliures, il a soin d'en dessiner les ornements et les lettres. A ses côtés, nous voyons Max Slevogt, Richard Seewald, dont les très beaux bois en couleurs ornent les fables de Gellert, Bruno Goldsmidt, Buhe, Gulbranson du Simplicissimuss, qui a fort bien illustré les contes d'Andersen.

Les Polonais sont des artistes bien intéressants; l'art slave, le bel art slave de Bakst chassé de la Russie par les bolcheviks (qui exposent ici des dessins incohérents) semble s'être réfugié, en s'amplifiant, en Pologne. Les bois de Kaminski, les illustrations et les remarquables couvertures illustrées pour des publications et des revues par Bartlomiejczyk ainsi que les belles lettres et enluminures de Poltawski intéresseront.

Le Hongrois Julius Conrad expose une amusante reliure en parchemin peint et doré pour un livre de Jean Cocteau, le Belge Tytgat enchante avec un envoi très important de dessins pour livres d'enfants. Son « Carroussel de VaterMael » est une manière de petit chef-d'oeuvre. Dans le domaine des éditions pour la jeunesse, l'Angleterre, la Hongrie, la Pologne, l'Italie et la Belgique occupent les premières places.

La salle française donne une impression de fraîcheur et 'de spontanéité délicieuses. Quel esprit délicat dans cette pléiade d'artistes : Barbier, Brissaud qui chantent le chic de la femme moderne avec ses jupes et ses cheveux écourtés; Dethomas, Segonzac qui peint des boxeurs avec un réalisme spirituel; Maurice Denis, Hémard, Guérin, Laprade, Silvain Sauvage, de magnifiques bois d'Hermann-Paul, Galanis, Carlègle, Lepape, Gus Bofa. Les bois d'Emile Bernard sont hors de pair. Ce bel artiste grave avec un esprit, une virtuosité et une souplesse incomparables; ses compositions pour les Fioretti sont d'un style admirable.

Et voici trois livres édités avec un tel goût qu'ils me semblent approcher de bien près la perfection : le Bouclier du Zodiaque orné des bois de Galanis; les Affaires sont les

affaires illustré par Hermann Paul et enfin les Fêtes galantes orné de lithos dessinés par Guérin avec un brio, une spontanéité qui charment infiniment. Les reliures de Legrain et de Baudin sont fort belles.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Qui croirait, en visitant le Stand de l'Angleterre, que le but de cette Exposition saxonne est de montrer la produc tion de ces douze dernières années! Ses artistes sont restés dans la tradition des préraphaélites! Que de faux Burne: Jones, de faux Rossetti !

Dulac, Rackham sont bien présents et ils ont encore du talent et de la distinction, mais qu'ils sont donc loin de la note moderne et comment ont-ils pu rester insensibles devant cette évolution universelle ?

Cette Exposition organisée par un Comité, dont le président est le professeur Hugo Steiner-Prag, avec un souci. d'impartialité et de déférence envers tous les pays invités, vient à son heure. Il faut espérer que cet effort dont l'ini tiative honore la Saxe sera continué.

Mais n'oublions pas qu'il y a vingt ans déjà M. Frantz Jourdain avait créé au Salon d'Automne une Section du Livre GENEVIÈVE GRANGER.

Palmarès.

LITTERATURE

Si le Pape met parfois des livres à l'index, il lui arrive d'en recommander d'autres. C'est ainsi qu'on a pu lire dans les journaux romains une liste de volumes offerts par Pie XI à sa nièce, qui vient de se marier, pour lui constituer une bibliothèque. Naturellement, ce sont surtout des livres de piété ou de morale; mais les auteurs français y sont en grosse majorité, et certains appartiennent à la littérature.

On relève dans cette bibliothèque les Sources, du P. Gratry; Féminisme et christianisme, du P. Sertillanges, membre de l'Institut; la Charité à travers la vie, de feu M. d'Haussonville; six volumes de Mgr Dupanloup; les seize volumes bien connus de Dom Guéranger, abbé de Solesmes, sur l'Année liturgique, et d'Eglise) sur le Mariage. Le Pape actuel apprécie aussi viveun livre du P. Monsabré (que Huysmans appelait un Coquelin ment les œuvres de Johannès Joergensen. La « littérature catholique » des nouveaux auteurs ne semble pas avoir sa faveur.

[merged small][ocr errors]

M. André Chevrillon n'a pas voté l'autre jeudi à l'Académie. Il avait promis sa voix à M. Fernand Gregh, et il est homme de parole, mais un peu distrait.

Il était revenu tout exprès du fond de la Bretagne, pour mettre son bulletin dans l'urne. On l'a vu arriver à l'Institut sur le coup de trois heures de l'après-midi... Tout était fini.

Il avait oublié que si les séances ordinaires de l'Académie commencent à trois heures et demie, celles d'élections s'ouvrent à deux heures !

Il avait fait inutilement 500 kilomètres de chemin de fer. Il en eût été de même d'ailleurs s'il avait voté, car son suffrage n'aurait rien changé au résultat du scruti

Aussi, M. Chevrillon est-il reparti pour la Bretagne avec le sentiment du devoir accompli

Les Dix.

La double élection de MM. Abel Hermant et Emile Mâle porte à dix le nombre des normaliens qui siégeront désormais à l'Académie.

C'est le quart de la Compagnie !

Ces Dix sont: MM. René Doumic et Henri Bergson, Mgr Baudrillart, MM. Joseph Bédier, Georges Goyau, Camille Jullian, Emile Picard, Louis Bertrand et les deux derniers élus. Que va faire ce Conseil des Dix ?

Rimbaud en 1870.

M. Georges Izambard fut, en 1870, le professeur de rhétorique, le confident et l'ami d'Arthur Rimbaud, alors élève au collège de Charleville. Depuis lors, il est demeuré parmi les fervents défenseurs de la mémoire du poète. Et ce mois-ci cinquante-sept ans après ! — il publie sous le titre A Douai et à Charleville, et sous la signature d'Arthur Rimbaud, des lettres inédites de son disciple maître. On y voit Rimbaud, avant de devenir le communard que l'on sait, fuir à Paris, s'y faire emprisonner, rapatrier de force, errer à Charleville, puis à Douai, où il tâta du journaliste et devint garde national ... sans uniforme ni fusil. Rimbaud était alors si bon patriote qu'il écrivit de sa main une pétition au maire de la ville pour réclamer des armes et une instruction plus active.

Ajoutons que M. Izambard, doyen d'âge des rimbaldistes, et qui a eu maille à partir avec MM. Marcel Coulon et Paterne Berrichon, a publié son premier article sur Rimbaud, en 1891 !

[blocks in formation]
[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

La Chronique Médicale ouvre sur ce point une enquête. L'allégation a été, en effet, plusieurs fois soutenue.

L'auteur ou les auteurs des Mémoires d'une femme de qualité sous Louis XVIII, ouvrage plus ou moins apocryphe, mais dont on n'a pas le droit de suspecter entièrement la véracité, écrit de Chateaubriand au tome I, p. 309 :

<< Sa tournure est presque bourgeoise; il a des épaules un peu inégales, mais je n'y avais pas fait attention, le voyant toujours à travers la beauté de son style, jusqu'à ce que je lusse ce singulier éloge des bossus, qu'il a introduit dans la Vie du Duc de Berry, où il nous dit que les épaules du prince étaient un peu élevées, ainsi que dans toutes les grandes races militaires. »

Nous commencerons dans notre prochain numéro la publication d'une enquête de notre collaborateur Robert Bourget-Pailleron, sur les écrivains et les artistes de la période romantique.

CE QU'ON LIT

Euvres complètes de Villon, publiées avec une Introduction et des notes, par Louis DIMIER (Librairie Delagrave).

La nouvelle édition de Villon profite naturellement des travaux remarquables d'Auguste Longnon et de Thuasne, de Marcel Schwob et de Pierre Champion. Mais elle s'adresse au grand public et sa première originalité est d'offrir l'orthographe

LE ROMAN DES GRANDES EXISTENCES moderne. Entendez par là non pas la réduction constante des

[blocks in formation]

mots de Villon à la forme qu'ils ont prise aujourd'hui, ou qu'ils auraient prise s'ils avaient survécu (ce serait dangereux), mais une écriture propre à être prononcée par le lecteur moderne, sans dommage pour la métrique, et avec de grands avantages pour la clarté. M. Dimier s'explique longuement du principe adopté, dans sa préface qui est pleine de bon sens et de hardiesse spiri

[blocks in formation]

tuelle. L'orthographe du XVe siècle était arbitraire, parfois absurde, la nôtre aussi ; entre les deux, la préférence doit aller à la vivante. Mais en indiquant par des signes d'aujourd'hui la prononciation attestée ou probable. Exemple: seuf (soif), je❘ veuil (je veux) ou soies (sois) subsistent, commandés par la rime et l'usage. Quatre pages résument la règle suivie, qui paraît bien se conformer à la raison et à ce qu'on sait de l'histoire de notre langage. Voici les deux transcriptions d'une pièce connue, selon les deux méthodes :

Advis m'est que j'oy regreter
La belle qui fut heaulmiere
Soy jeune fille souhayter :

Ha! vieillesse felonne et fiere (etc.).
'Avis m'est que j'ouis regretter (1)
La belle qui fut héaumière
Soi jeune fille souhaiter:

Ah! vieillesse félonne et fière...

M. Dimier se recommande d'ailleurs de l'exemple donné par M. Henri Clouzot pour Rabelais. Il prétend détruire « le fantôme d'un faux vieux-français ridicule » qui n'a jamais existé. Son introduction historique discute aussi les légendes tissées autour de Villon et le romantisme qu'on a ajouté à cette figure. Toutes ses observations, écrites dans le style qu'on connaît à M. Dimier, sont pleines de vie, d'agrément et de verdeur polémique.

Enfin, les notes, rapportées vers par vers, en bas de page (elles occupent la moitié du texte) rachètent par une commodité évidente l'aspect scolaire qu'elles donnent au livre grâce à elles, l'ouvrage devient complet comme avec une traduction et un commentaire, accessible enfin à tout lecteur. Ce résultat est obtenu sans doute en ne prêtant aucune confiance à l'érudition philologique ou historique du public. De fait qui, en dehors de quelques étudiants, peut lire un Villon ordinaire ? La vulgarisation doit faire acte de franchise.

[blocks in formation]

curieux de voir réunies dans cet ouvrage la vieille tradition gauloise et l'inspiration libertine du XVIIIe siècle. La plus longue nouvelle, le Président mystifié, ressemble beaucoup à certains épisodes du Roman Comique ou du Francion. Les autres ne sont ni bien méchantes, c'est le cas de le diré, ni bien passionnantes. L'impiété et le satanisme transparaissent à peine dans une ou deux, et font bien regretter La Fontaine... M. Maurice Heine a donné tous ses soins à la présentation de ce recueil, enrichi d'un fac-similé de manuscrit qu'il compare très justement à ceux de Proust.

A. T.

Anthologie des textes sportifs de l'antiquité, recueillis par Marcel BERGER et Emile MOUSSAT (Grasset).

Notre collaborateur, M. Marcel Berger, a mené à bien, avec l'aide de M. Emile Moussat, l'idée dont il entretenait naguère les lecteurs de l'Opinion, celle de « vivifier l'enseignement des langues mortes » par l'étude des textes de l'antiquité les plus capables d'intéresser la jeunesse actuelle, c'est-à-dire les textes sportifs. L'idée fit rapidement son chemin dans les esprits, soutenue par toute la presse sportive. Ainsi, cet excellent manuel vient à son heure. Voici désormais, pour maîtres et élèves, un choix judicieux de textes courts et variés, dont beaucoup n'avaient même jamais été traduits en français. C'est bien là un << pont » jeté entre les études classiques et la vie moderne. Ajoutons que chaque auteur, Pindare, ou Platon, ou Plutarque, ou dix autres, est présenté dans une pertinente notice liminaire. L'ouvrage était attendu dans les milieux universitaires et va constituer désormais le livre de « lectures » et de « prix » par excellence pour notre enseignement secondaire.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

pour récompenser un saint homme qui recouvrait la maison d'une pauvre veuve par charité. De ce point de départ, M. de Mély nous conduit sur les traces des pèlerins et des trafiquants en Asie, depuis ce Guillaume Boucher, orfèvre sur le Grand Pont, que le moine flamand Guillaume de Rubruquis rencontra en 1252 à la cour du grand Khan, au nord du désert de Gobi. Il nous donne de nombreuses preuves des influences occidentales sur les arts d'Extrême-Orient, dont les moins frappantes ne sont pas les têtes provenant des fouilles de Shahbaz Garhi, cent-cinquante ans avant J.-C., la statuette de bronze du temple de Ryugaijii, Yamato, VIIIe siècle (?), qui rappelle la Vierge de Conques, et le Bodhisatha des Grottes de T'ien-Long-Chon, curieusement déhanché. La liste deviendrait singulièrement plus riche à partir du XVIe siècle (Vierge de Dürer, copiée par un miniaturiste indo-persan, etc.). M. de Mély nous doit une suite à son érudit mémoire. H: C.

[ocr errors]
[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

Les sources

HISTOIRE

historiques de l'e Angélique », de Gérard de Nerval

C'est la première nouvelle des Filles du Feu; l'adorable Gérard y conte ses courses par les bibliothèques de Paris à la recherche de cette Histoire du sieur abbé comte de Bucquoy qu'un jour de 1851 il avait distraitement feuilletée chez un bouquiniste de Francfort et qu'il garda si longtemps le regret de n'avoir point alors acheté.

Car il désespéra même de la retrouver. Son titre exact, copié dans Brunet était :

Evènement des plus rares, ou Histoire du sieur abbé comte de Bucquoy, singulièrement son évasion du Forl'Evêque et de la Bastille, avec plusieurs ouvrages vers et prose, et particulièrement la Gamme des femmes. Se vend

chez Jean de la France, rue de la Réforme, à l'Espérance, à Bonnefoy, 1749. »

Un florin, six kreutzers, en demandait le libraire de Francfort. Cela lui parut « cher pour l'endroit », et puis

Gérard de Nerval, Angélique, précédé de La Véritable histoire Angélique de Longueval, racontée par elle-même et présentée par Henri Longnon. (La Cité des Livres.)

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

Et Gérard maudit fort cette présentation qui était cause qu'il ne faisait plus partie du « public » (malédiction qui, soit dit en passant, nous vaut quelques réflexions encore actuelles sur le service de la Nationale).

Comme quoi on chercha à Bucquoy (et qu'on les trouva tous, les Bucquoy, sauf celui qu'il fallait), puis à Dubucquoy comme le suggéra un paléographe (et nous, dit Gérard, « on ne discute pas avec un paléographe, on le laisse parler », bref comme quoi on ne trouva rien, c'est ce qu'il faut laisser conter à l'auteur d'Angélique. A la Mazarine, on lui dit que le livre était dans le fond de SaintGermain-des-Près empilé dans les caves où le rongeait la souris d'Athènes ; à l'Arsenal il ne voulait plus aller depuis la mort de son ami Nodier; bref, de désespoir il s'en fut chez les libraires.

Dignes de ce nom, il y en avait trois France, Merlin, Techener. France connaissait le livre, mais ne l'avait pas. Il y avait dans sa boutique un petit écolier qui faisait ses devoirs et qui, au nom de M. Gérard de Nerval, fixa effrontément l'écrivain connu.

Merlin avait un Bucquoy, qui n'était pas le bon ; Techener enfin lui dit que le livre devait passer prochaine

[graphic]

ment en vente.

Et Gérard, en attendant la vente, s'en fut alors aux « Archives de France » où on lui communiqua la généalogie des Bucquoy. Leur nom patronymique est Longueval. En feuilletant les dossiers de cette famille, Gérard trouva un manuscrit d'une centaine de pages aux feuillets réunis par des faveurs roses, narrant l'histoire d'Angélique de Longueval. Elle lui parut si jolie qu'il s'y plongea. Il nous l'a dit dans son Angélique : la grand'tante de son Bucquoy était là racontée par elle-même et ses frasques de jeune fille du temps de Louis XIII. Et quand il eut écrit cette histoire, il s'en fut à la vente acheter l'introuvable volume

qu'il eut pour 66 francs, plus 3 fr. 20 de frais et qu'il s'em

pressa d'offrir à la Bibliothèque.

g

Or, au lendemain de 1870, un jeune archiviste aux Archives nationales, féru de Gérard de Nerval alors presque oublié et dont il aimait l'oeuvre, parce qu'il y trouvait la fleur et l'esprit de la douce France » connaissant

son Angelique voulut en lire le texte original. Ce jeune archiviste, il m'a été donné de le connaître à la fin de sa vie, et quand il était un maître universellement aimé et respecté : j'ai nommé Auguste Longnon, qui ressuscita Villon et créa la science de la géographie historique. Je l'ai connu derrière les tables d'examen de l'Ecole des Chartes, et nous n'étions pas naturellement du même côté de la table. Raison de plus pour que je me souvienne de son sourire bienveillant et de sa bonhomie que n'avait pas renfrogné la gloire.

Auguste Longnon donc s'en fut voir aux nombreux dossiers Longueval que disait avoir consulté Gérard et il n'y trouva pas le manuscrit de la confession d'Angélique. I chercha à droite, il chercha à gauche, il chercha partout avec cette patience qui est la grande vertu des archivistes — et il ne rouva rien. Tant et si bien qu'il en vint à douter de l'existence du texte et à reflechir sur les fantaisies des poètes.

Un jour, un prêtre, érudit connu et Coat Henri Longnon a oublié le nom que lui confia son père, vint, alleché lui aussi par l'histoire d'Angelique. On ne put mieux fare que de Padresser à Auguste Longnon, dont on savait les recherches: celurdi lui fit part de sa propre deconvenue, de sa quasi cer itude que le manuscrit n'existait pas, et le prêtre s'en fut sans plus insister, et sans doute convaincu.

Sten longtemps après, c'était vers 1891 ou 1892, c'est à-dire au noment où Auguste Longnon allait quitter les Achives pour inaugurer ses magistrales leçons du Collège de France, dassant un fonds quelconque et qui n'avait aucun rapport avec les dossiers Longuevai, il avait Tindiobie snocon de retrouver la centaine de feuilles relles d'un Tuban rose, gadis decouverts par Gerard. Et son premier ouvement peint Thomme tout entier, mieux que je ne le saurais faire : ce fut de desespoir à la pensée du renseignement erroané qu'il avait donné au prêtre chercheur, et i balança quelques années avant de le pubiler.

Cependant, i l'avait copié d'un bout à l'autre, et une note confirmative de la main du moine Goussencourt qui le suivait. Puis à porta le tout à un editeur d'art, qui devait faire ilustrer le texte et qui composa le manuscrit.

Au debut de 1895, celui-ci devait paraître. Or. i ne parut point, et la raison en est plaisante.

Une personne de mon entourage, dit l'editeur à Auguste Longnon, m'a fait remarquer que ce texte contenait un passage... Eatin un passage immoral. Cette Angelique fait ici allusion aux caresses que lui prodigue son ami. Chele n'entre pas dans le detail, mais enfin... Earia, non!

300, consenut le maître, heureux de trouver tant de puceur chez un marchand de papier; et i remporta ses

epreuves.

- Sais-tu, disai- pius tard à son is Henni, en lui comant cette histoire, sais-tu quaile etait la personne que ce passage avait citusque ? Cait sa maitresse ! Vona me me anecdote que j'espere men retrouver le

[merged small][ocr errors]

Bref, Angélique resta en placards. Puis Marcel Schwe ami d'Auguste Longnon en connut l'histoire : il la lut rêva de la mettre au théâtre. Pièce imaginaire, car el ne vit pas le jour.

Et un jour, peu avant sa mort, Auguste Longnon dit son fils Henri en lui montrant les épreuves: < Jamais r ne publierai l'histoire d'Angélique, mais tu le feras, toi Et ce fut la dernière fois qu'il lui en parla.

En classant ses papiers après sa mort, Henri Longne? eut bien de la peine à la retrouver puis il en perdi la copie dans un taxi, enfin la serra précieusement et cou rut tout droit la porter à la Cité des Livres.

Si vous ne connaissez pas la Cité des Lives, vous igno rez le coin le plus aimable de l'édition parisienne. Come le pauvre Jarry, rue Cassette, elle habite un demi-étar en la rue Saint-Sulpice, où, à travers des bastions de pre cieux papier, on aboutit au bureau des maîtres de céars Pierre Castellan, taciturne et fin. toujours penché sur s papiers. Pierre Varilon, afaré et riant, entre deux cour de telephone bousculant ses auteurs et leur rendant tor les services qu'is lui demandent, Jean Lorgson enfin, deuxeme his du maitre, coucement reveur, artisan c beaux livres pour qui l'art de la typographie n'a plus c secrets et qui, lettre delicat, se repose de publier les voi mes des autres, en en ecrivant, comme son ami Varilion. Ce sont eux qui ont publié la confession d Ange sur le texte etabli par Auguste Longnon et que leur ava“ apporté Henri Longnon.

Peut-être serait-il temps en parier enan, mais si se vent je donne ici le resumé des resultats d'une recherch historique que j'ai eu plaisir aujourd'hui à faire parco nir à nos lecteurs les etapes de cette recherche, à leur dor ner une idee de la patience que déployèrent et Gérard de Nerval et Auguste Longnon, des joies aussi qu'ils conr. rent. Je n'ai eu pour cela qu'à résumer la nouvelle de Gérard et la preface d'Henri Longnon, qui toutes dea presentent bien du charme smpie — le meilleur.

Et puis j'ai lu avec tant de plaisir la fraîche et since confession d'Angelique, ce document unique et incompar bie sur la vie d'une jeune file nobie du temps Louis XIII. Le récit de ses amours avec ce vaurien de La Corbinière, qui avait enchanté Gerard et lui inspe quelques-unes de ses plus delicieuses pages, on compre qu'i ait enchante Auguste Longnon : c'est là du docume

vivant et d'une espèce rare. Angelique, victime (a l'amour, pour avoir rop aime à reize ans un galant assa sné par un vaiet jaloux, le jour qu'ile tomba dans i bras de La Cordinière, eile fut toute sa proie. Commen | avec lui elle s'evada de la maison paterneile et, vêtue es genuhomme, courut les routes à son côté, s'embarqua MAROC, en ALGERIE et à DAKAR PAR LES LIGNES AERIENNES LATECOÈRE, 79, Avenue Marceau

ENYOTEZ VOS LETTRES ET COLIS

ALLEZ AU

PARIS

« AnteriorContinuar »