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A formule adoptée par le Congrès socialiste ne signifie nullement que le parti S. F. I. O. renonce à imposer le capital. Mais elle signifie tout de même que les chefs de ce partiet, singulièreM. Vincent Auriol ont cherché à atténuer sur ce P'expression de la doctrine socialiste. Sans la souper d'hypocrisie, on peut donc la regarder comme un mage rendu par l'esprit de révolution à l'esprit de ration. Je veux bien que cet hommage ne soit qu'une eté. Mais j'y trouve la preuve que le parti S. F. I. O. peur de faire peur.

se rappelle probablement que la seule menace de ôt sur le capital a suffi, en des jours qui ne sont pas. ointains, pour déchaîner la panique dans la foule

innombrable des épargnistes français, où il recrute des adhérents.

La formule nouvelle lui permettra-t-elle de les rallier et de garder en même temps le reste de ses troupes? En tous cas, elle a recueilli l'approbation unanime des congressistes. A quoi l'on doit reconnaître qu'elle est assez souple pour se prêter à toutes les interprétations, et pour épuiser toutes les combinaisons. Bref, c'est une formule électorale.

Nous ne la croyons pas moins dangereuse que les précédentes, si elle est moins brutale.

Son pire danger vient de ce qu'elle entretiendra dans le public l'idée qu'il existe une classe de citoyens, la plus fortunée, qui pourrait payer beaucoup plus qu'elle ne paye,. et, par conséquent, alléger le fardeau des classes laborieuses soumises aux taxes indirectes.

Il n'y a pas, à l'heure présente, d'idée plus fausse. Déjà très éprouvé par la dévalorisation de la monnaie, le capital est chez nous très lourdement imposé.

L'épargniste qui achète un immeuble ou un fonds de commerce paye 25 %.

Même en ligne directe, de père à fils, les taxes successorales atteignent à ce chiffre et il n'est pas rare que l'héritier

soit contraint de vendre 40 ou 50 % de la fortune mobilisable qu'il recueille de son ascendant pour acquitter les droits.

Bien qu'elles portent un autre nom, ces taxes aboutissent à de véritables prélèvements, à des prélèvements massifs sur le capital.

Le capital contribue donc et contribue largement à l'effort colossal demandé à l'ensemble de la nation pour le redressement des finances publiques.

Voilà ce qu'il ne faut pas se lasser de répéter: Sous sa forme assimilable, sous sa forme tolérable l'impôt sur le capital existe. Ceux qui le réclament sous une autre forme ne veulent pas faire payer le capital: ils veulent le détruire ou, si vous préférez, le confisquer.

M. C.

ECE QU'ON DITE

Etrennes.

Chaque année, quelque objet nouveau obtient la faveur du public, à l'occasion des étrennes. Aux premiers jours de la Restauration, l'invention du kaléïdoscope provoquait l'enthousiasme général.

Voici comment s'extasiait, devant ce petit tube de carton, un journaliste de 1817 :

« En vérité, l'esprit humain a des ressources infinies, et il faut remercier les hommes appliqués aux décou vertes qui sont les fruits destinés à adoucir l'ennui public. M. Jecker, opticien célèbre, vient de perfectionner un instrument d'optique inventé, l'année dernière, en Angleterre, dont l'objet est de présenter aux amis du nouveau, aux artistes, et surtout aux décorateurs un spectacle charmant et toujours varié à l'infini. M. Jecker appelle cet instrument transfigurateur; d'autres lui ont donné le nom de kaleidoscope ou joujou merveilleux. On ne se lasse pas d'admirer les effets surprenants qu'on obtient avec quelques grains de verre, quelques brins de mousse, ou autres petits objets jetés dans l'objectif : des rosaces, des guirlandes d'une variété si extraordinaire que, d'après les calculs faits, il faudrait, avec vingt petits objets seulement, quatre cent soixante-deux milliards d'années pour épuiser la série entière des transformations possibles!

« Aussi ce magique instrument est-il sur toutes les toilettes, dans tous les salons. Il y en a de commandés par toutes les cours de l'Europe, même pour le harem du grand seigneur, où ce joujou merveilleux sera plus utile qu'ailleurs. »

Un nouveau « Guide ».

Bernard Shaw a quitié son vieux logis l'an dernier pour s'installer définitivement à Ayot, près Hatfield. Il peut mener ainsi à la campagne la vie d'exercice physique qu'il affectionne nage le matin, longues randonnées à pied l'après-midi où ses amis ont peine à suivre son allure sportive. Il vient de terminer un nouveau livre :

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Un réveillon pendant le siège de Paris.

Voici le menu d'un réveillon de fin d'année offert, en 1870, par le docteur Gillet de Grandmont :

Consommé de cheval au millet. Relevés : brochettes de foie de chien à la maître d'hôtel, émincés de râble de chat sauce mayonnaise. Entrées épaules et filets de chien braisés sauce tomate, civet de chat aux champi gnons, côtelettes de chien aux petits pois et salmis de rats à la robert. Rôts gigot de chien flanqué de ratons sauce poivrade, salade d'escarolle. Légumes: bégonia au jus Entremets plum pudding au rhum et à la moëlle de cheval. Dessert: gâteau de Gênes. Vins : Xérès, Graves, Château-Margaux, Mâcon, Saint-Joseph, Tokay.

Dix personnes avaient pris part à ce repas parmi les quelles on relève le nom de Quatrefages de Bréau, le célèbre savant, membre de l'Académie des Sciences,

Un divorce pressé.

On parle au Palais de ce cas véritablement extraordi naire.

Un couple alla un beau jour devant le maire et immé diatement après devant le curé de Saint-Pierre de Mon rouge. Le soir, le marié prétexta une course urgente et donna rendez-vous à sa femme le soir même à 8 heure au nouveau domicile conjugal. La jeune épousée sy rendit et trouva chez la concierge une lettre pour elle.

Déjà une lettre à mon nom de femme soupire t-elle toute heureuse...

Elle ouvrit. C'était une assignation en divorce de so mari qui oublia de reparaître au domicile conjugal et qui invoquait parmi ses griefs l'incompatibilité d'humeur....

Et le tribunal va être obligé de trancher ce cas qu doit être, sinon unique, du moins bien rare...

Le poète et la femme du marchand de savon.
Shelley, le poète Shelley, qui chanta :

All love is sweet, given or returned est cause d'un divorce. Ce n'est pas une plaisanterie. Une jeune américaine de 29 ans, Mrs. Colgate, fe du marchand de savon bien connu, a fait la connaissa d'un poète du nom de Byron Dexter. Ce dernier, enth siaste de Shelley a composé un poème à la gloire de poète favori.

Et certain soir il lut son œuvre à Mrs. Colgate. Te deux découvrirent ainsi qu'ils étaient faits Fun pe l'autre, mais Mr. Colgate survint et ce jour-là, i lurent pas plus avant.

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Le juge, plus clément que celui qui jugea Frances Rimini, s'est contenté de prononcer le divorce.

quelques jours de luttes sanglantes, les modérés ont repris le dessus et la répression semble avoir été extrêmement brutale.

Actuellement, ce ne sont guère que des nuances qui séparent les programmes des gouvernements de Nankin, d'Hankéou et de Canton. Mais en Chine, les programmes ne sont rien et les hommes sont tout. Et des rivalités profondes divisent les divers généraux qui, dans les trois villes, possèdent la réalité du pouvoir. La forte personnalité de l'un d'eux,

AFFAIRES EXTERIEURES Chang-Kai-Tchek, imposera peut-être un moment un sem

Encore le chaos chinois

L'opinion publique s'est, depuis quelque temps, un peu désintéressée des événements de Chine. Rien d'étonnant à cela: la confusion de ces événements n'est dépassée que par celle des télégrammes qui prétendent nous informer de leur succession.

Essayons cependant d'y voir un peu clair qui veut se tenir, même de loin, au courant de l'histoire contemporaine ne saurait négliger les convulsions qui agitent aujourd'hui une masse de trois cent cinquante millions d'êtres humains.

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La situation politique actuelle de la Chine est, très en pros, la suivante :

Au Nord, appuyées sur la Mandchourie et comprenant Pékin, les provinces qui obéissent à la dictature de Tchango-Lin. Le gouvernement de cet ancien chef de bandits evenu maréchal jouit de la bienveillance du Japon; il it à tendances conservatrices, se pique d'antibolchevisme se défend de toute xénophobie. En fait, il cherche surut à soutirer de l'argent aux puissances étrangères.

Au Nord-Ouest, dans le voisinage de la frontière russe, le région aux limites flottantes est soumise à l'autorité de eug-Yu-Siang, le « général chrétien » bolchevisé. Mais tte autorité est précaire. Feug, pour le moment, se réserve flaire le vent.

Le Centre et le Sud sont au pouvoir des « nationalistes ». sait qu'à l'origine, le parti nationaliste, groupé autour Comité révolutionnaire Kuo-min-tang, était celui des ublicains intégraux, étudiants et intellectuels, farouches versaires de l'ingérence étrangère et des traités inégaux.

1 sait aussi l'influence prépondérante que la propagande iétique a longtemps exercée sur ce parti.

Aujourd'hui, les « nationalistes » ont généralement oué le joug de Moscou. Mais cette réaction ne s'est pas rée simultanément partout et elle laisse le Kuo-ming divisé en trois tronçons : le siège du premier est à nkin, sur le bas Yang-Tsé-Kiang, celui du second à nkéou, en amont du même fleuve, celui du troisième enfin Canton, dans l'extrême Sud.

Ce n'est que tout récemment que les « modérés » l'ont orté dans cette dernière ville et dans la province dont est le chef-lieu :

Voici trois semaines environ la propagande soviétique y a re déchaîné de véritables saturnales communistes. Après

blant d'unité ; elle ne durera guère.

Entre les grandes zones d'influence que nous venons d'énumérer, il existe d'ailleurs une multitude de régions, provinces ou simples districts soumis à la tyrannie de telle ou telle << trogne à épée », qui passe d'un camp à l'autre au simple gré de sa fantaisie ou de ses intérêts.

Bref, la Chine se présente aujourd'hui comme une mosaïque changeante d'Etats de grandeur variable, mais tous également exploités par des tyranneaux militaires couvrant de mots creux la réalité de leur avidité.

Cette situation comporte, dans l'histoire plusieurs fois millénaire de la Chine, des multiples précédents. La vieille légende du gouvernement sage et immuable de l'Empire du Milieu n'est décidément qu'une légende et l'anarchie a été une forme assez ordinaire de la politique chinoise.

Mais, dans les pires époques de confusion et de chaos, un certain nombre de principes demeuraient, inefficaces souvent, mais toujours respectés : principe familial, culte des ancêtres, respect dû aux traditions et aux rites, reconnaissance au moins théorique du Fils du Ciel comme père suprême de la grande famille chinoise.

Aujourd'hui, tout cela est évanoui ou en voie d'évanouissement et les piliers se sont effondrés sur lesquels la civilisation chinoise s'appuyait pour refleurir après chaque période d'anarchie :

L'Empereur a été renversé et avec lui ont disparu les sacrifices faits au Ciel; les rites sont oubliés qui, pendant trois mille ans, avaient servi d'armature à la pensée et à la vie même de la Chine; dans les provinces les plus reculées on brûle les images de Confucius ; le lien familial lui-même, si essentiel à la vie chinoise, s'est relâché, voire s'est dénoué. ration, de sagesse, de soumission aux traditions, de dévoueEt à la place du vieil idéal abandonné, idéal de modédent, idéal d'énergie, d'initiative et de respect de soi-même ? ment familial, qu'a-t-on mis? A-t-on adopté l'idéal d'Occi

Non. A l'Occident, on n'a pris que quelques techniques sans la science et le don d'invention qui en sont la base; on n'a pris qu'une phraséologie vague et, d'ailleurs, mal comprise; on n'a pris qu'une brutalité sans frein et un scepticisme dissolvant.

La Chine est un pays qui a perdu son âme et qui ne semble pas près d'en retrouver une autre.

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Il y a quelque chose de pathétique dans le spectacle du désarroi moral et par suite matériel dans lequel se trouve cette nation de trois cent cinquante millions d'habitants. On se demanse avec effroi vers quels abîmes roule

cette énorme masse qu'aucune foi commune, aucun idéal commun, aucune tradition ne tient plus agglomérée.

Ce fut, dans le passé, la grande caractéristique de l'histoire de la Chine que la facilité avec laquelle ce pays a absorbé les innombrables envahisseurs qui sont venus la conquérir. Successivement ou simultanément Huns, Tartares, Turcs, Mongols, Mandchous ont défilé sur ses provinces et les ont assujetties. Au bout de deux ou trois générations tous se trouvaient confondus avec la race conquise dont ils avaient pris la langue, les mœurs et le tempérament.

Parmi les multiples dynasties qui se sont succédé sur le trône de Chine, deux seulement, celle des Han et celle des Ming, étaient d'origine proprement chinoise. Mais les autres; qu'elle fussent Tartares ou Mongols ou Mandchous, n'en ont pas moins régné selon les seules traditions de l'administration chinoise.

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Cette puissance d'absorption qui, d'ailleurs, a eu le plus souvent sur les absorbés un effet débilitant tenait à la vertu active des principes sur lesquels reposait la civilisation de l'Empire du Milieu.

Maintenant que ces principes se sont écroulés, la masse chinoise ne saurait opposer aux influences extérieures que les seules réactions provenant des intérêts particuliers.

C'est ce qui explique le succès rencontré par la propagande bolchéviste pourtant si diamétralement opposée aux anciennes traditions de la vie chinoise.

Aujourd'hui, cette propagande paraît en très sérieuse régression elle est, dans le Nord, sévèrement bridée et, dans le Centre comme dans le Sud, les derniers événements lui ont porté un coup très rude: le gouvernement << nationaliste » de Nankin vient même d'ordonner l'expulsion des agents soviétiques résidant sur les territoires soumis à son autorité.

Mais, qu'on ne s'y trompe pas cette réaction ne vient pas d'un mouvement spontané du peuple chinois. Elle est due uniquement à la peur qui a saisi les possédants et les chefs militaires. Et elle pourrait bien ne durer que tant que durera cette peur.

Au lendemain de l'échec que le bolchévisme a récemment subi à Canton, Boukharine félicitait, devant un Congrès communiste, les paysans d'un district chinois d'avoir « physiquement détruit » trois cents propriétaires (« Quoi; seulement trois cents! » se sont écriés ses auditeurs) et il ajoutait que « les réserves de l'armée des ouvriers et des paysans chinois étaient véritablement colossales >>.

La propagande soviétique n'a donc pas perdu tout espoir. Et l'amorphisme des masses chinoises lui donne à vrai dire le droit d'attendre une oscillation du pendule.

La bolchévisation de la Chine représenterait, pour les puissances occidentales, un péril terrible et immédiat. Ce péril, dans un pays qui n'a jamais obéi qu'à une main pesante, peut être conjuré par une politique de fermeté.

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Morbihan

Le Morbihan est peut-être de toute la Bretagne le dépa tement où la vieille tradition se serait le mieux conservée si la création du port de Lorient n'y avait de bonne heure constitué un foyer démocratique et révolutionnaire. Les Vénètes étaient les plus intrépides et les plus religieux des bretons. Actuelle ment encore, l'arrondissement de Vannes est resté profondément conservateur et catholique. Des îlots bleus, où la conquête répu blicaine s'explique par des origines spéciales comme Sarzeau -ne parviennent pas à modifier, dans l'ensemble, la phy sionomie politique de l'arrondissement. Le pays qu'on appelle la grande Lande a été un pays ardent de chouannerie, et en conservé les tendances, la fidélité aveugle à toutes les traditions politiques et religieuses. Aussi bien et Vannes lui-même, où les Jésuites avaient un de leur plus célèbre collège, ayant été longtemps une ville conservatrice - le pays de Vannes fut en insurrection constante contre les bleus: la fin de la révolution ne marqua pas la fin de ces insurrections. Même après le Concor dat, une petite église continuait de protester, et l'enlèvement par les chouans de M. de Poncemont, le nouvel évêque concorda taire, fut un des événements les plus significatifs de la résis tance locale au lendemain du Concordat. Un renouveau de chouannerie ensanglanta encore la campagne de Vannes après 1830sous le prétexte de résistance à la conscription, - d Jules Simon, enfant du pays, nous a laissé le récit d'un épisode émouvant de cette histoire. Il en fut de même jusqu'à Auray, capitale de deux pélerinages: Sainte-Anne, le plus célèbre par don de Bretagne et la chapelle des martyrs, dans le champ o reposent les ossements des chouans fusillés après Quiberon Moins général, mais puissant, profond, ce sentiment se retrou vera encore dans presque tout l'arrondissement de Ploermel. y a donc là une observation curieuse à noter : le Morbihan celui des départements bretons où se vérifie le moins l'évolution démocratique, signalée dans les Côtes-du-Nord, le Finistère d l'Ille-et-Vilaine.

Comme partout en Bretagne il y a eu, dans le Morbihan, effort pour développer ce sentiment, un appel à lui adress contre les citadelles de droite, en vue d'une tentative ultérieu de regroupement libéral. Ce mouvement n'a pas échoué comple tement. A Ploermel, ancien boulevard irréductible de la dro royaliste, de fortes majorités républicaines et catholiques se sont dégagées. Les libéraux démocrates sont parvenus à chasser du

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Sénat le dernier représentant de la droite, M. de Lamarzelle. | Ils ont exclu de la liste nationale de 1924 tout représentant de la droite pure, et ils n'ont obtenu la plus forte moyenne par leur liste que grâce à l'abnégation de la droite encore puissante. Mais, dans la partie conservatrice du département qui est la partie française: Auray, Vannes et Ploermel (bon Breton du Léon, bon Français de Vannes), cette tentative n'a réussi qu'en partie à Ploermel et Auray, notamment. Dans le pays même de Vannes, et surtout vers Questemberg, la Roche-Bernard et la Gacilly, des forces de droite sont restées presque intactes. Le sentiment démocratique est assurément moins fort là que dans les autres coins de Bretagne, et le lien féodal y est demeuré plus puissant et plus sacré. L'effort des républicains locaux a donc été moins heureux, et il s'est heurté à une résistance plus vive. Le clergé, très écouté, a sans doute aussi moins secondé le courant démocratique, sans doute parce qu'il le partageait moins entièrement, et qu'il sentait chez les populations des résistances invincibles. Ce n'est pas, d'ailleurs, que les deux représentants de la droite aient été particulièrement avisés dans cette région, se soient révélés comme des hommes d'une valeur exceptionnelle, très différents de ceux qui furent si aisément vaincus à Lannion, à Guingamp ou à Montfort, Le pays s'est moins défendu. Les flots industriels y sont rares. Vannes même est une ville sans activité économique. Il ne passe point par là de route fréquentée, à grand trafic. La grande Lande est d'accès difficile, peu accueillante au mouvement, emplie de souvenirs héroïques, hantée de légendes mystérieuses, et, d'autre part, limitée par les cantons les plus conservateurs de Redon et de la Loire-Inférieure: la presse de Rennes a certainement moins de diffusion ici que dans la Mayenne et dans les Côtes-du-Nord.

Comme nous l'avons remarqué déjà pour Lannion, le pays bas-breton, celui qui est le plus arriéré et le plus soumis exclusivement à l'influence du clergé, est devenu plus avancé. Je ne parle point de Lorient. Lorient a une tradition révolutionnaire et radicale. Elle a été remplie de bonne heure d'une population remuante, et les ouvriers du port furent, dès les premières heures, patriotes dès 1790, ses gardes nationaux concouraient à la répression des bandes d'insurgés de l'Ouest. Avec le développement de la population ouvrière, la tendance est de plus en plus avancée. Mais la campagne a été longtemps d'un sentiment contraire. Aux portes même de Lorient, si Hennebont était républicaine (la tradition des villes est souvent bleue), la campagne était furieusement chouanne. Aujourd'hui la division s'est glissée dans ces campagnes mêmes, par suite de l'effort démocratique; mais les républicains catholiques, unis à la droite, ont encore la majorité, dans la région d'Hennebont et d'Auray. Au nord et à l'ouest de la partie basse-bretonne, il va en être différemment, et nous allons assister à un mouvement rouge. Les radicaux, de l'arrondissement de Vannes, ne réunissent, sauf peut-être à Sarzeau, que des minorités infimes: autour de Ploermel, ils sont maîtres de Maurron, grâce surtout à des influences locales, et ils développent les conquêtes à Guer et à la Trinité. Au nord de Lorient et dans l'arrondissement de Pontivy, ils sont la majorité. Résultat d'une nature plus tenace, plus obstinée, qui, affranchie de la fidélité traditionnelle à une foi politique et religieuse, s'est fixée en sens contraire. Difficulté pour ceux qui ont déclenché ce mouvement, de le limiter ensuite. Propension du bas-breton, très démocrate et même révolutionnaire, aux mystiques extrêmes. Influence des cantons voisins, dans le Finistère, dont la tradition est assez avancée, et qui, de Carhaix à Huelgoat, vient encercler Gourin et le Faouet, déjà pressé par la propagande rouge de Guéméné le canton le plus avancé du Morbihan après Lorient. Tout cela ensemble, sans doute, car Pontivy fut une ville de tradition patriote. Elle fut

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le chef-lieu de la fédération bretonne, et les paysans des alentours, à ce moment fidèles à Dieu et au roi, lui firent durement sentir leur réprobation. Plus tard, devenue Napoléonville, et accrue d'une ville neuve placée par l'Empire comme une sentinelle contre la chouannerie, elle garda sa tradition. Mais, résultat logique et curieux à la fois, la campagne, naguère blanche autour de cette ville républicaine, est devenue aujourd'hui beaucoup plus avancée que Pontivy.

Actuellement, le Morbihan est en pleine lutte politique. Parce que la bataille qui s'est terminée ailleurs par la défense de la droite, n'est pas encore terminée ici, elle est plus âpre. Pour lutter contre la conquête radicale, dans ce pays où le sentiment catholique est encore généralement très profond, et où la pratique religieuse demeure celle de la majorité, même dans les centres de gauche, la droite vaincue, mais forte encore, maîtresse d'une région étendue, pleine d'amertume et de rancune, doit appuyer sans réserve et sans contre-partie les démocrates catholiques. Examinons objectivement la situation. Il est au moins deux circonscriptions où cette union étroite conditionne exactement le succès et la défaite. Est-elle réalisable, dans l'état actuel des choses? Il est difficile de le dire. La nécessité est le meilleur artisan du miracle, mais les rancunes, ici, sont profondes. Elles ne peuvent que s'aigrir encore, et rien ne fait pressentir leur apaisement. Le Breton du Morbihan est le plus obstiné et le plus tenace des Bretons.

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Le budget est voté, sans excédent de recettes, mais en équilibre certain. Les dépenses de l'Etat et de la Caisse d'amortissement seront couvertes en 1928, comme elles l'ont été en 1927, par le produit des impôts. La France, l'étranger, ont enregistré ces deux faits essentiels : le budget reste solide et l'amortissement continue.

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Le premier point ne prête guère à discussion. Il n'est personne qui ne connaisse aujourd'hui cette vérité élémentaire, qu'une monnaie ne peut être solide sans que l'équilibre du budget soit rigoureux. Le cours d'une monnaie, sur le marché des changes, est la mesure du crédit de la nation, et le crédit d'une nation, comme celui d'un individu, ne peut que péricliter si, d'une manière chronique, elle dépense plus que ses revenus. L'équilibre du budget est une condition, non pas suffisante, mais nécessaire, de la stabilité monétaire, qui est elle-même une condition, non pas suffisante, mais nécessaire, de la santé économique et de la prospérité du pays.

Le second point, - l'amortissement,

a donné lieu, au contraire, a de nombreux commentaires publics o

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