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nissées et les écrans tournants ne sont pas les moins sugges

tives.

Tout cela est un peu puéril, un peu « épicier » comme les bijoux d'acier ou de fonte de Berlin. Mais laissez faire le crayon de Gavarni ou le pinceau d'Eugène Lami et ils en tireront un magasin de gracieux accessoires qui donneront une vie intense à leurs scènes du petit ou du grand monde.

N'oublions pas non plus que cette éclosion d'articles de Paris marque une tendance nouvelle de l'art industriel qui va se développer sans arrêt au cours du XIX siècle. Le machinisme aidant, les fabricants vont mettre de plus en plus le luxe mobilier à la portée de tous. La question n'est pas de savoir si l'évolution s'opérera aux dépens de l'art, mais la lithographie populaire remplace l'estampe gravée. A la tapisserie et au tissu de soie succède le papier peint. Le cartonnage, le stuc, le plaqué, tous les ersatz prennent la place du bronze, du bois sculpté, de l'argenterie. Le mouvement, au début, n'est pas dangereux. Les deux expositions de la Restauration, en 1819 et en 1823, ne groupent qu'une modeste liste d'industriels. Mais on sent que dans tous les ateliers on prépare des modèles pour les classes bourgeoises qui vont arriver au pinacle avec la Révolution de 1830. En attendant, cette multitude d'objets de mode, renouvelés chaque année, on pourrait dire chaque saison, provoque un mouvement intense de curiosité. Les masses s'initient à ce plaisir tout moderne de regarder les boutiques, d'admirer les étalages, et c'est un point de vue que n'a pas envisagé M. Jacques Robiquet, que je désespérais de prendre en défaut tant il est complet, précis et clairvoyant.

La devanture venait de naître. Jusqu'alors il fallait aller faire les cent pas sous les arcades du Palais-Royal ou dans les nouveaux passages pour trouver des glaces brillantes, des boutiques luxueuses (relativement), un éclairage éclatant (quinquets et lampes carcel). Dans les dernières années de l'Empire et sous la Restauration, le commerce parisien s'est mis à construire « sur le devant ». Les architectes ont créé de toutes pièces cette construction en forme de temple antique, avec plinthe, colonnes, pilastres, entablement et fronton, qui, jusqu'à nos jours, a constitué la devanture commerciale. Marbre, bronze, stuc, bois sculpté et doré, peintures aux tons frais et engageants, tout a été mis en œuvre par les « négociants » de la nouvelle école, qui ont pris la place du vieux boutiquier du Chat qui pelote. Paris a revêtu un visage nouveau qui a étonné tout autant les gens de la Restauration, que la fantaisie des nouveaux étalages surgis depuis l'Exposition des arts décoratifs nous a surpris et enchanté nous-mêmes. C'est une société nouvelle qui monte, celle du grand négoce. La célèbre couturière Victorine en est un bel exemple, elle qui répondait à la dame d'honneur de la duchesse de Berry,

ENVOYEZ Vos LETTRES ET COLIS ALLEZ AU

lui demandant de venir au Pavillon de Marsan prendre des ordres, qu'elle serait heureuse d'habiller son Altesse royale qui la trouverait chez elle, tel jour, à telle heure ! HENRI CLOUZOT,

Le réveil de Cluny.

Jusqu'à présent Cluny était surtout connu par sa ceinture. Vous savez? cette ceinture qui... cette ceinture que... cette ceinture enfin ! M. Marquet de Vasselot a mis la lumière électrique dans les vieilles salles, et a débarrassé les vitrines de tous (ou presque tous) les objets de seconde zone. L'ombre de Sauvageot a dû en frémir, mais on ne sera plus obligé de renvoyer les visiteurs, en hiver, avant l'heure de la fermeture et les collections, moins encombrées, perdront leur aspect de bric-àbrac romantique. En revanche, on verra dans la salle V, complètement vidée, les boiseries de la chapelle de Gaillon, stalles et portes de clôture, et l'ensemble à lui seul mérite une visite.

Les Glozéliens se dégonflent ?

Annoncée à grands fracas, l'interpellation au Sénat du sénateur Massabuau n'aura pas lieu. M. René Dussaud peut se rassurer. Notre confrère Paris-Midi s'en porte garant :

« Ce sympathique sénateur de l'Aveyron, forte carrure, l'air bonhomme n'était-ce pas précisément M. Massabuau? pénétra en coup de vent dans la salle de la presse, au Sénat : Messieurs les journalistes ! fit-il avec un geste large : Je retire mon interpellation sur « Glozel ». Le ministre a, en effet, décidé de se rendre sur place, pendant les vacances de Noël. Mais je déposerai, à la prochaine séance du budget un amendement pour le vote des crédits destinés aux recherches minéralogiques et généalogiques.

<< Le mot fit sensation. Certainement, c'était une trouvaille. »

Les deux Molière de l'Institut.

L'un, dû au ciseau de Duret, orne depuis 1834 la grande la salle de l'Académie française. Il n'est pas mal, et tous les salle des séances qui fait suite à la galerie des bustes et précède

Immortele le connaissent.

L'autre, un chef-d'œuvre de Caffieri, qui figura aux Salons de 1781 et de 1787, est caché dans un arrière-vestibule de la salle de la Coupole. Personne ne le voit, si ce n'est, aux jours de réception, le tambour de la garde, qui annonce l'entrée du récipiendaire et qui, cela fait, dépose sa caisse et ses baguettes sur les genoux du grand comique.

Ne pourrait-on rendre à ce Molière et à Caffieri un plus digne hommage?

A l'Ecole du Louvre.

ts. Les cours de l'Ecole du Louvre comportent cette année plusieurs enseignements nouveaux, notamment un cours sur les arts décoratifs du Consulat et de l'Empire, par M. Bourguignon, un cours de muséographie, par Gaston Brière. L'art romantique sera étudié par Louis Hautecœur, et Robert Rey parlera du romantisme après le Salon de 1827.

MAROC, en ALGÉRIE et à DAKAR PAR LES LIGNES AÉRIENNES LATÉCOÈRE, 79, Avenue Marceau

· PARIS

-18

ENQUETE

L'affaire de Glozel

Une enquête auprès des spécialistes

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Je suis allé à Glozel. J'ai interrogé ensuite pour le Figaro les savants qui, des deux côtés de la barricade, se lancent des invectives et des malédictions (1) et je suis arrivé à cette conviction qu'il était bien difficile à des archéologues tout au moins à des archéologues qui refusent des conseils venus de l'extérieur d'apporter dans l'affaire des explications impartiales et solides. D'abord beaucoup d'entre eux sont trop crédules; ils ont assisté aux fouilles, ils ont trouvé des objets et ce témoignage de leurs yeux, ils se refusent absolument à le récuser. « C'est invraisemblable, mais c'est vrai ». « C'est incroyable, mais c'est vrai », telles sont les phrases qui reviennent sous leurs plumes. « J'ai vu, de mes yeux vu », m'a écrit un éminent membre de l'Institut. « Je n'ai jamais douté du témoignage de mes propres yeux », a déclaré dans le Temps, M. le D' Morlet. Comment pourraient-ils ne pas croire à des idoles, monosexuées ou bisexuées, qui sont nées à la lumière sous leur regard? Peut-être, M. Seymour de Ricci, en personne, serait-il Glozélien si pareille aventure lui était advenue et peut-être ne l'est-il pas en grande partie parce que c'est, m'a-t-on dit, le jeune Fradin qui a discerné des objets minuscules dans des pelletées de terre que M. de Ricci venait de jeter de côté, sans y avoir pour sa part décelé rien de curieux. Quand des hommes, surtout lorsqu'ils sont archéologues, ont de leurs yeux vu, il est difficile de leur expliquer, sans qu'ils s'emportent et sans qu'ils vous croient jaloux, que ce n'est pas là une raison suffisante d'être certain, car c'est de nos yeux aussi que nous voyons avec autant de précision le prestidigitateur tirer d'un chapeau vide un lapin ou trois bocaux de poissons rouges?

Mais ce n'est pas la crédulité seule qui place un bandeau sur les yeux des archélogues, c'est cette forme de crédulité à rebours qui se nomme l'incrédulité; et toutes deux sont engendrées souvent par les idées préconçues, qui ont joué un rôle considérable dans l'affaire de Glozel. Comment. voudrez-vous que M. Dussaud fût favorable à Glozel qui nous montre les Phéniciens recevant l'alphabet

(1) Plusieurs ne sont-ils pas allés, à propos de Glozel, jusqu'à se reprocher les uns aux autres leurs infirmités ou leur goût de la bouteille? Si une discussion entre archéologues doit être violente pour être d'importance ce fut vraiment une discussion de premier ordre. Seuls des thélogiens auraient pu être plus ardents en leurs débats. Calvin, naguère, lançait à Baudouin l'injurieux sobriquet d'Ablativus, lui reprochant de savoir conjuguer jusqu'à l'ablatif « à cause que, lorsque nous étions aux écoles, Baudouin qui faisait profession de dérober le papier et les plumes de ses compagnons fut appelé par eux Ablativus ». A ceci Baudouin répliquait en traitant Calvin d'Accusativus, nom dont, disait-il, ses camarades l'avaient baptisé pour commémorer son esprit jaloux et chagrin de mouchard,

de mains européennes, alors qu'il a lui, depuis des années, fondé sur la primauté phénicienne une réputation légitime? Comment voudriez-vous que M. Salomon Reinach fût antiglozélien, lui qui trouve dans ce petit champ la confirmation de deux hypothèses qui lui sont chères : celle de l'inanité du mirage oriental » et celle de la persistance du renne en France à une époque plus tardive qu'on ne l'a pensé jusqu'ici ? Et comment, par suite, voudriez-vous que M. Marcellin Boule accueillît avec sympathie l'authenticité de documents établissant cette survivance du renne contre laquelle il n'a cessé de s'élever avec une énergie érudite? Au fond, la question de l'authenticité ou non-authenticité de Glozel n'est pour tous ces archéologues qu'un pion infime sur un vaste échiquier (ou plus exactement important de par sa position mais infime de par sa nature; ils ont déjà dans leur pensée ou dans leur subconscient tant d'arguments qui les conduisent à croire à la suprématie de l'Orient ou de l'Occident que les mots pour eux, lorsqu'il s'agit de Glozel, ne possèdent pas la même valeur que pour nous. Même si vous arriviez à persuader à un Glozé lien que les objets du Champ des Morts sont indiscutablement faux, il garderait en son esprit la certitude que les objets réels dont ceux-ci sont une grossière imitation existent certainement quelque part à l'état d'archétypes; et si à un antiglozélien vous démontriez l'authenticité matérielle des briques et des idoles, il resterait convaincu que ce sont des images trompeuses fabriquées peut-être aux temps néolithi ques, mais par des démons exceptionnellement pervers.

Réjouissons-nous de ce que les archéologues soient si crédules et si passionnés ; ils ne consacreraient pas toutes leurs heures à la science s'ils ne recélaient pas en leur cœur cette foi et cette curiosité fougueuse. Mais, pour le grand public que la mystique de l'Orientalisme ou de l'Occidentalisme ne hante pas, le problème est bien plus restreint ; l'ensemble des gens qui s'intéressent à Glozel recherche une vérité plus humble, plus terre à terre. Ces étranges objets se demande-t-il tout simplement - ont-ils été posés là il y a des milliers d'années ou est-ce un faussaire qui les y a placés au moment où des savants formaient le vœu de les découvrir? Est-on en présence de la plus grande décou verte archéologique des temps modernes ou est-il vrai, comme l'a écrit dans l'Euvre, M. de la Fouchardière que « le fameux galet artistique date évidemment du déluge comme tous les autres galets mais que l'image du renne y a été gravée au temps de Gastounet » ? Et j'en suis venu étant du grand public - à me poser cette question n'a-t-on pas fait fausse route, partiel lement tout au moins, en priant des archéologues de tirer au clair le problème. « Il fallait bien s'adresser à des spé cialistes ! » me répliquera le choeur des âmes respectueuses Encore faut-il s'entendre sur le sens du mot: spécialistes, S'il ne s'agissait que d'interpréter les objets trouvés, certes les archélogues seraient préparés à cette tâche par leur études antérieures ; mais le problème est maintenant tou autre ; il s'agit de déterminer si, oui ou non, nous assiston à une mystification. Et alors, ce sont d'autres spécialiste qu'il devient nécessaire d'interroger; des spécialistes d truquage qui nous diront si oui ou non ils trouvent, dans l

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musée et dans le champ ou dans les environs du musée et du champ, les traces de supercherie. M. Paul Heuzé n'estil pas arrivé ici-même, par des méthodes expérimentales, à 'des résultats très probants en questionnant sur les fakirs et sur le spiritisme des illusionnistes et des prestidigitateurs au lieu de consulter uniquement des métapsychistes et des philosophes? (Voir ses enquêtes parues dans l'Opinion et ses livres sur les Fakirs ou sur le Métapsychisme). Je me 'demande même si je ne serais pas approuvé sur ce point par M. Boule puisqu'une interview donnée par lui à M. Jean Lefranc est ainsi résumée par le Temps du 16 novembre : << M. Marcellin Boule ne se charge évidemment pas d'expliquer comment la fraude a été perpétrée. Il lui semble pourtant qu'on n'a rien fait de ce qu'il fallait pour le savoir. Qui sait si des investigations non scientifiques, mais ingénieuses et résolument conduites n'auraient pas donné de résultats? Mais un trop long temps s'est écoulé ; maintenant, le faussaire se méfie, se garde, s'entoure de mille précautions » (1).

M. le D' Morlet s'est moqué de M. Vayson de Pradenne en l'appelant Sherlock Holmes; mais, précisément, ce qu'il y a de neuf dans la brochure de M. Vayson de Pradenne, c'est tout le côté détective (car ses origines paysannes ont développé en lui le sens de la méfiance et celui de l'observation); ce qu'il y a de désappointant, c'est que son Sherlock holmisme n'a pas été intégral et que, de plus, sa partialité dans la cause est un peu trop évidente. De même, dans les rapports qui vont être déposés, ce qui, j'en suis sûr, jettera le plus de lumière sur le Champ des Morts, ce ne sont pas les paragraphes qui traiteront de l'épigraphie ou de la préhistoire, ce sont ceux où les enquêteurs se seront, de quelque manière, montrés non-archéologues et tout bonnement hommes observateurs. Beaucoup de personnes sont actuellement glozéliennes ou antiglozéliennes sans raison uffisante: je demandais il y a peu de temps à un de nos lus distingués confrères du journalisme où en étaient ses pinions sur Glozel. « J'étais antiglozélien - me réponditjusqu'au moment où j'ai accompagné là-bas la Comnission internationale et je suis revenu glozélien. Qu'enendez-vous par glozélien ? lui demandai-je. — Je veux ire répliqua-t-il que j'étais arrivé à Glozel avec la onviction que je trouverais le « truc ». J'ai bien cherché t je n'ai rien trouvé du tout ».

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<<< Mais est-ce une raison, rétorquai-je à mon tour, si ɔus n'avez pas trouvé le truc, pour que ce truc n'existe pas? "'est que, pas plus que moi, pas plus que les archéologues, Dus n'étiez préparé à un pareil travail ». Je ne sais pas

(1) Dans un article de M. Dussaud (Temps, 13 nov. 1927), je lève l'intéressante déclaration suivante qui montre que les archéorues devraient saluer avec joie toute aide qui leur est apportée du hors. « L'habileté des faussaires, écrit M. Dussaud, rend de plus 1 plus difficile le métier d'archéologue, On peut le constater sans rser dans l'excès qui pousse à tout suspecter. Ce dernier état d'esit n'est pas le mien puisque j'ai sur la conscience d'avoir publié dis, un objet faux, imitation en terre cuite d'un poids bilingue syrien et araméen. Je l'avais acquis à la vente d'un savant étranger, 11908, je le montrai à M. Salomon Reinach en lui confiant mes utes. Pourquoi, me dit-il, voulez-vous qu'on se soit amusé à briquer une pièce pareille ? Faites-moi un article que je publierai ns la Revue archéologique ». Ce qui fut dit fut fait, mais l'objet demeura pas moins faux, ni moins vive, mon admiration pour avant directeur de la Revue archéologique ».

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si le truc existe mais, en tout cas, pour rechercher si la fraude est ou si elle n'est pas, il me paraît nécessaire de s'adresser à des observateurs de profession, spécialistes dans les diverses branches: potiers, fossoyeurs, prestidigitateurs, etc., etc., qui nous apporteront le fruit de leur expérience. Point n'est besoin d'éliminer les archéologues de l'examen des objets, mais, à leur Commission, doit s'adjoindre à mon avis une commission composée de techniciens très divers. Si le gisement est prouvé authentique, alors tous ces techniciens s'effaceront devant les archéologues et laisseront ceux-ci à leur véritable travail qui est l'interprétation de documents préalablement reconnus authentiques.

Je me suis donc tourné vers des spécialistes de différents genres en les priant de me répondre à plusieurs questions et particulièrement à celle-ci : « Ne pensez-vous pas que, dans l'affaire de Glozel, il serait nécessaire d'adjoindre à la Commission d'archéologie une commission composée de techniciens appartenant à diverses professions? Sur quels points estimez-vous que la profession à laquelle vous appartenez puisse rendre des services dans une pareille commission » ?

LES FOSSOYEURS DU PERE-LACHAISE

J'avais demandé à M. C. Dumesnil, 16, rue du Repos, chef fossoyeur au cimetière du Père-Lachaise si, quoiqu'il ne fût pas allé à Glozel, il pouvait me donner quelques avis sur l'ancienneté des ossements, sur le remaniement possible des terres, etc. Voici la lettre qu'il a bien voulu m'écrire et qui me paraît très importante car c'est, comme on le verra, à la suite d'un véritable conseil des fossoyeurs du PèreLachaise que les termes de ce rapport ont été arrêtés.

J'ai communiqué votre honorée à plusieurs des ouvriers fossoyeurs de ce cimetière, ouvriers qui, comme moi, sont, depuis de longues années, habitués à remuer la terre, et c'est notre avis commun que je vous donne ici.

a) Il est difficile de reconnaître d'après un ossement humain l'ancienneté de l'inhumation, étant donné surtout la nature du terrain que vous dites être celui de Glozel. Seuls les terrains argilo-calcaires permettent la conservation des ossements; c'est du moins ce que des fouilles dans ce cimetière du Père-Lachaise (qui date, comme vous le savez, de 1804), nous ont permis de

constater;

b) La reconnaissance des ossements ne peut se faire que sur place, nous ne pouvons donc là-dessus avoir aucune opinion; c) Les parois d'une motte d'argile, même remuée, conservent les traces du terrain de la surface;

d) Il est très facile à tout ouvrier terrassier n'ayant que quelques notions sur la nature du sol, de dire s'il y a eu fouille, même en terrain humide, les parties n'ayant pas été travaillées restant de nature primitive, même après un siècle d'inhumation.

UN GARDIEN DE CIMETIERE

J'ai demandé tout particulièrement à M. Yves Quéré, qui avait été pendant la guerre un de mes bons camarades de tranchées et qui est actuellement gardien du cimetière de Saint-Malo, son avis sur les célèbres racines de Glozel qui traversent de part en part certains pots et certaines briques. Voici la réponse que Quéré m'a adressée :

Je t'assure franchement que je ne connais rien au sujet de l'affaire de Glozel ; j'ai vu ça sur les journaux tous ces jours derniers; quant à reconnaître les ossements humains des ossements d'animaux, ceci est très faisable, surtout certains ossements d'hommes n'ont aucune ressemblance avec les ossements d'animaux, et il est certain qu'un fossoyeur pourrait dire si les ossements de Glozel sont des ossements humains ou non ; quant à la question de se rendre compte de l'âge des os, ici nous ne connaissons aucun symptôme pouvant leur donner un âge, même approximatif.

Quant à la question des vases et des pots traversés de part en part par des racines, ceci ne m'étonne pas ; j'ai vu dans notre cimetière des entourages faits en briques et des pots de fleurs traversés par des racines de chiendent, et le chiendent vivait tout de même et recevait même de la végétation par les racines qui étaient passées à travers les briques ou pots; et la racine était beaucoup plus grosse de chaque côté de la brique que dans la partie qui traverse brique ou pot; dans tous les cas que j'ai remarqués, je n'en ai jamais vus qui étaient traversés en ligne droite; d'après moi, la racine cherche les endroits les plus mous de la brique, et dans beaucoup de cas la brique n'est nullement éclatée; maintenant, tu me dis que le champ est couvert d'un é is taillis et, puisqu'il y a plusieurs briques et plusieurs pots de traversés, pourquoi ils ne le sont pas tous? Ceci s'explique pce que certaines briques sont plus dures les unes que les autres, ou que la racine du taillis a trouvé de la terre meuble entre les briques, et plutôt que de traverser les briques, elle les a contournées.

Quant à la question de la terre remuée, ici dans le cimetière la terre est tout à fait argileuse et lorsque nous creusons une fosse, même qu'il y a trente ans qu'elle a été creusée pour la première fois, nous retrouvons toujours l'emplacement exact où la fosse a été creusée la première fois ; la terre qui a été remuée une fois ne se recolle plus à la terre vierge.

Quant à savoir s'il faut substituer une Commission de spécialistes à la Commission des savants internationaux, je crois, qu'à mon avis, les deux Commissions ne seraient pas de trop, car les fossoyeurs sont, en général, comme moi, pas trop instruits.

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(A suivre.)

CHARLES CHASSE.

Chemins de fer du Midi

Le livret-agenda de la Compagnie du Midi

La Compagnie du Midi vient de faire paraître l'édition 1928 de son livret-agenda. Ce document dont la présentation a été très sensiblement améliorée par rapport à l'édition 1927, comprend, indépendamment de la partie agenda proprement dite, réservée à l'inscription des recettes et dépenses journalières, une partie descriptive et humoristique, texte et illustration d'Henriot, avec planches en couleurs représentant des sites du réseau du Midi, et une partie consacrée aux renseignements généraux sur les tarifs voyageurs.

Ce livret-agenda est en vente au prix de 6 francs franco 7 fr. 45) :

A la Compagnie du Midi, Service de Tourisme et de Publicité, 54, boulevard Haussmann, Paris (9);

A l'Agence de la Compagnie du Midi, 16, boulevard des Capucines, Paris (9°).

Restaurant NOEL PETER'S Ristorante Savoia » 24, passage des Princes, (5 bis, Bd des Italiens), T. Gut. 18-15, Louvre 65-78.

La bonne cuisine française. La véritable cuisine italienne. La renommée de ses caves.

Grands et petits salons pour réunions et repas. Prix modérés.

Actualites et prévisions

Les systèmes qui se suivent dans le temps s'opposent sou vent entre eux. Actions et réactions, flux et reflux en philo sophie, en politique, en sociologie. Mêmes alternatives au cha pitre de la mode. Qu'on feuillette, pour s'en convaincre, les journaux de modes, les planches de costume, les albums illus trés, les recueils d'estampes, toutes annales de coquetterie inf niment séduisantes et suggestives et que négligeant les détails, les modalités du mois ou de la saison, ou s'applique à suivre les grandes lignes, les courbes résolues, le jeu des contrastes est frappant au cours des âges de la mode.

Les Merveilleuses, aux nudités hardies, se rallient, avant d'être vieilles, aux pruderies hermétiques de la Restauration Après les coëffures à la Titus, à la Victime, à la Garacallanuques tondues et cheveux courts s'élèvent, orgueilleux, les chignons à la Girafe, avec leurs coques en hauteur, piquées de flèches, nouées de rubans, fleuries de roses et jacinthes, que le célèbre coiffeur Hippolyte imagine pour les grandes bour geoises du règne de Louis Philippe.

Après la crinoline, gonflée par le Second Empire, et qui s'affaisse aux jours du déclin, le fuseau de la Patti, et ces longues traînes, entravant la démarche, et balayant les trot

toirs...

Il faut noter que ces variantes brusquées, ces perpétuels démentis esthétiques s'enregistrent surtout dans le costume fémi nin. Les femmes ne se plaisent guère dans le parti central et les manifestations extrémistes les séduisent toujours, qui s'agisse des doctrines de l'Action Française ou de Moscon de la sonnette ou du parapluie, dont parle l'Ami des Femmes

Depuis la Révolution où les hommes ont revêtu « le som bre costume du Tiers », ils ne tendent qu'à le simplifier, à l'unifier, à le démocratiser encore. De jour, le veston sup plante redingotes et jaquettes; et le smoking, veston de soir a presque toujours raison de l'habit. Le veston est ro veston aux poches latérales, par quoi, s'il faut en croire Ba delaire, le sans-gêne fit son entrée dans le monde. Le veston et le linge souple. A force d'être commode et pratique, e telle tenue risque de devenir négligée. Négligée et monotone M. de Waleffe s'en émeut et apôtre d'un dandysme no veau il prêche, avec quelques tailleurs, la croisade de culotte. On n'en rencontre pas un pantalon de moins dan Paris et les Knicker-bockers demeurent l'apanage exclus du golf et des cars Cook !

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Mais, chez les femmes, les choses vont bien différemment des tendances nouvelles se dessinent, en opposition avec passé d'hier. Depuis l'armistice, leur costume était, pour dire stabilisé, cristallisé en une formule schématique. Non p une formule figée sans doute (puisqu'elle s'adresse à des êtr vivants), mais une formule qui simplifiée, dès le début, é luait toujours vers une plus grande sécheresse, vers une net dépouillée. De plus en plus stricte la ligne, de plus en pl brève la jupe, de plus en plus précis le buste. La fem l'air d'une épure, sous son feutre d'homme moulé au cras sans le moindre ornement. Vive « le sport !> On entend

là un genre de costume, assez difficile à définir, caractérisé par le linge souple et le feutre mou dans le costume masculin et, chez la femme, par une aisance parfaite de l'allure, par l'accord subtil des vêtements et de la silhouette, grâce à quoi la robe semble faite selon le corps et son rythme, au contraire de ce qui se passait dans d'autres siècles jusqu'en 1914 ! au temps du corset obligatoire, des robes à traîne et des jupes entravées. « Le sport » a porté un coup fatal à la toilette habillée qu'on stigmatise jusqu'en notre plus lointaine province de l'épithète d'endimanchée.

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Mais le golf et l'auto, et les randonnées du week-end, et cette bougeotte, des aïeules inconnues, toute la vie moderne, en un mot, est en train de prendre de l'âge. Elle est moderne, c'est-à-dire contemporaine, mais non plus nouvelle, et par là surprenante. Nul, d'entre nous, en 1927, ne s'en émerveille plus. A peine si la maturité se souvient d'une existence plus sédentaire; quant à la jeunesse de vingt ans, elle n'imagine même pas une planète où les jeunes filles ne travailleraient pas comme leurs frères et ne conduiraient pas leur auto, et ne se feraient pas couper les cheveux...

Avec l'accoutumance, l'ardeur ne va-t-elle pas s'éteindre j'allais écrire le snobisme des néophytes qui se reflète toujours sur leur costume ? Aux premiers jours de la République, les femmes arboraient les trois couleurs à la collinette ou au fichu ; Sous Louis XVIII, elles s'habillaient de blanc comme d'un drapeau et mélaient des lys à leur coiffure. Le symbolisme est éphémère. Il dure juste le temps de s'accoutumer au nouveau régime, ou bien aux conditions nouvelles de l'existence. Considérez les métamorphoses de l'attirail des automobilistes en ce dernier quart de siècle. Surannés, ridicules, les waterproofs aux poches multiples et les voiles verts des premières chauffeuses, plus prétentieusement équipées pour monter dans leur << électrique » qu'hier Lindbergh, pour survoler l'Atlantique. Peutêtre un avenir prochain se moquera de nos jeunes femmes qui ne sauraient guider leur voiture qu'en sacrifiant leur chignon et écourtant leur jupe. Le chic évolue... Depuis quelques mois, on voit des rubans de pierreries briller au poignet qui tient le olant; et le visage répudie les chapeaux profonds; les yeux cherchent à se faire voir. Ne croyez pas que sonne le retour des aigrettes et des fanfreluches. Le décor de la vie est trop dépouillé pour encadrer des vêtements compliqués, aux surcharges inutiles. Pourtant l'on perçoit en cette fin de 1927, aube d'élégances nouvelles. La femme ne lutte plus contre on instinct, instinct qui recherche tous les moyens de s'embelir, qui se plaît à varier les effets, instinct qui vise à l'oriinalité. Le vent d'automne souffle à l'encontre de l'uniformité. Telle Odette de Crécy- la grande coquette de Proust hacune vise à l'originalité vestimentaire << qui donne aux ises les plus différentes un air artiste, grâce à quoi elle est ntourée de sa toilette comme de l'appareil délicat et spirituasé d'une civilisation. » Telle est la grande nouvelle. Telles ont nos prévisions pour l'année 1928. Une autre ère de mode a s'ouvrir, que les historiens du costume de l'avenir opposeont sans doute au bloc impassible de ces dix dernières nées.

La forme est plus variée, plus recherchée, presque étoffée ar instants, L'invention, la richesse retrouvent les droits. La ode nouvelle est moins absolue, moins intolérante, plus clectique et nuancée. « Le sport » n'a pas disparu. Il peue un vaste domaine. Non pas, certes, un domaine circonsit à Saint-Germain ou La Boulie. Domaine qui englobe encore ut Paris, mais jusqu'à l'heure du déjeuner. Jamais on ne vit areille débauche des sweaters et de djersakasha. Jamais la

gamme du beige, du grège et du noisette, qui chante si bien dans le plein air, avec la chute des feuilles, ne fut plus riche. Mais ledit sport est jugulé. Il ne s'entête pas après déjeuner à la manière des enfants mal élevés qui s'attardent à l'heure du café. Il disparaît l'après-midi et, si sobre soit-elle, l'élégance semble alors caractérisée par une ligne moins sèche (la robe-étui et le manteau fourreau ne sont plus de mise pour le thé), par la richesse des satins, des velours et des lainages lamés d'or, Givror et Kashador, par l'abondance et l'ampleur des ornements de fourrure. Les manteaux esquissent un mouvement coup-de-vent, qui ne trahit pas la ligne droite, mais donne, grâce à l'audace de leur coupe, plus d'aisance et d'allure à la démarche. Des renards tout entiers, renards gris ou roux, noirs ou beiges, s'enroulent tête en avant, au bord des manteaux, et ces débauches de fourrure marquent nettement une tendance au luxe, comme jadis, la fureur des witzchouras, et des coqueluchons fourrés.

Les drapés savants des robes évoqueraient l'avant-guerre, si ce n'était l'écourtement de la jupe. Quant aux toileties du soir, lasses de faire figure de pauvresses étriquées, elles s'allongent derrière, au milieu, et leur jupe dessine comme une queue de paon, ce qui n'empêche pas les jambes, par devant, de se montrer jusqu'aux genoux. Du moins, ne sont-elles plus visibles sous n'importe quel angle. Elles se dérobent par ins tants, et jouent à cache-cache. Réminiscence du passé et des aguicheries de la cheville que découvrait, de loin en loin, le mouvement d'une balayeuse froufroutante.

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Quant aux chapeaux, ils sont entraînés dans le grand courant de l'individualisme renaissant. Leurs bords se déchiquetent ou bien délibérément supprimés découvrent un sourcil pour cacher l'autre, emprisonnant les tempes pour découper, au milieu du front, un triangle éclatant comme le turban des rajahs, ou bien enfin doublant les sourcils pour dessiner un V sur le nez, à la manière de la coiffure d'Isis.

Et tout ceci, qui nous eût surpris, déconcertés il y a un an, s'inscrit tout naturellement dans notre vision de 1927. Il n'y aura pas, en 28, que des doctrines politiques qui s'affronteront. Nous assisterons encore au choc de deux tendances esthétiques, celle d'hier née de la guerre et celle d'aujourd'hui, qui renoue avec le passé tout en composant avec l'actuelle modernité.

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