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quences inéluctables de freiner la baisse des prix à l'inté rieur, en incorporant au « revient » des produits, une énorme masse d'impôts.

Chargé d'arbitrer les intérêts en apparence opposés du crédit-rentier et du producteur, M. R. Poincaré peut assurément se flatter de n'avoir rien négligé pour que le sacrifice du crédit-rentier ne fût pas trop lourd et il peut le convaincre du danger qu'il courrait à vouloir l'alléger davantage.

M. C.

O'Higgins.

Le vice-roi d'Irlande, M. O'Higgins, qui est mort assassiné il y a quelques jours, est peut-être la victime de son caractère inflexible aussi bien que de ses réparties à l'emporte-pièce. Celles-ci sont célèbres : on cite notamment sa réponse lors d'une réunion électorale toute récente.

Une femme l'interrompit brusquement au milieu d'un discours, en lui criant:

Qu'avez-vous à nous dire des 75 personnes que vous avez fait exécuter?

- Pardon, Madame, 79 rétorqua O'Higgins, qui ajouta aussitôt qu'il en aurait fait périr bien davantage s'il l'avait jugé utile au bonheur de l'Irlande

Foi et Hommage.

Le roi d'Angleterre se rendant il y a quelques jours à Holzrood, y reçut en hommage de l'actuel propriétaire, le brigadier général Howison, un bol et une aiguière. C'est la redevance à laquelle est tenu le maître de ce domaine à l'égard du souverain, aux termes de la donation qui en fut faite à John Howison, par James V.

Ce n'est, d'ailleurs, pas une exception. Les propriétaires de Braehead doivent au monarque un plat d'argent chaque fois qu'on le leur demande.

Le duc d'Atholl est tenu d'offrir au roi une robe blanche en certains cas. Le châtelain de Chilton doit présenter une robe rouge au roi, quand celui-ci traverse cette localité.

A Peniwik, le clergé est astreint à une formalité encore plus facile à remplir. Chaque fois que le roi franchit les limites de cette ville, un clerc se rend à un carrefour déterminé, et là, par trois fois, il souffle dans un cor..., et

c'est tout.

Et pour tout cela, il n'y a point de moratorium.

Pour maigrir.

A ceux qui se plaignent d'être trop gros on recommande souvent de danser; c'est, en effet, un moyen excellent et agréable de perdre du poids.

Voilà pourquoi, sans doute, de graves professeurs de l'Université d'Helsingfors ont eu la curiosité de recher

cher quels sont à cet égard les mérites respectifs diverses danses.

Ils ont établi de cette manière que la mazurka perdre 10,87 calories par heure et par kilogramme, polka, 7,56, le fox-trot 4,78 seulement. Quant à la val elle n'use que 3,99 calories. Il est regrettable que savants ne nous renseignent que sur les vertus hygien ques de danses périmées et ne nous disent rien des seul qui se pratiquent aujourd'hui et notamment le charlesto

Militarisme féminin.

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De retour à New-York, et suivant les conseils de amis, il confie sa toile à un restaurateur de tableaux, l'informe peu de temps après que, sous le vernis appar une autre peinture et qui demande des instructions. << Continuez », répond le collectionneur, qui alors à Washington. Et quand il est de retour à N York, il s'empresse d'aller voir son tableau. Le resta teur a achevé son travail, le vernis a été enlevé e peinture primitive apparaît au plein jour : c'est un gnifique portrait en pied de Garibaldi...

Les belles enseignes.

Sur la porte du boucher de Claret (Hérault), on tro ce délicieux écriteau :

Au tombeau des jaloux Maison Avinens-Galand.

Le tombeau des jaloux dans une boucherie... C'est encourageant !!!

du parti de l'ordre. Beaucoup de manifestants, venus là surtout en curieux, sont rentrés chez eux. Les leaders officiels du parti socialiste et les secrétaires des syndicats s'emploient de leur mieux à calmer les esprits. Le gouvernement fait occuper les points stratégiques.

Quand la nuit tombe, il est évident que la journée est manquée pour les révolutionnaires et que force va rester à la loi.

En dépit de coups de feu isolés tirés çà et là, le samedi

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AFFAIRES EXTERIEURES et le dimanche furent surtout des jours de palabres : pala

Les événements d'Autriche

Le vendredi 15 juillet à Vienne : la ville s'éveille dans la brume tiède d'une orageuse matinée; rien d'anormal ne semble se passer dans la grande capitale sur laquelle flotte seulement, comme chaque jour depuis la guerre, cette indéfinissable tristesse faite de la nostalgie des splendeurs disparues et de l'appréhension d'un avenir incertain.

Les journaux annoncent que la veille au soir, le tribunal a acquitté trois anciens combattants accusés d'avoir, au cours d'une échauffourée survenue en janvier dernier, tué un militant socialiste et un enfant.

Cette nouvelle est commentée dans les quartiers populaires avec la plus extrême indignation. Des groupes se forment qui deviennent bientôt des colonnes. Obéissant à de mystérieux mots d'ordre, les ouvriers s'arrêtent sur le chemin de leur tâche. Les employés des transports en commun, déjà à leur poste, le désertent.

En même temps, une foule menaçante se dirige vers le Parlement d'où elle est refoulée, puis vers le Palais de justice où siégeait la veille le tribunal qui a prononcé l'acquittement incriminé. Là, excitée par des agitateurs venus on ne sait trop d'où, elle force tous les cordons, toutes les barrières que tente de lui opposer la police. Des coups de feu, isolés d'abord, puis plus nourris éclatent. Dans les rangs des émeutiers et dans ceux des défenseurs de l'ordre, des hommes tombent. Soudain, dans la lumière matinale, une immense flamme jaillit : c'est le Palais de justice qui flambe. Autour du brasier, la foule hurle et s'exaspère, empêchant les pompiers d'éteindre l'incendie.

Pendant toute l'après-midi l'émeute bat le centre de la ville. Touché par un ordre de grève générale, les cheminots, les postiers, les télégraphistes ont cessé le travail ; Vienne se trouve isolé du monde extérieur; des troupes régulières, envoyées pour prêter main forte à la police, font en partie défection: sous l'action d'agitateurs professionnels le mouvement semble prendre un caractère nettement bolcheviste; les chefs socialistes, sentant leurs troupes leur échapper, essayent d'endiguer le flot populaire, d'empêcher la protestation de se transformer en révolution; ils se font coaspuer. Les ministres réunis autour du chancelier Seipel se demandent si la partie n'est pas définitivement perdue.

Le soir, on fait un premier bilan : le Palais de justice brile toujours; la police compte cinq tués et environ deux cents blessés ; quant aux émeutiers, cinquante au moins d'entre eux sont morts et près de cinq cents sont atteints de blessures plus ou moins graves.

Déjà, d'ailleurs, la victoire semble se dessiner en faveur

bres parmi les émeutiers, fatigués et inquiets et qui abandonnent peu à peu les positions conquises; palabres au sein du gouvernement où l'on cherche à renouer les relations interrompues avec la province; palabres entre le chancelier Seipel et les chefs socialistes: ceux-ci, désireux de restaurer leur prestige compromis, s'efforcent de profiter de la situation pour se glisser au pouvoir et arracher des concessions à l'énergique prélat qui préside le ministère autrichien. Mais Mgr Seipel ne cède pas : il refuse de révoquer le préfet de police, il refuse de remanier son Cabinet pour y introduire des socialistes, il refuse de convoquer immédiatement le Parlement. Simplement il accepte que le Republikanischer Schutzbund, milice irrégulière de la municipalité socialiste de Vienne, collabore avec la police d'Etat au rétablissement de la paix publique c'est la compromettre aux yeux des extrémistes.

Lundi, l'ordre de grève générale est rapporté ; les ouvriers commencent à reprendre leur travail; mardi la tranquillité est complète.

L'alerte fut chaude. Elle comporte divers enseignements. D'abord une démonstration nouvelle du danger des gouvernements à la Kérensky.

Si le Parlement autrichien présente une petite majorité << bourgeoise », la municipalité de Vienne, elle, est entièrement aux mains des socialistes. Comme Vienne, avec ses deux millions d'habitants, représente un tiers de la population totale de la République, sa municipalité constitue un véritable Etat dans l'Etat.

Et c'est un Etat singulièrement actif, en opposition ouverte avec le gouvernement officiel, subventionnant dans toute l'Autriche la propagande socialiste et faisant peser sur la capitale même un régime singulièrement lourd.

Sans doute, les violences du bolchevisme moscovite sontelles répudiées; mais la classe ouvrière jouit à Vienne d'un privilège de fait; les immeubles sont pratiquement expropriés au profit de la municipalité; une fiscalité écrasante interdit tout luxe et paralyse le commerce et l'industrie. Bref, un collectivisme larvé.

Les chefs du socialisme viennois et, notamment, le bourgmestre Seitz se sont toujours déclarés adversaires du communisme : mais quand Demos est déchaîné il n'est pas facile de le retenir. M. Seitz et ses collègues l'ont bien vu vendredi quand ils ont manqué être écharpés par la foule qu'ils essayaient de contenir. Ils ont eu, ce jour-là, grand'peur. Les voici maintenant qui se tournent vers le gouverne

ment fédéral et essayent de reconquérir un peu de leur influence. Mais ce sont déjà des feuilles mortes destinées à être balayées par le vent de la révolution ou par celui de la réaction.

Malheureusement, le malaise autrichien ne tient pas seulement à des raisons de politique intérieure: il trouve sa cause profonde dans la structure même de la République d'Autriche, ce corps hydrocéphale, cette capitale sans province, ce grand marché sans achalandage.

L'Etat autrichien est, il faut bien le reconnaître, une création semi-artificielle. Non pas qu'il soit absolument inviable; dans une Europe cohérente, organisée et libre, échangiste, il s'insérerait au contraire avec beaucoup d'utilité; mais, pour subsister, il aurait besoin d'un régime d'interdépendance économique bien éloigné de celui sous lequel vit présentement l'Europe.

La Société des Nations s'est un moment énergiquement employée à apporter à l'Autriche un secours financier ; mais les prêts de la Société des Nations ont soutenu l'Autriche comme le ballon d'oxygène soutient le malade, sans guérir les organes atteints.

Ce qui serait indispensable au maintien d'une Autriche indépendante ce serait une entente économique étroite avec ses voisins.

Or, lesdits voisins la Tchécoslovaquie exceptée - se retranchent dans un protectionnisme farouche et l'union économique danubienne dont on parle beaucoup ne fait, en réalité, aucun progrès.

Alors ?

Alors reste l'Anschluss, le rattachement au Reich allemand, auquel beaucoup d'Autrichiens aspirent sans savoir exactement ce qu'il pourrait leur apporter, mais estimant que tout changement serait préférable à la situation actuelle.

Jusqu'à ces derniers temps l'Anschluss avait pour partisans, en dehors de quelques pangermanistes, surtout les socialistes autrichiens. Les classes « bourgeoises »>, au contraire, soit par tradition politique ou religieuse, soit par intérêt, demeuraient fidèles à l'indépendance.

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Aujourd'hui on assiste à un revirement la présence persistante à Berlin d'un gouvernement conservateur fait craindre aux socialistes, si gâtés à Vienne, les conséquences du rattachement. Les « bourgeois », au contraire, écrasés d'impôts spoliateurs et effrayés par l'émeute latente, se tournent avec espoir du côté du gendarme prussien.

A ce point de vue, une journée comme celle du 15 juillet a fait beaucoup, en Autriche, en faveur de l'Anschluss. On s'en aperçoit au ton satisfait avec lequel la presse pangermaniste allemande enregistre les récents événements de Vienne.

Pour éviter l'Anschluss, il ne suffit pas de dire qu'on n'en veut pas.

La France, qui a activement collaboré à l'effort financier fait par la Société des Nations en aide à la République autrichienne, ne peut pas grand'chose de plus. Mais l'Italie,

dont le gouvernement se déclare avec raison irrévocablement opposé à l'Anschluss, pourrait beaucoup, sur le terrain commercial, en faveur du maintien de l'indépendance autrichienne.

Pendant la journée du 15 juillet, des bruits ont couru d'intervention armée de l'Italie en Autriche. Ils ont été le lendemain démenti par l'agence Stéffani. Peut-être, cependant, n'ont-ils pas été, un instant, dénué de fondement. M. Mussolini est, cependant, assez averti des réalités économiques pour savoir que ce n'est pas avec des canons, mais avec des tarifs douaniers préférentiels qu'on empêchera l'Autriche de se jeter dans les bras de l'Allemagne.

Malheureusement, dans le parti fasciste, il ne manque pas de rêveurs pour s'imaginer que la destruction du statu quo en Europe centrale pourrait profiter, en lui procurant de nouvelles acquisitions territoriales, au royaume italien.

Et ce sentiment est beaucoup plus répandu encore en Hongrie. Pour beaucoup de Hongrois, le rattachement de l'Autriche à l'Allemagne marquerait l'abolition définitive des traités de Saint-Germain et de Trianon et serait le prodrome de la reconstitution, dans son intégralité, de l'ancienne monarchie de Saint-Etienne.

Chimères, mais chimères dangereuses et qui, en se combinant avec les chimères communistes risquent de produire un mélange singulièrement détonnant.

« L'étincelle de révolte qui vient de jaillir à Vienne s'étendra bientôt à tout le vieux continent » s'est écrié mardi à Moscou le commissaire du peuple Boukharine.

Il appartient aux puissances qui ont intérêt au maintien de l'ordre européen actuel, France, Grande-Bretagne, nations de la Petite Entente, Italie elle-même, de faire mentir la prophétie du chef bolcheviste en aidant l'Autriche à acquérir les moyens de vivre prospère et indépendante.

Et il appartient aux Autrichiens de s'aider eux-mêmes et de ne s'abandonner aux conseils ni de violence, ni de lâcheté.

L'une et l'autre sont également destructives. Ce n'est pas seulement l'Autriche, c'est l'Europe entière qui, si les gouvernement et les peuples ne réagissent pas, risquent d'en faire bientôt la sombre expérience.

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AFFAIRES INTERIEURES

Les forces politiques de la France.

L'Indre-et-Loire (Suite)

L'Indre-et-Loire, avec des mouvements d'indépendance et de fronde, était donc, en somme, un département modéré. La ville de Tours, sortie de ses épreuves, relevée tant bien que mal des conséquences de la Révocation de l'Edit de Nantes, témoin attristée et grave des désastres de 1870, et capitale de la Défense nationale demeurait une ville conservatrice, avec une minorité radicale issue d'un patriotisme révolté. La majorité bourgeoise de la ville indépendamment d'un noyau clérical et d'un noyau légitimiste constituant une société assez fermée avait été orléaniste, bonapartiste et ralliée, avec une tendance de droite, à la république conservatrice et libérale de M. Thiers. C'est peu à peu que les éléments avancés deviennent la majorité. Eléments avancés contenus cependant dans un cadre traditionnel et national, et dont la première explosion fut une explosion boulangiste. Car il faut tenir compte aussi, en même temps que du bon sens et de la raison, toujours souveraine en Touraine, du caractère volontiers frondeur et vif de la province. Aussi bien, le radicalisme à peine maître de Tours, n'allait-il pas tarder à être dépassé, et de beaucoup, par le socialisme naissant. La population grandissante des faubourgs, les cheminots, la petite bourgeoisie désillusionnée du radicalisme, constituaient de solides éléments d'un socialisme très actif, qui ne Cesse de grandir et qui finit en 1925 par arracher la municipalité de Tours à ses alliés du Cartel. En même temps, une partie des troupes boulangistes, très nationales, ne servait pas le radicalisme dans son évolution vers le Cartel, et grossissait les éléments modérés, renfort suprême qui rendit quelque vitalité aux forces décimées de l'aristocratie et de la bourgeoisie conservatrice. Tours présente, en effet, sous une apparence harmonieuse, des caractères très différents : il y a autour des rues animées, vivantes et joyeuses, de nobles quartiers d'une élégance un peu sévère, un peu silencieuse et triste; il y a une vieille ville pittoresque aux rues tortueuses et aux maisons anciennes, pleine d'une population à la fois ardente et sceptique, et il y a enfin des faubourgs qui grandissent. En 1919, il y avait dans la ville 7.500 socialistes contre 3.610 radicaux et 4.340 libéraux les radicaux parvinrent cependant à garder la municipalité, mais en 1925, réduits à un effectif minime, il leur fallut abandonner la lutte. En 1924, les socialistes les rouges, les frondeurs, les avancés, étaient menacés cruellement sur la gauche par 3.190 communistes, et les modérés étaient devenus 4.500. En 1925, les modérés furent toujours 4.500, les radicaux laïques 4.000, les socialistes, ayant repris, par la lutte de classe et leur évasion du Cartel, quelque prestige aux yeux du prolétariat, furent 6.000 contre 2.000 communistes. Au ballottage, les socialistes triomphants voulurent bien accueillir 15 radicaux sur une liste de 36, et battirent ainsi les modérés, à 4.000 voix de majorité. Ainsi, la propagande radicale, laïque et cartelliste, dans cette jolie ville

élégante et libérale, avait réussi, en dernière analyse, par consacrer le départ de la bourgeoisie radicale, et par livrer Tours aux révolutionnaires, à leur tour menacés par les communistes. La Touraine est le pays de la mesure et de la souriante raison, mais aussi de la logique je n'ai pas rappelé encore qu'elle est le pays de Descartes. Mais oui, à l'entrée du pont de la Loire, devant les deux nobles monuments un peu décrépits qui furent naguère l'Hôtel de Ville et le palais, se dressent, dans la verdure d'un square, comme des armes parlantes de la Touraine, la statue de Descartes et celle de Rabelais. La sagesse tourangelle aime les leçons à demi mot : j'ai peur que certains politiciens n'aient pas suffisamment compris celles-ci. Au demeurant, Tours a subi la loi inéluctable des cités des afflux d'éléments nouveaux ont violemment remué l'élément stable de sa population et les leçons de la raison risquent d'être moins bien entendues.

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Quant au département, il est évidemment plus complexe. Longtemps, il est demeuré conservateur, mais, peu à peu, les forces de droite s'affaiblirent. La tradition aimable du pays n'empêchait point que la population ne fût frondeuse, et volontiers démocratique. Pour tout dire, elle n'aimait guère le château, et l'influence des grandes familles territoriales ne se maintenait pas sans lutte. La question religieuse était aussi, à la campagne, moins simple que dans les villes. La Touraine cultivée avait été accoutumée de bonne heure à la liberté de pensée, mais, aux champs, cette lutte revêtait un autre caractère. Elle se traduisait par une émancipation plus facile lors des poussées démocratiques. Cependant, l'Indre-et-Loire ne fut pas un département particulièrement irréligieux, et ce n'est qu'après le 16 mai qu'une démocratie radicale, volontiers anticléricale. s'affirma dans les cantons ruraux, sous la conduite et la direction, d'ailleurs, de la petite bourgeoisie voisine. Le plus illustre représentant du radicalisme tourangeau fut, d'une façon assez inattendue, Wilson. Je ne sais pas quelle put être, dans sa popularité et son influence, la part de la corruption électorale: la seigneurie démocratique du maître de Loches dont la sœur était châtelaine de Chenonceaux ne déplaisait pas à la population, et il n'avait pas fallu grand effort pour l'asseoir solidement. Encore que, d'ailleurs, elle fût un peu distante, et point joyeusement vigneronne, Wilson était tout près de son cœur. Il vengeait la population égalitaire et frondeuse de tant de dominations aristo cratiques, héréditaires et insupportables, décriées, persiflées, combattues, et même quelque peu détestées, du côté le plus rouge de l'Indre-et-Loire. Mais, en 1889, l'Indre-et-Loire fut boulangiste. Boulangiste avec passion. Tours avait été la capitale attristée de la défaite. Elle fut la capitale de toutes les espérances démocratiques et nationales écloses à l'aurore du boulangisme. C'est là que Naquet prépara, et fit célébrer la fameuse réconciliation du révisionnisme radical avec l'Eglise traditionnelle, et, tranchons le mot, la droite. Tours élut trois boulangistes sur cinq bientôt quatre. Les mouvements de passion, dans ce pays de raison et de mesure, sont de courte durée. Sauf la circonscription de Tours, longtemps conservée à l'opportunisme libéral, l'Indre-et-Loire redevint radical. Il ne l'est plus. Ce département frontière aime à secouer ses idoles et à affirmer son caprice. Il ne va jamais jusqu'à perdre de vue ses intérêts, et tout, chez lui, est affaire de mesure. Mais enfin, les radicaux, maîtres de la situation, ne furent jamais très solides. D'abord, la droite, regroupée, transformée en formation modérée, grossie de tous les mécontents, de tous les indépendants et de tous les inquiets, ne perdit jamais beaucoup de terrain depuis 1893 en 1919, les modérés furent aussi nombreux que les radicaux, plus nombreux même, à aller au fond des choses et en tenant compte des situations acquises: en 1924, malgré la poussée cartelliste,, ils avaient plutôt gagné des voix. Mais le socialisme grandit, et

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menace les radicaux. Le péril, pour les derniers radicaux, forte-
ment menacés, surtout à Loches et à Chinon par une forte oppo-
sition libérale et nationale, est d'être débordés. Déjà, le Cartel
est malaisé puisque les socialistes disputent aux radicaux les
grandes municipalités. Qu'adviendrait-il si les socialistes étaient
dans l'alternative, ou de réclamer la majorité des sièges du
Cartel, ou d'abandonner leur suprématie. Dans le premier cas,
ils faciliteraient grandement la propagande communiste; dans le
second cas, ils se heurteraient aux radicaux qui, ou capituleraient

pour disparaître, et perdraient alors une partie importante de AFFAIRES
leurs troupes, ou demeureraient le Cartel. L'expérience démontre
que la partie la plus mouvante, la plus combative, la plus ner-
veuse des militants de gauche dans l'Indre-et-Loire, résiste mal

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ECONOMIQUES

aux désillusions. Les espoirs du Cartel, éclos en 1924 et pas L'expérience financière de M. Poincar

encore évanouis en 1925, avaient fait tomber, à Tours même, les radicaux de 3.500 à 2.000 voix. Qu'en advient-il maintenant ?

La résistance modérée est forte, je l'ai dit, surtout à Loches et à Chinon, qui fut le coin le plus modéré du département. Des situations cantonales expliquent certaines sautes de l'opinion. Loches paraît la citadelle la mieux défendue actuellement par les modérés. D'abord, je l'ai dit, la tradition est plus stable : encadrée par la Vienne, d'une part, et le canton du Blanc où survit une vieille force conservatrice, l'arrondissement de Loches échappe un peu à la poussée rouge et à la verve frondeuse de la Touraine de 1919 à 1925, les modérés étaient en gain dans, tous les cantons, passés à Loches même de 840 à 1.200 voix, et, dans l'arrondissement, de 3.630 à 4.500 voix. Vouvray et Montbazon offrent aussi des points d'appui solides. Mais le principal service que l'opposition modérée ait rendu, en s'organisant, à la province, c'est d'avoir renoué une vieille tradition libérale et tolérante que l'âpreté des luttes de clochers semblait avoir un moment irrémédiablement compromise.

TRYGÉE.

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Il y a aujourd'hui exactement un an que M. Poincar formait son Ministère d'Union Nationale et commençait c que certains appellent, non sans une nuance de scept cisme, voire de complète incrédulité, - < son expérienc financière ». Si éclatants qu'apparaissent les résultats ob tenus depuis cette journée du 23 juillet 1926 où les caisse du Trésor étaient vides, où la livre dépassait 200 francs, se trouve en effet des critiques pour douter de leur solidit pour contester même leur réalité. Un volume paru récen ment sous la signature de M. Marcel Chaminade (1 proclame d'ores et déjà l'échec de l'« expérience < Conduite comme elle le fut, elle a produit tout ce qu'el pouvait produire un replâtrage sans consistance, un ser blant d'équilibre. Politiquement sans soutien et monétair ment sans assise, elle évoque l'image d'une pyramide dress sur sa pointe. Il ne reste plus qu'à attendre son renverseme et à calculer son point de chute. » Telle est la thèse do le livre tente d'apporter la démonstration, par une an lyse subtile de toutes les mesures prises, de tous les phén mènes survenus depuis un an. On peut heureusement es mer que, malgré son talent, M. Chaminade n'a pas réu dans sa paradoxale entreprise. Pour le prouver complèt ment, il faudrait écrire un volume, ou tout au moins u longue étude qui dépasserait singulièrement le cadre de c chroniques: nous nous bornerons ici, laissant volontaireme de côté l'aspect politique de l'ouvrage, à passer en rev quelques-unes des critiques d'ordre technique qu'il contie ainsi que les réserves qu'il appelle

M. Chaminade s'attaque d'abord à l'œuvre de M. Po caré en matière de budget et d'amortissement. L'équilib du budget lui apparait précaire et l'amortissement illusoi L'excédent des rentrées sur les dépenses a été obtenu n par des économies salutaires, mais par une fiscalité dé rante le fardeau des impôts est trop lourd pour l'é nomie nationale, surtout depuis que le taux de 125 fra à la livre a été imprudemment substitué au taux de 150 la crise économique imminente, annoncée par l'affaissem du commerce extérieur, rend inévitables des moins-val qui rouvrirait l'ère des déficits, si l'augmentation inél table des dépe.. et notamment des arrérages de la de n'y suffisait pas. La Dette, en effet, n'a cessé de s' croître depuis qu'on a officiellement inauguré une politic d'amortissements massifs. Les emprunts de consolidati

(1) L'expérience financière de M. Poincaré (Emile-Paul, éditeux

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