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IDEES

« Le Scandale de Jésus »

Il y a diverses façons de s'intéresser à la pensée chrétienne dont la moins commune est d'y apporter quelque impartialité. A cet égard déjà, une constatation bien curieuse s'impose. Ce sont les esprits dits « libres» qui, lorsqu'ils traitent de l'« histoire » du christianisme étalent d'habitude un sectarisme à rebours allant jusqu'à la plus parfaite mauvaise foi et c'est chez les religieux qu'il eonvient très souvent, de chercher les saines méthodes de la critique ô ironies de la Vérité !

Ces réflexions me sont inspirées par un livre du R. P. Allo que son auteur n'a pas craint d'appeler le Scandale de Jésus. C'est le premier volume d'une collection: « La Vie chrétienne », que M. Maurice Brillant inaugure chez Grasset. Le nom de M. Maurice Brillant est une garantie à tous égards, j'entends du côté de l'art et de l'histoire. L'œuvre du R. P. Allo est d'une éclatante probité.

Evidemment, ce moine fait de l'apologétique et, avec raison, il ne prendrait pas la peine d'écrire pour autre chose. Il veut que le catholicisme soit cette même vérité, que l'opinion traditionnelle sur Jésus historique reste la bonne et que la science ne soit aucunement préjudiciable à la croyance. Mais il donne, de réalités sublimes, à la lettre, et de dogmes qui n'emportent pas l'assentiment et ne peuvent l'emporter, des raisons humaines d'une grande force et d'une singulière vivacité.

Il pose donc que le christianisme doit à un caractère transcendant et à une origine surnaturelle son originalité, son unité, sa valeur éthique, esthétique et religieuse. Certes, l'événement garde un aspect historique puisqu'il a dû prendre place dans le temps et parmi les hommes. L'histoire, cependant, ne saurait l'expliquer tout entier et les diverses combinaisons par quoi cette science s'efforce de tisser la trame des faits comme de saisir les raisons des êtres raisonnables cèdent bientôt, déconcertées pour laisser pressentir un mystère ineffable. Dieu a parlé, il a dû suffire aux créatures de s'ordonner selon ses lois.

C'est précisément ce que nient les historiens que la grâce n'a point conseillés. Ils n'entendent, eux, tolérer aucune loi d'exception à la judicature qu'ils s'attribuent; ils dressent systèmes sur systèmes afin d'établir qu'il n'y a nul besoin, pour situer le christianisme de s'évader du lieu et que l'ana

lyse y discerne des éléments assez nombreux, assez précis et assez rationnels pour le restituer au cadre des révolutions et des tribulations d'ici-bas.

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Mais aussi ces systèmes sont trop nombreux et on a tôt fait d'en percevoir la vanité en les opposant l'un à l'autre. Le R. P. Allo en fait l'histoire pendant qu'il en dresse brièvement le catalogue. Il voit les mêmes livres reparaître et s'imposer encore malgré leur vieillesse ; il laisse la «< critique » affirmer, se démentir, quitter ses positions, les reprendre et, enfin, pour d'autres fins, recommencer le travail de Pénélope. Où en est-on, aujourd'hui, et quelle est l'hypothèse à la mode ? Il s'agit d'expliquer << l'impulsion donnée par Jésus » et la formation du dogme christologique et sacramentel. On a recours, pour cette besogne, à des idées païennes « qu'on avoue ne pas avoir découvertes encore ; on les postule »; on prétend que l'opération aurait été exécutée par une communauté anonyme et introuvable, dans tous les sens du mot », au juste un groupe hellénistique ou hellenisant qui aurait arrangé les Evangiles au goût, successif, du jour et selon ses idées, ses usages ou ses superstitions ce qui expliquerait les lacunes du texte.

Le malheur c'est que nul document ne parle de cette société mystérieuse et que, d'ailleurs, les diverses solutions profanes apportées au problème passent avec la mode. Au contraire, conclut le Révérend Père « si nos apologistes n'ont pas, du premier coup, trouvé de réponses bien rigoureuse ni bien scientifique aux attaques... des premiers exégètes jusqu'à nous la thèse n'a jamais varié ; et toujours les faits et les aspects nouveaux découverts par le progrès de la psychologie et de l'histoire s'accordaient, après quelque trouble passager, avec nos croyances définies et les grandes lignes de la tradition... >>

Je n'entreprendrai pas de départager les combattants. Il faut, pour recevoir intégralement la thèse du R. P. Allo, admettre le surnaturel, c'est-à-dire croire. Mais il lui faut accorder que ses adversaires, pour s'abandonner aux seules forces humaines, ne se montrent ni moins abusifs, ni moins gratuits dans leurs conjectures. Et eux aussi partent volontiers de ce qu'il leur conviendrait de démontrer.

Je n'en veux pour preuve, dans une collection d'esprit différent, celle de M. Couchoud, aux éditions Rieder, que l'étonnant volume que vient d'y publier M. Albert Bayet sur les Morales de l'Evangile. M. Albert Bayet, professeur laïque de philosophie, et au demeuranr le plus estimable des hommes, entend étudier impartialement, lui aussi, les livres sacrés des chrétiens. Il n'y trouve pas plus en morale que dans le récit l'unité. Il y voit un Jésus charitable et pacifique et un Messie belliqueux, désaccord des familles et artisan du glaive. Il s'étonne. Il lui souvient, heureusement, que les Evangiles sont une mosaïque arrangée au gré des partis ou des sectes. Il reçoit comme indubitable l'existence

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ALLEZ AU
PAR LES LIGNES AÉRIENNES LATECOÈRE, 79, Avenue Marceau

MAROC, en ALGÉRIE et à DAKAR

PARIS

de communautés ou de communions pareilles au groupe << hellénistique ». Il ne prend pas garde que sa science, au moment où il parle est déjà dépassée ou périmée et que, peut-être, il suffirait de se rapporter aux circonstances, de pratiquer un semblant d'exégèse pour résoudre les contradictions dont il s'émeut. Il annonce qu'il va continuer de telles études et nul doute qu'il ne le fasse dans un même esprit. Nous le supplions de méditer le livre du P. Allo et d'y apprendre qu'on ne remplace point si aisément par la fantaisie historique des dogmes qui, du moins, ne se réclament que de l'autorité.

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Quel enseignement, pourtant, l'homme profane et de bon vouloir tirera-t-il de ces controverses? Il y découvrira, d'abord, que les questions agitées ne sont pas simples et qu'on n'y répond guère par des arrangements ou des dérangements de textes et l'assimilation de l'hypothèse à la loi. On ne peut rien opposer au croyant qui se réclame de lumières surnaturelles on doit inviter l'historien qui ne s'autorise que de raisons humaines à se rappeler que ces raisons, surtout quand elles se fondent sur l'érudition ne sauraient construire des monuments d'une inébranlable solidité.

Nous ne pourrions accorder au R. P. Allo que le christianisme est la Vérité que si nous y croyions comme lui. Mais la longue pratique d'un sujet qu'il traite, lui, de l'intérieur, nous a persuadé que le « fait chrétien » présente, en effet, dans son origine et dans son étonnante fortune une ampleur et des traits déconcertants où s'usent les finesses et les formules des systèmes. Tous les grands faits dits historiques n'en sont-ils, d'ailleurs, pas là, et ne doit-on pas sourire du zèle des bibliothécaires qui, au moyen de « documents > prétendent expliquer le destin des peuples? Une force inconnue mène le monde vers un sort ignoré et devant les efforts que fait ce monde pour deviner où il va, il faut bien accorder aux catholiques, même si on ne les suit point, que nulle trouvaille n'a dépassé encore la majesté de leur interprétation.

GONZAGUE TRUC.

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VOYAGES

Une bataille navale sur la mer chinoise

Nous étions au troisième jour de mer sur ce petit navire côtier qui fait le service de Tien-Tsin, port de Pékin, à Shanghai.

Navigation sans imprévu, longues journées coupées par les trop plantureux repas à l'anglaise où les fruits et le curry étaient seuls mangeables.

Dansant sur une mer grise, sous un ciel sale, nous approchions des bouches du Yan-Tzé, dont les eaux teignent la mer en vert jusqu'à plus de 200 milles au large.

Ecrasées sous leurs hautes mâtures, couchés sur un bord, les barques de pêches, par escadrilles, peuplaient la mer. A travers un écran de brume, des îles basses, des morceaux de côtes, apparaissaient, aussitôt englouties.

Assourdies, des détonations lointaines, qui nous arrivaient bordée par bordée, alertèrent le capitaine de notre bateau : un capitaine anglais classique, visage culotté et poil doré.

Tel un animal d'imagerie, il ne bougea plus de sa passerelle, l'œil collé à une antique longue-vue, mâchoire crispée, à la grande admiration de la douzaine de passagers de cabine.

Les Chinois du pont étaient nerveux et inquiets. Braves gens qui n'ont que peu de goût pour la guerre et s'ils aiment les détonations, ce sont celles des pétards des jours de fête.

Les Anglais eux, exultaient. Enfin, affirmaient-ils, la flotte se décidait à infliger aux rebelles la correction qu'ils n'ont pas cessé de mériter. Car, ils ne doutaient pas que ce ne fussent les canons de leur flotte H. M. S. dont on entendait la voix.

Un missionnaire américain, dont la femme avait été violée sur le Haut-Yantzé sans que son zèle apostolique en fût touché, maudissait l'impérialisme européen, rigide et sec dans sa redingote, et le menton haut sur son col boutonné à l'envers. Peu s'en fallut qu'un gros garçon rougeaud, manager d'une grosse firme du Nord, ne le boxât, après un échange de gracieusetés. Le capitaine, dérangé dans ses observations, après avoir craché, leur intima l'ordre de se taire.

Les détonations arrivaient plus nettes, et le capitaine, sans qu'il y parût trop, devenait perplexe. On le mesurait à un geste de sa main tiraillant les touffes de poils de son menton. Car on se rendait compte qu'il s'agissait, non pas d'un bombardement, mais d'un échange de coups. Et il suffisait d'un obus mal dirigé pour couler proprement cette vieille baille.

Après un colloque avec son second, qui pinçait le bout

d'un grand nez triste, et l'intervention doctorale du pasteur américain, il décida de stopper et d'attendre ce que dirait la T. S. F.

On apprit bientôt que les flottes chinoises livraient bataille à l'embouchure de la rivière de Changhaï. La bagarre durait depuis bientôt 48 heures et ne paraissait point près de finir, faute de résultats appréciables. Tout au plus, les deux adversaires s'étaient-ils mis tacitement d'accord pour envoyer par le fond une douzaine d'innocentes barques de pêche, qui passaient à proximité, et ce, par jeu et par bravade, chacun d'eux tenant à ce que l'autre fût fixé sur la capacité destructive de son artillerie.

La radio nommait les bâtiments en présence. Il y avait le Haïchi et le Haïchau, l'un appartenant au Nord, l'auau Sud. Mais l'on n'était nullement fixé sur le point de savoir lequel des deux était nationaliste parce que des marchés avaient été passés tout récemment entre amiraux sans qu'on en sût exactement les résultats. Autour des deux vaisseaux amiraux 3.000 tonnes et de l'artillerie de évoluait une flotille de raffiots à l'armoyen calibre mement incertain, allant de la mitrailleuse et de l'obusier de bronze au canon de 47 ou de 65.

-

Notre bateau stoppa donc en vue de la côte et déploya largement son pavillon.

Le combat se rapprochait. Il devait y avoir poursuite. Bientôt, sur l'horizon couleur de lait, un bateau de guerre profila une mince silhouette grise. Il fuyait vers le Nord et crachait le feu par une unique pièce placée en poupe.

On voyait les points de chute hautes colonnes d'eau. D'adversaire, point. Cela dura une dizaine de minutes. Puis, la mer fut éclaboussée plus près du navire. De la grisaille sortit un jumeau du fuyard. Ligne sombre au ras de l'eau le poursuivant. A la jumelle notre capitaine repéra son pavillon rouge timbré du soleil cantonnais. Il devait pousser ses feux et gagnait l'adversaire de vitesse, sans que d'ailleurs, son allure plus rapide que celle d'une bonne jonque à trois mâts par joli vent.

Dans le ciel, couleur de mer, un avion aux cocardes anglaises, marquait les points.

A la suite de l'impavide bateau amiral, faisant feu de toutes leurs pièces et aussi des fusils de la garde, des embarcations singulières, vagues canonnières, basses sur l'eau et hérissées de hautes cheminées postiches sortaient de la brume, acharnée à la poursuite et jouant à se dépasser sans

cesse.

Beau vacarme. Tintamare dans le goût chinois et tel que tous les équipages en prîssent de la face.

La nuit arrivait grand train, calmant l'ardeur des combattants. Le Nordiste, dont l'escorte s'était égaillée, aux premiers coups, disparaissait dans une ombre sans cesse

accrue.

Le feu ralentit, puis s'éteignit. Virant de bord, la flotte victorieuse se dirigea vers Wocsung, avant-port de Changhai. Non sans que le poursuivi, sûr de son affaire, ne se fût donné les gants de lui faire un bout de conduite, vomissant la flamme par son canon de proue, cette fois.

Comme cette sonnerie de « Cessez le feu » qui annonce la fin du danger sur les champs de tir, la T. S. F. nous avertit de la cessation du combat « jusqu'à nouvel ordre »

Dans l'immense estuaire, nous croisâmes immobiles, rangés en file, illuminés de la proue à la poupe, de la pointe du mât, à la coupée, la flotte du Sud, se reposant après sa victoire.

De cent mètres en cent mètres, pour faire du volume, il y avait des manières de canots à pétrole armés d'une mitrailleuse, des jonques de ravitaillement sur l'arrière desquels une sentinelle veillait devant des faisceaux de fusils, des torpilleurs longs de six mètres mais ornés de trois cheminées. En tête, enfin, le vaisseau-amiral, navire du plus haut bord, pavoisé et illuminé comme un hôtel, dardait sur le fleuve un projecteur inquisiteur.

Il nous accompagne longuement de son pinceau lumineux. La radio lançait des éclairs intermittents. L'amiral diffusait son bulletin de victoire.

Je pus le lire tout au long, le lendemain dans les feuilles. A vrai dire, il y avait deux bulletins et tous deux de victoire, l'un émanait du Nord, l'autre du Sud. En termes fleuris, les Sudistes annonçaient la fuite lâche des << chiens à la solde de l'étranger », pris de panique devant le courage et la science navale des marins révolutionnaires. Ces « vendus » avaient d'ailleurs perdu leurs plus beaux bateaux dont les équipages, ou ce qui en restait après le terrible bombardement, avaient été noyés sous les yeux des vainqueurs.

Mais l'amiral du Nord chantait sa gloire à lui seul : malgré la nuit, il avait donné la chasse à toute la flotte sudiste qui se repliait sur Woosung. Il avait lancé radio sur radio pour inviter ces couards au combat. Après les avoir maintes fois touché de ses obus, il les avait abandonné à leur honte sous le couvert des fonds de Woosung.

Nord et Sud s'unissaient toutefois pour affirmer que la bataille n'était pas finie et qu'elle reprendrait aux premières lueurs du jour jusqu'à la destruction totale de l'adversaire. Et peut-être le croyaient-ils en Chine la poésie est beaucoup plus guerrière que la flotte !

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GASTRONOMIE

Succulences de Vendée, Poitou,

sent la dominante culinaire qui est comme le trait-d'union entre les somptueuses douceurs angevines et tourangelles et les exubérances gasconnes et basques. Voici les grillons que la Saintonge revendique et qui, participant des rillons, des rillauds froids, et des rillettes, sont un régal dont on ne se lasse point même en été ; or, grillons ici, gratons ou rillons là, on les trouve du Val de Loire à l'estuaire de la Gironde. Bien en chair mais sans excès, le porc offre encore son sang, sa tête et ses intestins en une sorte de ragoût compact qui se fige en gelée odorante et que l'on déguste de Poitiers à Royan et d'Angoulème aux Sablesd'Olonne sous les noms de fressure, de gigorit ou de tan

Angoumois, Aunis et Saintonge touillée. Puis, sur les côtes, ce sont les mêmes coquilla

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Puisque voici l'exode vers les magnifiques plages des Sables-d'Olonne, de Chatelaillon, Fouras, Ronce-les-Bains, et des Iles Saint-Palais, Royan la Perle de l'Océan de Ré et d'Oléron, et que, pour y parvenir, le touriste doit traverser la Vendée, le Poitou ou l'Angoumois dont la cuisine ressemble tout-à-fait à celle de l'Aunis et de la Saintonge (les Charentes), résumons les possibilités gastronomiques de ces calmes et jolies provinces auxquelles le Prince des Gastronomes, Cur le bon Angevin, et son alter ego Marcel Rouff ont consacré deux charmants volumes de leur collection La France Gastronomique.

A vrai dire, cette région est, avec la Bretagne, la moins riche de France en recettes culinaires et presque la plus pauvre en crus de nos régions viticoles. Mais cette quasipauvreté ferait encore la richesse gourmande de bien des nations, des grands Etats-Unis d'Amérique par exemple. D'ailleurs ne compte-t-elle pas la reine incontestée des eauxde-vie l'élixir de santé, comme on disait jadis l'évêché d'Angoulême n'est-il pas appelé par les gens d'Eglise, grands connaisseurs, « l'évêché de Cognac, le plus bel évêché de France ? »

et

Avec des légumes peu variés mais de premier ordre et un excellent élevage, la Vendée et le Poitou sont bons pays. de pêche et, au moins autant que la Sologne, superbes territoires de chasse; or, comme la Vendée est fief d'église et Poitiers sanctuaire de Droit, magistrats, membres du clergé, pêcheurs et chasseurs rivalisent de zèle gourmand et assurent la pérennité des qualités gastronomiques de cette aimable région.

Ces qualités, on les retrouve en Angoumois à peu près partout et surtout de Ruffec à Barbezieux; en Aunis à La Rochelle et en Saintonge dans les parages de Saint-Jeand'Angély et de Rochefort, de Tonnay-Charente et de Saintes. Mais hélas ! on ne les aperçoit que peu dans ces belles stations balnéaires dont s'énorgueillit la Côte d'Argent, et cette éclipse gastronomique paraît due surout aux jolies baigneuses qui ne savent plus manger ni même laisser manger depuis que jazz, shimmies et charlestons sévissent sur nos plages et les effroyables cocktails aux terrasses des cafés.

Nous allons donc, pour les sages qui voyagent en auto, résumer les richesses de gueule de ces régions qui méritent d'être mieux connues des touristes épris de beaux paysages, de monuments intéressants et... de bonne chère.

Quelques mets, communs aux cinq provinces, établis- j

ges, crustacés et poissons que Vendéens et Saintongeais mangent semblablement et de l'Ile de Noirmoutier phare de Cordouan règne la chaudrée qui sert de liaison entre la fruste cotriade bretonne et la vigoureuse soupe aux poissons basque, laquelle si l'on regarde vers l'Orient, fait prévoir la fastueuse bouillabaise phocéenne. Pareillement côtière est la mouclade, la marinière des pêcheuses dont quelques-unes chantent encore le vieux branle saintongeais:

A la pêche des moules

Je n'veux plus aller, maman.
Les garçons de Marennes

I'm'prendrai'nt mon panier, maman!

A l'embouchure des rivières, ce sont ces infiniment petites anguilles qui, transparentes, grouillent sur les claies des vendeuses et qu'on appelle pibales. On les fait simplement frire; elles devraient constituer la plus fine garniture des. belles soles et des fort bonnes limandes que l'on pêche sur les fonds de sable entre la côte et les îles. Cela évoque assez bien les délicieux whitebaits que l'on ne trouve malheureusement presque plus entre le Tower Bridge de Londres et Greenwich, le Pool de la Tamise.

Lumas en Poitou et cagouilles en Aunis, Saintonge et Angoumois, les escargots font les délices des citadins et des paysans, des pêcheurs aussi ; on les farcit d'un peu de beurre manié avec du persil et de l'ail hâché fin, ou bien on les fait mijoter dans une sauce faite d'échalotes finement émincées revenues dans du beurre, mouillée d'un peu de vin blanc et largement pourvue d'ail haché. Les gourmets les font simplement griller à feu vif en les bourrant d'un rien de beurre et de fragments d'ail.

L'ail, mais on en use beaucoup plus qu'en Provence ; dans tout le Poitou et la Saintonge, on en raffole; il est vrai que, violet, l'ail d'ici a une mansuétude épiscopale, << il fleure la violette », m'assurait le bon poète parnassien et gourmand M. Victor Billaud dont la verte vieillesse s'active à diriger Le Journal de Royan, et il me don

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nait cette recette : mettez quelques têtes d'ail au four, lorsqu'elles sont légèrement grillées, pelez chaque gousse, salez, poivrez, et écrasez dans un peu d'huile; un régal. Dans le Poitou, me disait M. Louis Perceau, Poitevin gourmet, secrétaire général du Quotidien, notre régal matutinal ou notre joie du goûter, c'est de faire cuire sous la cendre des têtes d'ail; lorsqu'elles sont bien cuites, vous dépiotez gousses par gousses les têtes roussies et les pressant entre deux doigts vous en faites gicler l'onctueuse crême sur des tartines bien beurrées de fin beurre des Charentes. Un autre de nos aimables confrères gourmets, nâtif de Cognac, M. Roger Gatineau, l'un des doyens de la presse parlementaire, me citait avec émotion ce petit déjeuner des paysans charentais: la rôtie au vin, sur des rôties frottées d'ail cru l'on verse de bon vin chaud, l'on hume, l'on croque et l'on boit. Nous n'avons pas mieux en Provence, malgré la fragrance éperdue de notre bourride dont Georges Royère, d'Aix-en-Provence et Lambert Pascal, de Marseille, sont les deux plus parfaits thuriféraires.

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LA BOURSE

Cette semaine, écourtée d'une séance par les fêtes du 14 juillet, a été franchement meilleure que la précédente, et dans la plupart des compartiments, on a enregistré de bonnes demandes,

Après avoir assez sensiblement fléchi, les rentes françaises ont vivement repris et finissent en nouvelle avance. Le même mouvement est à signaler sur les Bons du Trésor, les titres du Crédit National et les emprunts gagés par des annuités de l'Etat.

Aux fonds étrangers, les russes font bonne contenance; les fonds turcs conservent un marché animé et même agité, les nouvelles les plus contradictoires étant mises journellement en circulation au sujet du règlement de la question de la dette.

Le compartiment des établissements de crédit s'inscrit en progrès.

Les Chemins de fer français sont mieux disposés, notamment le Nord et l'Est.

Le compartiment des valeurs industrielles a fait preuve d'une fermeté indiscutable: Thomson, Kuhlman, Platine, Hotchkiss, Gafsa ont donné la note optimiste de la huitaine.

En banque, les mines d'or consolident leur avance, de même que les valeurs de pétrole, lesquelles ont esquissé un mouvement de reprise.

Quant aux valeurs de caoutchouc, elles ont été agitées en sens divers.

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Caisse autonome d'amortissement

Au cours de la séance qu'il a tenue le 16 juillet sous la présidence de M. le sénateur Lebrun, le Conseil d'Administration de la Caisse autonome de gestion des bons de la Défense nationale et d'amortissement de la dette publique, a examiné la question de l'émission, au profit de la Caisse autonome, d'un timbre-poste spécial et il a arrêté le montant de l'avance susceptible d'être faite à l'Administration des postes pour lui permettre de procéder à cette émission.

A l'issue de la séance du Conseil d'administration, le Comité financier s'est réuni sous la présidénce de M. le sénateur Milan. Après avoir pris connaissance du chiffre atteint par les ventes de tabacs du premier semestre 1927 (1.761.861.455 francs), il a fixé à 18 fr. 75 le montant du coupon qui sera payé le 1er octobre prochain sur les obligations émises par la Caisse autonome en octobre 1926. Ce coupon sera donc supérieur de 0 fr. 25 à celui qui a été payé le 1er avril dernier.

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