Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

L

INVITATION à la concorde adressée le même jour par M. Raoul Péret et M. André Tardieu à tous les républicains ne paraît pas avoir été comprise

par tous de la même manière. Elle était cepen'dant formulée par le ministre des Travaux publics comme par l'ex-président de la Chambre en termes clairs. Il ne s'agissait, ni pour l'un ni pour l'autre, de former un nouveau parti sur la ruine des anciens. Il ne s'agissait que d'établir les bases d'un pacte entre les « républicains de gouvernement », socialistes indépendants, radicaux-socialistes, progressistes ou modérés, pour prolonger dans l'avenir la politique suivie depuis un an, pour lui permettre, le cap des élections franchi, de retrouver dans la Chambre prochaine une majorité.

On sait quelle est là-dessus notre opinion.

Dès le lendemain des élections dernières nous avions annoncé, nous avions prédit que tout système de redressement financier qui serait l'oeuvre d'un parti demeurerait

inopérant. Des expériences trop nombreuses nous ont donné raison.

Si le ministère Poincaré-Herriot a pu obtenir, là où ses prédécesseurs avaient échoué, les résultats que M. Tardieu exposait dimanche avec son habituelle précision, c'est parce qu'il a rendu visible, tangible, l'union des partis, qu'il l'a incarnée en quelque sorte et que, les associant dans la personne de leurs chefs à un ensemble de mesures coordonnées, donc à une politique, il les a également intéressés au succès ou à l'échec.

Rien ne serait à coup sûr plus moral, plus normal, plus conforme à la tradition parlementaire que de voir la majorité qui a constamment soutenu ce ministère et cette politique se présenter bloquée devant les électeurs à qui elle dirait « Voilà ce que j'ai fait, voilà ce dont je prends la responsabilité. Jugez-moi là-dessus. >>

Et pourtant l'appel de M. Raoul Péret et de M. André Tardieu semble rencontrer à gauche et à droite, à gauche plus encore qu'à droite, de sérieuses résistances.

prévues. Le mérite de leur initiative n'en est pas diminué. Je suis persuadé que M. Péret et M. Tardieu les avaient Son insuccès n'affaiblirait pas le moins du monde leur autorité.

Mais cette autorité, si grande et si légitime qu'elle soit, je me permettrai d'écrire qu'en l'occurrence, elle était insuffisante.

[graphic]
[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small]

Bien souvent, la tribune diplomatique de la Chambre est vide. Les ambassadeurs n'y viennent que les jours de grand spectacle. Le reste du temps, ils cèdent leurs place à des amis ou même à leurs domestiques.

C'est ainsi que l'autre jour un député à la tribune exposait son point de vue. Et au milieu d'une période il lança :

-Prenez garde! l'étranger nous regarde impassible et attend votre vote.

Et du geste il désigna la tribune diplomatique où se trouvait un couple...

Un ambassadeur et sa femme ? Non, les concierges de la légation de Costa-Rica, qui sont au demeurant deux excellents Français !

Meissonier et l'Ecossais.

Dans un livre de souvenirs de l'artiste anglais M. F. Yeames qui vient de paraître à Londres se trouve une anecdote concernant Meissonier. Celui-ci avait pour jardinier un Ecossais fort prétentieux que le peintre résolut de mystifier.

Certain jour, il lui présenta des oeufs de harengs soigneusement lavés et séchés.

Qu'est-ce que ces graines? lui demanda-t-il. Les ayant examinées longuement, l'Ecossais bredouille un nom quelconque et comme Meissonier le questionnait pour savoir si on pourrait les cultiver il reçut une réponse affirmative qui le mit en joie.

Trois semaines plus tard Meissonier entrait dans son jardin. Son Ecossais à qui il demandait des nouvelles de ses graines lui affirma que plantées dans la serre, elles commençaient à germer. Il conduisit d'ailleurs l'artiste qu'accompagnait M. F. Yeames.

annuel à Guérande, la vieille cité de la Loire-Inférieure dont Balzac a parlé dans sa Béatrix.

[ocr errors]

A propos de ce Congrès, l'érudit Emile Gilles rappelle dans la Bretagne à Paris une curieuse anecdote concernant Cambronne et qui s'est déroulée à Guérande.

En 1792, le futur général Cambronne se trouvait de passage avec son régiment dans cette ville. Le soir, il fut attiré par l'éclat d'un bal qui se donnait chez l'adjoint au maire, Rouand de la Villemartin, au premier étage de l'hôtel particulier qui se voit encore rue Saint-Michel à l'angle droit de la rue de la Juiverie. Le fringant officier, poussé par la curiosité, réussit à gagner le balcon de l'appartement. Mais, soudain, il perdit l'équilibre : il eut la chance de rester suspendu au-dessus de la rue par le fond de son ...indispensable qui s'était accroché à l'un des décors de la rampe. Les camarades ne tardèrent pas à le dégager de sa périlleuse position.

N'empêche que, cependant, si l'étoffe n'avait pas été suffisamment résistante, Cambronne n'aurait pu par la suite attacher son nom au mot que chacun sait.

[graphic]
[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Depuis bien des années ce député prend plusieurs fois par jour l'autobus S qui le mène au Palais Bourbon. Qu'il pleuve, qu'il neige ou qu'il vente, il reste sur la plateforme. Aussi connaît-il tous les receveurs. Il leur rend d'ailleurs de menus services. leur signale, par exemple, les voyageurs qui n'ont pas payé leur place. Et puis, aux arrêts fixes ou obligatoires, il tire le cordon... Souvent on entend un receveur lui demander de

Quelle fut sa surprise et leur confusion en aper cevant, rangées sur la terre, plusieurs têtes de harengs donner le signal du départ.

saurs...

La culotte de Cambronne.

L'Association Bretonne qui est une Société d'archéologues et d'historiens bretons, vient de tenir son congrès

Il avoue que si les électeurs ne lui sont pas fidèles, il songe à entrer dans la T. C. R. P. Mais voilà ! ! ! Il y a la question d'âge...

QUEUR BENEDICTINE

AFFAIRES INTERIEURES

Les forces politiques de la France
L'Orléanais (Suite)
L'Eure-et-Loir

[ocr errors]

Il faut bien le ranger dans l'Orléanais, ce beau département d'Eure-et-Loir, comme il a bien fallu accoler au Berry, cette autre charmante circonscription du Loir-et-Cher. L'Eure-et-Loir a fini par prendre comme tant d'autres dans le cadre départemental, une physionomie personnelle. Dans le cadre départemental tracé en 1790, et peut-être dans l'apanage des princes d'Orléans qui réunissaient déjà ses territoires parmi lesquels parmi lesquels on trouve Dreux, Chartres, Châteaudun. Pourtant, que de pays divers, dans ce département groupé par une arbitraire volonté, et qui a arraché des lambeaux au Perche, à l'Ile de France et à l'Orléanais, pour grouper autour de Chartres quatre arrondissements si divers! Des traditions diverses ont formé les hommes, des habitudes différentes ont fixé leur génie, dans ce pays de Nogent-le-Rotrou, de Dreux et de Chartres. Et quels paysages brusquement changés, de la grande plaine infinie de Beauce, à la jolie vallée de l'Eure et aux campagnes vallonnées et boisées du Perche, avec ses prairies, ses herbages et ses troupeaux ! Tout cela a fini par se fondre peu à peu, à quelques nuances près. Le paysan beauceron est conservateur. Il a toujours été conservateur, il l'est demeuré. On peut expliquer par les circonstances fortuites, par l'appel à des sentiments secondaires, les variations de son opinion. Mais il est nettement, profondément, définitivement conservateur: je veux dire très attaché, furieusement attaché à la propriété, défenseur farouche de l'ordre social, et ne transigeant pas sur la hiérarchie très dure, et l'autorité du maître. Il est égalitaire ce démocrate. Et il a, encore que de solides vertus militaires, cette haine de la caserne et du service, commune à tant de paysans de France, mais plus vivace peut-être en Beauce qu'ailleurs je veux dire qu'il aimerait l'armée, garantie de l'ordre, exemple salutaire de discipline, et qu'il y servirait volontiers par libre chix, le cas échéant, et fort bien, mais qu'il en exècre les conséquences, la servitude imposée qui l'arrache à ses champs, à son labour, à ses propriétés. Le paysan beauceron est laborieux, défiant et dur. Son histoire explique son caractère. Nulle région n'a été plus longtemps ravagée, plus menacée. L'histoire des dix premiers siècles de la Beauce fut celle des incendies et des ravages des Normands, et la haine qui s'alluma alors contre la province voisine n'est pas encore éteinte. De là, cette sourde et patiente méfiance et cet amour désespéré, farouche, pour les moissons de la plaine, plus chères des larmes et du sang qu'elles ont coûté. Car, en plus des sueurs et de l'âpre travail quotidien, de combien de ruines, de désastres, de massacres, furentelles payées? Il fallut à chaque instant recommencer à construire des chaumières, à réensemencer les champs ravagés. Puis, ce furent les querelles religieuses, puis la guerre civile, avec ses nouveaux incendies et ses nouvelles ruines. Puis, à peine la paix survenue, les bandes de chauffeurs qui terrorisèrent l'Orléanais

[ocr errors]

et la Beauce, et qui, en étroite liaison avec les recéleurs de Paris, ravageaient à leur tour les villages, incendiaient les fermes, chauffant les paysans, râflant les économies, détruisant et volant le bétail, pendant des siècles de terreur, renouant la tradition des grandes Compagnies, des bandes cartouchiennes à la bande d'Orgères, la dernière, qui ne fut exterminée qu'aux premiers jours du Consulat. La population de la Beauce a donc toujours vécu dans une insécurité terrible, au milieu des pires épreuves et des pires menaces. Sa dureté un peu silencieuse, sa prudence, son attachement au sol, s'expliquent ainsi, un peu modifiés dans le pays de Dreux, où les cultures sont plus variées, dans le Perche aussi, où le tempérament devient moins âpre, mais toujours méfiant. Par ailleurs, la tradition catholique un peu émoussée par un travail très tenace, et sans grande emprise sur des caractères très pratiques, très attachés à des soucis matériels, a cependant laissé une empreinte profonde dans la Beauce. Si certaines tendances que j'ai marquées et surtout le ferment révolutionnaire du prolétariat agricole expliquent le progrès de la conquête radicale, l'entêtement, le sens patriarcal, la fidélité aux traditions, la forte influence de Chartres, et son puissant rayonnement religieux ont cependant maintenu dans une partie de la population un sentiment catholique très vivace. Tout l'arrondissement de Chartres, notamment, présente ce caractère. C'est un catholicisme peu mystique, peu communicatif, mais assez résistant, que nous ne retrouverons pas au même degré, d'ailleurs, tant s'en faut, dans le Dunois, le Thymerais et le pays de Dreux. L'homme du Dunois est un homme de progrès, qui se pique d'être éclairé. « Il entend à demi mot », disait-on de lui. Il n'est pas médiocrement fier de ce brocard, et il en a l'orgueil. Fin, moins rude que le pur Beauceron, déjà voisin du Vendômois et de la Touraine, il trahit parfois déjà le scepticisme et l'ironie narquoise de ces régions. L'homme du pays chartrain, lui, s'en tient au rude et sévère dicton, qui a été sa leçon et son évangile terrestre à travers les siècles : « Tant vaut l'homme, tant vaut la terre. » Une formule verbale peut entraîner la fantaisie de l'homme du Dunois; pour le Beauceron, au contraire, il faut faire appel à sa rancune, lui montrer les impôts qui l'écrasent, les charges militaires qui le menacent, évoquer son passé d'insécurité et de ruines, le dresser contre des représentants qui, lui assure-t-on, l'ont trompé. Il faut surtout lui dissimuler avec soin les conséquences économiques des formules de gauche. Le socialisme n'a pas d'emprise dans ce pays — sauf sur le prolétariat agricole, envieux, jaloux, et durement mené par les maîtres des fermes, et dont il ne faut point d'ailleurs mécon naître l'importance. Des sautes d'humeur, des brusqueries, vite refrénées sous la patience muette et laborieuse, voilà ce que peut offrir le pays chartrain comme variation d'opinion. Mais il revient vite à son bon sens fondamental, républicain libéral ou radical de gouvernement. Sans les caprices du Dunois et la souplesse politique du pays de Dreux, cette résistance aux possibilités révolutionnaires serait bien plus précise encore et bien plus

[graphic]

nette dans l'Eure-et-Loir.

Mais il faut tenir compte aussi des villes. Chartres, capitale de la Beauce, est une ville catholique. Catholique et presque mystique. Eh oui ! cet entrepôt général des blés, cette cité de paysans et de courtiers, ville de foires et de trafic sur les graines et les farines, serait une ville mystique ? Certes, et ses clochers célèbres ont abrité, fortement, une tradition puissante dans la plaine qu'elle domine, d'où on l'aperçoit de tous les points d'un immense horizon. Plus que Vendôme, Orléans et Auxerre, Chartres fut catholique. Elle dut sans doute cette tradition à ses grands évêques, à la vertu mystique de cette cathédrale qui fut, parmi toutes les cathédrales, par une singulière rencontre, le lieu d'élection de tous les mystiques de notre époque : le refuge

de Huysmans et le pèlerinage de Péguy. Après tant de batailles héroïques contre l'envahisseur, à l'abri de ses murailles sans cesse reconstruites, après la lassitude de tant de discordes civiles, de discussions avec son chapitre et ses seigneurs, Chartres retrouvait une vigueur nouvelle pour défendre la Beauce contre l'hérésie naissante et opposer au roi protestant une résistance opiniâtre. Elle avait chassé sa souveraine, la charmante et romanesque duchesse de Nemours, favorable à la réforme, et, à toutes les propositions d'Henri IV, répondant « qu'il est huguenot ». Catholique, elle lui ouvre la cathédrale, et demande « l'honneur de le sacrer»: Elle ne fut pas, à elle seule, dit Philarète Chasles, l'écueil des réformes mais contre la réforme, cité religieuse et centrale par excellence, elle protestera en restant catholique. Philarète Chasles était le fils de ce Michel Chasles, prêtre défroqué de Chartres et régicide, et nous a retracé l'émouvant tableau des angoisses qui étreignirent son père et des combats qui déchirèrent son âme sur cette âme à la fois volontaire et dure, obstinée et mystique, Chartres avait imprimé son empreinte mystérieuse. Cette ville au passé héroïque, riche de la plus célèbre, de la plus belle des cathédrales, est une ville de prêtres et de petits rentiers, d'artisans, de bourgeois paisibles, sans autre industrie que celle de la farine, sans autre commerce que celui du blé, une ville charmante, d'ailleurs, et dont la population indique bien le caractère libéral. Dans la plaine chartraine, dont l'uniforme monotonie n'est pas sans une grandeur pacifique, parfois troublante, de petites villes sont dressées, çà et là. Puis, aux extrémités du département, Chateaudun, illustre d'un incessant martyre, tant de fois brûlée et reconstruite, remuante, en dépit de la solitude de ses grandes rues, agitée dans son enceinte trop large. Nogent-le-Rotrou, petite ville du Perche, conservatrice et catholique, emplie d'une activité à moitié normande. Dreux, où déjà les caractères se devinent du pays d'Evreux et des villes de l'Eure, conquises par le radicalisme.

Le département de l'Eure-et-Loir, dans l'ensemble, n'a jamais été radical, ou a oscillé d'un libéralisme très net à un radicalisme très conservateur, selon les influences personnelles qui dominaient dans les cantons. Jamais il n'a été très à gauche, jamais non plus il n'a penché vers la droite: ces ruraux laborieux, fiers de leur propriété individuelle, n'aiment pas l'ancien régime, et c'est ce point de la tradition qui est peut-être le plus sensible, celui aussi qui, leur ayant donné depuis longtemps un équilibre démocratique très stable, les met en garde contre la démagogie et le

désordre. Il serait facile de démêler quelles imperceptibles

nuances séparent, sur les questions fondamentales, sauf sur la question religieuse, bien apaisée d'ailleurs aujourd'hui, les hommes qui ont représenté l'arrondissement de Chartres, autour des municipalités progressistes du chef-lieu. Lhopiteau, Gabriel Maunoury, Maurice Maunoury, de Saint-Pol, et ce brave Royneau, adversaire libéral de Maurice Maunoury, mort sénateur radical, et qui était le type même du conservateur paysan, exact sur les marchés, attentif aux mercuriales, féroce à la moindre tentative de désordre, Maurice Maunoury a représenté une victoire du radicalisme contre « la réaction ». La réaction, ce fut M. de Saint-Pol, ferme républicain modéré, qui écrivit un livre classique sur « la volaille à la ferme » et Royneau; et le et Royneau; et le radicalisme, ce fut Lhopiteau, dont le rouge ne tint pas même contre le combisme. Nogent, qui se piquait d'être à gauche, demeura toujours fidèle à Deschanel. Châteaudun fut plus

Si vous voulez un beau portrait photographique d'un écrivain, d'un homme politique, d'un personnage connu qui vous intéresse, adressez-vous au Service de Librairie de l'Opinion qui vous le procurera franco de port, moyennant 30 francs.

radical, d'un radicalisme particulier, assez prudent, assez porté aux replis vers les modérés, à la moindre menace de gauche : nous sommes ici, encore une fois, un peu comme dans le Vendômois avec moins de littérature, ou dans la Touraine avec moins de prolétariat. Nogent est prudemment, mais fermement conservateur, comme la Normandie, avec moins de plantureuse richesse et de finesse avisée. Dreux, enfin, flottant longtemps entre un opportunisme anticlérical- en dépit de certains cantons à un apaisement plein de réticences, est devenu le fief de M. Viollette.

Je n'aime pas, dans ces études générales sur les causes des tendances d'opinion, à m'appesantir trop longuement sur les polé miques contemporaines, qui impliqueraient, pour être relativement exactes, trop de minutieux détails. Cependant, en Eure-et-Loir, il est impossible de ne pas commenter le succès du Cartel en 1924. La formule en soi du Cartel ne peut être considérée comme celle de l'Eure-et-Loir ce serait en contradiction avec toutes les données historiques et logiques. Il faut donc tenir compte, d'abord, du prolétariat agricole, ensuite, de ce fait que la majorité reste acquise aux modérés dans les deux arrondissements de Chartres et de Nogent, et que la forte situation de M. Viollette a, presque à elle seule, entraîné la majorité pour l'arrondissement de Dreux. Enfin, que le paysan de l'Eure-et-Loir, dans la mesure où il a collaboré à la victoire des gauches et ne — nous exagérons pas cette mesure a obéi surtout à des considérations personnelles et à des sentiments bien déterminés au début de cette étude : mécontentement et protestation sans adhésion aucune à une doctrine économique révolutionnaire. Pour un observateur impartial, il ne saurait être question d'une évolution sérieuse dans la stabilité traditionnelle dans cette région laborieuse, obstinée, devenue conservatrice, en majorité, de l'Eure-et-Loir.

TRYGÉE.

[graphic]

ECONOMIQUES Renaissance monétaire

Il n'est rien de plus injuste ni de plus inexact que le mot d' << expérience » appliqué à la politique financière du gouvernement français. Les actes successifs qui ont été accomplis depuis le mois d'août 1926 ont, au contraire, un caractère de nécessité qui est la cause même du redressement du crédit public. Si le crédit de l'Etat s'est amélioré d'une manière progressive, ce n'est pas par une sorte de miracle de la confiance, c'est parce que chacun a pu constater que le gouvernement, soutenu par le Parlement, était décidé à faire ce qui convient, et qu'ainsi l'opinion s'est répandue que la France se comportait comme une Société bien gérée. Quant à attendre que, par un événe ment magique, nous soyons tout d'un coup délivrés du fardeau de la guerre et de l'après-guerre, dispensés de poursuivre un effort fiscal sans précédent, ou capables de

subvenir sans compter à des dépenses inconsidérées, on ne voit pas quel esprit raisonnable a jamais pu concevoir de pareilles illusions.

Nous arrivons peu à peu à un état d'équilibre, ou plutô: de solidité, qui doit permettre au pays, malgré la charge de la dette publique, de préparer pour la génération suivante une période de véritable prospérité. Nos chances sont meilleures aujourd'hui qu'elles n'ont été à aucun moment du XIX siècle.

La crise des débouchés extérieurs, dont souffre toute l'Europe, doit nous atteindre moins que d'autres, grâce au développement économique futur de nos territoires extraeuropéens. La France est une nation peuplée d'environ cent millions d'habitants, dont la moitié à peu près appartiennent à la race blanche; elle a encore à défricher de vastes régions.

La destruction partielle de l'épargne peut trouver un correctif dans l'amortissement progressif de la dette publique, qui doit, en quarante ou cinquante ans, remettre à la disposition des forces productrices des capitaux très

importants.

Enfin l'insuffisance de certaines ressources (charbon, pétrole, coton) pèsera sans doute moins lourdement sur nous dans l'avenir qu'elle ne l'a fait dans le passé. L'équipement électrique du pays, les inventions de l'industrie chimique, les cultures coloniales doivent, normalement, faire disparaître peu à peu les désavantages naturels dont la France a subi les effets depuis une centaine d'années.

Mais avant d'entrer dans cette période de prospérité qu'il est raisonnable d'entrevoir, il faut << tenir >> pendant quinze ou vingt ans. Il faut à la fois que nous soyons capables d'une politique suivie, et que nous ayons le sentiment de l'avenir ouvert, sentiment indispensable aux initiatives vraiment larges.

Les deux choses sont liées. Il subsiste dans le pays une certaine crainte de l'avenir. Et c'est cette crainte qui retarde encore le « démarrage » nécessaire. C'est elle qui explique les paradoxes de la situation présente, caractérisée par une abondance extrême des capitaux et par l'hésitation qu'ils montrent à s'engager, autrement dit par la différence extraordinaire qu'il y a entre le taux très bas de l'argent à court terme et le taux très élevé des engagements durables.

Une telle disparité entretient elle-même un sentiment d'hésitation. Un grand pays ne peut se satisfaire d'éviter des catastrophes. Il lui faut de vastes espoirs. N'en déplaise à Guillaume le Taciturne, il lui faut espérer pour entreprendre.

C'est là, semble-t-il, l'essentiel. Et ce serait une erreur

EXQUISE ET RAFRAICHISSANTE

Fraîche, exquise et tonique, la Veramint, grande liqueur de menthe verte, fabriquée par de Ricqlès, est la consommation de la saison. Bue glacée ou dans de la glace pilée, la Veramint est le régal des délicats.

[merged small][ocr errors]

Depuis un an, des capitaux considérables ont afflué de l'étranger vers la France. Sous le régime de l'étalon d'or universel et de la libre circulation de l'or, cet afflux aurait eu pour conséquence des importations d'or d'une grande ampleur. Sous le régime actuel, ses effets ont été tout dif férents.

La Banque de France a dû ouvrir des crédits en francs à tous les acheteurs de notre devise, et s'est trouvée ellemême créditée à l'étranger des livres sterling ou des dollars correspondants.

Ainsi se posait un double problème.

Les crédits en francs ont augmenté les dépôts dans les banques, et ont reflué vers le Trésor, qui s'efforce, à grand'peine de restreindre les émissions de Bons de la Défen nationale et le volume des comptes courants ouverts par lui. Les banques, ne pouvant employer qu'à court terme les sommes qui proviennent des dépôts à vue de leur clientèle, ne parviennent pas à trouver sur le marché une quantité suffisante de papier commercial. La seule solution consiste dans un développement des placements à long terme, qui immobiliserait une partie de ces capitaux actuellement flottants. Et c'est là qu'interviennent les éléments psychologiques dont nous avons parlé au début.

Mais cette situation n'est pas particulière à la France : on la retrouve dans certains pays étrangers, et notamment à Londres.

En effet, les crédits en livres sterling dont dispose la Banque de France doivent nécessairement s'employer, et s'employer, eux aussi, à court terme. D'où un phénomène tout à fait analogue à celui qui est observé chez nous : abondance excessive des disponibilités, difficulté extrême de trouver dans la Cité du papier court. Ce phénomène comporte un double inconvénient.

D'une part, l'Allemagne, encore imparfaitement remise de l'anéantissement des fonds de roulement qui a été la conséquence de sa crise monétaire de 1923, absorbe à peu près sans limite les crédits à court terme en livres et en dollars. Situation dangereuse à bien des égards, et qui peut faciliter un jour des manoeuvres politiques contre le plan Dawes.

D'autre part, en Angleterre même, des crédits importants en livres ont été absorbés par des spéculateurs qui les utilisent aussitôt à de nouveaux achats de francs, créant ainsi un «< circuit » d'ordre international et qui, théoriquement, n'a aucune fin.

Ainsi, tandis que les disponibilités de la Banque de

« AnteriorContinuar »