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qu'il pense. C'est ce qui donne de l'intérêt et de l'attrait à son livre, au titre prometteur et qui ne ment pas.

Qu'il parle des « occasions manquées » à savoir la mise en œuvre anémiée et rétrécie du vaste plan Schlieffen sur lequel l'état-major allemand travaillait depuis tant d'années, le coup décisif qui devait mettre d'emblée, la France à terre ; l'acharnement sur Ypres en novembre 1914 après un premier échec au lieu de la recherche d'une décision, alors possible contre les Russes, par une manoeuvre stratégique d'importance, transportant à l'est les forces nécessaires; la situation inexploitée des Russes aventurés en 1915 dans la boucle de la Vistule; le fait de n'avoir pas rejeté les Alliés de Salonique avant qu'ils s'y fussent renforcés et de leur avoir ainsi laissé une base d'où devait jaillir en 1918 un succès foudroyant... Le général Hoffmann signale avec franchise tout ce qui lui semble avoir été erreur ou faute du commandement allemand ou de la politique allemande.

Quand il retrace les opérations véritablement remarquables par lesquelles les armées allemandes ont sur le front est, fait face à d'immenses difficultés, il rend hommage comme il convient aux qualités du commandement et du combattant allemands, à l'habileté de leurs manoeuvres comme à l'intensité de leurs efforts.

La seconde partie de l'ouvrage correspond à la période où, chef d'état-major du front oriental, il eut à s'occuper de plus vastes questions. Il les traite en homme dont l'horizon s'est élargi, et que tout a préparé à discuter de la conduite générale de la guerre.

Ce livre, dont la traduction fidèle et élégante de M. Simondet rend la lecture aisée et agréable, vient donc heureusement s'ajouter aux oeuvres, déjà nombreuses, des généraux allemands, comme une contribution précieuse à l'histoire non seulement militaire, mais générale, du plus grand des conflits.

Quelque horreur qu'on puisse avoir de la guerre, c'est un enfantillage de ne point vouloir en entendre parler et de croire que l'on contribuera par là à la rendre impossible. Dans les années qui suivront, lorsque les difficultés d'après guerre enfin vaincues laisseront à chacun plus de loisirs, il est certain que l'on se reportera avec passion vers l'étude de la grande et terrible époque que nous avons vécue. Pour cette étude, ce qui s'est écrit chez nos anciens adversaires présentera une valeur particulière, et l'on ne saurait être trop reconnaissant aux Français de haute culture qui n'hésitent pas à sacrifier un peu de leur temps pour en rendre la lecture accessible et attrayante à leurs compatriotes. GÉNÉRAL WEYGAND.

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CINEMA Inquiétudes

Un vent de pessimisme semble souffler en France sur le sort du cinéma national et même du cinéma mondial. En dépit du succès croissant du nouvel art auprès des foules - et peut-être même en raison de ce succès des esprits clairvoyants poussent des cris d'alarme qui se perdent malheureusement dans le concert d'acclamations tarifées dont journaux et revues saluent la plus médiocre production. René Clair ne craint pas de prophétiser la Fin du Cinéma et quelques-uns de ses arguments sont troublants, même pour ceux qui ne voient pas l'avenir sous d'aussi sombres couleurs. Il est certain que le cinéma évolue. Il est arrivé bien loin de son point de départ. Mais est-ce une raison suffisante pour prédire que ce que nous verrons à l'écran dans dix ans, dans vingt ans, ne sera plus du cinéma ? Au lieu de jouer au prophète, n'est-il pas plus raisonnable et surtout plus utile d'examiner quelle situation est faite chez nous au cinéma et de chercher s'il n'existe pas des remèdes applicables à son malaise passager ?

On aurait tort avant tout d'exagérer les symptômes morbides qu'on peut diagnostiquer dans l'état du film français. Je n'ignore pas que la production de cette année reste inférieure d'une bonne douzaine de films à celle de l'an dernier.

Mais nos cinéastes ne se sont montrés inférieurs en rien à leurs rivaux américains, allemands, russes ou suédois, et ceci il ne faut pas craindre de le dire bien haut. Nous sommes restés les descendants des gentilshommes de Fontenoy : Filmez les premiers, messieurs les étrangers! Nous réservons un accueil enthousiaste à toutes les bandes qui nous arrivent du dehors, et nous restons indifférents ou hostiles aux efforts de notre production nationale, oubliant que ces films étrangers qu'on nous présente à Paris ont été choisis entre cent, et que nous baisserions sans doute de plus d'un ton le diapason de nos éloges si nous étions condamnés à visionner toute la production d'Hollywood et autres lieux.

Malheureusement, un des plus grands maux dont nous souffrons, c'est le malthusianisme de la production. Un pointeur maladroit qui tire une centaine de balles en quelques minutes, mettra certainement plusieurs fois dans la cible, et à vrai dire, seules ces réussites comptent. Un tireur habile mais si dépourvu de munitions qu'il n'a que quelques cartouches à brûler est condamné à faire mouche à tout coup. C'est dépasser les forces humaines. Le plus fâcheux, c'est qu'avec notre tendance incorrigible à nous déprécier nous-mêmes, nous nous montrons pour nos films d'une sévérité impitoyable et que pour faire preuve d'une impartialité de bon ton, nous couvrons de fleurs tous les apports de I l'étranger. Nous créons ainsi autour de nos cinéastes une

atmosphère de défiance qui paralyse les concours financier's indispensables. Et c'est le cercle. Nous n'avons pas suffisamment de bons films français parce que la production est trop restreinte, et la production est trop restreinte parce que les capitalistes s'effraient de ce petit nombre.

Cependant, une école qui nous donne le Vertige de l'Herbier, le Napoléon de Gance, la Terre qui meurt de Jean Choux, Nocturne de Feyder, Feu de Baroncelli, Mauprat d'Epstein, Antoinette Sabrier de Germaine Dulac, la Proie du Vent de René Clair, En Rade de Cavalcanti ne peut être qualifiée de décadente. Il n'en est à coup sûr pas d'autre au monde, qui, au rebours du cuisinier de l'Avare, ait trouvé le secret de nous faire faire aussi bonne chère avec aussi peu d'argent.

L'argent Voilà le grand mot lâché. Le cinéma, en France, n'est pas une affaire sérieuse. Parlez-nous de renards argentés, nous ouvrirons l'oreille... et la bourse. Mais un film ! Nous laissons ce soin à l'Amérique, où une production ordinaire coûte de 75.000 à 100.000 dollars, un superfilm de 150 à 300.000 dollars, et où l'industrie cinématographique investit plus d'un milliard de dollars. En face de ces chiffres, il est permis de déplorer la grande misère du cinéma français, à condition de ne pas l'entendre au sens de misère artistique.

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préférences des magnats du cinéma, et à quels films ils voudraient assurer un monopole de fait dans les salles de Paris. de la banlieue et des départements, et des colonies, si le contingentement était décrété.

Le Parlement, d'ailleurs, se montrerait-il favorable à une mesure douanière, qui n'irait pas sans entraîner des représailles fâcheuses pour d'autres de nos industries? L'Etat, chez nous, n'a cure du cinéma (pas même du cinéma d'enseignement). I ignore cette puissance' illimitée de l'image pour la propagande à l'étranger, telle que nous l'a montrée, terrifiante, le film du Cuirassé Potemkine. Il ne s'occupe de l'industrie cinégraphique que pour l'accabler de taxes et le député qui proposerait au Parlement d'en affranchir les salles qui ne projeteraient que des films français serait assuré d'un beau succès d'hilarité. Ce serait pourtant un remède, et qui ne coûterait rien à nos finances, car le développement de la production cinégraphique nationale ferait entrer dans les caisses publiques des sommes autrement considérables en même temps que, par le chiffre d'affaires et autres impôts, l'Etat deviendrait le commenditaire intéressé du film français.

Mais c'est trop demander. Préférons une neutralité bienveillante des pouvoirs publics à une intervention inopportune et tournons-nous du côté des grand producteurs, des puissances financières de l'écran, qui ont un intérêt immédiat à empêcher la mort du cinéma national, ne serait-ce que pour ne pas se mettre à la merci des trusts étrangers. Il semble que quelques-uns commencent à s'en rendre compte. Voici que cette année ils viennent de commander des films dits commerciaux à de véritables artistes et l'ac

On a parlé et on parle encore d'un contingentement des films étrangers pour protéger nos producteurs nationaux. Au risque de déplaire à d'excellents amis, qui ont pris nettement parti dans la question, je déclare tout net que je n'attends rien de bon de semblable mesure. A toutes les époques de crises, en remontant aussi haut que le Moyen Age, les industriels concurrencés par l'étranger,cueil fait par le public à Mauprat ou à la Proie du Vent se sont tournés vers les pouvoirs publics pour leur demander aide et protection. La fermeture - même partielle des même partielle des frontières ne sert qu'à encourager la paresse des producteurs nationaux. D'ailleurs, vous êtes-vous demandé, René Clair, Germaine Dulac, L'Herbier, Baroncelli, Poirier, à quels sortes de films français profiterait la mesure ? Poser la question, c'est la résoudre. Nous savons quelles sont les

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est de nature à les encourager à persister dans cette voie. Mais ce n'est pas assez et nous attendons d'autres preuves de leur bonne volonté, proclamée dans tant d'assemblées ou de banquets.

Nous voudrions les voir s'imposer un cahier des charges volontaire, comme l'Etat en exige des scènes subventionnées. Que chaque grande firme, distributrice de films américains, allemands, suédois ou russes, s'engage à réaliser une production d'un jeune, même inconnu ou débutant. Et cela sans lui imposer le découpage d'un roman ou la transposition d'une œuvre dramatique, en laissant le cinéaste absolument maître de son sujet et de ses moyens d'exécution.

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Il y a bien d'autres points sur lesquels une action concertée des grandes maisons de production pourrait utilement venir en aide au cinéma français: la modernisation par exemple des studios, qui fait que notre pays est au dernier rang pour la mise en œuvre d'un film; la création de grandes vedettes, dont l'absence est telle que le public ne retient que des noms américains ou allemands, et qu'un plébiscite récent a donné la première place à Huguette Duflos, parce que « de la Comédie française ». Mais toutes ces questions demanderaient de longs développements. Ne retenons pour l'instant, que l'engagement volon-taire de former des jeunes cinéastes, La loi n'a-t-elle pas inscrit, pour les grandes industries, l'obligation de faire un nombre d'apprentis proportionnel au nombre d'ouvriers employés ? HENRI CLOUZOT.

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Notre Service de Librairie

Nous rappelons à nos abonnés que nous pouvons leur procurer tous les ouvrages qu'ils désireront, ainsi que toutes éditions musicales.

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A. Comme par le passe, nous lear livrerons leurs commandes contre remboursement.

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SPORTS

Le Tour de France 1927

Nous voilà en pleine période du Tour de France, et c'est plaisir de constater à quel point la grande épreuve a reconquis, cette année, son intérêt dramatique, et, du même coup, soa ascendant sur les vrais sportifs de France qui, au train que les choses prenaient, risquaient de s'en désintéresser.

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Il faut le dire et la constatation prend du relief avec le recul c'étaient devenues de vraies « blagues » que l'immense majorité de ces vingt ou vingt-cinq étapes (hormis celles de montagnes), disputées (?) par des coureurs dont l'unique souci paraissait être celui de ne pas « mener ». Les villes et les campagnes, alertées par une publicité qui débordait celle du journal organisateur, du Cyclisme et du Sport lui-même le Tour de France est devenu un moment de notre vie nationale! voyaient défiler, parfois à une allure de 20 à l'heure celle du moindre débutant une procession de champions hilares, préoccupés de se faire des riches, et ne se souciant de leurs cl.ances que lors de l'emballage de l'arrivée. Le prestige de l'épreuve, ou, du moins, de ses « héros », faiblissait. La moyenne était tombée, des 28 kilomètres de Petit-Breton à des 23, 24 à peine. Encore quelque temps de ce régime, et l'on pouvait se demander si les journaux continueraient à faire les frais d' << envoyés spéciaux » et ces débauches de comptes rendus en « prémière » pour une « histoire » dont le caractère tant sportif que << spectaculaire » finis par se ramener à « rien ».

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Henri Desgrange, l'extraordinaire inventeur de l'épreuve comme, d'ailleurs, de presque tout le sport de compétition en France devait s'affecter de la situation, et s'efforcer d'y porter remède. Il était fatal qu'un jour, la méthode des << départs séparés », dont il avait usé naguère, à l'origine de l'épreuve

LA LIAISON AÉRIENNE FRANCE-AMERIQUE DU SUD sans grand succès! l'éducation des masses n'était pas faite

Le président de la République argentine a reçu, le 16 juin, M. Marcel Bouilloux Lafont, président du Conseil d'administration de la Compagnie aérienne Latécoère.

Au cours de cette entrevue, M. Marcel Bouilloux-Lafont, qui était accompagné du ministre de France à Buenos-Aires, a présenté ses remerciements pour la concssion que le pouvoir exécutif venait d'accorder à la Compagnie Latécoère en vue de l'établissement du service aérien qui doit assurer le transport des correspondances entre l'Europe, l'Afrique, le Brésil et la République argentine.

M. Marcel Bouilloux-Lafont a fourni au président Alvear diverses informations relatives à la façon dont fonctionnerait le service qui sera inauguré à la fin de l'année en cours.

Nous apprenons, d'autre part, que M. Marcel BouillouxLafont a eu une conférence avec M. Ibanez, président de la République du Chili, à la suite de laquelle un accord a été établi et les dispositions nécessaires ont été arrêtées en vue du prolongement de la ligne postale aérienne française jusqu'à Santiago et Valparaiso.

L'abondance des matières nous oblige à reporter au prochain numere la fin de l'histoire de Lubbert Bey, de notre collaboraAuriant.

on

s'imposat de nouveau à lui. Il l'améliora notablement en s'arrêtant au principe du « départ séparé» non plus par coureur, mais bien par marque... Lâchant les pelotons formés par les éléments de chaque firme à un intervalle de quelques minutes -un quart d'heure fut, en fritive, la mesure adoptée les forçait, en effet, à se dépenser de bout en bout, autant par crainte d'être rattrapés-que par espoir de rattraper eux-mêmes. Restait seulement l'appréhension de voir le public profane ne pas s'assimiler ce règlement et se montrer déçu d'avoir à acclamer comme vainqueurs des coureurs se présentant, parfois, près d'une heure après les premiers. Restait aussi ce ne fut pas si facile! à avoir l'adhésion des marques. Certaines, et non des moindres (Peugeot) boudèrent à la nouvelle formule. D'autres (Alcyon) ne se décidèrent qu'après des échanges de vues sans nombre. De grands cracks s'abstinrent, qu'effraya la perspective d'efforts trop rudes et répétés sans assez de répit (songez que, cette saison, dix étapes, pour commencer, doivent

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LIQUEUR

BENEDICTINE

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se disputer, sur le parcours Paris-Bayonne, sans ce « jour de repos » naguère considéré comme nécessaire pour la « récupération »)! Au bref, le « Tour » de cette année débuta dans des conditions absolument sans précédent, qui autorisaient à la fois toutes les inquiétudes et tous les espoirs.

A l'heure où j'écris ces lignes (les « géants » viennent d'arriver au pied des Pyrénées), le succès est incontestable. Depuis le début, tout le monde, groupés, isolés, dirigeants, a pris son rôle au sérieux et nous n'avons pas même vu poindre la moindre menace d'une entente en vue d'un train ralenti, entente, au surplus, fort dangereuse pour qui, l'observant, risquerait de tomber dans le panneau »>.

Que demande, à une épreuve sportive, le bon public que nous sommes? Ce sont, avant tout, des coups de théâtre, soit cet élément de romanesque, mais de romanesque vraisemblable, je dirai plus, de romanesque vrai, dont nous sommes, tant que nous sommes, avides, et que nous ne trouvons que de façon insuffisante dans la vie, grossière dans les feuilletons. En fait de coups de théâtre, ce début du Tour de France nous a comblés. Une envolée, à toutes pédales, sur les belles routes normandes, la prouesse invraisemblable, le premier jour, des Dilecta, avec le grand Français en tête (Francis Pélissier, le second né de la trilogie fameuse, muscles supérieurs, têtes chaudes, idoles de la foule qu'ils décevraient s'ils ne lui fournissaient pas, parfois, l'occasion, aussi, de les siffler!), avec, le suivant roue dans roue, Ferdinand Le Drogo, le jeune Breton qui s'annonce comme de la même race et possède tout, même le nom, singulier et << accrocheur », pour être, dix ans durant, l'une des têtes de file dont rêveront cinq cent mille petits Français.

Dès le lendemain, réaction d'Alcyon, reprenant plusieurs minutes, avec son leader, Frantz, le Luxembourgeois. Puis, entrée en scène des « Louveteaux » (J.-B. Louvet), soit Van Slembrouck, Hector Martin, autres héros belges, le premier du type colosse sur qui rien n'ont guère de prise, la fatigue, ni le froid, ni le sommeil, le second, fin et souple au contraire, raisonneur et calculateur, que beaucoup rapprochent de Philippe Thys, l'homme qui gagna trois fois le « Tour ».

Dès au bout de trois ou quatre étapes journalières, ne l'oublions pas ! on s'effarait des moyennes qui, dans l'ensemble, dépassaient le 30 (battu, ou en passe d'être battu, le fameux record de Petit-Breton) Et les suiveurs, cette fois emballés pour leur propre compte, de nous vanter à chaque fin d'étape, le brio de leurs favoris. Cependant, nous, les vieux cyclistes, pour qui du « 8 mètres à la seconde », pendant six heures par jour, sur route, cela représente tout autre chose qu'une agréable abstraction, nous n'étions pas sans éprouver de l'émotion, des alarmes aussi. Le « réveil de la souffrance » s'est soudain opéré dans Dinan-Brest. Etape rude, de par les côtes brèves et méchantes que vous savez, et de par ses silex féconds en crevaisons démoralisantes; étape où, tout à coup, se paya l'arriéré des joyeux efforts enregistrés cependant au manomètre de l'organisme des quatre ou cinq jours précédents. Le premier, Francis Pélissier, « chef » des Dilecta, céda. Dans quelles conditions au juste? Fut-ce épuisement? Fut-ce la menace des pénalités méritées pour « collage» intempestif derrière une auto complaisante? Rappelons-nous que, ce printemps même, ce gaillard de trente ans passés fut atteint d'une pneumonie double qui le garda au lit six semaines. Il abandonna près de Guinguamp, parmi les « mouvements de foule », et, du coup, c'est à Le Drogo, son compagnon d'écurie », que le « maillot jaune revenait!

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Que se passa-t-il dans cette cervelle? Orgueil de se sentir en tête, et d'avoir lu tant de dithyrambes sur son compte dans les journaux? Et de « mener », Breton, en Bretagne? Toujours est-il que Le Drogo entra, c'est vrai, gagnant, à Brest! Mais quelle victoire à la Pyrrhus ! Il y arrivait, s'étant « donné » avec une fougue si désespérée qu'une dépression devait normalement s'ensuivre. Surtout, il y arrivait, brouillé avec ses camarades d'équipe, les Huot et les Cuvelier, qu'il s'était payé le luxe peu élégant de lâcher histoire de faire un << effet » ! aux pires endroits du parcours. Or, la formule de cette année est, essentiellement, celle de l'équipe. Impossible de tenir le coup, j'entends de façon durable, autrement qu'avec un conducteur relayé toutes les cinq minutes pour assurer le train sans que les autres aient à « mettre le nez à la fenêtre » ! L'attentat de Le Drogo contre l'esprit équipe devait le perdre. Dès Brest-Vannes, que pouvait-il faire, isolé de ses « frères >> qui le boudaient et menaçaient d'abandonner! Vannes-Les Sables lui donna la définitive estocade. Il passait neuvième au classement, avec une heure vingt de retard. De vrai, depuis l'abandon de Francis, le ressort moral des Dilecta était brisé ; on comprenait que ces ex-favoris du Tour n'iraient plus loin. Mais les autres teams? Il faut redire la stupeur dans laquelle nous plonge l'exploit des « Louveteaux » couvrant l'étape Vannes-Les Sables à plus de 33 à l'heure. Un fort vent arrière les poussait; le parcours était plat... N'importe ! On reste déconcerté devant cette prouesse d'athlètes qui, depuis le 19 juin, ont, chaque jour, dévoré à grande allure leur menu journalier de deux cents kilomètres.

Ne dissimulons pas que nous sommes effrayés, songeant aux efforts qu'ils traînent déjà derrière eux. L'Aubisque et le Tourmalet, plus loin, Allos et le Galibier n'ont pas volé leur renom de calvaires ». Desgrange se félicite, jusqu'à présent, c'est certain, du magnifique intérêt qu'a revêtu ce premier tiers du Tour. Ne sera-t-il pas saisi de remords en voyant les tenants de son œuvre, ses « petits gars » peiner affreusement dans les affreuses rampes de montagne ?

Loin de nous les couplets faciles! Ceux d'Albert Londres, il y a trois ans, touchant les « forçats » du Tour, nous faisaient sourire. Nous n'avons plus envie de sourire, cette année. Nous craignons tout. Tout peut se produire, abandons, agressions, révoltes, de la part des débilités nerveux que vont être ces hommes. Puisse la fantastique épreuve ne pas s'interrompre soudain dans de dramatiques conditions !

Possible qu'il n'en soit rien, que les ressources morales des soixante rescapés qui atteignent Bayonne leur autorisent l'achèvement de la tâche vraiment douloureuse qui leur fut proposée cette fois! Souhaitons-le, mais souhaitons aussi que, l'an prochain, quelque correctif, issu du cerveau bouillonnant du directeur de l'Auto, ramène l'épreuve aux proportions d'une extraordinaire école d'énergie et d'endurance, mais non pas d'une << course à la mort » comme il semble qu'elle soit devenue ! Marcel BERGER.

« Le 22 juin, le capitaine Challes s'est attribué la Coupe Internationale Michelin, en réalisant 2.731 km. à la moyenne horaire de 215 km. 498. >

L'appareil du capitaine Challes était équipé en pneumatiques Dunlop à tringles sur jantes base creuse.

Dans une performance de ce genre, les pneus sont soumis à une dure épreuve, puisqu'ils sont obligés d'assurer 14 atterrissages et 14 décollages, et nous pouvons ajouter que le pneu matique d'avion Dunlop, suit à grands pas, les traces de sof aîné, le fameux Dunlop Cord, victorieux dans toutes les cour ses d'automobiles

LA BOURSE

Après l'accès de faiblesse de ces temps derniers, notre marché a retrouvé, durant cette huitaine, un peu d'équilibre et, sous l'influence d'éléments plus favorables, la tendance s'est raffermie vigoureusement. Si l'on ne finit pas au plus haut, on n'en reste pas moins dans presque tous les compartiments au-dessus du niveau de la semaine précédente.

Nos Rentes sont généralement un peu plus calmes; par contre, les Bons du Trésor restent fermement tenus.

Parmi les Fonds étrangers, les Ottomans ont regagné une partie de terrain qu'ils avaient abandonné; on parle, en effet, d'une reprise possible des pourparlers. Les Serbes s'inscrivent en progrès sensibles.

Aux valeurs diverses, les valeurs d'eau et de gaz conservent leur bonne orientation. Des demandes se sont surtout portées sur les titres d'électricité qui enregistrent des plus-values intéressantes.

En banque, les Mines d'Or, les Sud-Africaines et les Pétroles ont passé, tour à tour, d'une certaine activité à un fléchissement.

Caisse autonome d'amortissement

Le Comité Financier de la Caisse autonome de gestion des Bons de la Défense nationale et d'amortissement de la Dette publique s'est réuni le 22 juin 1927, sous la présidence de M. le sénateur Milan.

M. le sénateur Lebrun, président du Conseil d'administration, ass tait à la réunion.

Après avoir pris connaissance de la situation de la circulation des Bons de la Défense nationale, le comité a émis l'avis que le taux de l'intérêt des Bons de la Défense nationale à 2 ans soit abaissé de 5 % à 4.50 % à partir du 23 juin.

SOCIETE GENERALE

Les comptes de chèques apparaissent en nouvelle augmentation dans la situation au 30 avril 1927, à 2.657.221.908 fr. contre 2.274.461.042 au bilan au 31 décembre 1926. Par contre, les comptes courants créditeurs, qui s'inscrivent à 6.309.577.511 fr., sont en sensible diminution par rapport au chiffre du mois précédent (6.750.483.315), mais restent supérieurs à celui du bilan à fin 1926 (6.162.221.298). L'effet de cette diminution se répercute sur le portefeuille effets et B.D.N. qui revient de 4.956.375.143 fr. au 31 mars à 4.740.420.983 fr. au 30 avril (contre 5.369.050.412 au 31 décembre 1926), et sur les comptes courants débiteurs qui, aux mêmes dates, passent de 1.735.514.803 à 1.462.092.179 (contre 1.636.661.815). Les disponibilités, au contraire, accentuent leur plus-value antérieure; les espèces en caisse et à la Banque de France sont de 1.779.486.349 fr. contre 1.770.852.526 au 31 mars et 1.025.764.223 au 31 décembre 1926 et les avoirs dans les banques et les correspondants de 1.249.457.731 contre 1.100.443.316 et 637.844.471 respectivement.

LE RENDEMENT DES TABACS

Le Conseil d'administration de la Caisse autonome de gestion des Bons de la Défense nationale, d'exploitation industrielle des tabacs et d'amortissement de la Dette publique, réuni le 22 juin, sous la présidence de M. Albert Lebrun, vice-président du Sénat, a examiné divers projets établis par le Comité techni

que et présentés au nom de ce comité par son président, M. Moutou.

Le conseil a adopté le principe d'une réorganisation des services centraux de l'exploitation industrielle des tabacs. Il a admis l'organisation, en faveur des débitants de tabacs, d'un système de vente à crédit qui doit avoir pour conséquence de faciliter notablement l'approvisionnement et l'achalandage des débits et d'entraîner par suite un certain accroissement des recettes des tabacs.

Le directeur général du ervice d'exploitation industrielle des tabacs a exposé ensuite la situation des recettes des tabacs, situation qui se présente actuellement sous un jour favorable : les recettes des cinq premiers mois de 1927 dépassent, en effet, de 403 millions les recettes de la période correspondante de 1926, et de 31 millions les prévisions qui avaient été faites fin 1926 pour 1927 et s'élevant pour l'année entière à environ 3.500 millions.

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OBLIGATIONS 6 % 1927 amortissables en 50 ans

(Décret du 13 juin 1927)

La loi du 7 août 1926 a autorisé le ministre des Finances à procéder à des opérations facultatives pour les porteurs, de conversion de la dette intérieure du Trésor et du Crédit National. En exécution de cette disposition, le Trésor va entreprendre la conversion d'une partie de la dette flottante intérieure par l'émission d'Obligations 6 % amortissables en cinquante ans. Les souscriptions pourront être acquittées soit en espèces, soit en Bons de la Défense Nationale émis avant le 3 juin 1927; le numéraire versé directement par le public o provenant de l'escompte au Trésor par la Caisse d'amortissement d'une partie des Bons de la Défense Nationale présentés en souscription permettra d'abaisser la limite maximum des avances de la Banque de France à l'Etat.

Si le montant des Bons de la Défense Nationale présentés en souscription excède les possibilités d'escompte de la Caisse d'amortissement, l'excédent donnera lieu à un abaissement du plafond de l'émission des bons.

Cette opération n'a donc pas pour objet de procurer au Trésor des ressources destinées à être affectées au payement des dépenses publiques; elle constitue essentiellement une opération de consolidation de la dette flottante qui marquera une étape importante dans la voie du redressement financier.

CARACTERISTIQUES DES OBLIGATIONS

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Type. Obligations amortissables, inscrites au grand livre de la Dette publique.

Prix d'émission et date de jouissance. Emises à 460 fr. par 500 francs de capital nominal, avec jouissance du 10 juillet 1927.

Intérêt.

Intérêts à 6 % l'an, payables à terme échu, les 10 janvier et 10 juillet de chaque année.

Amortissement. - Obligations amortissables en cinquante ans au moyen d'une annuité constante inscrite au budget de l'Etat, soit par remboursement au pair à la suite de tirages au sort semestriels le 10 mai et le 10 novembre de chaque année, soit par rachats en bourse à toute époque.

Convertibilité. - Le Trésor s'engage à ne pas faire usage de la clause de remboursement anticipé avant le 10 juillet 1931. Forme. Titres au porteur ou nominatifs. Exemption d'impôts. Obligations exemptes : De l'impôt sur le revenu des valeurs mobilières ; Des droits de timbre ;

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