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Les voies ferrées et la défense de l'Etat,

(d'après l'Italia militare.)

Le travail extraordinaire de reconstitution, commencé en France avec une fébrile activité depuis les revers de 1870-71 et suivi constamment avec les moyens grandioses fournis au gouvernement par le patriotisme de la nation, ne se borne pas seulement à la réorganisation de l'armée, mais il s'étend aussi au théâtre sur lequel doivent agir les hommes et le matériel de guerre, et qui forme une partie essentielle de l'organisation. militaire d'un état.

. Chacun sait combien la France attache, depuis la guerre, d'importance à augmenter ses lignes ferrées et à donner à leur réseau un développement répondant aux exigences de la défense de l'Etat, sans nuire pour cela aux intérêts économiques.

Certains prétendent qu'on ne peut satisfaire au premier but sans nuire au second, comme si en matière de chemins de fer, il y avait un antagonisme entre les besoins militaires et ceux du commerce Cette supposition n'est pas fondée parce que les armées suivent les voies du trafic et portent la mort dans les mêmes lieux d'où la civilisation fait rayonner la vie.

Outre les travaux qui concernent directement l'amélioration de la viabilité au sujet de la translation des troupes d'un bout à l'autre du pays, le gouvernement français s'occupe de la création d'institutions capables de garantir le service sûr et régulier des transports militaires en temps de paix et en temps de guerre.

L'activité du gouvernement français se porte sur ces deux points: 1° Augmentation du réseau des voies ferrées.

2o Elaboration d'une organisation militaire pour les chemins de fer. Nous dirons brièvement ce qui a été fait dans ces deux branches, nous rapportant pour la première au livre qui a été publié par M. Budde, à Berlin, en 1877.

Un regard jeté sur les deux cartes annexées à cet ouvrage et représentant l'une les chemins de fer français en 1870 et l'autre leur état en janvier 1877, fait ressortir le soin mis à joindre entre eux et avec l'intérieur par le moyen des voies ferrées les divers ports de mer. La France possède 77 principaux ports de mer; parmi ceux-ci, 58 sont à proximité de voies ferrées et 8 en auront bientôt. Un égal intérêt est mis à etablir des communications rapides entre les places fortes et les villes de garnison de la République. En y comprenant les forteresses frontières, la France possède 112 places fortes dont 92 desservies par des chemins de fer et 167 garnisons dont 159 sur des lignes ferrées.

Les lignes françaises en 1870 convergeaient toutes vers Paris ; le système de rayonnement n'était nulle part plus développé qu'en France. Aujourd'hui, l'expérience a condamné ce système cemme nuisible au transport sûr et régulier des troupes qui, dans les mouvements d'urgence, se groupent autour des points de centralisation des lignes empêchant ainsi leur fonctionnement régulier, au moment où elles seraient peutêtre le plus utiles.

Les Français qui, pendant la guerre, eurent plusieurs fois à subir les effets désastreux de ce système, ne tarderont pas à en changer. Dans la séance de l'Assemblée nationale du 23 mars 1874, on discuta un projet de loi pour la construction de nouvelies lignes; on admit que pour les lignes stratégiques dont l'exécution ne devait pas être retardée, il fallait accorder des subventions spéciales. La plupart de ces lignes nouvelles durent servir à établir les communications entre les différents rayons et à rendre facile le passage de l'une à l'autre ligne radiale en évitant la capitale.

Par ce moyen, on arrive à former autour de Paris diverses lignes concentriques qui, au nombre de sept, parcourent la zone contiguë à la frontière allemande, se divisant à l'intérieur comme une toile d'araignée et touchant les points les plus importants des frontières nord, ouest et sud.

Ces sept lignes sont:

1° Mezières-Sedan-Montmédy par Thionville avec embranchements à l'intérieur sur Paris et le Nord de la France;

2o Reims-Verdun sur Metz avec embranchements à l'intérieur sur Laon, Paris et le Nord;

3o Paris-Châlons-Frouard par Vic et Château-Salins;

40 Troyes - Chaumont - Neufchâteau-Epinal-St-Dié, avec embranchement à l'intérieur sur Orléans et Paris;

5o Port-d'Atelier-Epinal-Granges, avec embranchements a l'intérieur sur Chalindrey el Vesoul.

6o Gray-Vesoul-Belfort sur Mulhouse avec embranchement à l'intérieur sur Châtillon, Dijon et Dôle.

7o Besançon-Belfort avec embranchements à l'intérieur sur Dôle et Lons-le-Saulnier.

Six de ces lignes sont achevées; la ligne no 4 sera finie en 1879. Le reste des lignes décrétées, concédées ou en construction comprendra, une fois le reseau terminé, trois lignes indépendantes menant à la frontière italienne, savoir:

10 Chambéry-Esseillon-Modane sur Bardonnèche avec embranchements à l'intérieur par Culoz-Ambérieu, sur Mâcon ou Lyon et par le fort Barraux-Grenoble sur Valence.

2o Gap-Briançon-Modane avec direction intérieure sur Grenoble; par Crest sur Livron, et par Sisteron-Aix sur Marseille.

3o Toulon-Antibes-Villefranche sur Vintimille avec embranchements intérieurs sur Avignon, Nimes, Toulouse et Clermont.

Toutes les voies ferrées menant aux frontières italienne ou allemande sont barrées par des places fortes ou des ouvrages fortifiés.

Passons maintenant au second point qui doit nous occuper, c'est-àdire à l'organisation du service des chemins de fer en temps de guerre, qui est, en grande partie, empruntée au système prussien.

La haute direction du service des transports militaires sur les chemins de fer français en temps de paix et de guerre (dans ce dernier cas seulement sur les voies ferrées situées en deça de la ligne d'opérations), est confiée à une commission permanente jointe au ministère de la guerre et appelée: Commission militaire supérieure des Chemins de fer. Cette commission se compose de : 1 général de division, président; 1 général de brigade, vice-président; 1 employé supérieur du ministère des travaux publics; 2 représentants des compagnies de chemins de fer; 3 officiers supérieurs, 1 d'état-major, 1 d'artillerie, 1 du génie; 1 officier de l'intendance; 1 officier d'état-major, secrétaire; enfin un employé comptable des chemins de fer et un officier supérieur de la marine. (A suivre.)

Exercices de tir de l'infanterie. Le Département militaire vient de publier le rapport sur les exercices de tir de l'infanterie pendant l'année 1876.

Comme en 1875, l'infanterie n'a tiré en 1876 que dans les écoles de recrues et dans les écoles de tir, attendu que les cours de répétition étaient de beaucoup de trop courte durée pour pouvoir procéder à des exercices de tir et qu'il n'avait pas encore été organisé d'exercices de tir d'un jour.

Le tir a de nouveau été subordonné à des conditions déterminées comme dans les exercices des écoles de recrues et des écoles de tir de l'année dernière, c'est-à-dire qu'aucun élève n'a été admis à un exercice suivant sans avoir rempli dans le précédent les conditions prescrites par le réglement.

Les exercices prescrits sont les suivants :

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Le tir doit commencer avec le 1

VI. A terre,

)

VI.A genou ou à terre, à bras franc.

II.

exercice de la III' classe et doit être continué par chacun, tant que le nombre des cartouches à tirer (recrues 100) le permet.

Les conditions à remplir pour passer à l'exercice suivant, consistent en séries de 5 coups et elles sont les mêmes pour toutes les distances et pour toutes les classes, savoir:

10 points (maximum 20) sur la cible I (180/180) et sur la cible III (1m/1m).

3 coups touchés dans les figures des cibles.

Pour les carabiniers armés de carabines les conditions sont rendues plus sévères en ce qu'ils doivent faire douze points sur les cibles I et III et avoir 4 coups touchés dans les figures des cibles. Si toutefois un carabinier obtient dans deux séries successives, le double des résultats fixés pour les fusiliers - soit en 10 coups 20 points ou 6 coups touchés, — il passe à l'exercice suivant.

Les résultats obtenus dans les écoles de recrues sont récapitulés dans le tableau ci-après :

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Tandis que les résultats des écoles de tir, pour officiers et sous officiers, sont restés à peu près les mêmes en 1875 et 1876, on a constaté une marche rétrograde dans ceux des écoles de recrues, ce qui doit être attribué, en partie du moins, dit le rapport officiel, à la munition de qualité inférieure dont on s'est servi en 1876.

L'ARMÉE GRECQUE.

Voici, d'après l'Italia militare, quelles sont les forces militaires de la Grèce et l'organisation de son armée.

Le système militaire du Royaume Hellénique est fondé sur la loi sur le recrutement de 1867 et sur celle de l'organisation de l'armée promulguée le 18 juillet 1877.

Le service militaire est obligatoire pour tous les sujets du royaume aptes à porter les armes. La durée du service pour les hommes incorporés dans l'armée active et la réserve est de 10 ans, dont 3 sous les armes et 7 dans la réserve. Une fois son congé obtenu, le soldat passe dans la réserve. Une fois son congé obtenu, le soldat passe dans la landwehr où il reste dix autres années et enfin dans la réserve de landwehr, sorte de milice territoriale. De cette façon, le citoyen grec est obligé de servir pendant 30 ans, depuis l'âge de 20 ans à celui de 50.

En cas d'invasion du sol de la patrie, on fait une levée en masse comprenant tous les hommes de 18 à 50 ans. Le gouvernement a le droit de former des légions étrangères. Jusqu'à ces derniers temps la loi de 1867 n'a pas été appliquée dans toute sa plénitude, et tout récemment seulement, on a aboli le droit d'exonération du service par le moyen de paiements et celui du remplacement.

Avant et jusqu'en 1876, l'effectif de l'armée était compté de 14,300 hommes sur pied de paix et de 31,300 hommes sur pied de guerre.

L'ordonnance donnée avec le décret du 18 juillet 1877, modifie essentiellement l'effectif de l'armée dans le sens d'un plus grand développement.

L'exemple de la Serbie qui a presque la même population que la Grèce et qui, par son organisation militaire, peut compter sur une armée de 150,000 hommes, a probablement poussé la Grèce à établir sa propre organisation militaire sur des bases plus étendues.

Le décret du 18 juillet 1877 estime donc que l'armée entière devra se composer comme suit:

8 régiments d'infanterie de 2 bataillons à 4 compagnies chacun.

4 bataillons de chasseurs à 4 compagnies chacun.

1 régiment d'artillerie à 8 batteries de campagne et 4 de montagne.

1 régiment de cavalerie à 5 escadrons.

1 bataillon de troupes du génie à 6 compagnies.

2 compagnies de troupes sanitaires.

Ces troupes devront former 2 divisions de 2 brigades chacune, la brigade contenant 2 régiments d'infanterie.

Le ministre de la guerre émet l'avis que cette organisation doit donner à la Grèce une armée de 200,000 hommes dont 120,000 appartiendront à l'armée active et à la réserve, 50,000 à la landwehr et 30,000 à la réserve de la landwehr.

Le manque de cadres ne permet pas de donner pour le moment aux diverses armes le développement prévu par le dicastère de la guerre et il semble que, dans une mobilisation éventuelle, l'effectif de l'armée restera de beaucoup en dehors des chiffres prescrits. Les nouvelles qui arrivent de Grèce ne font que confirmer cette assertion. Il est par con

séquent difficile de dire, même approximativement, combien d'l ɔmmes la Grèce peut mettre sur pied actuellement.

L'ARMÉE EGYPTIENNE.

Nons croyons intéressant de placer en regard des détails que nous avons donnés sur l'armée grecque les quelques renseignements suivants que donne la Vedette sur l'armée du Khédive. Selon le journal autrichien, l'Egypte peut disposer de 180 mille hommes, parmi lesquels les troupes régulières sont relativement dans de bonnes conditions et, en certains points, supérieures aux troupes turques. L'armée régulière se compose de 18 régiments, d'infanterie, 4 bataillons de chasseurs, 4 régiments de cavalerie, 2 régiments d'artillerie de campagne et trois de place, 1 compagnie de pionniers, plus 10 compagnies de nègres et 2 de bédouins (ces dernières montées sur des dromadaires), un corps de gendarmerie et enfin des détachements de discipline et d'ouvriers. L'armée ne comprend pas de service du train; en temps de guerre les transports se font par réquisitions. Les troupes irrégulières sont pour la plupart formées de régiments de cavalerie composés par les tribus du désert sous le commandement de leurs chefs; elles peuvent, en temps de guerre, donner une force de 50 mille cavaliers. Ajoutons encore aux troupes irrégulières deux régiments d'infanterie recrutés dans le Soudan et comptant 5000 hommes.

La loi égyptienne établit-l'obligation générale au service militaire. Les habitants d'Alexandrie et du Caire sont exempts; la libération par paiement est admise. La durée du service est de 12 ans dont 5 sous les armes et 7 dans la réserve; les hommes sont levés quand ils ont atteint leur seizième année.

L'équipement et l'armement des troupes égyptiennes ne laisse rien à désirer. L'infanterie a le fusil Remington, la cavalerie des sabres, des lances et des carabines; toute l'artillerie est armée de canons Krupp en acier. Les hommes de troupe sont relativement bien payés et nourris. Les officiers, jusqu'au grade capitaine reçoivent, les lieutenants 2 et les capitaines 3 rations de la troupe.

L'avancement parmi les officiers jusqu'au grade de colonel se fait au choix; pour cela il y a dans chaque régiment un comité composé d'officiers de tous grades qui fait les présentations au ministre de la guerre qui les soumet au Khedive.

Il y a en Egypte une bonne école militaire, c'est l'Académie militaire du Caire qui coûte environ à l'Etat un million de francs par an. Les professeurs sont pour la plupart américains, quelques-uns français. Cette académie se divise en cinq sections; école d'état-major, école d'artillerie, et de génie, école d'infanterie, école de cavalerie et école d'administration militaire et de comptabilité.

BIBLIOGRAPHIE

L'armée française, journal de l'armée active, de la marine et de l'armée territoriale, paraissant trois fois par semaine. Rédacteur en chef: A. Wachter.

Nous saluons l'apparition de ce nouveau confrère dans la presse militaire française. Nous ne pouvons mieux faire connaitre cette nouvelle publication qu'en donnant un extrait du premier article intitulé Notre programme:

« Pour éviter toute interprétation, nous avons résolu d'écarter les sujets ayant trait à la politique intérieure. Nous nous bornerons à donner un résumé succinct, sans reflexions ni commentaires, des nou

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