TESSIN. Le Conseil fédéral a ordonné la suspension de l'occupation de Lugano par la gendarmerie jusqu'à ce qu'il soit prononcé sur le recours adressé à ce sujet au Conseil fédéral et aux Chambres fédérales. - VAUD. Le 17 janvier est mort à Lausanne le capitaine Samuel Bury, auditeur de la 3e brigade; au civil juge cantonal, ancien juge d'instruction, précédemment avocat el directeur du chemin de fer Lausanne-Echallens dont il fut l'un des créateurs. L'armée perd en lui un membre modeste, mais de mérite sous beaucoup de rapports, un officier distingué dans sa spécialité et aussi, quand il le fallait, dans divers services d'état-major, officier plein da zèle, d'intelligence, de dévouement, excellent camarade, aimé et estimé de tous. D'abord secrétaire d'état-major à la division Charles Veillon, puis capitaine judiciaire dès 1866, il fut ordinairement employé à la 2e division. Pendant l'été 1870, il fit partie, à la brigade Favre, des premières troupes d'occupation du Jura bernois, et il rendit, dans ces circonstances comme souvent depuis lors, de bons services en dehors de ses fonctions réglementaires, c'est-à-dire comme adjudant ou chargé de missions parfois importantes et difficiles. C'est bien aussi en cette double qualité qu'il se réjouissait de faire le rassemblement de troupes de cet automne. Malheureusement depuis quelques années une maladie du foie le minait sourdement, sans rien ôter à son activité et à son initiative habituelles; elle vient de l'enlever à la fleur de l'âge, après quelques jours seulement d'aggravation. Resté plus de onze ans capitaine, sans se plaindre de cet oubli relatif, ni déployer moins de zèle qu'au début de sa carrière, Bury peut encore être cité comme un modèle d'abnégation, d'esprit militaire, de ferme sentiment du devoir. La littérature politique lui doit, outre quelques ouvrages de droit fort estimés, une piquante production. C'est La prise de Berne» brochure anonyme qui fit sensation quand elle tomba au milieu des vives discussions révisionnistes de 1871-1872. On sait qu'elle pesa d'un poids considérable dans le scrutin du 12 mai 1872 qui rejeta le premier projet de constitution fédérale révisée. De nombreux amis, venus de divers districts du canton, l'ont accompagné, le 19 janvier, à sa dernière demeure, au cimetière de la Sallaz; nombreux aussi sont ceux qui lui garderont un bon et fidèle souvenir. ERATUM. - Dans notre dernier numéro nous avons omis parmi les nominations au grade de lieutenant dans la seconde division, MM. Jacob Fehlmann, à Berne et Charles Engel, à Tavannes. AVIS Messieurs les actionnaires de la Revue militaire peuvent retirer dès ce jour, contre présentation de leur action, la seconde feuille de coupons à l'Union vaudoise du Crédit, Bureau de la comptabilité générale n° 2. AUX OFFICIERS SUISSES TUNIQUES SOIGNÉES, ORDONNANCE, COUPE DISTINGUÉE CHEZ BLUM-JAVAL & FILS BERNE (Médaillés pour les les uniformes suisses,) NB. Rabais considérable sur plusieurs équipements commandés ensemble. N° 4. Lausanne, le 18 Février 1878. SOMMAIRE Guerre d'Orient, p. 65. XXIII® Année Représentation graphique de la marche d'un corps de troupes combiné et de la marche de ses subdivisions, par von Scriba, (planche) p. 70. Influence de la fatigue du tireur sur le tir au fusil, p. 75. Société des officiers suisses, p. 77. culaires et pièces officielles, p. 79. - Nouvelles et chronique, p. Avis et annonce, p. 80. 80. Cir Les ARMES SPÉCIALES. L'artillerie de la marine aux Etats-Unis, p. 81. voies ferrées et la défense de l'Etat, p. 89. - Exercices de tir de l'infanterie, p. 90. L'armée grecque, p. 92. L'armée égyptienne, p. 93. Bibliographie: L'armée française, journal de l'armée active, de la marine et de l'armée territoriale, p 93. - Galeria militar contemporanea, p. 94. Nouvelles et chronique, p. 95. GUERRE D'ORIENT Les Russes sont arrivés à la fin de leurs opérations pour le moment, c'est-à-dire jusque dans les défenses extérieures de Constantinople, puis sur la Mer-Noire à Bourgas, sur la mer de Marmara à Rodosto, sur la mer Egée à Enos et Dedeadag, ayant marché sans cesse pendant les négociations et conclu un armistice et des préliminaires de paix dont on ne connaît encore les termes que par la pièce suivante, remise par le commandant en chef russe aux délégués turcs à Kasanlik: Si les Turcs demandaient aux avant-postes la paix ou un armistice, S. A. I. le commandant en chef devra leur notifier que les hostilités né sauraient être suspendues que si les bases suivantes étaient préalablement adoptées : 1. La Bulgarie, dans les limites déterminées par la majorité de la population bulgare, et qui, en aucun cas, ne sauraient être moindres que celles indiquées par la conférence de Constantinople, serait érigée en principauté, autonome tributaire, avec un gouvernement national chrétien et une milice indigène. L'armée ottomane n'y séjournerait plus, sauf quelques points à déterminer d'un commun accord. 2. L'indépendance du Montenegro serait reconnue. Un accroissement de territoire équivalent à celui que le sort des armes a fait tomber entre ses mains lui serait assuré. La frontière définitive serait fixée ultérieurement 3. L'indépendance de la Roumanie et de la Serbie serait reconnue. Un dédommagement territorial suffisant serait assuré à la première, et une rectification de frontière à la seconde. 4. La Bosnie et l'Herzégovine seraient dotées d'une administration autonome, avec des garanties suffisantes. Des réformes analogues seraient introduites dans les autres provinces chrétiennes de la Turquie d'Europe. 5. La Porte s'engagerait à dédommager la Russie des frais de la guerre et des pertes qu'elle a dû s'imposer. Le mode, soit pécuniaire, soit territorial ou autre, de cette indemnité, serait réglé ultérieurement. S. M. le sultan conviendrait de s'entendre avec l'empereur de Russie pour sauvegarder les droits et les intérêts de la Russie dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles. En témoignage de l'acceptation de ces bases essentielles, des plénipotentiaires ottomans se rendront immédiatement à Odessa ou à Sébastopol, pour y négocier avec les plénipotentiaires russes des préliminaires de paix. On apprend de plus que l'indemnité ou autre indiquée ci-dessus ne serait rien moins que la remise immédiate aux Russes de la flotte turque et des forts des détroits, avec divers engagements équivalant, dit-on, à la soumission complète de la Turquie au vainqueur sous le nom d'une alliance russo-turque. On assure que cette alliance serait surtout dirigée contre l'Angleterre pour la punir d'une part d'avoir excité la Turquie à la guerre et d'autre part de ne l'avoir pas soutenue efficacement une fois la guerre commencée. Le fait est que les rapports semblent s'aigrir entre les cabinets de Londres et de St-Pétersbourg, si l'on en juge par les récentes délibérations du Parlement anglais ainsi que par la note télégraphique suivante adressée par le prince Gortschakoff, le 10 février aux ambassades russes à Berlin, Vienne, Londres, Paris et Rome : Le gouvernement britannique a décidé, sur les rapports de son ambassadeur à Constantinople, de profiter d'un firman qui lui avait été antérieurement accordé par le sultan, pour diriger une partie de la flotte anglaise sur Constantinople, afin de protéger la vie et la sûreté des sujets anglais dans cette ville. D'autres puissances ont alors pris des mesures semblables eu égard à leurs propres ressortissants à Constantinople. L'ensemble de ces circonstances nous force de notre côté à aviser aux moyens de protéger aussi les chrétiens dont la vie serait menacée. Pour atteindre ce résultat, nous nous proposons de faire entrer à Constantinople une partie de nos troupes. La flotte britannique, qui avait paru vouloir entrer dans les détroits, a repris son mouillage de Besilka, sur une protestation de la sublime porte. Anglais et Russes sont donc encore séparés par une distance respectable, d'autant plus que chacun d'eux, sur son élément respectif, a une prépondérance marquée qui impose à la partie adverse. P.-S. Ensuite de nouvelles complications diplomatiques la flotte britannique a passé les détroits et pris position à l'ile des Princes devant Constantinople. Les Russes ont occupé les abords de Péra. Les derniers événements militaires soit ceux du 8/20 au 15/27 janvier, sont résumés comme suit, par les journaux russes: Les télégrammes reçus cette semaine de S. A. I. le grand-duc commandant en chef permettent de se rendre compte de l'énergique marche en avant de nos troupes, dans son ensemble. Aprés avoir franchi les Balkans en deux corps principaux, à Schipka et près de Kamaria, nos troupes ont immédiatement poursuivi l'ennemi dans deux directions: le général Gourko, dans les vallées de la Topolnitsa et de la Maritsa, sur Philippopoli, et le général Radetzky, en ligne droite, sur Andrinople. Le général Gourko, après l'occupation de Sofia, a vigoureusement poursuivi l'armée en retraite de Soleyman pacha dans trois directions: le centre sur Skhtiman et par les portes de Troyan, la colonne de droite sur Samakovo, la colonne de gauche sur Pétritchévo et plus loin, dans la vallée de la Topolnitsa; ces trois colonnes avaient pour objectif commun Tatar-Bazardjik et ensuite par la vallée de la Maritsa, Philippopoli, sur lequel marchait d'autre part le corps du général Kartsof, venant de Karlovo. Les troupes dispersées de Soleyman pacha se retiraient sur Philippopoli en deux colonnes l'une, sous le commandement de Soleyman pacha en personne, forte d'environ 40 bataillons, par une ligne directe, en suivant les vallées du Guiebsou et de la Topolnitsa; l'autre, sous les ordres de Fuad pacha par une route détournée, sur Samakovo et TatarBazardjik. Soleyman Pacha réussit, en se retirant précipitamment, à éviter une bataille et, après avoir dépassé Philippopoli, il s'arrêta pour attendre Fuad pacha et se replier avec lui sur Andrinople; mais pendant ce temps Fuad pacha était atteint et attaqué par nos colonnes à Philippopoli, ce qui reteint Soleyman près de cette ville Un brillant combat de trois jours sous Philippopoli accheva de disperser l'armée turque. Lorsque le général Véliaminof eut occupé Samakovo (30 décembre), après une lutte opiniâtre, et que la colonne du centre eut franchi Skhtiman et les portes de Troyan, nos troupes occupèrent Bazardjik, s'avancèrent par la rive gauche de la Maritzsa sur Philippopoli et, à 20 verstes de cette ville, atteignit Fuad picha, campé sur la rive droite; Philippopoli était occupé à ce moment par l'arrière-garde de Soleyman pacha. Le 3 janvier, nos troupes se mirent en marche sur trois colonnes pour attaquer les positions turques; les colonnes des généraux comte Schouvaloi et Schilder-Schuldner, traversant à gué la Maritza, qui charriait des glaces, attaquèrent l'ennemi et le rejetérent sur les montagnes (sur Dermendéré), tandis que la colonne du général baron de Krüdner s'avançait par la rive gauche et entrait à Philippopoli, que l'arrièregarde de Soleyman pacha, saisie de panique, abandonnait précipitamment. Ce premier succès permettait de couper entièrement l'armée de Soleyman; dans ce but, la 3° division d'infanterie, sous les ordres du général Dandeville, avec de la cavalerie, fut dirigée le lendemain 4/16 janvier sur Stanimaki pour barrer la retraite à l'ennemi; les généraux comte Schouvalof, Schilder-Schuldner et Véliaminof furent chargés d'attaquer les Turcs à Demendéré; ceux-ci, se maintenant à Dermendéré, gagnèrent par les montagnes Stanimaki; mais là ils se heurtèrent au général Dandeville qui les dispersa et leur enleva presque toute leur artillerie. Le lendemain matin les colonnes de Dermendéré opérèrent leur jonction avec les troupes du général Dandeville et réunies à celles-ci attaquèrent les Turcs, qui, abandonnant leurs positions et leurs canons, s'enfuirent en désordre dans les profondeurs du Despoto-Dagh, sur Emikioï et Laskovo. Pendant cette même nuit du 5 au 6, le reste de l'armée de Soleyman pacha fuyait par les montagnes dans la direction de Haskioï; le 7, il fut atteint et attaqué par notre cavalerie, et les cosaques du colonel Grékof, chargeant avec impétuosité son arrière-garde, lui enlevaient de vive force presque tous ses canons (40 pièces); les débris de l'armée turque, en se réfugiant à Haskioï, devaient se heurter aux troupes du général Radetzki, qui s'avançait sur la route d'Andrinople. Ainsi arriva-t-il en effet, et ces débris furent dispersés le 7/19 par les troupes du général Skobélef II. Dans les combats du 2, du 4 et du 5, nous avons pris 110 bouches à feu et fait un grand nombre de prisonniers; le chiffre de ceux-ci n'est pas encore connu. Pendant qu'avaient lieu ces opérations, le général Radetzky, ayant en avant-garde le général Skobelef II, que précédait la cavalerie du général Strenkof, s'avançait rapidement par Andrinople. Dans la nuit du 2 au 3, la cavalerie avancée détruisit les chemins de fer de Philippopoli et de Yamboli; le 3/15 elle s'empara de la station de Ternovo, lieu de jonction de ces voies ferrées, et le 8/20 elle entra à Andrinople, abandonné précipitamment par les troupes d'Eyoub pacha, qui avait préala blement détruit une partie du matériel de guerre qui se trouvait dans la ville; néanmoins, le général Stroukof put s'emparer de 26 canons. Le 8/20 le général Skobelef arriva à Andrinople avec de l'infanterie et envoya immédiatement des corps de cavalerie, sous les ordres du général Dokhtourof, à l'est et au sud, sur Kirkilissa, Lulé-Bourgas et Démotica; en même temps les troupes du général Radetzky se mettaieut en communication avec le corps de l'ouest. Pendant que l'avant-garde du général Skobelef s'avançait sur la route d'Andrinople, dans la nuit du 6/18 au 7/19, nos éclaireurs signalèrent la marche d'un immense convoi, qui, escorté par des troupes d'infanterie et des habitants armés, se dirigeait sur Hermanly, du côté de Haskioï; c'étaient les débris de l'armée de Soleyman pacha qui se retiraient sur Andrinople. Le colonel Panioutine, envoyé le matin du 7/19 dans la direction indiquée, attaqua et dispersa les Turcs et s'empara d'un convoi de 20,000 voitures. Les résultats de la poursuite énergique de l'ennemi par notre armée sont immenses; sans parler des pertes matérielles qu'elles ont éprouvées, les troupes turques sont entièrement abattues moralement et la panique qui s'est emparée d'elles a gagné Constantinople, où le gouvernement et la population sont dans la consternation Malheureusement les habitants musulmans de la région occupée par nous ont commis un dernier acte de barbarie et de violence à l'égard des chrétiens, ont livré aux flammes en les saccageant les villes et les villages bulgares; craignant le juste châtiment d'actes semblables, ils ont pris la fuite à la suite des troupes turques. En entrant dans les localités dévastées, nos troupes y rétab'issent l'ordre et y organisent des administrations provisoires composées d'habitants; néanmoins la fuite irréfléchie des musulmans entraine quelquefois de déplorables scènes semblables à celles que décrit un télégramme de S. A. I. relatif au combat du 7/19 Dans l'énergique mouvement en avant, qui l'a conduite des Balkans à Andrinople, notre armée a brillamment prouvé qu'elle savait profiter de ses précédentes victoires. La poursuite de l'ennemi, qui a été effectuée par des neiges profondes, un vent violent, un froid de 10 degrés et en soutenant souvent des luttes opiniâtres, a duré dix jours sans interruption et le nombre des trainards a été tout à fait insignifiant. En Asie-Mineure, les opérations pendant la semaine qui vient de s'écouler se sont bornées à un mouvement du général Khomarofdanoutch sur Artvine, mouvement dans lequel ce général s'est emparé de haute lutte d'une forte position ennemie sur les hauteurs de Gorkhotan et a infligé, dans la nuit du 9/21 au 10/22, une défaite complète à un corps turc près du village de Doliskhan. D'après les informations des journaux étrangers, les troupes serbes ont repris Kourschoumlé et dispersé les mustafiz qui s'y trouvaient; les Roumains, de leur côté se sont rendus maîtres de Florentin, au nord de Widdin, et ont complété ainsi l'investissement de cette dernière place. >> Télégrammes du grand quartier-général russe : Andrinople, jeudi 19/31 janvier. L'armistice avec la Turquie a été conclu et signé aujourd'hui ; en conséquence, les hostilités doivent être suspendues à la réception de la présente. D'après les conditions de l'armistice, la Turquie lève le blocus des ports et le commerce se fera de nouveau en toute liberté, ce qui sera l'objet d'une notification spéciale. En outre, si l'état de la glace le permet, la Turquie évacue Soulina; elle évacue également Roustchouk, Silistrie et Widdin, et nous levons, de notre côté, les barrages du Danube, dont la navigation sera libre. Les |