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doivent pas être nombreuses et sont composées surtout de troupes irrégulières. Des détachements turcs plus considérables paraissent avoir été concentrés dans la Vieille-Serbie et sur la frontière de Bosnie; toutefois, il est impossible d'évaluer, ne fût-ce même qu'approximativement, leur force numérique.

Il est impossible néanmoins de ne pas reconnaitre que les premiers pas de l'armée serbe prouvent qu'elle a un plan d'action entièrement conforme aux circonstance du moment et que l'exécution de ce plan fait honneur aux chefs serbes et à leurs troupes. Nous applaudissons, pour ce qui nous concerne, avec d'autant plus de sympathie aux succès de nos braves compagnons serbes qui se sont mis en campagne pour l'œuvre commune que l'amélioration de la situation politique de la Serbie dépend du développement ultérieur de ces succès.

Le manque de nouvelles, pendant quelques temps, du gros des forces du général Gourko indiquait qu'en présence des conditions climatériques la situation de nos troupes sur les sommets du Balkan d'Etropol n'avait pas subi de changements et qu'elles tenaient toujours devant les positions turques d'Arabkonak, fermant le débouché dans la vallée de Sofia. Il est pour les Turcs d'une haute importance de garder ces positions aussi longtemps que possible, car en les perdant, ils perdraient leur seconde et leur plus forte ligne de défense, les Balkans, en deça desquels la Turquie tend maintenant tous ses efforts pour orga niser la défense de la Roumélie. Cependant, malgré l'arrêt imposé par des obstacles naturels aux opérations du général Gourko, on a lieu de conjecturer que les Turcs seront sous peu obligés de renoncer à défendre plus longtemps les positions d'Arabkonak, en présence des opérations des troupes serbes qui menacent Sofia et des renforts envoyés de l'armée de Plevna au général Gourko.

Au nord de la Bulgarie occidentale, les Roumains ont occupé sans combat, le 11/23 décembre, la ville d'Artzer Palanka, sur le Danube, et se sont ainsi rapprochés d'une journée de marche de Widdin, place sur laquelle marche d'autre part, venant de l'Ouest, le corps serbe de Zaïtchar, indépendamment de l'évacuation du pays par l'ennemi. L'extension sans obstacles de notre front à l'Ouest a eu l'important résultat d'établir des communications directes avec l'armée serbe, qui facilitent beaucoup l'unité des opérations. Les Serbes, comme on le sait, se sont emparés de vive force de la passe de St-Nicolas, entre Belgradtchik et Pirot, et le 9/21, deux escadrons de hussards russes, envoyés de Berkovats, ont donné la main à un détachement serbe, porté sur Tchoupren, au débouché nord du défilé de St-Nicolas. Le lendemain, deux autres escadrons ont été dirigés de Berkovats par Tchiprovatz (à 25 verstes au nord-ouest de Berkovats) et Tchoupren sur Pirot, bloqué par les troupes serbes.

Aucun changement ne s'est produit ces derniers temps dans la situation du corps de Schipka; la seule différence à constater est que ses braves défenseurs ont à lutter maintenant contre un ennemi plus terrible que les Turcs, contre les intempéries, qui ne permettent de tirer que de temps à autre. Le 11/23, les Turcs, profitant d'une journée claire, ont vivement bombardé notre position du mont St-Nicolas en ne nous causant, du reste, que des pertes insignifiantes. Le lendemain, le col de Schipka a de nouveau repris son aspect d'hiver, marqué par des bourrasques de neige et des froids que nos héroïques soldats supportent bravement depuis la mi-décembre.

Sur notre front de l'Est, les reconnaissances effectuées sur la rive

droite du cours moyen du Lom-Noir ont confirmé la retraite de l'armée turque, retraite entreprise après le combat livré le 30 novembre à Metchka. Les corps ennemis, qui se tiennent encore sur le Solénik, affluent du Lom-Noir, à Bouschizma et à Tchiftlik, sur la rive gauche du Lom inférieur, n'ont vraisemblablement pour but que de masquer le mouvement de retraite des principales forces turques et de couvrir le plus de temps possible le chemin de fer de Routschouk à Schoumla. Comme, d'après les informations des journaux étrangers, l'armée de Soleyman-Pacha sera transférée en Roumélie, pour défendre les approches d'Andrinople, en laissant seulement les garnisons nécessaires dans les places fortes du quadrilatère, il est probable que les troupes turques restées sur le Lom inférieur font partie de celles destinées à renforcer la garnison de Routschouk. Le 12/24, un petit détachement de cavalerie russe, soutenu par deux canons, a eu un engagement heureux à Aïaslar sur le cours supérieur du Lom-Noir, a enlevé en partie un convoi ennemi et a fait plusieurs prisonniers.

Voici d'autres détails sur le passage des Balkans, toujours d'après les journaux russes:

Le 13/25 décembre, nos troupes sont parties d'Orkhanie pour Tchouriak et de Vratchesch pour Oumourgatch et Jiliaf. Devant la colonne d'Orkanie, qui marchait sur trois échelons, les sapeurs de la garde et le régiment de Préobrajensky établissaient une nouvelle route. Ce travail a été commencé le 9 décembre; pour le cacher aux Tures, on avait occupé sur le versant sud des Balkans le village de Tchouriak, où un escadron des dragons d'Astrakan ne laissait pas entrer les patrouilles de Tcherkesses. sapeurs et les soldats du régiment de Préobrajensky se reposaient tous les jours à Tchouriak; ils se cachaient dans les maisons, y venaient au point du jour et en ressortaient le soir pour travailler à la route pendant la nuit.

Les

Du 9 au 13 (21 à 25) décembre, on avait construit un route assez large pour le passage d'un canon de neuf, et sur divers points on avait établi un chemin de fascines et jeté des ponts.

Grâce à ces mesures, les Turcs n'ont rien aperçu ; mais le 12 décembre a commencé un chasse-neige, qui a failli anéantir tous les travaux; la route s'est couverte de verglas au point que le 13/25 décembre elle était unie comme une glace. L'avant-garde de la colonne d'Orkanie, sous les ordres du général Rauch, a dù se former en compagnies pour accompagner chaque canon et chaque caisson et les amener sur les montagnes.

L'avant-garde, qui avançait pas à pas, était précédée de soldats qui taillaient à coups de hache des marches dans la glace, pour que les hommes qui trainaient les canons eussent des points d'appui. Partie le 13/25, à 11 heures du matin, notre avant-garde a pris 24 heures pour arriver avec son artillerie au haut d'une montée de 8 verstes. La descente a commencé seulement à la nuit tombante, parce qu'une partie du versant sud-est est à portée de vue des positions d'Arabkonak et de Schandornik La descente a été encore plus difficile que la montée; la pente était si raide que l'on a dû attacher les canons et leurs caissons à des arbres et les descendre d'un arbre à l'autre avec des cordes; les caissons avaient été vidés et les projectiles étaient portés à bras ; les soldats avaient laissé leurs fusils au haut de la montagne et ils revenaient les prendre quand les canons avaient été descendus.

L'avant-garde du général Rauch a commencé à se concentrer à Uchouriak seulement le 15/27 décembre, vers midi. Le général Gourko, qui a

assisté en personne au passage des Balkans par l'avant-garde, s'était établi déjà à Tchouriak, dans la soirée du 14/26. Les 2 et 3 échelons de la colonne d'Orkhanie n'ont terminé leur descente des Balkans que le 19/31 décembre. Cette colonne a donc pris plus de six jours pour le passage des Balkars, 12 à 15 verstes en tout, tant étaient grandes les

difficultés de ce passage.

La colonne du général Véliaminof, qui s'est dirigée de Vratchesch par Oumourgatch, en suivant un sentier peu frayé, a eu à surmonter des obstacles encore plus grands; il y avait des moments où l'on désespérait de pouvoir passer les montagnes. Cette colonne a dû enlever les canons des affûts et les transporter sur des traineaux. Elle a été obligée de changer de route quand elle avait déjà commencé le passage, et elle a reçu ordre de marcher à la fois sur Juliaf et sur Tschouriak, parce que, comme une reconnaissance l'avait constaté, les Turcs occupaient une nouvelle position retranchée près de Taschkissen, position que l'on s'était décidé à attaquer.

Partie de Vratchesch le 13/25, la colonne du général Véliaminof est arrivée à Tchouriak le 18/30. Les Turcs ne s'étant pas aperçus à temps de notre mouvement à travers les Balkans, n'ont pas pu s'y opposer et se sont préparés seulement à nous recevoir à la position retranchée de Taschkissen, où s'est livrée la bataille du 19/31 décembre, dont le résultat ést connu.

Sur la bataille du 21 décembre/2 janvier, on donne les détails ci-après : L'avant-garde du général Rausch a pris part au combat livré pour s'emparer du pont de l'Isker et du village de Vratchdevna, situé à huit verstes de Sophia. Cette avant-garde était composée de régiments de Preobrajensky et d'Ismaïlovsky et de la brigade des chasseurs de la garde. Le combat a duré une heure et demie et a été décidé par un mouvement tournant du régiment de Préobrajensky, qui a traversé l'Isker sur la glace. Par suite de ce mouvement, les Turcs ont abandonné leurs ouvrages fortifiés et se sont enfuis par le pont de Sophia, auquel ils ont mis le feu, mais on a pu l'éteindre immédiatement et faire passer notre artillerie.

Lors de la bataille du 19/31 décembre, le colonel Baker de l'armée anglaise, blessé au cours de l'action à laquelle il a pris part avec les Turcs, a été fait prisonnier.

Parmi les blessés du 19/31, on a mené à l'ambulance de Mme la grandeduchesse tsézarevna à Orkanie; le général Mirkovitch, commandant du régiment de Volhynie de la garde (blessé au cou et à la poitrine grièvement); le sous-lieutenant Gontcharenko, détaché au même régiment (à l'épaule droite légèrement); le capitaine Verving, le lieutenant Ismaïlof et l'enseigne Ivastchenkof, du régiment du roi de Prusse, les trois derniers légèrement contusionnés.

-Dimanche 25 décembre/6 janvier. -Le 22 décembre/3 janvier, nos troupes ont fait leur entrée à Sofia. musique en tête, drapeaux déployés, et en chantant, au milieu de l'allégresse de la population. Aussitôt après l'arrivée du général Gourko, on a célébré un Te Deum solennel à la cathédrale. Depuis 1434, c'est la première fois qu'une armée chrétienne fait son entrée à Sofia

Voici les détails connus: Le 21 décembre/2 janvier, le général Gourko avait fait en personne une reconnaissance et s'était convaincu que Sofia n'était fortifiée que du côté Est, tandis qu'au nord il n'y avait aucune fortification et qu'on n'avait pris de ce côté aucune précaution. En conséquence, le général Gourko fit passer le même jour les douze bataillons du général. Véliaminof au village de Koumanitsa, sur l'Isker, afin d'opérer l'attaque principale au Nord-Ouest.

Les Turcs, s'étant aperçus de ce mouvement, n'attendirent pas l'attaque et se retirèrent pendant la nuit au Sud-Ouest, dans la direction de Kustendil, emmenant avec eux les Bulgares les plus riches et les plus influents, après avoir pillé la ville et y avoir laissé leurs blessés.

Le 22 décembre/3 janvier, au point du jour, on s'aperçut de la retraite des Turcs, et nos troupes entrèrent immédiatement à Sofia tout en envoyant une avant-garde sur la route de Kustendil à Bady-Effendi et un détachement pour donner la main aux Serbes qui s'approchaient de Sofia en venant de Pirot.

La 3 division d'infanterie de la garde, poursuivant les Tures qui battaient en retraite d'Arabkonak, de Schandornik et de Taschkissen, a déjà occupé Pétritchévo. La cavalerie se dirige sur Kalofer, Otlukioi, Ikhtiman et Samakovo.

Les détails de la poursuite ne sont pas encore connus; mais on sait qu'il y a eu à Mirkovo une fusillade avec les Tures le 21 décembre/2 janvier. Malheureusement, la première balle tirée a tué le général Katalei, commandant de la 3 division de l'infanterie de la garde; le général Philosoph, commandant de la 3e brigade de la même division a été blessé.

En Asie-Mineure, les opérations offensives contre Erzeroum, interrompues par des neiges profondes et par les difficultés de communications régulières avec la base par le Saganlong, sont entrées maintenant dans une nouvelle phase, qui semble indiquer comme prochain l'investissement de cette place. Le 9/21, l'aile droite russe a occupé plusieurs villages au nord-est d'Erzeroum, sur la route d'Olti, qui, par le défilé de Ghin, descend dans la vallée d'Erzeroum. Ce mouvement a pour les Russes une haute importance à deux points de vue: en premier lieu, il a pour objet de tourner les forts détachés du Top Dagh, qui constituent la principale défense d'Erzeroum, et on peut, en se développant, menacer de couper les communications de cette place avec Trébizonde; en second lieu, en descendant des hauteurs de Deveboyoun dans la plaine, le détachement russe prend, sous le rapport du climat, une pos1tion avantageuse, dans laquelle il peut, avec moins de souffrances, supporter une campagne d'hiver. En occupant les villages situés sur le vérsant nord-ouest de Deveboyoun, les troupes russes n'ont rencontré qu'une résistance insignifiante et n'ont eu que 12 hommes hors de combat. Mouktar-pacha a été rappelé à Constantinople.

Un correspondant de la République française, qui parait fort expérimenté, et qui a été en relation avec l'attaché militaire français à Constantinople. M. de Torcy, apprécie comme suit les dermeres opérations des Turcs en Bulgarie :

La

Pevca est tombée! dit le correspondant, en date de Péfa (hopital français, 18 décembre, et avec la chute de cette forteresse improbasket, la defense du nord de la Bulgarie a fini... Veut-on savoir les vraise causts des desastres désespérants et désespérés qui en résultent ?... présomptaense ctervention des créatures du harem, Tinepte dée bucoses que par jeurs tesplize intrigués et leurs appétita meérales. ost para se és operatót KLMNO.

Les malbeurs des Turs ont commencé avec la révocation Mebenes- dans des croodstandes in, lates et ure"ént és aladette g-cod. pour some mora, te et de no

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général des forces de Bulgarie. Si j'insiste sur cet épisode de la campagne, c'est que j'y vois la première cause des désastres qui l'ont suivi. Mehemed-Ali n'était assurément pas un grand général; mais, brave, prudent et énergique, il savait avec une rare faculté d'assimilation s'approprier et exécuter les bonnes idées des autres. Son plan, est-il besoin de le rappeler? était remarquable et fort simple comme la plupart des choses vraiment géniales. Il fallait d'abord ramasser et concentrer les forces éparpillées le long du Danube par Abd-ul-Kérim et Ahmed-Eyouhpacha; grâce au raid du général Gourko- qui peut à juste titre se vanter d'avoir causé l'organisation de l'armée du Sud plus de 50,000 hommes contenaient les Russes installés dans les passes principales des Balkans, tandis qu'Osman-pacha, renforcé à la hate, occupait une partie considérable des forces russes. Il s'agissait de combiner les mouvements de ces trois corps; et si le généralissime d'alors eût été secondé, son projet offrait de grandes chances de succés. A un moment donné, Mehemed-Ali, à la tête d'une cinquantaine de mille hommes, traversait le Lom-Noir et marchait sur Biela. Simultanément, Suleiman-Pacha, abandonnant la Bulgarie du Sud, à l'abri des incursions tant que 200,000 hommes opéreraient sur les derrières russes, passait les Balkans par Hain-Boghaz et Slivno, tombait sur la route d'Osman-Bazar, faisait sa jonction avec Mehemed-Ali à l'ouest de cette ville, précisément dans la région où ce général se vit contraint de renoncer à ses projets et de rétrograder dans les positions récemment conquises du Lom. A la tète d'une armée de près de 100,000 hommes, les deux généraux frappaient à la fois Tirnova et Biéla; et tandis qu'Osman, par des sorties meurtrières, attirait autour de Plevna autant de monde qu'il pouvait, les troupes du czarewitch, déjà démoralisées par les victoires remportées sur elles à Kara-Hassan et à Kosseljevo, abandonnaient la ligne de la Jantra pour reculer vers le Danube; les Russes de Schipka et de Plevna ne tardaient pas à les suivre, et grâce à l'habile et heureuse réunion du gros des forces ottomanes au cœur même des communications de l'ennemi, la Bulgarie du Nord rentrait dans la possession des Turcs, et de ce côté les Russes étaient contraints de repasser le Danube. Personne ne dira que ce projet était utopique; une partie en fut exécutée et les résultats prouvèrent assez que le tout aurait réussi.

» Mais qu'arriva-t-il? Mehemed-Ali, trompé à Constantinople sur l'étendue de ses pouvoirs, comprit bientôt de quelle impuissance ses efforts seraient frappés. Il réunit, avec une rapidité à laquelle les attachés militaires rendirent justice, les éléments épars de son armée. Puis, avertissant Suleiman, il s'avança vers Lom, d'où bientôt il refoula l'ennemi par de brillantes manoeuvres. Que faisait pendant ce temps le général de l'armée du sud? Il a prétendu que Mehemed-Ali ne réclama pas sa coopération; mensonge effronté, car j'ai vu de mes propres yeux trois injonctions pressantes qui lui furent adressées de Schoumla. Suleiman pacha, dominé par ses préoccupations personnelles, et espérant perdre son rival dans l'esprit du souverain, attaquait follement Schipka et sacrifiait 10,000 hommes au désir de passer pour le sauveur de la capitale, tandis que son chef l'attendait vainement sur le Daniska-Lom, à trois heures à peine de Biela. Dans ces conditions le plan de MehemedAli échouait forcément. Arrêté par des forces supérieures dont il n'avait espéré n'avoir raison qu'avec l'aide de son lieutenant, il se voyait obligé de reculer, sous peine d'exposer son armée à de graves désastres. Loin de lui savoir gré de cette prudence, la Porte le destituait, et, pour comble d'absurdité, le remplaçait par ce même Suleiman! »

LAUSANNE. IMPRIMERIE BORGEAUD, CITÉ-DERRIÈRE, 26.

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