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bombardement pourrait avoir rapportés; la plus grande escadre turque qui a été libre pour bloquer les ports de l'ennemi et bombarder ses fortifications consistait en quatre navires, dont la force en artillerie montait en tout à 20 canons. Je demande à tout homme de la profession ce qu'ils pouvaient faire contre les batteries modernes. La réponse serait rien hautement rien. »Il eût fallu un commandant complétement insensé pour tenter une pareille folie.

Quel est l'exemple qui a été donné aux officiers navals turcs sous ce rapport dans les temps modernes ? J'ai eu l'honneur de servir dans la flotte anglaise de la Baltique pendant la guerre de Crimée, et j'ai vu 30 vaisseaux de ligne anglais et français, portant 2500 canons, ancrer hors de portée de Cronstadt et ne pas oser faire une seule attaque, même contre les plus petites forteresses russes, jusqu'au jour où sont arrivés de petits vaisseaux portant des mortiers expressément envoyés d'Angleterre, et même alors les grands vaisseaux ne sont jamais venus à portée des grandes forteresses, dans ces jours où il n'y avait pas encore de torpilles, et où il n'avait jamais été question de canons de 18 tonnes. Et même, pour prendre la petite forteresse de Bomarsund, 10,000 hommes ont été envoyés d'Europe.

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Ayant suivi un des yachts russes jusqu'à Sébastopol, dans mon vaisseau-amiral, j'ai eu le plaisir d'être quelques minutes sous le feu des nouvelles batteries de terre de cette place, et ce que je puis dire, c'est que je fus satisfait de m'en éloigner, bien que moi et mes hommes ayons supporté le danger avec le plus grand sangfroid. Quel exemple nous a donné encore la flotte française pendant la guerre entre l'Allemagne et la France? Pourquoi croisaitelle à respectable distance des batteries et des torpilles allemandes, et je crois même sans échanger avec elles un seul coup? Un mot du blocus.

Nous n'avons jamais eu assez de navires à soustraire aux autres importants devoirs pour admettre que nous ayons gardé un blocus. strict.

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Il faut une grande flotte pour défendre un pays dont les côtes comprennent des milliers de milles sur lesquelles malheureusement habite une population portée à la rébellion et ayant besoin d'une surveillance incesssante. Occasionnellement, des vaisseaux russes marchant à grande vitesse ou des yachts armés en guerre ont profité d'un beau temps pour s'élancer sur un bâtiment de commerce. C'est là la simple répétition d'une vieille histoire. Des vaisseaux peuvent être préparés à cette intention; leur coque sera parfaitement nette, leurs machines, leurs chaudières en bon état. Leur charbon sera de première qualité. Ce n'est pas un grand espoir que des bâtiments de ce genre puissent faire une course à grande vitesse, alors que nous considérerons qu'ils ont affaire avec des croiseurs qui tiennent la mer peut-être depuis des semaines, dont les tubes ont besoin de nettoyage, dont le charbon est d'une qualité douteuse, dont l'équipage est excédé de fatigue et qui, dans leur meilleur état, n'ont pas la vitesse des yachts rapides de l'empereur de toutes les Russies.

Lorsqu'on voit l'ennemi, il est presque impossible de le poursuivre, comme nous avons eu occasion de le voir en plus d'une occasion. » D

Ainsi, de l'aveu d'Hobart pacha, qui n'est certes pas intéressé à amoindrir le mérite de la marine, il ressort clairement que les navires cuirassés ne peuvent pas lutter avec les forteresses, que le feu des navires n'offre guère de danger pour les batteries placées derrière des parapets en terre, tandis que le feu de celles-ci offre de grands dangers pour les navires cuirassés; que, sans troupes de débarquement, les bombardements des navires restent sans résultat utile; que l'emploi des torpilles empêche les navires d'approcher à portée de canon des forteresses; que les cuirassés courant moins vite que les vapeurs ordinaires, ceux-ci peuvent à volonté accepter ou refuser le combat; que déjà pendant la guerre de Crimée, dans la Baltique, 30 vaisseaux de ligne anglais et français, portant 2500 canons, n'ont pas osé approcher des plus petites forteresses; que Bomarsund a été pris par des troupes de débarquement; et, enfin, qu'une marine ne peut que se déshonorer en brûlant des villes ouvertes et les propriétés des particuliers.

On le voit, dans les guerres continentales, le rôle de la marine. est généralement très limité. Il peut se présenter des cas, comme nous venons de le voir, où elle peut rendre des services pour aider à alimenter des armées ou pour transporter à grande vitesse des masses de troupes d'un point à un autre, mais c'est là à peu près tout ce qu'on est en droit d'exiger d'elle.

Du reste, il y a longtemps que ces idées sur la marine se sont fait jour; on trouve, dans les 47 volumes du Journal de l'armée belge, une multitude d'articles consacrés à ce sujet. Tout ce qu'llobart pacha relate, concernant ce qui s'est passé dans la Baltique, en 1854-1855, a été prévu par nous et publié dans une brochure, avec carte et plans, deux mois avant l'entrée des escadres combinées dans cette mer. Cette brochure a pour titre : Expédition maritime dans la Baltique, mars 1854. Mai 1878.

L. VANDEVELDE, lieut.-colonel belge en retraite.

CIRCULAIRES ET PIECES OFFICIELLES.

L'administration du matériel de guerre a adressé aux armuriers et ateliers autorisés aux réparations d'armes par l'administration militaire fédérale, la circulaire ci-après :

Berne, le 17 juillet 1878.

Le Département militaire fédéral nous charge de vous rendre attentifs aux points suivants :

1o Les armuriers et ateliers autorisés à réparer les armes d'ordonnance n'ont pas le droit d'inscrire sur leurs enseignes « Atelier fédéral de réparations. S'il est d'intérêt général, spécialement pour les militaires détenteurs d'armes, que les armuriers et ateliers qui ont fait preuve de capacités suffisantes en matière de réparations d'armes, soient connus comme tels autant que possible, l'administration militaire fédérale, d'autre part, n'a jamais entendu fonder des ateliers de réparations fédéraux dans le sens propre du mot; par conséquent elle ne peut admettre que la qualification de fédéral puisse être appliquée à des entreprises privées, celle expression étant du reste employée d'une manière abusive en maintes autres occasions. Par contre il est facultatif aux armuriers et ateliers autorisés de s'appeler de

tel nom qu'ils jugeront convenable, pourvu que le mot « fédéral » n'y paraisse pas par ex. «Atelier de réparations pour armes d'ordonnance ».

2o Lors des inspections d'armes de cette année, des hommes astreints au service se sont présentés sans leur arme, en déclarant que celle-ci était en réparation et ont fourni à ce propos une attestation de l'atelier allégué. Une pareille manière de faire est inadmissible et est désormais sévèrement interdite. Les ateliers sont tenus à procéder sans délai aux réparations qui leurs sout confiées et à délivrer ces armes à leurs détenteurs respectifs pour le jour de l'inspection. Toute infraction à ces deux dispositions entraînera la résiliation du contrat.

Le chef de la section administrative, Steiger.

NOUVELLES ET CHRONIQUE

Pendant l'année 1876, il est parvenu au Conseil fédéral un certain nombre de pétitions provenant d'officiers ou de sociétés d'officiers, demandant:

a) Que la Confédération se charge de procurer, pour le service, des chevaux aux officiers montés qui n'en possèdent pas, contre renonciation des indemnités qui leur reviennent de ce chef; l'autorité pourrait faire face à ces nouvelles obligations en donnant plus d'extension aux établissements de la régie et aux moyens de contrats de louage

b) Que la Confédération, aussi longtemps qu'il y a nécessité, achète de bons chevaux à l'étranger pour les céder, une fois dressés, aux officiers à des prix équitables. Toutefois, les officiers montés qui sont en situation de le faire, continueront à fournir et à garder leurs propres chevaux contre l'indemnité spéciale.

Statuant dernièrement sur ces demandes, le Conseil fédéral a décidé de ne pas entrer en matière pour le moment. La résolution négative se base sur les considérations suivantes :

D'après l'art. 182 de l'organisation militaire, les officiers fournissent eux-mêmes leurs chevaux moyennant une indemnité spéciale. Or il paraît impossible que la Confédération assume dès maintenant l'obligation de livrer aux officiers, qui n'en possèdent pas, des chevaux pour le besoin de leur service et, à cet effet, de conclure des contrats de louage en leur lieu et place. D'ailleurs en vertu d'une ordonnance du 10 décembre dernier, la régie a reçu l'extension désirée par les pétitionnaires.

Société fédérale des carabiniers. Lundi 8 juillet, s'est réuni à Zurich, sous la présidence de M. le landamman Heutschi, de Soleure, le Comité central de la Société fédérale des carabiniers.

Le Comité a pris connaissance de la déclaration des tireurs saint-gallois, qui se retirent de la Société. La cause de cette regrettable détermination est la mise en vigueur du nouveau règlement pour les tirs fédéraux.

Le bureau a été chargé de reprendre encore cette semaine la caisse, les archives et l'inventaire de la Société, et d'envoyer à cet effet une délégation à Lausanne.

Le Comité central a de plus décidé de renoncer à une participation officielle au Tir fédéral allemand qui aura lieu à Düsseldorf, mais en revanche d'envoyer un don d'honneur. Un don semblable est destiné à la fête de tir suisse de New-York. La question de la révision des statuts a été renvoyée à plus tard.

M. le major Alfred Scherz, instructeur d'infanterie de fre classe, a été promu au grade de lieutenant-colonel.

Le Conseil fédéral a nommé M. le caitaine II. Jaquiéry, à Cronay, adjudant du 1er bataillon de carabiniers.

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FRIBOURG. Le Journal de Fribourg donne les renseignements suivants sur la convention signée entre la direction militaire de Fribourg et le Département militaire fédéral en vue de l'utilisation par ce dernier des bâtiments de la fabrique de vagons et des champs de manoeuvre d'Hauterive.

L'ancienne fabrique de vagons serait transformée en caserne, et celle-ci louée à

la Confédération; à Hauterive serait construit un bâtiment servant de cantine et ayant des écuries, bureau, etc.

La caserne de Péraules et les champs de manoeuvres sont destinés à des cours de répétition des troupes d'infanterie de la Ile division.

La convention sera soumise à la ratification du Grand Conseil dans sa prochaine session extraordinaire, qui aura lieu le 22 courant, et les travaux d'aménagement commenceront aussitôt la ratification intervenue.

GENÈVE. Le Conseil de guerre de la Ire division s'est réuni la semaine dernière dans le manége de la caserne, à Genève, pour juger une recrue d'infanterie, accusé d'avoir volé 22 fr. à un camarade de chambre.

Le tribunal était présidé par M. le grand juge Bippert.

Le prévenu B., de la commune de Bagne, déclaré coupable à l'unanimité, a été condamné à 10 mois d'emprisonnement et à cinq ans de privation des droits civiques.

AUTRICHE-HONGRIE. L'armée d'occupation préparée par le gouvernement de Vienne pour l'occupation de la Bosnie et de l'Herzégovine ne laisse pas de comprendre un effectif respectable. En effet, la Vedette annonce que les quatre divisions déjà mobilisées, savoir les 16, 18, 20o et 34e, vont être renforcées par la 2o division de Vienne, feld-maréchal lieutenant Baner; la 6e division de Gratz, feldmaréchal lieutenant Tegetthoff; la 23a division de Laibach, feld-maréchal lieutenant Littrow; enfin, les Honveds de Croatie. La force de chaque division dépassant 15,000 hommes, on voit que les Autrichiens enverront plus de cent mille hommes dans les provinces protectorées, en y comprenant les Honveds.

Le feld-zeugmeister baron Josef Philippovic (véritable ortographe du nom) a été nommé commandant en chef des troupes d'occupation et vient de quitter Prague, où se trouvait son quartier général de commandant de la Bohême, Le baron descend d'une famille comtale des confins militaires et son père était capitaine dans le régiment frontière, no 1. Il sort de l'arme du génie, après avoir longtemps servi dans l'état-major. Pendant la campagne de Hongrie, en 1848-1849. il remplissait les fonctions d'aide-de-camp auprès du célèbre Jellajick, ban de Croatie. A Solferino, il commandait une brigade du 8e corps Benedek; à Sadowa, il était commandant en second du 2 corps Thun-Hohenstein. Plus tard, il remplit successivement les emplois de commandant de division à Vienne et à Innsbruck, de commandant général en Moravie et en Bohême.

A ces renseignements donnés par la Vedette, nous ajouterons quelques réflexions tantôt sérieuses, tantôt humoristiques, de la Wehr-Zeitung sur la mobilisation. Ce journal se loue du concours que les autorités civiles ont apporté aux opérations, concours dont l'énergie inspirait des doutes d'autant plus justifiés que ces mêmes autorités avaient fait preuve d'une grande mollesse lors des appels pour les ma

nœuvres.

Par exemple, le même journal blâme vivement l'organisation vicieuse du service des transports et cite un escadron d'animaux de bat (ein tragthier-escadron) de plus de 300 hommes avec 500 bêtes qui aurait dû avoir règlementairement 6 officiers et il en a à peine la moitié, tandis que les effectifs en hommes et en chevaux sont largement dépassés. Un infortuné lieutenant de la réserve a été chargé de l'organisation d'une section de transport de plus de cent hommes et autant d'animaux. L'officier ne parle que l'Allemand, ses sous-officiers et soldats ne savent guère que le polonais, la plupart venant de Gallicie. Le lieutenant n'a jamais vu bâter et charger une bête de somme, ses soldats sortent presque tous de l'infanterie, ce qui a lieu d'étonner puisque la cavalerie n'a pas besoin de tous ses réservistes. Dans de pareilles conjectures, l'organisation de la section n'avance guère et se trouve dans les plus mauvaises conditions. Pour comble de malheur, notre lieutenant, en voulant enseigner à son ordonnance la manière de nettoyer un révolver, s'est déchargé son arme dans la main, qui a été traversée de part en part. Cet accident a permis de le remplacer par un officier au courant de son métier; d'où l'on peut conclure qu'à quelque chose malheur est bon.

Il est de fait, dit notre confrère, que l'on doit s'attendre à de graves mécomptes quand on a la prétention de porter un corps de 1270 soldats du train à 22,500 hommes sur le pied de guerre. Heureusement pour l'Autriche, ajouterons-nous, que l'occupation des provinces protectorees n'offre aucun danger immédiat et que le

ministre de la guerre pourra remédier à l'insuffisance de l'organisation actuelle de l'armée austro-hongroise, Sous ce rapport, la mobilisation partielle, conséquence des décisions du Congrès, sera pour elle une excellente école.

(L'armée française).

Le port autrichien de Fiume possède une importante fabrique de torpilles Whitehead, de création anglaise, sur laquelle on lit dans la Yachta les détails suivants: Il n'y a pas moins de 70 machines à vapeur dans l'usine de Fiume, et cependant cet établissement suffit à peine à toutes les commandes. Dans les deux derniers mois de l'année passée, on s'est exclusivement occupé de la fabrication des torpilles de petites dimensions, pourvues de de 1x hélices et destinées à l'Angleterre.

D'octobre à décembre 1877, on en a expédié 99 à Malte; le reste de la commande, consistant en 101 pièces, a été envoyé à la même destination en février dernier. L'Angleterre est, de toutes les puissances maritimes, celle qui possède le plus grand nombre de torpilles Whitehead. Douze cuirassés de la marine britannique sont munis d'appareils perfectionnés pour le lancement de ces engins de guerre. En décembre, la fabrique de Fiume a commencé la confection d'une centaine de torpilles pour le compte du Portugal, de l'Allemagne et de la Russie.

Tous les projectiles Whitehead fabriqués à Fiume sont munis de deux hélices; ils sont construits de trois grandeurs différentes, 14, 19 et 22 pieds, avec des vitesses de 21, 23 et 26 næends à l'heure, qu'ils peuvent conserver jusqu'à 200 et 270 mètres. Ces formidables engins ressemblent extérieurement à un gigantesque cigare d'acier poli, très effilé aux deux bouts. La surface est tout à fait lisse, sans inégalités. on aperçoit à une des extrémités deux hélices placées sur un seul axe, et derrière sont adaptés les gouvernails horizontal et vertical, semblables à des nageoires de poisson.

A l'intérieur, outre la charge de matière explosive, se trouve l'air comprimé qui met en mouvement une série de mécanismes extrêmement ingénieux dont chacun a son rôle spécial. L'un fait avancer la torpille sous l'eau à une profondeur déterminée; l'autre dans une certaine direction et empêche qu'elle ne s'en écarte; le troisième agit de telle façon que la torpille ne peut faire explosion qu'après avoir quitté le batiment torpilleur et parcouru un espace déterminé; un quatrième produit l'explosion de la charge à la rencontre d'un corps résistant; le cinquième arrête la machine quand la torpille a parcouru un certain trajet; le sixième est destiné à faire remonter la torpille à la surface ou à la faire couler à fond une fois qu'elle est arrêtée; car, dans le cas où elle n'a pas éclaté, il peut être utile qu'elle ne tombe pas aux mains de l'ennemi.

Les appareils employés pour lancer la torpille Whitehead sont de trois sortes: les appareils au-dessus de l'eau qui ont la forme d'un canon d'où les torpilles sont projetées au moyen de l'air comprimé, et qui portent le nom de canons-torpilles; les appareils au-dessous de l'eau, consistant en un long tube placé au-dessous de l'eau, d'où la torpille est lancée également par la pression de l'air; enfin le troisième appareil est une sorte de tube à jour qui sert seulement à supporter et à diriger la torpille au départ, celle-ci se mettant d'elle-même en mouvement. C'est avec ce dernier système, sorti de la fabrique de Fiume, qu'a été lancée la premiére torpille Whitehead sur la rade de Batoum, en Turquie d'Asie.

A Paris, chez TANERA; à Lausanne, chez B. BENDA, éditeurs

GUERRE D'ORIENT

EN 1876-1877

par

Ferdinand LECOMTE,

colonel-divisionnaire.

Tome Ier, in-8° avec 3 cartes, 6 francs.

Le Tome IIme paraîtra prochainement.

LAUSANNE.

IMPRIMERIE ADRIEN BORGEAUD, CITÉ-DERRIÈRE, 26.

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