blement de troupes de la Ve division. Cette compagnie est chargée non-seulement de l'organisation des magasins, mais aussi de pourvoir, par son propre travail, à la fourniture de la viande, en établissant des boucheries de campagne, et à la fabrication du pain, au moyen de fours militaires et civils. Par conséquent le travail que l'on demandait autrefois uniquement à des fournisseurs est entré dans le domaine militaire et il en résulte une large augmentation de responsabilité pour l'administration de l'armée. Il n'est pas permis de dire que le système des fournisseurs n'ait plus sa raison d'être, car il sera toujours employé dans les écoles, les cours de répétition et certains services spéciaux; mais il est incontestable que la concurrence que viennent lui faire, pour le service de campagne, les troupes d'administration, ne produise un bon effet; on verra de plus près les lacunes à combler et les économies à réaliser. Il serait prétentieux aussi de porter dès maintenant un jugement définitif sur le système qu'on vient de créer. L'expérience sera la meilleure conseillère à ce sujet et il faut attendre qu'elle puisse parler, pour se prononcer d'une façon équitable et utile. Cependant il résulte des rapports sur le service de la subsistance des troupes pendant le rassemblement de la Ve division : 1° Que la compagnie d'administration a pu fournir pendant les opérations d'ensemble: a la viande à la division complète (soit à 9500 hommes); b le pain à la moitié de la division (soit à 4500 hommes.) 2° Que ces aliments ont été de bonne qualité. 3o Qu'il y a eu économie sur les fournisseurs. 4° Que la compagnie d'administration a su, par son zèle et ses aptitudes, prouver son utilité. 5° Que le personnel prévu par le règlement est tout à fait insuffisant et qu'il a fallu, pour obtenir les résultats ci-dessus, recourir à des aides pris dans la troupe, au nombre de 12 hommes pour la boucherie, et de 14 hommes pour la boulangerie. Or cette dernière ne fournissait que 4500 portions. 6o Que le matériel de transport et spécialement celui qui doit servir à former la colonne de vivres doit être absolument en rapport avec le nombre des hommes à nourrir. 7 Que le service entre les corps, la colonne de provision et les magasins doit pouvoir se faire régulièrement, avec le matériel qui leur est destiné par le règlement et conjointement avec le service même de la compagnie d'administration. 8° Que les ordres de dislocation et tous les ordres relatifs aux changements des corps doivent être donnés avec une régularité parfaite et si possible directement aux officiers responsables des divers services, de façon à éviter : a tout retard dans les distributions; b des fourvoiements; el des encombrements; d) en un mot afin de ne pas paralyser ou amoindrir les opérations de la compagnie d'administration. 9° Enfin, que la compagnie d'administration doit, autant que faire se peut, être indépendante, en ce sens qu'elle doit posséder dans son personnel et dans son matériel tous les éléments nécessaires pour être à même d'établir elle-même toutes ses constructions, sans avoir recours pour cela à d'autres corps, comme cela a eu lieu à Brugg lors du service dont nous parlons. Nous nous permettrons d'entrer dans quelques détails sur l'ensemble de la subsistance pendant le dernier rassemblement. La compagnie d'administration recevait, ensuite de contrats passés avec des fournisseurs : a le nécessaire en farine; b le nécessaire en bétail; c le pain pour la moitié de la division qu'elle ne pouvait pas servir directement; d) le bois à brûler dont elle avait besoin. Les légumes, le café, le sucre et le sel étaient supportés par l'ordinaire de chaque corps; mais ensuite d'un contrat conclu par le commissaire de la division avec un fournisseur unique, pour tous ces articles, celui-ci servait les troupes directement, ce qui, dans certains cas, a donné lieu à des complications vu les fréquentes dislocations. Quant au foin, des fournisseurs spéciaux le livraient par l'intermédiaire de la compagnie d'administration aux corps et pourvoyaient aux colonnes de fourrage. La boulangerie avait le caractère de boulangerie d'étape et est restée continuellement à Brugg. La boucherie a été d'abord à Brugg et dès le 3me jour transférée à Olten à proximité des troupes. La section des magasins de la compagnie d'administration, qui faisait l'expédition et le chargement des rations pour les différents corps, a transféré successivement ses magasins, suivant la marche des opérations, de Brugg à Olten et à Läufelfingen. Pendant ce rassemblement de troupes bien des lacunes ont été remarquées, lacunes qui, dans un service de campagne sérieux, auraient pu avoir des conséquences très fâcheuses. Sous l'influencé de la situation financière critique du pays on a, évidemment dans un bon but, cherché à faire des économies partout. Mais hélas, aujourd'hui et non-seulement pour la Suisse, les exigences militaires sont forcément considérables; les progrès dans l'art de la guerre ont amené aussi une progression de dépenses. Cela est triste à dire, et il est également pénible de reconnaître que les économies sont moins facile à introduire qu'on ne le suppose à première vue. Ce besoin d'économies eut d'abord pour effet de faire réduire la colonne de provision réglementaire de 36 voitures à 4 chevaux à 20 voitures à 2 chevaux; il est vrai que l'effectif de la division était lui-même réduit d'un quart, mais pour rester dans l'esprit de la loi, il aurait, dans tous les cas, fallu 27 voitures à 4 chevaux. Nous admettons que dans le cas particulier, où les opérations avaient lieu à proximité d'un beau réseau de chemins de fer, on pouvait réduire les équipages de 4 à deux chevaux, mais cela à titre d'exception. Les 20 voitures accordées pour former la colonne de vivres de la division étant trouvées insuffisantes, on imagina un correctif assez ingénieux, celui de leur adjoindre les chars à approvisionnements des corps, ce qui formait un total d'environ 70 voitures, dont on fit trois groupes, A, B et C, correspondant chacun à un jour. On désignait alors, à tour de rôle, la subdivision qui devait aller toucher des vivres au magasin, celle qui était chargée de suivre la division pour la subsistance de la journée et enfin celle qui devait marquer la place de la colonne de vivres réglementaire. Mais ainsi les différents corps n'avaient plus leurs chars à leur disposition immédiate; aussi cette combinaison, admissible en temps de paix, aurait-elle dû être écartée en temps de guerre, étant prévus les cas d'isolement des sources d'approvisionnement. On cite comme une des causes de retard dans les distributions l'arrivée tardive des ordres, ensorte que des chars de vivres, qui auraient pu être dirigés plus tôt sur les divers détachements, ne partaient que longtemps après la troupe, laquelle dans ce cas ne trouvait, en arrivant à destination, rien pour commencer à cuire la soupe. Quant aux économies qui paraissent avoir été réalisées et qui se chiffrent par environ: fr. 2000 pour la boucherie de campagne et par » 900 pour la boulangerie » solde et entretien de la compagnie d'administration compris, il ne faut pas se faire d'illusion à ce sujet, car il y a eu des frais d'installation qui sont coûteux, surtout quand on ne peut les répartir que sur un petit nombre de jours de service. Mais nous nous empressons d'ajouter qu'il est incontestable que beaucoup de personnes ont été trompées en bien sur les résultats obtenus et que ceux-ci peuvent, surtout au premier essai, être considérés comme très favorables. Nous avons lieu de croire qu'avec la persévérance la compagnie d'administration arrivera à rendre de bons services. Des hommes intelligents et dévoués vouent une sollicitude particulière à cette nouvelle institution et, s'ils sont utilement secondés, ils la développeront et la populariseront toujours davantage. En même temps, il ne faut pas perdre de vue que des fournisseurs seront toujours et par la force des choses appelés à rendre des services utiles. Le service des quartier-maîtres s'est naturellement ressenti de tous les changements introduits par la nouvelle organisation militaire. Ils ont eu l'occasion de se rendre compte durant le dernier rassemblement de troupes du travail considérable et de l'initiative qui leur sont demandés s'ils veulent remplir convenablement leur mission. A ce sujet nous croyons que, dans l'intérêt du service, les quartier-maîtres doivent être complétement en dehors de ce qui a trait à la fabrication elle-même des aliments, puisqu'il s'agit d'un travail technique devant être dirigé par des gens du métier et qui devrait former une subdivision beaucoup plus tranchée que maintenant des troupes d'administration. La section technique, ou des subsistances, de la compagnie d'administration, ayant pour mission spéciale de pourvoir à la fabrication et à la fourniture des subsistances, ce service est au fond une spécialité dans l'administration et son personnel doit être instruit en conséquence. La section des magasins est chargée de recevoir les vivres de la section des subsistances et des fournisseurs, en un mot de préparer tout ce qu'il faut pour le ravitaillement de la troupe; elle est en liaison immédiate avec les quartier-maitres dont elle doit faciliter la tâche. Les quartier-maîtres, à leur tour, se trouvant en relation avec les magasins ou, dans certains cas, directement avec les fournisseurs désignés pour telles ou telles fournitures, et font le nécessaire pour subvenir à l'entretien de leurs hommes. Or comme, et surtout en campagne, les circonstances peuvent susciter de fréquentes difficultés et qu'il faut à tout prix nourrir la troupe, le quartiermaître doit connaître à fond le système des approvisionnements afin de pouvoir par son initiative et son énergie parer à toutes les éventualités. Nous insistons sur ce point et afin qu'il n'y ait aucun malentendu nous ajoutons que, si les quartier-maîtres ne peuvent pratiquement pas être appelés au service technique des subsistances, c'est-à-dire à diriger la fabrication, ils doivent cependant être absolument capables de profiter de toutes les circonstances favorables à l'entretien de la troupe lorsque les communications avec les magasins sont rompues. En dehors de ce service-là et de celui du logement de la troupe, le quartier-maître a encore l'administration comptable du corps auquel il est attaché; ce service est devenu plus compliqué par le règlement des indemnités de route, qui, autrefois, se faisait le plus souvent par les soins des commissariats cantonaux et des commissaires de place. Donc, si cet officier veut bien remplir ses devoirs, il est convenablement occupé dans les services ordinaires, écoles et cours de répétition; par contre il est débordé en campagne, surtout dans le bataillon du génie, le régiment de cavalerie et la brigade d'artillerie, qui ont, en outre de la troupe, un grand nombre de chevaux. Pendant le rassemblement de la Ve division, on a dù donner un aide au quartier-maître de la brigade d'artillerie, qui se trouvait par trop chargé. Il y a dans la répartition des quartier-maitres une lacune que des expériences subséquentes ne manqueront pas de démontrer d'une manière indiscutable. On sera forcé de mieux répartir le travail et de dédoubler là où il y a trop pour un seul officier, si l'on veut faciliter le bien-être de la troupe. Nous pensons entr'autres qu'on sentira bientôt la nécessité de renforcer les quartier-maitres des régiments d'infanterie par un quartiermaitre de brigade d'infanterie avec un adjudant, et d'adjoindre au quartier-maitre de la brigade d'artillerie des quartier-maitres de régiments d'artillerie. La tâche de l'administration d'une armée est grande et tous les événements militaires auxquels nous assistons depuis 20 ans l'ont surabondamment prouvé. On a dù donner de plus en plus d'importance à cette branche de service, et cependant on a toujours à se plaindre d'une activité encore insuffisante ensuite de la rapidité actuelle des opérations. Il est heureux qu'on rende aujourd'hui à l'administration les égards qui lui sont dus et qu'on reconnaisse la nécessité du contact constant qui doit exister entre celle-ci et les commandants des différents corps. L'armée souffrira toutes les fois que l'administration ne fera pas son devoir, comme aussi lorsque les commandants de troupes et les commandants supérieurs négligeront de faire connaitre à temps, les premiers, les besoins de leur troupe, les seconds, la direction qui doit être donnée aux colonnes de vivres. Nous ne devons pas oublier la position géographique de notre pays et les caractères des opérations militaires auxquelles nous pouvons être appelés. On est frappé, lorsqu'on y réfléchit, de la diversité des situations dans lesquelles nous pouvons nous trouver. Pour tout ce qui touche aux approvisionnements, la plus ou moins grande.facilité des communications, la saison, la température sont autant de facteurs dont il faut tenir compte; c'est pourquoi il nous paraît nécesaire de savoir combiner l'ancien système des fournitures par les entrepreneurs avec la nouvelle institution. dont nous avons maintenant fait l'essai, la compagnie d'administration. Essayons de nous reporter à la dernière occupation du Jura, dans les mois de janvier et de février 1871, et de nous rappeler combien les approvisionnements y étaient difficiles, tandis que, s'il s'était agi de ravitailler ces mêmes troupes sur le plateau suisse, à proximité des chemins de fer, que de difficultés levées, que d'économies réalisées sur plusieurs points, que de peines et de pertes évitées! Lorsque l'armée de Bourbaki arriva en Suisse, que seraient devenus les approvisionnements sans le concours généreux et patriotique de tous les citoyens? Ces faits nous montrent combien nous sommes peu prêts aux grands événements et combien il nous faut avoir de cordes à notre arc si nous voulons être à la hauteur de notre tàche et pouvoir parer à toutes les éventualités. Pour cela il faut des hommes, du matériel et du dévouement de la part de tous dans les moments difficiles. Il faut que l'administration soit rigoureuse dans ses choix, car elle a besoin d'hommes intelligents et d'initiative. Il faut que les écoles d'administration soient pratiques et bien dirigées. Il faut que les quartier-maîtres aient une très grande sollicitude pour la troupe et qu'ils ne se laissent pas décourager par la tâche pénible et très ingrate qui leur est dévolue. Il faut que les quartier-maitres, tout en se souvenant qu'ils reçoivent des directions de leurs supérieurs hiérarchiques, n'oublient pas qu'ils sont à la disposition et sous les ordres de leur commandant de bataillon, de régiment ou de brigade et qu'il est de leur devoir de concilier tout |