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10 millions pour indemniser les sujets et les propriétés russes en Turquie.

20. En considération de la situation financière embarrassée de l'empire turc, et d'accord avec le désir du sultan, l'empereur de Russie consent à ce que le sandjak de Toultcha (qui pourra être échangé contre la Bessarabie), Ardahan, Kars, Batoum, Bayazid, jusqu'au Saghanly-dagh, pourront servir au payement de l'indemnité.

21. La Porte s'engage à faire droit amiablement aux réclamations russes encore pendantes.

22. Les priviléges russes des pélerins et des moines du mont Athos sont maintenus.

23. Les conventions et traités sont remis en vigueur.

24. Rien n'est innové par rapport aux détroits, et quant à la MerNoire la porte ne pourra plus y établir de blocus fictif.

25. Le retour des troupes russes du territoire turc sera accompli dans les trois mois. Une partie de ces troupes s'embarquera dans les ports de la mer Noire, de la mer de Marmara et à Trébizonde.

26. Les Russes administrent le territoire turc jusqu'à la retraite des troupes.

27. La Porte s'engage à ne pas poursuivre les sujets ottomans qui ont eu des rapports avec les troupes russes.

28. L'échange des prisonniers aura lieu après l'échange des ratifications.

29. Ces ratifications seront échangées dans quinze jours au plus tard. La conclusion du traité de paix formel est réservée; mais les préliminaires conservent une force obligatoire, dans tous les cas, pour la Russie et la Turquie, à partir de la ratification.

En attendant la réunion annoncée mais toujours douteuse du Congrès, l'Angleterre proteste contre la prétention de la Russie de résoudre à elle seule la question d'Orient. En même temps les forces anglaises et russes des alentours de Constantinople s'augmentent de plus en plus et se rapprochent. Un accident mettrait facilement le feu aux poudres.

Le cabinet de Vienne semble appuyer les dispositions de celui de Londres, qui aurait déjà rallié à lui la Grèce et la Roumanie justement mécontentes de la part léonine faite à l'élément russe et slave par l'acte de San-Stefano.

TACTIQUE DE L'ARTILLERIE CONTRE L'INFANTERIE par M. E. MONTANDON, capitaine d'artillerie (').

La question mise au concours pour l'anée 1877 ne saurait être traitée dans le sens exclusif de sa rédaction, pour satisfaire aux exigences de la pratique. Il n'y a pas de tactique spéciale de l'artillerie contre l'infanterie; nous résumerons donc la tactique de l'artillerie en général, puis nous étudierons l'emploi de l'artillerie combinée ou opposée à l'infanterie.

(1) Ce travail répond à une question mise au concours en 1877 par la Société des officiers et il a été primé.

PRINCIPES GÉNÉRAUX.

Le but de l'artillerie de campagne est de :

1o Introduire le combat;

2o Forcer l'ennemi à se déployer, couvrir le déploiement de ses propres troupes;

30 Conduire les combats traînants;

4o Délivrer les autres troupes du feu de l'artillerie ennemie en l'attirant sur elle et en le réduisant au silence;

5o Préparer, par la supériorité de son tir, le moment décisif dans l'attaque, le détourner dans la défense;

6o Poursuivre l'ennemi par des mouvements rapides et un feu à grandes portées;

7o Dans la retraite, recueillir les autres troupes en leur offrant un appui.

Le commandant de la brigade d'artillerie se tient en campagne auprès du divisionnaire, aussi longtemps qu'il n'a pas à intervenir directement. Son devoir est de se renseigner sur toutes les opérations et surtout sur les points suivants : Champ de bataille probable, engagement offensif ou défensif, tache de l'artillerie, direction de la poursuite et éventuellement de la retraite, emplacement du parc.

Aussitôt que le combat s'engage sérieusement, il reprend son commandement pour imprimer aux batteries la plus grande unité d'action, tout en conservant, au moyen d'adjudants, les relations les plus suivies avec le commandement des troupes.

Préparatifs de combat: Une reconnaissance rapide du terrain situé en avant, faite par la cavalerie, accompagnée de quelques officiers d'artillerie, doit précéder autant que possible tout engagement important. Les batteries sont séparées en trois groupes: le premier composé de 6 pièces, le second de 3 caissons forme le 1er échelon de munitions, le 3me des trois autres caissons, soit du second échelon et des 6 voitures d'outils et d'approvisionnements. Ce dernier groupe est placé sous les ordres d'un officier très énergique, qui devra conserver des relations continuelles avec la batterie, en tenant sa réserve à couvert à 700 ou 800 mètres en arrière des diverses positions que prendront ses canons. Lorsque le terrain est facile, et qu'il présente de bons abris, que l'artillerie a beaucoup de place, les 6 caissons sont conduits ensemble au premier échelon.

Les surnuméraires sont envoyés à la réserve, des hommes sont désignés pour l'enlèvement des blessés, les canonniers bouclent. leurs sacs aux coffrets, ils reçoivent leurs équipements; le matériel, les munitions et les attelages sont vérifiés scrupuleuse

ment.

Les batteries occupent leurs positions de rendez-vous, en dehors des routes, sur un terrain couvert, hors de la vue de l'ennemi et facilement accessible. Elles se forment en bataille à distances entières ou en colonne par section avec les pièces en tête, à 30 mètres derrière les troupes d'infanterie. S'il y a plusieurs batteries, elles se placent sur une ligne ou en colonne de

batteries à intervalles ouverts. Quand l'ennemi est rapproché, on fait charger une salve d'obus aux premières batteries. On chargerait des shrapnels avec une courte durée pour disperser des tirailleurs gênants. En tous cas il faut fixer une hausse approximative et donner aux pièces une élévation moyenne (pour 1500 m., par exemple).

La formation de marche à proximité de l'ennemi est, sur les routes, la colonne par voitures, avec les pièces en tête; elle occupe le côté droit de la route. Cette formation est la plus commode pour traverser les terrains coupés et accidentés. A travers champs et terrains découverts on emploiera les colonnes ouvertes par sections ou par batteries.

L'artillerie devant ouvrir le combat avec supériorité d'effet et agir en masse, il est de règle, depuis la guerre Franco-Allemande, de la tenir près des têtes de colonnes. Ainsi, dans une colonne de brigade appuyée de deux batteries, la première de celles-ci se placera en marche derrière le premier bataillon d'avant-garde; la seconde, derrière le premier bataillon du gros. Dans une colonne de division, un régiment d'artillerie (soit deux batteries) marchera derrière le premier bataillon d'avant-garde et les deux autres régiments réunis suivront le premier bataillon ou le premier régiment d'infanterie du gros de la division. Cependant cet · ordre doit être modifié dans un terrain couvert et montagneux qui n'offre que des champs de tir courts et des emplacements de batteries rares et difficiles. Le fractionnement des batteries doit être évité; plus on emploiera l'artillerie en masse réunie et plus elle produira d'effet matériel et moral. L'emploi de la brigade et même de plusieurs brigades réunies formera la règle chaque fois que le terrain le permettra.

Marche au combat. Pendant que les batteries se préparent dans la position de rendez-vous, sous les ordres des plus anciens officiers, les capitaines, accompagnés de leurs adjudants et de deux hommes montés, se portent rapidement en avant pour reconnaître la position qui leur est assignée ou qu'ils se proposent d'occuper. Ils considèrent d'abord les voies d'accès, qui détermineront la formation pour la marche au combat, puis le meilleur emplacement pour les pièces, les distances qui les séparent des buts apparents et la tache qui leur est dévolue. Des sous-officiers restent en place pour marquer la position. Le capitaine va chercher sa batterie qui s'avance au trot, avec les canonniers montés. Si le combat est déjà engagé, le capitaine enverra par l'adjudant l'ordre d'avancer à sa batterie, en désignant la formation et la hausse provisoire à prendre. Il reste lui-même en position, pour suivre les péripéties de la lutte et prescrire à l'arrivée de sa troupe la meilleure disposition et le genre de tir le plus efficace.

Aussitôt que les batteries approchent des positions, elles se déploient à couvert si le terrain s'y prête et elles se portent en avant au trot ou au galop. A la sortie d'un défilé le déploiement a lieu successivement, mais chaque fois que la chose est possible il faut entrer au feu simultanément. Quand le terrain est mou,

les pièces font un demi-tour avec les chevaux; s'il est ferme, on met en batterie ». Les pièces gardent entre elles un intervalle normal de 15 mêtres qui, suivant les emplacements et le nombre des canons, peut varier de 7 à 30 mètres. Le front de la batterie doit être absolument perpendiculaire à la direction du but. Si la position présente une crête par dessus laquelle on peut faire feu, la batterie est arrêtée avant de l'atteindre et les pièces sont avancées à bras. Le terrain en arrière de la crête ne doit pas trop faciliter le recul. Les caissons restent à 50 ou 100 mètres en arrière, à l'endroit et à l'aile où ils sont le mieux couverts et où ils gênent le moins. S'il est impossible de les masquer, ils se placent derrière les pièces, en se défilant exactement sur elles; les conducteurs mettent pied à terre. Les caissons et les réserves de voitures n'occupent jamais les routes, mais leurs abords.

L'artillerie ne prend position qu'au moment de faire feu, elle se déploie successivement à l'ouverture d'un combat tandis qu'elle doit entrer en ligne simultanément et avec la plus grande vigueur dans les moments décisifs. Son apparition à l'improviste doit surprendre l'ennemi. Dans des circonstances favorables, il est possible de conduire plusieurs batteries au feu sous un seul commandement. L'officier supérieur placera la première batterie, qui ouvrira immédiatement le feu pour trouver la hausse; cette hausse est communiquée aux autres batteries qui dirigent leur déploiement sur la première.

Choix des positions. Le choix d'une bonne position dépend du but à atteindre. Une situation dominante, présentant du côté de l'ennemi une pente douce, uniforme et découverte, offrant une vue libre jusqu'à 3000 mêtres serait la plus favorable. Les positions trop élevées sont mauvaises pour le tir, elles donnent des coups fichants, l'espace dangereux devient nul, les mouvements en avant et en arrière et le remplacement des munitions et des chevaux sont entravés par des difficultés de terrain. Les hauteurs permettent des feux étagés; en revanche, elles présentent un but très profond. Quand elles forment des sommets arrondis, elles ne peuvent opposer qu'un feu divergent au feu convergent de l'adversaire sur un but restreint. Le terrain des batteries doit être assez étendu pour le déploiement, uni, dur et horizontal; il doit permettre une marche facile en avant ou en retraite et avoir ses flancs protégés par des obstacles naturels ou artificiels. S'il se trouve sur une élévation, les pièces restent masquées derrière la crête; en plaine, on utilisera les moindres plis de terrain pour dérober les pièces à la vue de l'ennemi et couvrir les avant-trains et les caissons. Il faut éviter complétement les gravières et le sol rocailleux devant la batterie, tandis que les marécages et les champs labourés forment devant le front une protection efficace. Les haies, les clôtures, les broussailles, les digues, les chaussées, les maisons, les bois et les cultures placées en avant du front, empêchent l'ennemi d'observer ses coups; il faut y faire grande attention et se garder de lui fournir des points de repère marquants dans le voisinage de la batterie en se plaçant à côté

de murs, de maisons, de rochers et de terres fraichement remuées. L'arrière-plan entre aussi en considération; il favoriserait le pointage de l'adversaire si les pièces se détachaient nettement dessus; c'est le cas des lisières de forêts et des villages. On ne doit pas s'approcher de forêts occupées par l'ennemi à moins de 800 mètres. Les pentes raides en avant des batteries constituent des angles morts qui doivent être gardés par notre infanterie ou défendus par des pièces d'artillerie établies à mi-côte, sur les flanes, pour battre ces pentes en écharpe.

Le choix des positions varie suivant l'offensive ou la défensive. Dans le second cas, on se propose de contenir l'ennemi en prolongeant la lutte avec avantage. Pour cela on cherchera des positions couvertes, qui permettent de bien battre le terrain, à bonne portée. Dans l'offensive, on cherche le plus grand effet possible et la question de se protéger contre les coups ennemis reste secondaire. En tous cas, cherchons l'effet avant la couverture. Erst Wirkung, dann Deckung », comme on dit en Allemagne.

Soutiens d'artillerie. Les expériences faites en 1870-71, et particulièrement celles de l'artillerie bavaroise ont démontré que les soutiens permanents d'infanterie n'étaient pas capables de suivre l'artillerie et que les soutiens de cavalerie étaient parfois sans valeur protectrice. L'artillerie doit être défendue par les troupes les plus voisines; celles-ci sont tenues de fournir des soutiens sur la réquisition du commandant de l'artillerie. Si l'artillerie est appuyée à des lignes d'infanterie, elle n'en a pas besoin, si elle en est éloignée il lui en faudra plus ou moins suivant les circonstances. L'escorte d'une batterie se compose habituellement d'un peloton et celle d'un régiment d'une compagnie. Il faut au moins un bataillon pour une brigade. Le commandant de l'escorte est subordonné au commandant de l'artillerie

La cavalerie employée comme escorte se place sur l'aile la plus menacée, à 200m en arrière afin d'avoir du champ pour charger. L'infanterie se place au contraire à 200 ou 300m en avant et de côté, dans un endroit couvert, dans les angles morts s'il s'en trouve. La troupe se cache en gardant ses chefs en observation permanente, elle ne prend part au combat que si la batterie est menacée ou s'il y a un beau coup à faire. La moitié de l'escorte se porte en avant en groupes de tirailleurs, à 300m du soutien, soit à 500 ou 600m de la batterie, du côté le plus menacé. Les tirailleurs se couchent à plat ventre, en dehors de la ligne de feu de l'artillerie, en se dissimulant dans les plis du terrain, contre la vue de l'ennemi et contre les éclats prématurés des schrapnels qui viendraient de la batterie gardée. Lorsque les tirailleurs ennemis parviennent à se glisser à proximité de la batterie, dans un endroit couvert, il est nécessaire de les déloger par un mouvement offensif du soutien. Si l'ennemi est en force pour attaquer, le soutien résiste jusqu'au dernier moment et se replie excentriquement, sur les ailes de la batterie, pour ne pas arrêter un instant le feu des pièces. Dans le cas d'une attaque

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