Et même d'un être plus grand, Il veut outrager ce qu'il aime, Lui fait une grimace, et le Miroir la rend. Il lui montre un poing menaçant; Il se voit menacé de même. Notre marmot fàché s'en vient en frémissant, Battre cette image insolente; Il se fait mal aux mains. Sa colère en augmente; Et, furieux, au désespoir, Le voilà, devant ce Miroir, Criant, pleurant, frappant la glace. Sa mère, qui survient, le console, l'embrasse, N'as-tu pas commencé par faire la grimace Tu tends vers lui les bras, il te les tend de même ; Tu n'es plus en colère, il ne se fâche plus : De la société tu vois ici l'emblême : Le bien, le mal, nous sont rendus. FABLE IX. Les deux Chats. Deux Chats qui descendaient du fameux Rodilard, Et dignes tous les deux de leur noble origine, Mer · 1 à lard, différaient d'embonpoint: l'un était gras à la suri) C'était l'aîné; sous son hermine D'un chanoine il avait la mine, Tant il était dodu, potelé, frais et beau : Le cadet n'avait que la peau Collée à sa tranchante épine: Cependant ce cadet, du matin jusqu'au soir, De la cave à la gouttière • aula er der og K, vlɔ un esdq o'a pT Mọi travaillant toujours, on te nourrit si bien, Lui répondit l'aîné: tu cours tout le logis Pour manger rarement quelque maigre souris..... - N'est-ce pas mon devoir ? D'accord, cela peut être; Mais moi je reste auprès du maître, Je sais l'amuser par mes tours. Admis à ses repas sans qu'il me réprimande, Je prends de bons morceaux, et puis je les demande En faisant patte de velours; Tandis que toi, pauvre imbécille, Tu ne sais rien que le servir. Va, le secret de réussir, C'est d'être adroit, non d'être utile. FABLE X. Le Cheval et le Poulain. Un bon père Cheval, veuf, et n'ayant qu'un fils," L'élevait dans un pâturage Où les eaux, les fleurs et l'ombrage Présentaient à la fois tous les biens réunis. Abusant pour jouir, comme on fait à cet âge, Le Poulain tous les jours se gorgeait de sainfoin; 3 Se vautrait dans l'herbe fleurie, Galopait sans objets, se baignait sans envie, Ou se reposait sans besoin. Oisif et gras à lard, le jeune solitaire S'ennuya, se lassa de ne manquer de rien : Le dégoût vint bientôt ; il va trouver son père : Ce trèfle est sans saveur, cette onde est corrompue; Le jeune voyageur bondissait de plaisir : Le vieillard, moins joyeux, allait un train plus sage; Mais il guidait l'enfant, et le faisait gravir Sur des monts escarpés, arides, sans herbage, Où rien ne pouvait le nourrir. Le soir vint, point de pâturage; Comme l'on commençait à souffrir de la faim, A peine, après deux jours, allait-on même au pas. Le père va reprendre une route secrète Et le ramène à la prairie Au milieu de la nuit. Dès que notre Poulain Retrouve un peu d'herbe fleurie, Il se jette dessus : Ah! l'excellent festiu, La bonne herbe! dit-il: comme elle est douce et tendre! Que nous puissions rencontrer mieux; Fixons-nous pour jamais dans ces aimables lieux; Il faut au bonheur du régime. |