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Pieux comme Booz, austère avec douceur,

Vous aimez les humains, et craignez le Seigneur. Hélas! un seul soutien manque à votre famille : Vous n'épousez pas Ruth, mais vous l'avez

pour fille.

FIN.

TOBIE,

POÈME TIRÉ DE L'ÉCRITURE SAINTE.

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A MESDEMOISELLES DE L. B. ET D. D.,

Agées de neuf à dix ans.

VOUS, qui de cet âge où l'on sort de l'enfance, Conservez seulement la grâce et l'innocence, Dont le précoce esprit, empressé de savoir, Croit gagner un plaisir s'il apprend un devoir, De Tobie écoutez l'antique et sainte histoire. Dans ce simple récit point d'amour, point de gloire, C'est un juste, un bon père, un cœur pur, bienfaisant, Qui n'aime que son Dieu, les humains, son enfant. Ah! ces vertus pour vous ne sont point étrangères : Lisez, lisez Tobie à côté de vos mères.

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A NINIVE autrefois, quand les tribus en pleurs,
Expioient dans les fers leurs coupables erreurs
Il fut un juste encore; il avoit nom Tobie.
Consacrant à son Dieu chaque instant de sa vie,
Vieillard, malheureux, pauvre, il n'en donnoit
pas moins

Aux pauvres

des

secours, aux malheureux des soins (1).

(1) Tobias quotidie pergebat per omnem cognatio

A travers les dangers, par des routes secrètes,
De ses frères captifs parcourant les retraites,
Il consoloit la veuve, adoptoit l'orphelin;
Le cri d'un opprimé régloit seul son chemin;
Et lorsque ses amis, effrayés de son zèle,
Lui présageoient du roi la vengeance cruelle (1),
Je crains Dieu, disoit-il, encor plus que le roi,
Et les infortunés me sont plus chers que moi.
Un jour (2), après avoir, pendant la nuit obscure,
A des morts délaissés donné la sépulture,
De travail épuisé, de fatigue abattu,
Sa force ne pouvant suffire à sa vertu,
Le vieillard lentement au pied d'un mur se traîne.
Il dormoit, quand l'oiseau que le printemps ramène,
Du nid qu'il a construit au-dessus de ce mur,
Fait tomber sur ses yeux un excrément impur.
A Tobie aussitôt la lumière est ravie.

Sans se plaindre, adorant la main qui le châtie,
O Dieu, s'écria-t-il, tu daignes m'éprouver!
Je n'en murmure point, tu frappes pour sauver :
Mes yeux, mes tristes yeux, privés de la lumière,
Ne pourront plus au ciel précéder ma prière;

nem suam, et consolabatur eos, dividebatque unicuique, prout poterat, de facultatibus suis, esurientes alebat, nudisque vestimenta præbebat, etc.

(1) Arguebant autem eum omnes proximi ejus, dicentes: Jam hujus rei causà interfici jussus es... Sed Tobias, plus timens Deum quàm regem, etc.

(2) Contigit autem ut, quâdam die, fatigatus à sepulturâ, jactasset se juxta parietem, et obdormisset, ex nido hirundinum dormienti illi callida stercora inciderent super oculos ejus, fieretque exeus,

Vers le pauvre avec peine, hélas! j'arriverai,
Je ne le verrai plus, mais je le bénirai.

Ses amis cependant, sa famille, sa femme,
Loin d'émousser les traits qui déchiroient son ame
De porter sur ses maux le baume précieux
De la compassion, seul bien des malheureux,
Viennent lui reprocher jusqu'à sa bienfaisance (1);
Où donc, lui disent-ils, est cette récompense
Qu'aux vertus, à l'aumône, accorde le Seigneur?
Le vieillard ne répond qu'en leur montrant son cœur ;
Mais ce cœur, accablé de ces cruels reproches,
Fort contre le malheur, foible contre ses proches,
Désire le trépas, et le demande au ciel;
Sa prière monta jusques à l'Eternel :
L'ange du Dieu vivant descendit sur la terre.

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Le vieillard, se croyant au bout de sa carrière, Fait appeler son fils, son fils qui, jeune encor De l'aimable innocence a gardé le trésor, Comme un autre Joseph nourri dans l'esclavage, Et semblable à Joseph de mœurs et de visage, Possédant sa beauté, sa grâce et sa pudeur; Tobie, en l'embrassant, lui dit avec douceur : Mon fils, la mort dans peu va te ravir ton père. De ton respect pour moi fais hériter ta mère (2); Celle qui t'a nourri, qui t'a donné le jour, Pour de si grands bienfaits ne veut qu'un peu

mour:

d'a

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(1) Irridebant vitam ejus, dicentes: Ubi est spes tua, pro quâ eleemosynas et sepulturas faciebas?

(2) Honorem habebis matri tuæ omnibus diebus vitæ ejus; memor enim esse debes quæ et quanta pericula passa sit propter te in utero suo.

Quel plaisir est plus doux qu'un devoir de tendresse?
Honore le Seigneur, marche dans sa sagesse,
Que surtout l'indigent trouve en toi son appui (1),
Partage tes habits et ton pain avec lui;

Reçois entre tes bras l'orphelin qui t'implore;
Riche, donne beaucoup, et pauvre, donne encore;
Ce précepte, mon fils, contient toute la loi.
Je dois en ce moment confier à ta foi

Qu'à Gabélus jadis, sur sa simple promesse
Je laissai dix talens, mon unique richesse;
Va toi-même à Ragès pour les redemander.
Vers ce lointain pays quelqu'un peut te guider;
Cherche dans nos tribus un conducteur fidèle
Dont nous reconnoîtrons et la peine et le zèle.

Il dit. Son fils le quitte et court vers sa tribu. Devant lui se présente un jeune homme inconnu, Dont la taille, les traits, la grâce plus qu'humaine, Dès le premier abord et l'attire et l'enchaîne;

Ses
yeux doux et brillans, sa touchante beauté,
Son front où la noblesse est jointe à la bonté,
Tout plaît, tout charme en lui par un pouvoir suprêm
C'étoit l'ange du cieil envoyé par Dieu même,
Qui venoit de Tobie assurer le bonheur.

L'ange s'offre à servir de guide au voyageur: Il le suit chez son père, et le vieillard en larmes Ne lui déguise point ses soupçons, ses alarmes ; Long-temps il l'interroge, et lui tendant les bras:

(1) Panem tuum cum esurientibus comede, et de vestimentis tuis nudos tege. Si multùm tibi fuerit, abundanter tribue; si exiguum tibi fuerit, etiam exiguum libenter impertiri stude.

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