Dans nos bois parut un beau jour : Grand bruit chez les oiseaux ; leur troupe réunie Vole pour lui faire sa cour. Chacun l'observe, l'examine; Son plumage, sa voix, son chant mélodieux, Tout charme l'oreille et les yeux. Pour la premiere fois on vit céder l'envie Jamais, disoit le paon, de plus belles couleurs Il éblouit mes yeux et toujours les attire. De ce roi des oiseaux, de cet enfant du ciel, Sans rien dire fit un soupir. Son époux, la poussant de l'aile, - Moi! mon ami, je le plains fort; FABLE X II I. La Pie et la Colombe. UNE colombe avoit son nid Tout auprès du nid d'une pie. Cela s'appelle voir mauvaise compagnie, D'accord; mais de ce point pour l'heure il ne s'agit. Au logis de la tourterelle Ce n'étoit qu'amour et bonheur; Dans l'autre nid toujours querelle, OEufs cassés, tapage et rumeur. La jasoit, crioit, se plaignoit, Des défauts de son cher époux : De plus, je sais fort bien qu'il va voir des corneilles; En conduite, en propos, je suis assez légere, Mais qu'est-ce que cela?— C'est beaucoup trop, ma chere: Votre humeur peut l'aigrir... Qu'appelez-vous, Interrompt aussitôt la pie: ma mie? Moi de l'humeur! Comment! je vous conte mes maux, Et vous m'injuriez ! Je vous trouve plaisante: Mêlez-vous de vos tourtereaux." Nous convenons de nos défauts, FABLE X I'V. L'Education du Lion. ENFIN le roi lion venoit d'avoir un fils; Sire lion, monarque sage, Songeoit à confier son enfant bien aimé Est d'assez grande importance Le monarque Le point dont il s'agit, et supplie instamment Chacun des conseillers de nommer franchement Celui qu'en conscience il croit propre à la chose. Le tigre se leva: Sire, dit-il, les rois Il faut N'ont de grandeur que par la guerre ; que votre fils soit l'effroi de la terre: Sur le guerrier le plus terrible, Le plus craint après vous des hôtes de ces bois. Qu'il falloit un guerrier prudent, Est le premier talent des rois; Qu'il faut donc un Mentor d'une finesse extrêmePour instruire le prince et pour le bien former. Ainsi chacun, sans se nommer Clairement s'indiqua soi-même : De semblables conseils sont communs à la cour. Enfin le chien parle à son tour: Sire, dit-il, je sais qu'il faut faire la guerre, Mais je crois qu'un bon roi ne la fait qu'à regret ; L'art de tromper ne me plaît guere: Je connois un plus beau secret Pour rendre heureux l'état, pour en être le pere; Voilà Ce secret, c'est de les aimer. pour bien régner la science suprême; Er, si vous desirez la voir, dans votre fils, Sire, montrez-la lui vous-même Tout le conseil resta muet à cet avis, |