Battre cette image insolente; Il se fait mal aux mains. Sa colere en augmente; Ei, furieux, au désespoir, Le voilà devant ce miroir, Criant, pleurant, frappant la glace. Sa mere, qui survient, le console, l'embrasse, Tarit ses N'as-tu pas pleurs, et doucement lui dit : commencé par faire la grimace A ce méchant enfant qui cause ton dépit? — Oui. — Regarde à présent: tu souris, il sourit ; Le bien, le mal, nous sont rendus. FABLE I X. Le Bouvreuil et le Corbeau. UN bouvreuil, un corbeau, chacun dans une cage, Habitoient le même logis. L'un enchantoit par son ramage La femme, le mari, les gens, tout le ménage; Qu'on Afin qu'il voulût bien se taire. Le timide bouvreuil ne faisoit que chanter, pas Pour voir si l'auge étoit remplie. Ils l'aimoient bien pourtant, mais ils n'y pensoient pas. Un bon pere cheval, veuf, et n'ayant qu'un fils, N L'élevoit dans un pâturage Où les eaux, les fleurs et l'ombrage Présentoient à la fois tous les biens réunis. Abusant pour jouir, comme on fait à cet âge, Galopoit sans objet, se baignoit sans envie, Ou se reposoit sans besoin. Oisif et gras à lard, le jeune solitaire S'ennuya, se lassa de ne manquer de rien; Ce treffle est sans saveur, cette onde est corrompue, Sitôt dit, sitôt fait, ils quittent leur patrie. Le vieillard, moins joyeux, alloit un train plus sage; Le soir vint, point de pâturage; A peine, après deux jours, alloit-on même au pas. Le pere va reprendre une route secrete Que son fils ne connoissoit pas, Et le ramene à sa prairie Au milieu de la nuit. Dès que notre poulain Retrouve un peu d'herbe fleurie, Il se jette dessus : Ah! l'excellent festin! La bonne herbe! dit-il: comme elle est douce et tendre! Que nous puissions rencontrer mieux; On révere les éléphants, Sur-tout les blancs. Un palais est leur écurie, On les sert dans des vases d'or, Tout homme à leur aspect s'incline vers la terre Pour s'enlever ce beau trésor➡ Un de ces éléphants, grand penseur, bonne tête, Puisqu'au fond, comme un autre, il n'étoit qu'une bête. Ah! répond le cornac, c'est trop d'humilité; L'on connoît votre dignité, Et toute l'Inde sait qu'au sortir de la vie Dans les corps des éléphants blancs. Nos talapoins l'ont dit, ainsi la chose est sûre. - Quoi! vous nous croyez des héros? -Sans doute. - Et sans cela nous serions en repos, — Oui, seigneur. — Mon ami, laisse-moi donc partir, Les honneurs n'ont jamais altéré nos vertus: Comment nous croyez-vous des hommes? |