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Battre cette image insolente;

Il se fait mal aux mains. Sa colere en augmente;

Ei, furieux, au désespoir,

Le voilà devant ce miroir,

Criant, pleurant, frappant la glace.

Sa mere, qui survient, le console, l'embrasse,

Tarit ses

N'as-tu pas

pleurs, et doucement lui dit :

commencé par faire la grimace

A ce méchant enfant qui cause ton dépit?

— Oui. — Regarde à présent: tu souris, il sourit ;
Tu tends vers lui les bras, il te les tend de même ;
Tu n'es plus en colere, il ne se fâche plus:
De la société tu vois ici l'emblème ;

Le bien, le mal, nous sont rendus.

FABLE I X.

Le Bouvreuil et le Corbeau.

UN bouvreuil,

un corbeau, chacun dans une cage,

Habitoient le même logis.

L'un enchantoit par son ramage

La femme, le mari, les gens, tout le ménage;
L'autre les fatiguoit sans cesse de ses cris;
Il demandoit du pain, du rôti, du fromage,
se pressoit de lui porter,

Qu'on

Afin qu'il voulût bien se taire.

Le timide bouvreuil ne faisoit que chanter,
Et ne demandoit rien aussi, pour l'ordinaire,
On l'oublioit; le pauvre oiseau
Manquoit souvent de grain et d'eau.
Ceux qui louoient le plus de son chant l'harmonie
N'auroient fait le moindre pas

pas

Pour voir si l'auge étoit remplie.

Ils l'aimoient bien pourtant, mais ils n'y pensoient pas.
Un jour on le trouva mort de faim dans sa cage."
Ah! quel malheur ! dit-on : las! il chantoit si bien !
De quoi donc est-il mort? Certes, c'est grand dommage!
Le corbeau crie encore et ne manque de rien.

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Un bon pere cheval, veuf, et n'ayant qu'un fils,

N

L'élevoit dans un pâturage

Où les eaux, les fleurs et l'ombrage

Présentoient à la fois tous les biens réunis.

Abusant pour jouir, comme on fait à cet âge,
Le poulain tous les jours se gorgeoit de sainfoin,
Se veautroit dans l'herbe fleurie,

Galopoit sans objet, se baignoit sans envie,

Ou se reposoit sans besoin.

Oisif et gras à lard, le jeune solitaire

S'ennuya, se lassa de ne manquer de rien;
Le dégoût vint bientôt ; va trouver son pere:
Depuis long-temps, dit-il, je ne me sens pas bien;
Cette herbe est mal-saine et me tue,

Ce treffle est sans saveur, cette onde est corrompue,
L'air qu'on respire ici m'attaque les poumons;
Bref, je meurs si nous ne partons.
Mon fils, répond le pere, il s'agit de ta vie,
A l'instant même il faut partir.

Sitôt dit, sitôt fait, ils quittent leur patrie.
Le jeune voyageur bondissoit de plaisir :

Le vieillard, moins joyeux, alloit un train plus sage;
Mais il guidoit l'enfant, et le faisoit gravir
Sur des monts escarpés, arides, sans herbage,
Où rien ne pouvoit le nourrir.

Le soir vint, point de pâturage;
On s'en passa. Le lendemain,
Comme l'on commençoit à souffrir de la faim,
On prit du bout des dents une ronce sauvage.
On ne galopa plus le reste du voyage;

A peine, après deux jours, alloit-on même au pas.
Jugeant alors la leçon faite,

Le pere va reprendre une route secrete

Que son fils ne connoissoit pas,

Et le ramene à sa prairie

Au milieu de la nuit. Dès que notre poulain

Retrouve un peu d'herbe fleurie,

Il se jette dessus : Ah! l'excellent festin!

La bonne herbe! dit-il: comme elle est douce et tendre!
Mon pere, il ne faut pas s'attendre

Que nous puissions rencontrer mieux;
Fixons-nous pour jamais dans ces aimables lieux:
Quel pays peut valoir cet asyle champêtre?
Comme il parloit ainsi, le jour vint à paroître :
Le poulain reconnoît le pré qu'il a quitté ;
1l demeure confus. Le pere, avec bonté,
Lui dit: Mon cher enfant, retiens cette maxime:
Quiconque jouit trop est bientôt dégoûté,
Il faut au bonheur du régime.

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On révere les éléphants,

Sur-tout les blancs.

Un palais est leur écurie,

On les sert dans des vases d'or,

Tout homme à leur aspect s'incline vers la terre
Et les peuples se font la guerre

Pour s'enlever ce beau trésor➡

Un de ces éléphants, grand penseur, bonne tête,
Voulut savoir un jour d'un de ses conducteurs
Ce qui lui valoit tant d'honneurs,

Puisqu'au fond, comme un autre, il n'étoit qu'une bête. Ah! répond le cornac, c'est trop d'humilité;

L'on connoît votre dignité,

Et toute l'Inde sait qu'au sortir de la vie
Les ames des héros qu'a chéris la patrie
S'en vont habiter quelque temps

Dans les corps des éléphants blancs.

Nos talapoins l'ont dit, ainsi la chose est sûre. - Quoi! vous nous croyez des héros?

-Sans doute. - Et sans cela nous serions en repos,
Jouissant dans les bois des biens de la nature?

— Oui, seigneur. — Mon ami, laisse-moi donc partir,
Car on t'a trompé, je t'assure;
Et, si tu veux y réfléchir,
Tu verras bientôt l'imposture:
Nous sommes fiers et caressants;
Modérés, quoique tout-puissants;
On ne nous voit point faire injure
A plus foible que nous; l'amour dans notre cœur
Reçoit des loix de la pudeur;
Malgré la faveur où nous sommes,

Les honneurs n'ont jamais altéré nos vertus:
Quelles preuves faut-il de plus?

Comment nous croyez-vous des hommes?

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