1 Le dimanche, c'étoit l'usage, Le seigneur se plaisoit å danser avec eux. Oh! ma foi, répond-il, j'ai bien d'antres affaires; Que l'on danse sans moi. L'esprit plein de chimeres, Il s'enferme tout seul pour se tourmenter mieux. Ensuite il va joindre à sa somme Un petit sac d'argent, reste du mois dernier. De vouloir lui prêter vingt écus pour sa taille : Que six enfants sur de la paille. Il court au paysan, l'embrasse, De cent écus lui fait le don, Et lui demande encor pardon. Ensuite il fait crier que sur la grande place En un seul monceau la répand. Mes amis, leur dit-il, Depuis qu'il m'appartient, je ne suis plus le même, Mes enfants, sauvez-moi de ce péril extrême; Soyons contents du nécessaire Sans jamais souhaiter de trésors superflus: FABLE III. Le vieux Arbre et le Jardinier. Un jardinier, dans son jardin, Avoit un vieux arbre stérile; C'étoit un grand poirier qui jadis fut fertile: Au premier coup l'arbre lui dit: Respecte mon grand âge, et souviens-toi du fruit Que je t'ai donné chaque année. La mort va me saisir, je n'ai plus qu'un instant, N'assassine pas un mourant Qui fut ton bienfaiteur. Je te coupe avec peine, De rossignols une centaine S'écrie: Epargne-le, nous n'avons plus que lui: Porter et vendre les rayons; Eh! que ne dois-je pas à ce pauvre poirier Ma femme quelquefois vient ouir ces oiseaux ; Et laisse vivre le vieux tronc. Comptez sur la reconnoissance FABLE IV. La Brebis et le Chien. LA brebis et le chien, de tous les temps amis, Moi, qui tous les ans les habille, Qui leur donne du lait et qui fume leurs champs, Leurs confreres les loups dévorent ce qui reste. Travailler pour eux seuls, et mourir par leurs mains, 1l est vrai, dit le chien: mais crois-tu plus heureux Les auteurs de notre misere? Va, ma sœur, il vaut encor mieux FABLE V. Le Troupeau de Colas. Dès la pointe du jour, sortant de son hameau, Colas, jeune pasteur d'un assez beau troupeau, Le conduisoit au pâturage. Sur sa route il trouve un ruisseau Que, la nuit précédente, un effroyable orage Avoit rendu torrent; comment passer cette eau Chien, brebis et berger, tout s'arrête au rivage. En faisant un circuit l'on eût gagné le pont; C'étoit bien le plus sûr, mais c'étoit le plus long: abréger. D'abord il considere Colas veut Le Qu'il peut franchir cette riviere; Son chien saute après lui; beliers d'entrer en danse, A qui mieux mieux, courage, Après les beliers les moutons; allons! Tout est en l'air, tout saute; et Colas les excite |