Prenons, dit le cheval, les hommes pour arbitres : D'être Et demande le jugement. Un des juges choisis, maquignon bas-normand, Le cheval a gagné. Non pas, mon cher confrere, L'âne doit marcher le premier: Tout autre avis seroit d'une injustice extrême, Fermier de sa paroisse et riche laboureur, Quoi! reprend le coursier écumant de colere, Eh mais, dit le Normand, par quoi donc, s'il vous plaît? AUTREFOIS dans Bagdad le calife Almamon Cent colonnes d'albâtre en formoient le portique; Les Roulant leurs ondes bondissantes A côté des lits de brocard. Près de ce beau palais, juste devant l'entrée, D'un grand travail, sans dette et sans soucis pénibles, Couloit des jours doux et paisibles, 1 Masquoit le devant du palais. Le visir veut d'abord, sans forme de procès, Mais le calife veut que d'abord on l'achete. On lui porte de l'or. Non, gardez votre somme, Je n'ai besoin de rien' avec mon attelier: Et quant à ma maison, je ne puis m'en défaire; Le calife, s'il veut, peut me chasser d'ici, Mais, s'il le fait, il me verra Venir, chaque matin, sur la derniere pierre Je connois Almamon, son cœur en gémira. J'ordonne qu'à mes frais elle soit réparée ; Je veux que nos neveux, en la considérant, Y trouvent de mon regne un monument auguste: En voyant la chaumiere ils diront, Il fut juste. FABLE IX. Le Chien et le Chat. UN chien vendu par son maître Jugez de ce qu'il devint Lorsque, pour prix de son zele, Vers sa demeure nouvelle. Un vieux chat, son compagnon, En passant lui dit ce mot: Tu croyois done, pauvre sot, FABLE X. Les deux Jardiniers. DEUX freres jardiniers avoient par héritage Ensemble ils faisoient leur mènage. L'un d'eux, appelé Jean, bel esprit, beau parleur, A lire l'almanach, à regarder le temps Bientôt, donnant l'essor à son rare génie, Il voulut découvrir comment d'un pois tout seul Pourquoi la graine du tilleul, Qui produit un grand arbre, est pourtant plus petite Cette feve qu'on seme au hasard sur la terre Place en bas sa racine et pousse en haut sa tige. De ne point pénétrer ces importants secrets, |