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Iz est certains esprits d'un naturel hargneux
Qui toujours ont besoin de guerre;
Ils aiment à piquer, se plaisent à déplaire,
Et montrent pour cela des talents merveilleux.
Quant à moi, je les fuis sans cesse,
Eussent-ils tous les dons et tous les attributs;
J'y veux de l'indulgence ou de la politesse;
C'est la parure des vertus.

Un hérisson, qu'une tracasserie
Avoit forcé de quitter sa patrie,
Dans un grand terrier de lapins
Vint porter sa misanthropie.

Il leur conta ses longs chagrins,
Contre ses ennemis exhala bien sa bile,
Et finit par prier les hôtes souterrains
De vouloir lui donner asyle.
Volontiers, lui dit le doyen:

Nous sommes bonnes gens, nous vivons comme freres, Et nous ne connoissons ni le tien ni le mien;

Tout est commun ici: nos plus grandes affaires

Sont d'aller, dès l'aube du jour, Brouter le serpolet, jouer sur Pherbe tendre:

Chacun, pendant ce temps, sentinelle à son tour,
Veille sur le chasseur qui voudroit nous surprendre;
S'il l'apperçoit, il frappe, et nous voilà blottis.

Avec nos femmes, nos petits,
Dans la gaîtė, dans la concorde,

Nous passons les instants que le ciel nous accorde.
Souvent ils sont prompts à finir;
Les panneaux, les furets, abregent notre vie,
Raison de plus pour en jouir.
Du moins par l'amitié, l'amour et le plaisir,
Autant qu'elle a duré nous l'avons embellie:
Telle est notre philosophie.

Si cela vous convient, demeurez avec nous,
Et soyez de la colonie;

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Sinon, faites l'honneur à notre compagnie
D'accepter à dîner, puis retournez chez vous.
A ce discours plein de sagesse,

Le hérisson repart qu'il sera trop heureux
De passer ses jours avec eux.
Alors chaque lapin s'empresse
D'imiter l'honnête doven
Et de lui faire politesse.
Jusques au soir tout alla bien."
Mais lorsqu'après souper la troupe réunie
Se mit à deviser des affaires du temps,
Le hérisson de ses piquants

un jeune lapin. Doucement, je vous prie,

Blesse

Lui'dit le pere de llenfant.

Le hérisson, se retournant,

En pique deux, puis trois, et puis un quatriome. I
On murmure, on se fache, on l'entoure en grondant.
Messieurs, s'écria-t-il, mon regret est extreme;
Il faut me le passer, je suis ainsi, bâti

Et je ne puis pas me refondre.

Ma foi, dit le doyens en ce cas, mon ami,.......
Tu peux aller te faire tondre.

FABLE XVII.

Le Charlatan.

Sur le Pont-neuf, entouré de badauds,
Un charlatan crioit à pleine tête:
Venez, messieurs, accourez faire emplette
Du grand remede à tous les maux:
C'est une poudre admirable

Qui donne de l'esprit aux sots,

De l'honneur aux frippons, l'innocence aux coupables,

Aux vieilles femmes des amants,

Au vieillard amoureux une jeune maîtresse,

Aux fous le prix de la sagesse,

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Et la science aux ignorants.
Avec ma poudre, il n'est rien dans la vie
Dont bientôt on ne vienne à bout;

Par elle on obtient tout, on sait tout, on fait tout;

C'est la grande encyclopédie.

Vite je m'approchai pour voir ce beau trésor.....
C'étoit un peu de poudre d'or.

FABLE XVIII.

Le Chien coupable.

MON frere, sais-tu la nouvelle? Mouflar, le bon Mouflar, de nos chiens le modele, Si redouté des loups, si soumis au berger, Mouflar vient, dit-on, de manger Le petit agneau noir, puis la brebis sa mere, Et puis sur le berger s'est jeté furieux.

Seroit-il vrai? - Très vrai, mon frere.

- A qui donc se fier, grands dieux! C'est ainsi que parloient deux moutons dans la plaine; Et la nouvelle étoit certaine.

Mouflar, sur le fait mème pris,
N'attendoit plus que le supplice;

Et le fermier vouloit qu'une prompte justice
Effrayât les chiens du pays.

La procédure en un jour est finie.
Mille témoins pour un déposent l'attentat:
Récolés, confrontés, aucun d'eux ne varie;
Mouflar est convaincu du triple assassinat :
Mouflar recevra donc deux balles dans la tête

Sur le lieu mème du délit.

A son supplice qui s'apprête
Toute la ferme se rendit.

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Les agneaux de Mouflar demanderent la grace;
Elle fut refusée. On leur fit prendre place :

Les chiens se rangerent près d'eux,
Tristes, humiliés, mornes, l'oreille basse,
Plaignant, sans l'excuser, leur frere malheureux.
Tout le monde attendoit dans un profond silence.
Mouflar paroît bientôt, conduit par deux pasteurs:
Il arrive; et, levant au ciel ses yeux en pleurs,..

Il harangue ainsi l'assistance:
O vous, qu'en ce moment je n'ose et je ne puis
Nommer, comme autrefois, mes freres, mes amis,
Témoins de mon heure derniere,
Voyez où peut conduire un coupable desir!
De la vertu quinze ans j'ai suivi la carriere,
Un faux pas m'en a fait sortir.

Apprenez mes forfaits. Au lever de l'aurore,
Seul, auprès du grand bois, je gardois le troupeau;
Un loup vient, emporte un agneau,
Et tout en fuyant le dévore.

Je

cours, j'atteins j'atteins le loup, qui, laissant son festin,

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