Et qu'elle eût voulu profiter..
Enfin aucun oiseau n'avo't l'art de lui plaire ;
Et, dès qu'ils commençoient leurs joyeuses chansons, Par des coups de sifflet répondant à leurs sons, Le perroquet les faisoit taire.
Lassés de tant d'affrouts, tous les oiseaux du bois! Viennent lui dire un jour : Mais parlez donc, beau sire, Vous qui sifflez toujours, faites qu'on vous admire; Sans doute vous avez une brillante voix,
Daignez chanter pour nous instruire. Le perroquet, dans l'embarras,
Se gratte un peu la tête, et finit par Teur dire: Messieurs, je siffle bien, mais je ne chante pas.
UN renard plein d'esprit, d'adresse, de prudence, A la cour d'un lion servoit depuis long-temps; Les succès les plus éclatants
Avoient prouvé son zele et son inteligence. Pour peu qu'on l'employât, toute affaire alloit bien. On le louoit beaucoup, mais sans lui donner rien; Et l'habile renard étoit dans l'indigence.
Lassé de servir des ingrats,
De réussir toujours sans en être plus gras, Il s'enfuit de la cour; dans un bois solitaire
Il s'en va trouver son grand-pere, Vieux renard retiré, qui jadis fut visir. Là, contant ses exploits, et puis les injustices, Les dégoûts, qu'il eut à souffrir,
Il demande pourquoi de si nombreux services N'ont jamais pu rien obtenir.
Le bon homme renard, avec sa voix cassée, Lui dit: Mon cher enfant, la semaine passée, Un blaireau, mon cousin, est mort dans ce terrier: C'est moi qui suis son héritier,
J'ai conservé sa peau; mets-la dessus la tienne, Et retourne à la cour. Le renard avec peine Se soumit au conseil : affublé de la peau
De feu son cousin le blaireau,
Il va se regarder dans l'eau d'une fontaine, Se trouve l'air d'un sot, tel qu'étoit le cousin. Tout honteux, de la cour il reprend le chemin. Mais, quelques mois après, dans un riche équipage, Entouré de valets, d'esclaves, de flatteurs, Comblé de dons et de faveurs,
Il vient de sa fortune au vieillard-faire hommage: Il étoit grand visir. Je te l'avois bien dit,
S'écrie alors le vieux grand-pere;
Mon ami, chez les grands quiconque voudra plane Doit d'abord cacher son esprit.
Le Hibou, le Chat, l'Oison et le Rat.
De jeunes écoliers avoient pris dans un trou Un hibou,
Et l'avoient élevé dans la cour du college. Un vieux chat, un jeune oison,
Nourris par le portier, étoient en liaison
tous trois avoient le privilege
D'aller et de venir toute la
A force d'ètre dans la classe,
Ils avoient orné leur esprit,
Savoient par coeur Denys d'Halicarnasse Et tout ce qu'Hérodote et Tite-Live ont dit. Un soir, en disputant (des docteurs c'est l'usage), Ils comparoient entre cux les peuples anciens. Ma foi, disoit le chat, c'est aux Egyptiens Que je donne le prix : c'étoit un peuple sage, Un peuple ami des loit, instruit, discret, pieux, Rempli de respect pour ses dieux;
Cela seul mon gré lui donne l'avantage. J'aime mieux les Athéniens,
Répondit le hibou : que d'esprit! que de grace! Et dans les combats quelle audace!
Que d'aimables héros parmi leurs citoyens! A-t-on jamais plus fait avec moins de moyens? Des nations c'est la premiere.
Parbleu, dit l'oison en colere,
Messieurs, je vous trouve plaisants: Et les Romains, que vous en semble? Est-il un peuple qui rassemble
Plus de grandeur, de gloire et de faits éclatants? Dans les arts, comme dans la guerre,, Ils ont surpassé vos amis.
Pour moi, ce sont mes favoris:
Tout doit céder le pas aux vainqueurs de la terre. Chacun des trois pédants s'obstine en son avis, Quand un rat, qui de loin entendoit la dispute, Rat savant, qui mangeoit des thêmes dans sa hutte, Leur cria: Je vois bien d'où viennent vos débats : L'Egypte vénéroit les chats,
Athenes les hibous, et Rome, au Capitole, Aux dépens de l'état nourrissoit des oisons:
intérêt est toujours la boussole
Que suivent nos opinions.
U's fils avoit tué son pere.
‹ Ce crime affreux n'arrive guere
Chez les tigres, les. ours; mais l'homme le commet Ce parricidé eut l'art de cacher son forfait, Nul ne le soupçonna: farouche et solitaire, Il fuyoit les humains, il vivoit dans les bois, Espérant échapper aux remords comme aux loix. Certain jour on le vit détruire à coups de pierre Un malheureux nid de moineaux.
Eh! que vous ont fait ces oiseaux?
Lui demande un passant : pourquoi tant de colere? Ce qu'ils m'ont fait ? répond le criminel:
Ces oisillons menteurs, que confonde le ciel, Me reprochent d'avoir assassiné mon pere, Le passant le regarde, il se trouble, il pålit, Sur son front son crime se lit:
Conduit, devant le juge, il l'avoue et l'expie.
O des vertas derniere amie,
Toi qu'on voudroit en vain éviter ou troiper, Conscience terrible, on ne peut t'échapper!
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