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Sans scrupule il faisoit punir.

La méthode étoit sûre, expéditive et claire ;

Minos s'en trouvoit bien. Un jour, en même temps,
Au bord du Styx la mort rassemble
Deux rois, un grand ministre, un héros, trois savants.
Minos les fait- peser ensemble:

Le poids s'éleve; il en met deux,

mieux.

Et puis trois, c'est en vain; quatre ne
font pas
Minos, un peu surpris, óte de la balance
Ces inutiles poids, cherche un autre moyen;
Et, près de la voyant un pauvre homme de bien
Qui dans un coin obscur attendoit en silence,
Il le met seul en contre-poids:

Les six ombres alors s'élevent à la fois.

FABLE X II I.

La Chenille.

Un jour, causant entre eux,

différents animaux

Louoient beaucoup le ver-à-soie :

Quel talent, disoient-ils, cet insecte déploie

En

composant ces fils si doux, si fins, si beaux,
Qui de l'homme font la richesse!

Tous vantoient son travail, exaltoient son adresse.
Une chenille seule y trouvoit des défauts,

Aux animaux surpris en faisoit la critique,

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Disoit des mais, et puis des s

Un renard s'écria: Messieurs, cela s'explique;

C'est que madame file aussi.

FABLE X I V.

L'Hermine, le Castor et le Sanglier.

UNE hermine, un castor, un jeune sanglier,
Cadets de leur famille, et partant sans fortune,
Dans l'espoir d'en acquérir une,

Quitterent leur forêt, leur étang, leur hallier.
Après un long voyage, après mainte aventure,
Ils arrivent dans un pays

Où s'offrent à leurs yeux ravis

Tous les trésors de la nature,

Des près, des eaux, des hois, des vergers pleins de fruits.
Nos pèlerins, voyant cette terre chèric,
Eprouvent les mêmes transports

Qu'Enée et ses Troyens en découvrant les bords'
Du royaume de Lavinie.

Mais ce riche pays étoit de toutes parts
Entouré d'un marais de bourbe

Où des serpents et des lèsards.
Se jouoit l'efiroyable tourbe.

Il falloit le passer, et nos trois voyageurs
S'arrêtent sur le bord, étonnés et rèveurs.
L'hermine la premiere avance un peu la patte;
Elle la retire aussitôt,

En arriere elle fait un saut,

En disant: Mes amis, fuyons en grande hâte ;
Ce lieu, tout beau qu'il est, ne peut nous convenir:
Pour arriver là bas il faudroit se salir ;

Et moi je suis si délicate,

Qu'une tache me fait mourir.

Ma sœur, dit le castor, un peu de patience;
On peut, sans se tacher, quelquefois réussir;
Il faut alors du temps et de l'intelligence:
Nous avons tout cela: pour moi, qui suis maçon,
Je vais en quinze jours vous bâtir un beau pont
Sur lequel nous pourrons, sans craindre les morsures
De ces vilains serpents, sans gâter nos fourrures,
Arriver au milieu de ce charmant vallon.

Quinze jours! ce terme est bien long,
Répond le sanglier: moi, j'y serai plus vîte;
Vous allez voir comnient. En prononçant ces mots,
Levoilà qui se précipité

Au plus fort du Bourbier, s'y plonge jusqu'au dos,
A travers les serpents, les lésards, les crapauds,
Marche, pousse à son but, arrive plein de boue;
Et là, tandis qu'il se secoue,

Jetant à ses amis un regard de dédain,
Apprenez, leur dit-il, comme on fait son chemin.

FABLE

X V.

Les Enfants et les Perdreaux.

DEUX enfants d'un fermier, gentils, espiegles, beaux, Mais un peu gâtés par leur pere,.. 1 Cherchant des nids dans leur enclos, Trouverent de petits perdreaux

Qui voletoient après leur mere.

Vous jugez de la joie, et comment mes bambins
A la troupe qui s'éparpille

Vont par-tout couper les chemins,

Et n'ont pas assez de leurs mains
Pour prendre la pauvre famille!
La perdrix, traînant l'aile, appelant ses petits,
Tourne en vain, voltige, s'approche;
Déja mes jeunes étourdis

Ont toute sa couvée en poche.

Ils veulent partager, comme de bons amis;
Chacun en garde six, il en reste un treizieme :
L'aîné le veut, l'autre le veut aussi.

-Tirons au doigt mouillé. - Parbleu non. Parbleu si.
Cede, ou bien tu verras. — Mais tu verras toi-même.
De propos en propos, l'aîné, peu patient,

Jette à la tête de son frere

Le perdreau disputé. Le cadet en colère

D'un des siens riposte à l'instant.

... L'afué recommence d'autant;

Et ce jeu qui leur plaît coavre autour d'eux la térre
De pauvres perdreaux palpitants.

Le formier, qui passoit en revenant des champs,
Voit ce spectacle sanguinaire,

·Accourt, et dit à ses enfants:

Comment dono! pétits rois, vos discordes cruelles
Font que tant d'innocents expirent par vos coups!
De quel droit, s'il vous plaît, dans vos tristes querelles,
Fant-il que l'on meure pour vous?

FABLE X V I.

Le Perroquet.

Un gros perroquet gris, échappé de sa cage,

Et là,

Vint s'établir dans un bocage;

prenant le ton de nos faux connoisseurs, Jugeant tout, blåmant tout d'un air de suffisance, Au chant du rossignol il trouvoit des longueurs, Critiquoit sur-tout sa cadence.

Le linot, selon lui, ne savoit p

pas chanter;

La fauvette auroit fait quelque chose peut-être,
Si de bonne heure il eût été son maître,

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