Lorsque j'ai fait part de mes recherches à la Société des ExpertsChimistes, M. MEILLÈRE a fait observer qu'il n'y avait qu'à multiplier les traves chez la vache hollandaise pour voir s'élever nettement son extrait dégraissé. Cette remarque vient corroborer très fortement ma précédente observation, en même temps qu'elle ramène l'attention sur ce qu'on savait déjà plus on fait de traites, plus le lait est abondant et plus il est riche, et il est certain que s'il n'y avait pas de crise de main-d'œuvre, il y aurait toujours utilité à faire trois traites au lieu de deux. J'estime même que, très souvent, le coût d'une troisième traite serait couvert par le gain supplémentaire réalisé. La multiplication des traites nous entraine dans quelques considérations qui rendent la question exposée ici un peu plus complexe. A rapprocher les traites, on diminue, on supprime même la rétention lactée, mais on ne doit pas oublier non plus que « la fonction fait l'organe et que, dans ces conditions, le glande mammaire est soumise à une gymnastique qui ne peut que favoriser l'accroissement de son rendement quantitatif et qualitatif; celui-ci a évidemment une limite. quel que soit le nombre des traites, mais comment la fixer et quelle est ici la part qui revient à la suppression de la rétention lactée ? C'est là une question délicate à résoudre. Sur ce point néanmoins, j'ai des chiffres intéressants à produire; ils m'ont été fournis par une chèvre et nous mènent, bien que les recherches n'aient porté que sur une courte période de temps, aux mêmes conclusions que ceux qui nous ont été donnés par la vache: a) Variations irrégulières de la matière grasse.. 6) L'E. D. R. da soir est un peu plus fort en général que l'E. D. R. du matin. J'ajouterai que les deux quartiers donnent sensiblement le même lait, ce qui m'a permis de procéder sans en séparer les faits à la multiplication des traites, laquelle nous a donné des résultats très intéressants consignés avec les autres dans le tableau suivant : La muluplication des traites amène une augmentation du rendement plus quantitativement que qualitativement (1), mais l'excitation physiologique de la glande se continue lorsque la traite est suspendue, ce qui a lieu entre la dernière traite du soir et la première du matın; entre celle-là et celle-ci, il s'écoule 14 heures environ, c'està-dire le même temps que lorsqu'o.. procédait à deux traites et nous voyons cependant le rendement quantitatif de la traite du matin. croire notablement 1200 ccm., 1700, 1500, 1650, 1400 au lieu de 1000 environ; de son côté l'E. D. R. s est élevé de 2 à 3 gr. L'élévation de l'E. D. R. est plus cons.dérable pour les traites de la journée qui, elles, ont lieu toutes les deux heures. Notons également que, dès que l'on ramèle le nombre des traites à deux, nous voyons assez rapidement le rendement quantitatif et surtout le qualitatif edevenir graduellement ce qu'ils étaient avant qu on ne rapprochât les traites. * ** Ce travail devra être continué, car des documents de la nature et de l'esprit de ceux qu'il contient ne sauraient être trop nombreux, mais, encore une fois, n'oublions pas de faire remarquer que pour qu'ils aient pleine valeur, lest indispensable que la technique soit pour ainsi dire irréprochable. Le professeur VAN SLYKE de la Station Expérimentale de Geneva auquel je faisais part de mes recherches sur la rétention lactée m'a fait observer qu'on avait également constaté aux Etats-Unis que l'extran dégraissé du soir est toujours un peu plus fort que celui du matin, mais sans donner la raison de cette différence. Je crois qu'on doit la trouver dans le phénomène de la rétention iactée. Je pense aussi que le lait de la traite du matin, le lundi et les len lemains de fêtes, doit avoir régulièrement un extrait dégraissé rectifié plus faible que celui des autres matins, parce que le dimanche et les jours de tête, la, traite du soir est faite hâtivement; elle est bâclée, donc incomplète et dans ces conditions, la rétention lactée dans la nuit qui suit est plus accentuée que dans les autres nuits de la semaine. « Le lait du matin, le lundi et les lendemains de fête », voilà un titre qui ne manque pas d'un certain sel; le travail qu'il abriterait serait cependant très intéressant et ses conclusions déborderaient aisément le sujet étroit que le titre pourrait laisser présager. (1) Ce que j'appelle ici le rendement quantitatif c'est la quantité de lait en ccms., et le rendement qualitatif c'est l'extrait sec en grammes par litre. QUELQUES VINS DE PRODUCTEURS DIRECTS Par M. L. ROOS, Directeur de la Station Enologique de Montpellier Il semble que la lutte contre le mildiou devient de plus en plus difficile, soit que certaines années la virulence de la maladie s'accroisse, soit qu'elle résiste mieux à l'action destructive des agents cupriques. En tous cas, cette lutte indispensable est très onéreuse. Cette situation incline beaucoup de viticulteurs à s'intéresser aux hybrides producteurs directs, sur lesquels le mild ou n'a pas de prise, ou qui du moins ne nécessitent pour leur défense, que des efforts beaucoup moindres que ceux qu'il faut consacrer à la plup`rt des viniferes. On ne peut guère, sans doute, attendre des hybrides producteurs directs une production de l'importance de celle de l'Aramon dans nos plaines fertiles, mais la régularité de la récolte, égale, sinon supérieure à celle de la plupart de nos cépages courants, ne risquant pas d'être enlevés aux trois quarts et parfois davantage, par une vio-. lente attaque de mildiou, est un facteur très sérieux pour déterminer l'opinion. Pendant longtemps, en ce qui concerne la qualité des vins, les hybrides ne donnaient pas satifaction. J'en ai eu beaucoup entre les mains sans en trouver d'intéressants, mais je dois convenir qu'il existe aujourd'hui des hybrides fournissant des vins excellents. Quelques autres restent encore très dignes d'attention, malgré un goût plus ou moins prononcé de « sauvage » qu'on désigne habituellement sous le nom de « fox », mais ce goût n'est pas si tenace qu'on ne puisse espérer s'en débarrasser par des artifices de vinification. Je sais des expériences entreprises dans ce but dont les résultats jusqu'ici sont du meilleure augure. Ayant eu la bonne fortune de trouver chez un excellent viticulteur du Var, un champ d'expériences des divers hybrides qui lui avaient paru les plus intéressants à la suite d'essais sur des unités, je lui ai demandé de bien vouloir faire procéder à la vinification séparée de la récolte de chacune de ces variétés, et de me donner des échantillons des vins produits, en vue d'en faire et d'en publier les analyses. Le champ d'expériences situé dans la plaine non loin d'Hyères, comporte dix variétés. En ce qui concerne la résistance aux maladies cryptogamiques, les dix variétés expérimentées sont déclarées indemnes de mi diou, mais il faut tenir compte que cette observation s'applique à une année 'ou le mildiou n'a fait qu'une ar parition très bénigne dans l'ensemble du vignoble, et n'a été que peu constaté sur les vignes, traitées il est vra, voisines du champ d'expériences. En ce qui concerne les vins, nous devons constater que les conditions de vinification surtout des cépages rouges cuvant avec les parties solides du fruits, ont été très défavorables et que de ce fait on peut s'attendre à des anomalies de composition et notammant à un taux élevé d'acidité volatile dans les vins rouges. Ces mêmes conditions défavorables de vinification et de conservation après décuvage, se répercuteront certainement sur le goût. D'autre part enfin, il faut considérer que les vignes expérimentées ne sont qu'à leur deuxieme feuille et n'ont encore acquis, ni toute leur fertilité, ni toute la quatité dont leurs produits sont susceptibles. Ces réserves faites, je donne ci-après, les résultats analytiques obtenus pour chacun de dix hybrides expérimentés. Les nos 1 à 5 blancs se montrent sains à l'examen microscopique. Les vins rouges 6 à 10 sont tous contaminés de tourne et de piqûre, le n° 8 présente en outre quelques levures, et dans le n° 10 les ferments observés sont fortement incrustés de matière colorante. Les vins blancs, avec des titres alcooliques élevés notamment pour les nos 1 et 3, sont de composition bien équilibrée en leurs divers éléments. Les vins rouges d'une teneur en alcool plus faible en général que celle des blancs, mais cependant très fatisfaisante, sont d'une composition moins normale. L'extrait sec y est en général trop élevé, et ce fait ne peut qu'amoindrir la qualité en donnant aux vins une rudesse particulière. On diminuerait aisément cette trop grande quantité d'extrait sec par un cuvage moins prolongé, réduit à quelques heures seulement, pour certains. On croit trop qu'il est indispensable pour décuver les vins rouges, que la densité du moût soit tombé à 0°. On peut parfaitement décuver en pleine fermentation, celle-ci contmae et se termine en dehors du marc comme pour les blancs, et le vin ne fait que gagner en finesse. Bien qu'on ne puisse guère espérer d'une dégustation de ces échantillons des résultats comparables à ceux qu'on obtiendrait en y soumettant des vins vinifiés normalement, en quantités plus considérables, j'ai tenu à y procéder. MM. RAVAZ et VENTRE de l'Ecole nationale d'Agriculture de Montpellier, ont bien voulu me seconder et m'éclairer dans cette opération. Sous la réserve qu'il faut faire abstraction du goût de piqûre, et parfois de tourne, qui se perço t dans les vins rouges, les résultats de cette dégustation ont été les suivants : N° 1. Couderc 162-5.- Très bon, mais léger goût de fox. Couleur bonne, mais un peu trop accentuée vers le jaune. N° 2. Couderc no 4. Très bon, mais encore goût de fox. moindre cependant que pour le n° 1. Couleur médiocre de madère faible. N° 3. 157 G. G. Très bon, très moelleux, bien que sans sucre résiduel, Couleur bonne, mais léger plombage ne paraissant pas attribuable au cépage. No 4. Bacco blanc. - Très bon, moelleux, goùt fin de vin franais. Couleur parfaite, tirant légèrement sur le vert. |