coup d'autres graines, et d'un épisperme ou coque qui, par contre, renferme des tissus facilement reconnaissables au microscope. La partie extérieure de la coque est constituée par un épiderme assez mince, ou cuticule, d'aspect bigarré, formé de cellules polygonales aplaties, à parois finement ponctuées et à contenu légèrement granuleux. Certaines des cellules sont incolores ou très peu colorées, tandis que d'autres, groupées irrégulièrement par îlots, sont colorées en brun; c'est ce qui produit les bigarrures de la graine de ricin. Cet épiderme, d'un aspect tout à fait spécial, devra toujours être recherché, car il ne prête à aucune confusion. La microphotographie ci-jointe (fig. 1), reproduit fidèlement son aspect. Le tégument interne de la coque, celui qui lui donne sa solidité, est constitué par une assise scléreuse, fortement colorée en brun noirâtre et très résistante. Cette assise ne comprend qu'une seule rangée de cellules à parois épaisses, très longues et étroites, légèrement incurvées ou obliques. Au microscope, les fragments de l'assise scléreuse se présentent sous forme de fragments anguleux noirs, à cassure conchoïdale, presque toujours complètement opaques, très difficiles à dissocier ou à décolorer. Quand on a réussi à les éclaircir suffisamment, soit par l'acide lactique, soit par l'eau de Javel concentrée, certains de ces fragments présentent, principalement sur les bords, l'aspect d'un fin dallage à petites cellules polygonales, représentant l'assemblage très compact des cellules scléreuses vues en bout, ou sur des cassures constituant des coupes tangentielles ou obliques (fig. 2). Cet aspect est caractéristique, et ne s'oublie pas une fois bien observé. Sur d'autres fragments de coque on distingue nettement la forme allongée et incurvée des cellules scléreuses (fig. 3). Enfin les fragments de la caroncule, sorte de protubérance facile à détacher, située au petit bout de la graine, peuvent aussi offrir un élément de détermination. Cette caroncule est constituée par un amas de cellules un peu irrégulières, deux ou trois fois plus longues que larges, et à parois fortement ponctuées sur toute leur surface (fig. 4). Nous ne citerons que pour mémoire la fine enveloppe interne de la graine, formée de cellules à parois très minces et transparentes, contenant chacune un cristal en rosette ou une houppe de fin cristaux aiguillés, parfois les deux (1). Ce tissu, qui est sillonné de faisceaux fibro-vasculaires, s'observe facilement lorsque l'examen microscopique porte sur un tourteau de ricin, décortiqué ou non, mais nous n'avons jamais pu le mettre en évidence dans un tourteau riciné à faible dose. D'après ce qui précède, on voit que l'examen microscopique d'un tourteau d'arachides suspect de ricinage accidentel, devra porter presque exclusivement sur la recherche des fragments noirâtres et denses de coques, auxquels adhérent souvent des lambeaux d'épiderme que l'on cherchera ensuite à détacher. (1). Voir les Résidus Industriels, par Eugène COLLIN et Emile PERROT, p. 122. Voici comment nous opérons pour cet examen : Dix grammes du tourteau réduit en farine et tamisé au tamis n° 25, sont chauffés à l'ébullition pendant 5 minutes dans une capsule de porcelaine, avec 200 cc. d'une solution aqueuse de potasse caustique à 2%, afin de dissocier tous les tissus légers et peu résistants n'offrant aucun caractère spécifique. On agite fréquemment au début, pour empêcher la formation de grumeaux épais. La masse est ensuite étendue d'eau, et après une demi-minute de repos, on décante le liquide trouble, surnageant un dépôt plus ou moins volumineux. On répète l'opération jusqu'à ce que le liquide soit clair, mais sans entraîner la majeure partie du dépôt qui est constitué par des débris cellulosiques denses tombant rapidement au fond de la capsule, et par une partie plus légère contenant les sons d'arachides, des éléments de l'amande, et peut-être aussi, en cas de ricinage, des fragments de la caroncule et des lambeaux légers de la cuticule du ricin. Pour séparer ces deux parties, on procède à de nouvelles décantations, mais en entraînant cette fois les éléments les plus légers que l'on recueille dans un grand verre à pied, et l'on arrive assez facilement, avec un peu d'habitude, à ne conserver dans la capsule que les débris cellulosiques les plus lourds, constitués surtout par des fragments de coques d'arachides, et par tous ceux de coque de ricin qui peuvent se trouver dans le tourteau. Les téguments relativement légers recueillis dans le verre à pied seront examinés pour y rechercher des fragments de la caroncule et de l'épiderme de la graine de ricin, mais il ne faut pas se dissimuler qu'à moins d'un ricinage important, cet examen ne donnera que rarement un résultat positif. Il est bon cependant de l'effectuer, car, il peut fournir des renseignements intéressants quant à la présence d'autres substances étrangères. La partie dense restée dans la capsule doit retenir toute notre attention. Elle nous montrera déjà à l'oeil nu de nombreux fragments noirs, anguleux, très durs, s'il y a dans le tourteau suspect, 1 à 2 % de ricin non décortiqué. Avec 0,5 % de ricin, ces fragments sont encore nettement visibles, mais il ne faut pas les confondre avec cer tains fragments de coques d'arachides ou d'impuretés étrangères, qui peuvent être aussi très fortement colorés. Le dépôt cellulosique, que l'on assèche sur du papier à filtrer, sera donc examiné au grossissement 60 et par portions successives, dans une goutte d'acide lactique que l'on chauffe sur la lamelle porteobjet jusqu'à émission de vapeurs blanches. Cette opération a pour but d'éclaircir autant que possible les fragments de coque de ricin, qui se distingueront facilement de ceux de coques d'arachides, plus clairs et formés surtout de fibres entrecroisées. Il faut s'attacher à observer nettement, sur le bord des fragments qui paraissent appartenir à l'assise scléreuse du ricin, l'aspect particulier que nous avons noté précédemment; en outre, comme la cuticule est encore plus caractéristique que le tissu scléreux, il est de toute nécessité de la mettre en évidence. On y arrive en grattant à l'aide d'une aiguille à dissection la surface convexe d'un certain nombre de fragments de coques; on détache ainsi des lambeaux d'épiderme restés adhérents à l'assise scléreuse, et après les avoir examinés, on peut conclure en toute sûreté à la présence du ricin. Il est assez délicat d'apprécier sa proportion avec quelque exactitude. Il est bon pour cela de préparer soi-même avec un tourteau d'arachides pur et du ricin non décortiqué, des mélanges contenant 0,5%, 1% et 2 °。 de ricin, plus s'il est nécessaire, et l'on procède par comparaison. 0 Ainsi donc, pour nous résumer, l'examen microscopique permet de retrouver assez facilement, dans un tourteau d'arachides, jusqu'à 0,5% de tourteau de ricin, mais à la condition expresse que le ricin se soit trouvé introduit sous forme de graines où de tourteau de ricin non décortiqués (1). Par contre, si le mélange accidentel a eu lieu sous forme de graines ou de tourteau de ricin décortiqués, l'examen microscopique se trouvera en défaut, même pour des doses beaucoup plus fortes que celles mentionnées ci-dessus, puisque l'amande du ricin ne contient pas de tissus caractéristiques, et cependant le tourteau ainsi riciné sera très texique. C'est alors que peut intervenir avec succès une méthode biologique dont le principe a été établi par KOBERT, et que nous avons cherché à perfectionner dans ses détails d'application. Recherche du ricin par la réaction des agglutinines. KOBERT (2) a constaté que la ricine en solution dans l'eau salée physiologique, présente, même à des doses infinitésimales, la propriété d'agglutiner les globules rouges du sang des mammifères et des oiseaux. On sait qu'il existe ainsi un certain nombre de substances désignées sous le nom général d'agglutinines qui, introduites dans le sang, sont capables de provoquer la formation d'une matière agglutinante qui fait adhérer les globules les uns aux autres. Lorsque l'expérience est faite in-vitro sur des globules en suspension dans l'eau salée, ceux-ci se réunissent, s'agglomèrent et ne tardent pas à se précipiter en amas grumeleux sur les parois et au fond du récipient. C'est là le phénomène de l'agglutination, dont KOBERT a tiré parti pour déceler la présence du ricin dans les tourteaux d'arachide toxiques. Dans son dernier travail (3) il propose de concentrer la ricine pouvant exister dans les macérations de tourteaux suspects, en pré (1) Il est nécessaire aussi que l'échantillonnage du tourteau suspect ait été fait en prenant toutes les précautions voulues, c'est-à-dire en ayant soin de prélever des morceaux sur un assez grand nombre de tourteaux, et non sur une seule galette, comme cela se produit trop fréquemment. (2) KOBERT: Beiträge zur Kenntnis der vegetalbilischen Agglutinine (Landw. Vers. Stationen, t. 79 et 80, p. 97-205, 1913). . (3) KOBERT (Landw, Vers. Stationen, t. 85, p. 176 à 192, 1914). |