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destin, il fait bonne tâche. Et, sapristi, voudriez-vous que chaque bourgeois de France fût un Pierpont-Morgan? Voulez-vous la lune ?

EUGÈNE MARSAN.

Une bourse noire.

Le 1 janvier 1921 s'est ouvert à New-York, dans le quartier de Harlem, une Bourse aux Valeurs d'un genre entièrement nouveau cette Bourse sera réservée au marché des valeurs de Sociétés entièrement possédées par des nègres. Ces Sociétés sont, paraît-il, au nombre de plus de cent, dont quelques-unes mauvaises, d'autres médiocres, et la plupart d'un excellent rapport. On cite, parmi elles, une Société se livrant à des transactions immobilières dans New-York, une banque, une manufacture d'objets de toilette, une société cinématographique, etc.

Cette fondation du « Harlem Stock-Exchange » est un fait à noter et même, si l'on peut dire, à souligner d'un caillou noir, car c'est un des symptômes les plus topiques du développement, des progrès et de la marche vers l'organisation des nègres des Etats-Unis.

On sait l'importance de la question noire aux EtatsUnis un dixième de la population est noir et dans certains comtés du Sud, les noirs sont beaucoup plus nombreux que les blancs. Jusqu'à ces dernières années, les nègres, masse amorphe, troupeau obscur, vivaient dans un état de passivité enfantin qui n'était que la traduction moderne de l'esclavage ancien. Mais, depuis la guerre, en particulier, les nègres américains sont en voie de transformation : tout d'abord, ils ont vu, en France, les Français traiter les noirs comme des frères (en Amérique, la condition du noir, est, à proprement parler, celle du paria aux Indes); ensuite, ils se sont installés dans des villes du Midle-West et du Nord des Etats-Unis en colonies nombreuses, qui, vivent ainsi séparées de leurs anciens patrons du Sud et, par conséquent, abandonnées à leurs idées et désirs personnels; enfin le renchérissement des salaires et la rareté de la main-d'œuvre ont fait que le noir s'est senti une marchandise plus précieuse sur le marché du travail américain (les servantes noires se faisaient payer jusqu'à 5 dollars par jour et la nourriture, à New-York, pour 7 heures de travail effectif et mou).

Le noir, aujourd'hui, se sent quelqu'un, aux EtatsUnis, ou du moins quelque chose. Il achète des maisons, et peu à peu la rue entière (ou plutôt la double rangée de maisons, entre deux avenues, qui constitue un secteur de rue américaine) devient une sorte de petit quartier nègre, dans lequel plus un seul blanc ne veut habiter. Le nègre monte des Sociétés anonymes, et aujourd'hui, une Bourse de valeurs. Il a ses églises, ses clubs et, naturellement, ses salles de danses et de réunions. Il a ses groupements politiques. Enfant, il fréquente l'école publique américaine et joue dans les rues, à ce titre, avec les neuf dixièmes des enfants blancs. Il commence à murmurer, plus ou moins, et à réclamer une meilleure place au soleil.

De l'autre côté de l'immense fossé qui sépare encore le noir du blanc en Amérique, le blanc se contente d'ignorer et de mépriser le nègre. Il est impossible de prévoir l'avenir. Mais il est permis de dire que les Américains, en libérant les noirs de l'esclavage et en leur donnant les droits politiques du citoyen, sans leur donner en même temps ni égalité, ni considération, ni situation sociale, se sont mis un rude poids sur les bras. Car, les noirs sont prolifiques, et quelque inférieurs qu'ils soient, presque tous, aux blancs qui les entourent, ils ne se contenteront sans doute pas éternellement de la situation de parias qui leur est faite aujourd'hui, aux Etats-Unis.

NANTUCKET.

Sur diverses manières d'entendre l'opéra,

Trois amis revenaient ensemble de la Walkyrie.
Le premier disait :

« Le beau temps, où nous allions entendre Wagner au théâtre de Wiesbaden! De quel cœur nous applaudis sions Parsifal dans le bon air de la Victoire ! Les Boches nous criaient: Chut! chut! parce que c'était contraire à la discipline: et nous nous taisions avec respect. A a moment-là, nous n'étions pas irritables. Cela même qui est germanique en Wagner ne nous offensait plus, pare que nous y reconnaissions ce que nous avions vaincu, ne restait qu'une belle œuvre, interprétée et représenté avec une souplesse, une aisance, qui me laisse aujour d'hui mécontent de notre Académie nationale de musique. Chacun de nous se disait : « Nous sommes vainqueurs; nous pourrions imposer à ces gens une bruyante admiration. Mais nous ne le ferons point, parce que nous sommes plus polis qu'eux. Nous savons admirer leur génie, que nous dominons, et non seule. ment Wagner, mais le culte religieux qui nous ordon ici de l'admirer en silence. » Ah! c'est que la salle était plus grave que celle d'où nous sortons! Le lustre l'éclai rait encore, et la rampe n'était pas allumée; aucun signe ne pouvait révéler que le rideau devait bientôt s'ouvrir et tout à coup, plus un mot, plus un souffle: le chef d'orchestre a levé sa baguette. Jamais on ne verra parel spectacle en France! »

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Le second disait :

« Pour moi, j'aime assez une admiration qui s'exprime une salle qui frémit sans se contraindre, et même jus qu'au point d'offenser le chef-d'œuvre qui la met en délire. N'avez-vous pas été en Italie? J'étais à Venise, i y a deux mois. On jouait à la Fenice, non point k Walkyrie, mais la Tosca. Des voix admirables; un ténor qui, dès le premier geste, s'imposait à l'enthou siasme de la salle : cet homme-là vous saisissait un goût de vivre et le désespoir de mourir en lançant di palette comme on brandit une épée, et vous chantait k gouffre de ses lèvres un même tonnerre, dont les éclats renouvelaient sans cesse l'enivrement des âmes in quand vînt le grand air de la dame: D'art et d'amous, liennes. Au premier acte, on applaudit. Au deuxième je vivais toute, on cria, on bissa. Fût-ce un caprice de la signora ou l'exécution d'une consigne, la signora n puis se calmèrent. Mais quand vint le dernier acte a reprit point son air. Les acclamations grandirent, et fut plus grave: la salle avait rassemblé toute son attention pour goûter le grand air du ténor. Nouveaux bravos; nouvelles acclamations. Le ténor ne veut point bisser. Le parterre s'agite. L'orchestre redouble de furie Le poulailler le couvre de ses hurlements. Les chanteurs ne savent plus où ils en sont. Le chef d'orchestre s'éponge le front. Le maestro quitte la scène; la signora le suit. La salle continue de crier, et ne s'apaise qu'épui sée. Alors on s'interpelle d'une loge à l'autre; on se menace. Dans un silence, le chef lève sa baguette, et les acteurs reprennent la position pathétique un instant abandonnée. Aussitôt les applaudissements d'éclater, et les acteurs de saluer. Mais le chef a continué sans re

prendre le Car jamais et c'est ce Car jamais que l'on veut! Les cris redoublent; les strapontins claquent. Violons, cuivres, bois, chanteurs et chef d'orchestre se courent l'un après l'autre, afin d'achever plus vite. Vous pouvez imaginer que Puccini, dans ce dernier acte tournait fort au Strawinski. Cependant, quand le rideau s'est baissé, les hurlements sauvages sont devenus des louanges frénétiques. Et tout le monde s'en est allé content. Voilà comme on entend la musique en Italie, et comme un peuple sait vibrer aux accents d'un opéra! Cette exubérance vaut encore mieux que la froideur. d'outre-Rhin. >>

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Le troisième enfin disait :

Pour moi, j'aimerais entendre Wagner dans le religieux silence de Wiesbaden; et je m'amuserais fort du délire des salles italiennes. Mais je ne saurais m'irriter contre les manières du public de France. Vous trouvez son admiration trop extérieure; vous la trouvez trop sage. Notre race est ainsi faite. J'accepte volontiers ses défauts quand je pense aux qualités dont ils ne sont que le revers, et à cette union de l'ordre et de la fantaisie, qui fait de la France la première nation du monde. >>

La Littérature

XAVIER DE COURVILLE.

Les chapelles littéraires (1)

M. Pierre Lasserre a du courage; au reste, sa thèse sur le Romantisme français l'avait assez montré. On se rappelle le bruit qu'elle fit en Sorbonne, où la soutenance en fut orageuse, et les polémiques qu'elle souleva dans les cénacles et dans la presse l'auteur y fut d'autant moins ménagé que ses liaisons avec l'Action françaises indiquaient à l'avance l'opinion qu'il fallait avoir sur son livre (c'était bien commode). Certes, l'initiateur de la thèse qu'illustrait M. Pierre Lasserre était M. Charles Maurras; depuis longtemps, l'auteur de PAvenir de l'intelligence s'était prononcé contre le romantisme au nom de la tradition. Mais, si M. Lasserre n'avait pas posé la question, il la traitait plus solidesment, plus attentivement et surtout plus précisément qu'on ne l'avait encore fait.

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Sans doute, son livre est discutable: cela va de soi, til et ce n'est pas en dix lignes qu'on pourrait le montrer. J'indiquerai tout de même qu'à mon avis c'est erreur d'une certaine conséquence, que de regarder le romantisme (au sens même où l'entend M. Lasserre) comme étant né à la fin du XVIII° siècle. Puis, détester les artistes romantiques parce qu'on déteste le romantisme, c'est juger d'une façon purement intellectuelle ou purement morale ce qui doit être jugé esthétique ment, c'est prétendre à déduire de vérités générales et philosophiques des vérités de détail qui sont d'une toute autre nature, c'est employer la logique à un usage auquel elle ne saurait suffire (la lo-gique, disait Stendhal). Moréas déclarait qu'il n'y a ni romantiques, ni classiques, qu'il n'y a que de bons et de mauvais poètes, que toutes ces divisions ne sont que des blagues de professeurs et bonnes pour les manuels, etc.; et Moréas ne disait pas cela par boutade: il le disait parce qu'il était assez peu apte aux idées générales, quoique admirable poète, ou, si l'on veut, assez peu intelligent (on sent bien que je prends ici le mot dans son sens propre). Sans doute, c'est absurde; mais rien ne marque mieux combien le plan des idées pures et celui du goût sont différents. Ils ne s'excluent ni ne se confondent. On peut apprécier les œuvres d'art avec beaucoup de goût et être presque tout à fait impropre à « l'esthétique » et réciproquement. Aujourd'hui encore, à chaque fois qu'un journaliste juge le moment venu de faire une enquête » sur ce sujet rebattu du classisme et du romantisme, il se trouve toujours quelques artistes pour lui répondre à la façon de Moréas. Si c'est par mauvaise humeur que ces poètes et ces romanciers dédaignent nos idéologies, ils y ont quelque raison. Des études comme celles de Jules Lemaître sur Chateaubriand, des chapitres comme ceux de M. Lasserre lui

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même sur Chateaubriand encore, ou sur Michelet, auront détourné beaucoup d'esprits d'une école critique capable de tant de roideur. Quoi ! M. Lasserre ne distingue pas entre la probité des tomes de l'Histoire de France consacrés au moyen âge et la folie de ceux où Michelet traite de la Révolution ! Il sait assurément que l'on ne comprend rien humainement, si on ne le comprend historiquement, chronologiquement et il met sur le même plau, dans l'absolu, le récit de la guerre de Cent ans et les lamentations fuligineuses (quoique encore pleines de beauté) sur l'Ancien régime, composées bien longtemps après ! Cela rappelle les polémiques qui s'engageaient, il y a quelques mois, sur le point de savoir si « l'auteur des Lundis» est envieux ou ne l'est pas cela dépend des époques de sa vie, aurait-il fallu répondre; mais on a tout simplement oublié de les distinguer dans une œuvre qui s'appelle « en bloc » Les Lundis, mais qui, conçue de 1825 à 1869, s'étend sur quarante-quatre ans, et dont la meilleure partie est exquise, mais la fin, les Nouveaux Lundis, en somme assez mécanique et médiocre...

Pour revenir à l'ouvrage capital de M. Pierre Lasserre, et sans nous arrêter à ces critiques, reconnaissonslui le mérite considérable de nous avoir fourni une anatomie du romantisme et d'avoir fixé les caractères d'une évolution dans les esprits qui égale celle de la Renaissance. Certes on diffère d'avis sur la valeur morale et intellectuelle du romantisme, mais non plus beaucoup sur ses traits essentiels, il me semble. L'ouvrage de M. Lasserre et Belphegor, de M. Julien Benda (qui montre comment le romantisme continue de triompher dans notre esthétique actuelle), ce sont sans doute les deux livres de critique qui ont exercé le plus d'action depuis vingt ans ou davantage. Il reste à écrire celui que M. Ernest Seillière a si honorablement manqué sur le romantisme avant Rousseau (1); ce n'est pas, il est vrai, une petite affaire..

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M. Pierre Lasserre donc, qui ne craint pas les coups, nous offre ces jours-ci un volume sur les Chapelles littéraires. Ce sont trois études, fort attachantes et excitantes, sur Paul Claudel, Francis Jammes et Charles Péguy. La dernière est véritablement magistrale, ét toutes trois, écrites d'une langue aisée, parlée, ont ce grand et ample mouvement que M.. Lasserre sait donner à ce qu'il fait. On aimerait à discuter leurs appréciations avec lesquelles il va de soi que l'on n'est pas toujours d'accord. Mais l'idée même du livre est si intéressante, qu'il faut d'abord s'y arrêter. L'auteur l'expose dans une introduction où il répond aux attaques que la sévérité qu'il fait paraître à l'égard des trois dieux de chapelles lui a values de la part de leurs fidèles. Voyons ce qu'il dit.

D'abord, qu'est-ce qu'une « chapelle » ?

C'est une sorte de parti conjuré, de garde de zélotes ou de mameluks littéraires, qui s'est formée autour de certains auteurs d'aujourd'hui, au premier rang desquels Paul Claudel, le plus fanatiquement servi par ces pourvoyeurs de renommée. Le côté fâcheux de ces dévouements, dont on peut bien reconnaître la générosité et la noblesse de mobiles, tout en en signalant les excès, c'est qu'ils se refusent à toute distinction de mérite et de valeur dans les inspirations du maître qu'ils prônent; c'est qu'ils repoussent, méprisent et flétrissent d'avance toute réserve critique le concernant, preuve d'inintelligence et de mauvais cœur...

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juste, ces fidèles éprouvent une admiration religieuse pour leur dieu, ils lui rendent dans leur cœur un culte secret, ils l'idolâtrent : nous sommes bien dans une chapelle. Et certes ce ne sont pas des âmes vulgaires qui sont capables de s'enflammer ainsi par des motifs moraux. Mais ce sont des âmes en qui l'intelligence et la sensibilité sont mal différenciées. Ne point confondre ce qui est du sentiment et ce qui est de l'entendement, aimer en comprenant et jugeant, cela marque un bon équilibre intérieur. Beaucoup n'y arrivent que tard, après avoir éprouvé le fanatisme mystique, assez ordinaire aux jeunes gens, que le moindre tort de la philosophie romantique à la mode n'est pas de nous donner pour le fin du in

Mais où il est permis de ne plus être de l'avis de M. Lasserre, c'est quand il nous donne « ces tyrannies de clan et de secte, ces organisations d'intolérance », comme une nouveauté de notre temps, comme une no veauté qui date « de vingt ans environ ». Car il y a toujours eu des chapelles littéraires, j'en suis persuadé. Qu'était-ce que la Pléiade, sinon une chapelle, fort petite à ses très ferme, débuts, mais très ferme, formée

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autour de Dorat et de Ronsard ? Et si l'on pensait qu'il y eût une grande différence entre une chapelle de ce genre, dont peut-être les fidèles étaient plutôt unis par leur religion commune de l'antiquité que par le culte de leur maître, on n'aurait pas grand'peine à citer d'autres exemples: car à toutes les époques, soit en province, soit dans les cercles parisiens, se sont formés de ces clubs d'adoration autour de certains grands hommes, ou prétendus tels. A partir de l'instant où le sentiment prend décidément le pas sur la raison et où l'on se fait gloire qu'il le prenne, à partir du romantisme, nous en avons autant d'exemples que nous en pouvons souhaiter. Chateaubriand, durant toute vie, a été dieu, et adoré, et défendu injurieusement par des séides passionnés. En 1823-1824, la fameuse Muse française est une chapelle où l'on rend le culte le plus pieux aux Soumet et aux Guiraud, et on ne les défend point par des violences moindres qu'aujourd'hui Claudel ou naguère Mallarmé. Le groupe formé autour de Victor Hugo avant 1830 nous offre le meilleur type de ces « organisations d'intolérance » dont parle M. Lasserre. Ingénus et fanatiques, les Paul Foucher, les Théophile Gautier, les Louis Bertrand, les Victor Pavie, les Emile et Antony Deschamps répandent les hommages Maître et les insultes aux incroyants. « Si des impressions comme celles d'hier se renouvelaient souvent pour moi, dit l'un d'eux (1), je n'y pourrais résister longtemps, car je me suis couché ce soir-là, épuisé et anéanti de cet anéantissement stupide, dernière expression -d'une grande agitation mentale. » Que lui est-il donc arrivé? Ceci :

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« Samedi matin, 7 juillet 1827, midi sonnait, lorsque mes jambes vacillantes franchissaient le long corridor de la rue Notre-Dame-des-Champs. Une domestique portait une petite enfant sur les bras. Je m'adressai à elle; elle m'introduisit dans le salon de son maître. J'entendis mon nom répété dans une chambre voisine et la réponse fut l'apparition du poète. Je me précipitai dans ses bras. Ici une lacune d'environ cinq minutes pendant lesquelles je parlai sans me comprendre, sanglotant d'enthousiasme, et riant de grosses larmes. >>

Quoi donc ? Il a vu son dicu, comme Sainte Thérèse. L'on sait assez d'autres histoires de ces délires mystiques dont l'auteur de Cromwell, de Marion Delorme et d'Hernani fut cause. L'idolâtrie des fidèles de Claudel n'a jamais atteint celle des fidèles de Victor Hugo.

Sans doute, quand le Maître adoré est un génie comme Hugo, la chapelle ne tarde pas de s'étendre jusqu'à devenir une église contenant toute une nation.

(1) Victor Pavie Souvenirs, p. 50.

C'est d'être une minorité que les zélateurs du début tirent leur force et leur fierté alors ils sont encore des apôtres; tout au moins ils ont l'orgueil de pouvoir mépriser les gentils qui ne comprennent pas; plus tard, ils ne seront plus que les fidèles d'un culte à peu près universel, et dont il n'y aura plus à s'enorgueillir: c'est la règle du monde, que les minorités s'affaiblissent mo ralement en devenant des majorités puissantes de fait. Mais quelle différence de nature y a-t-il entre la chapelle d'un Victor Hugo à ses débuts et celle d'un Claudel?

Et s'il n'y en a point, cela montre que M. Lasserre croit bien à tort que de tels groupes mystiques ne s'assemblent jamais qu'autour d'un génie gâté de difformités et de défauts », d'un « génie vicié au dedans par quelque défaut ou déviation de croissance, quelque malfaçon organique due, soit à une invincible disgrâce de la nature, soit à une insuffisance de culture ou de formation ». J'entends bien qu'il faut, pour être dieu d'une chapelle, ne l'être pas encore de toute une nation. Mais les génies sains ne suscitent pas, à l'oc Seulement, casion, un moindre culte que les autres. comme l'expression de « chapelle littéraire » a un sens légèrement péjoratif, on aime mieux de l'appliquer aux fidèles de Paul Claudel qu'à ceux de Victor Hugo, voilà tout.

Ce n'est point à dire, certes, que tout génie intellec tuel, même méconnu, puisse susciter une religion. Il ne paraît pas, en effet, qu'aucun savant, aucun philosophe pur en ait jamais créée, à moins qu'il ne fût artiste et pour autant qu'il l'était. Ni Descartes, ni Lavoisier n'ont été adorés, et laissons de côté Auguste Comte dont k cas relève en partie de la thaumaturgie. Mais on sent bien que Renan l'aurait pu être, si seulement il eût été méconnu; mais ce n'eût point été à cause de sa philo sophie d'eût été à cause de son art. Ce n'est qu'au tour des artistes que se forment les chapelles, et cela 1 se comprend, puisque c'est par la sensibilité que leurs fidèles sont attachés en s'adressant à l'intelligence pure, on suscite des approbations, non pas de ces adhé sions passionnées. Cependant, tous les génies littéraires ne sont pas propres à en faire naître : Musset, par exemple, ni Stendhal, n'ont été idolâtrés, tout au contraire. Que faut-il donc pour être dieu ? Et faut-il même avoir du génie ?

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Pour cela, oui, car il faut être créateur. Je ne prends pas ce mot dans le sens faux et étroit qu'on lui donne couramment aujourd'hui, quand on le fait synonyme d'écrivain d'imagination (romancier, dramaturge) et qu'on l'oppose à critique (philosophe, savant, histo rien, etc.) comme si les formes concrètes existaient scules! comme si l'invention des idées n'était pas ausst bien une création » que l'invention des personnages comme si l'historien que fut Renan, le philosophe que fut Descartes, ou même le critique que fut Lemaitre n'avaient pas créé des mondes comparables à celui de Balzac ou de Flaubert ! Le génie, c'est essentiellement la faculté de créer et donc d'innover dans le concret ou dans l'abstrait; c'est le pouvoir de nous révéler des rapports nouveaux dire qu'un génie doit être novateur, c'est dire qu'un génie doit être un génie. Il ne s'est jamais vu de dieu littéraire qui ne fût créateur et qui n'eût du génie : c'est certain.

Mais puisque tous les génics artistes, même dans le temps qu'ils n'obtiennent pas encore le succès qu'ils I méritent, ne font pas naître de chapelles, c'est qu'il ne suffit pas, pour cela, d'être méconnu, ni d'innover. I faut innover d'une façon très brusque, très surprenante, très cassante et offensante, d'une façon propre à sou lever la colère des gentils (ou bourgeois) et par con séquent à susciter des martyrs (oh! sans danger): car, comme toutes les religions naissantes, c'est par le mar

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tyre (le mépris du grand public pour elles) que se renforcent et s'assurent les religions littéraires, et succès les diminue instantanément s'il ne les détruit pas Enfin, un génie ne fonde une chapelle qu'en rompant violemment avec la tradition.

M. Pierre Lasserre estime que la tradition est le cadre naturel du génie. A prendre le mot dans un sens très large, c'est certain, mais cela n'a plus grand intérêt: car il y a une tradition à laquelle il n'est possible à nul homme de se soustraire, c'est son hérédité nationale. Mais je pense que M. Lasserre songe plutôt aux usages, aux coutumes, aux formes esthétiques des temps antérieurs, et que, selon lui, un véritable génie est celui qui se contente d'adapter et de modifier celles-ci, sans rompre avec elles et les bouleverser. En ce cas, Ronsard et Du Bellay ne sont pas des génies? Lamartine et Victor Hugo ne sont pas des génies? Car on ne saurait rêver de rupture plus complète que la leur avec les nce traditions poétiques de leur temps. Et Manet, et Dedebussy, que sais-je ? Tout ceux-là ont fait subir à la tradition de bien plus grands outrages que Claudel et Péguy, pourtant, qui ont, infiniment infiniment moins que la Pléiade, attaqué la langue. M. Henry Bidou citait l'autre jour, ici même (1), l'opinion d'un critique de l'an de la 1600 sur Monteverdi: Artusi reprochait au musicien, son contemporain, d'offenser la tradition; Monteverdi n'en a pas moins eu raison. Tout génie offense plus ou gent moins la tradition; et, si celui qui l'offense avec plus religud'éclat est plus propre à susciter une chapelle, ce n'est un pas à dire qu'il soit vicié et incomplet.

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füt Seulement, à génie égal, tous les écrivains n'ont pas arautant de talent... Mais c'est une autre histoire, et qui Comte in'a rien à voir avec les chapelles.

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Le Théâtre

JACQUES BOULENGER.

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MM. G. Lenôtre et Henri Cain viennent de s'employer, avec beaucoup de verve, à mettre en ridicule une histoire de la France: l'histoire du retour de l'île d'Elbe de l'empereur Napoléon Ier. L'entreprise allait aujourd'hui sans péril. Et comme le décor d'une époque magnifique Je prêtait à une assez belle mise en scène, comme Mine Lerion che, la commère de cette revue à riches déguisements, la it sétait alerte à merveille, plus goguenarde qu'un vrai matu grognard, comme le théâtre Sarah-Bernhardt est confora table et bien chauffé, les âmes faibles cédaient à de si sprenantes séductions et acceptaient de rire de at Louis XVIII au profit du Corse. Tout cela était parfaiit po tement scandaleux. Il n'y manquait que les commenlataires de M. Masson qui, par grâce, nous furent tle épargnés.

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S'il faut conter la fable qui excuse ces sept tableaux, ente l'on se sent un peu empêché. Ni l'unité de temps, ni celle kde lieu ne sont ici nécessaires. Et l'on n'a que faire du bon sens. Un certain Bois d'Arcy, dont le sang était bleu, avait épousé jadis, aux armées de la République, la vivandière du régiment, la nommée Marion, dont le sang est rouge, et, pour mieux marquer son amour, il lui avait fait une fille. Après quoi, il avait déserté : entendez qu'il avait rejoint l'armée de Condé. Mais tout passe, et nous sommes en 1814, et cette pauvre Marion, consolée et ex-vivandière, aujourd'hui tient un cabaret fort bien achalandé de conspirateurs. Car Marion est impérialiste, cela va sans dire, et tous ceux qui viennent trinquer chez elle sont des demi-soldes qui ne rêvent

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que du retour du petit caporal. Cependant, qu'est devenu Bois d'Arcy?

Le gaillard n'est pas maladroit. Il a fait son chemin, Il est procureur du roi Louis XVIII. Et donc, sa grande Occupation est de poursuivre les conspirateurs. La fatalité et la ruse de MM. G. Lenôtre et Henri Cain doivent le mettre en présence de sa femme. Le mal ne serait pas des plus grands s'il n'avait eu la faiblesse de se remarier depuis les temps héroïques de ses premières amours! Le code Napoléon, dont le roi a hérité et dont nous jouissons encore, s'il est fort indulgent en matière d'adultère, est ridiculement sévère touchant la bigamie, Et quelle plaisante figure d'avocat fait Marion menaçante en face de ce procureur inquiet. L'anecdote serait peut-être amusante si l'on n'y mêlait pas le roi et l'empereur.

Mais, Dieu sait qu'on ne fait point faute de les y mêler ! Le procureur Bois d'Arcy, contraint et forcé, sous la menace, se voit embarqué dans une aventure héroïque. Il accompagne Marion et ses conspirateurs à l'ile d'Elbe. Il est de mieux en mieux bafoué, joué par sa femme, trompé par l'Empereur. Il revient en grande hâte à Paris, pour annoncer, en grand secret au roi, que tout danger politique est écarté. C'est le moment où Napoléon, ramené aux Tuileries par Marion, arrive dans sa capitale. Bois d'Arcy qui, après un coup si éclatant, avait été nommé chambellan du roi, se trouve jeté aux oubliettes, pour se voir bientôt tiré hors du tombeau par son épouse magnanime, et nommé, en dernier, chambellan de l'Empereur. Ce ne sera que pour cent jours, apparemment. Mais la pièce finit ici, et nous ne saurons jamais, il faut l'espérer, ce que devint M. de Bois d'Arcy au retour des Bourbons. Pour Marion, nous sommes sans crainte; elle a dû se débrouiller.

L'on devine que, dans le récit, j'oublie le plus beau : c'est Marion reçue chez son premier mari par une autre qui est dédaigneuse à souhait et ne parle que d'aller diner chez la duchesse d'Angoulême; c'est Bois d'Arcy au cabaret faisant rosser ses propres sbires, c'est le duel du demi-solde Gérard et cent autres merveilles : c'est même et par malheur le spectacle du grand vaincu dans la petite île, sous son cèdre, devant la mer; et celui du roi de France au milieu de sa cour, qui joue tristement un rôle de fantoche. La plus belle comédie n'excuse pas de si vives licences. Et l'on n'applaudit ici qu'une triste farce.

Je ne sais si beaucoup de Français gardent encore un culte du sentiment à l'Empereur. J'en connais .qui détestent sa mémoire, avec un intellectuel souci. Mais au lendemain d'une guerre où la France a triomphé par l'épée, où le génie des soldats a protégé la nation, l'ombre du grand mort mérite peut-être le respect? Je me souviens d'une visite que les Chevaliers de Colomb, venus d'Amérique, firent au tombeau de Napoléon Sur le marbre froid, devant le cercueil où dort le Dieu des Batailles, ils s'agenouillèrent, ils prièrent. Quel pathétique émoi, chez ces amants de la paix, séduits par une Gloire qui les éblouissait! Hélas! MM. G. Lenêtre et Henri Cain n'étaient pas là.

Mais l'on mettrait de l'injustice à les accuser de parti pris politique. S'ils risquent de tromper dans leur prédilection des bonapartistes inconsolables, ils ne tromperont pas à coup sûr nos légitimistes. Les poulbots démocrates auront plaisir à voir représenté, au naturel, un Louis XVIII bègue et sot, avantageux et poltron, qui incarnera pour eux dix siècles de longue gloire. MM. G. Lenôtre et Henri Cain, qui sont tenus pour de véridiques conteurs, montrent ici leur mérite en prouvant qu'il faut accepter la vérité en histoire pour illusoire: elle est fille de notre imagination et de notre parti pris. Davantage, s'il s'agit d'une comédie, elle est l'esclave du besoin des auteurs.

N'allons donc pas leur chercher de grandes querelles

pour avoir corrompu la légende et fabriqué de fallacieuses aventures en déguisant les personnages que nous admirons. Notre mauvaise humeur, en dernier, vient d'une erreur seulement ils nous ont ennuyé. Il n'était pas besoin de mobiliser de si grandes ombres pour nous conter les amours de M. Bois d'Arcy et de sa Marion. Et l'on pouvait faire défiler les plus magnifiques costumes, opposer des officiers du roi et des demi-soldes de l'Empereur en duel, nous mêler à la vie des tripots ou des salons de la Restauration sans déranger Napoléon dans son île ou Louis XVIII dans son palais.

C'est une ambitieuse revue, qui pèche par manque de goût, et qui lasse par sa monotonie. C'est une caricature qui veut être gaie, qui est puérile. D'excellents acteurs cherchent en vain à l'animer. Ils n'arrivent point à donner la vie à une fastidieuse vulgarisation qui prend ses décors aux plus plates images d'Epinal, et bâtit ses héros à la mesure de ses couplets.

Les Arts

Par intérim, FRANÇOIS PONCETTON.

Le Salon des Indépendants

Autrefois la Société des Artistes Indépendants offrait au public de la peinture « en vrac ». Dans les serres du Cours-la-Reine, dans les baraquements du quai d'Orsay, la place faisant sans doute défaut aux exposants, l'on couvrait de toiles les cloisons en veillant à ne point perdre un centimètre de surface. Aucun souci de présentation de la cimaise aux corniches la peinture brillait, scintillait, fleurissait, écumait. Le vieux Salon des Indépendants, avant la guerre, restait le seul groupement où l'on conservait encore la tradition des Salons d'autrefois, lorsque ceux-ci se faisaient dans la grande galerie du Louvre, laquelle, comme on le voit dans les anciennes images, était alors entièrement revêtue de tableaux dont le temps a englouti l'immense majorité, laissant à peu d'entre eux le droit ou la chance de retourner au Louvre, où ils ont désormais leurs aises, les honneurs et la sécurité.

Dans ces Indépendants « ancienne manière »>, il fallait beaucoup de bonne volonté et de patience pour s'y reconnaître. Les bonnes choses étaient extrêmement mélangées avec les mauvaises choses; et le jeu qui consistait à trouver fort peu de froment dans beaucoup d'ivraie demandait du temps, de l'application et de l'expérience. Mais l'effort trouvait toujours sa récompense.

Nous ne sommes malheureusement plus assez jeune pour ne pas nous souvenir, avec une imprécision de dates tout à fait volontaire, des époques lointaines où l'on trouvait, au Salon des Indépendants, des toiles signées de noms que l'on n'avait encore trouvés que là. Aujourd'hui la multiplicité des expositions et des petites galeries, la grande quantité des publications dites d' « avant-garde », la vulgarisation du besoin de nouveauté font qu'un peintre est, sinon connu, du moins << signalé » avant que ses toiles soient sorties de son atelier. Allez donc essayer de faire, en 1921, pour un artiste débutant, ce qu'on avait la possibilité de faire, voici vingt ans, pour un Laprade ou pour un Dufrénoy, pour un Diriks ou pour un Lacoste !... Encore dans l'œuf, les jeunes peintres sont déjà des « maîtres »>, et nous pourrions citer un bon nombre d'artistes qui ont exposé en 1919 pour la première fois, lesquels ont déjà, en 1921, des imitateurs, des élèves, toute une « suite » guidée par les sentiments compatibles du respect, de l'envie et de l'admiration.

La Société des Artistes Indépendants continue à prévenir, au seuil de son catalogue, qu'elle ne connaît pas

les Jurys. Mais le jury est remplacé en fait, ici, par une équipe d'éclusiers bénévoles, lesquels, avant « l'accrochage », filtrent, épurent, dirigent et divisent le flot des envois. Nous avons ainsi une exposition aussi bien classée, aussi bien nettoyée que l'exposition du Salon d'Automne, que celle de la Société Nationale, ce qui change tout à fait le caractère de la promenade que l'on nous propose de faire dans les salles du Grand Palais des Champs-Elysées.

Dans certaines de ces salles on éprouve l'impression très nette et très curieuse de visiter par anticipation l Salon de 1930 ou de 1935 de la Société Nationale. Lors que les Ménard et les Denis, les Simon et les Desval lières, les Aman-Jean et les Lobre seront devenus de très vieux artistes chevronnés, membres de l'Institut professeurs à l'Ecole des Beaux-Arts, ce sera la génér tion qui fait aujourd'hui « le gros » des Indépendants qui composera le noyau de la Société Nationale (où dé certains des Indépendants actuels se sont faufilés). Alon des jeunes gens impitoyables et résolus traiteront de vieilles perruques et de pompiers les Dufrène et les Favory, les Lhote et les Segonzac, les Ottmann et l Galanis, qui apparaîtront comme des peintres de tout repos aux sages clients des grands Salons printaniers.

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Les complaisants « éclusiers » des Indépendants on donc bien voulu nous éviter presque tout à fait la peix de faire nous-mêmes la sélection d'antan. Si, en effet après avoir pénétré dans le Grand Palais par l'aven d'Antin, vous gravissez l'escalier de gauche et que, apr avoir parcouru la grande salle ronde qui se trouve a bout de cet escalier, vous commencez, en prenant vote droite, la visite du Salon des Indépendants, vous au sans tarder l'impression de voir une répartition t fidèle de Salons où l'indépendance n'est pas sur l'affich Ces cubistes et ces néo-cubistes, ces néo-classiqu ces pointillistes, ces impressionnistes amélioré ces constructeurs, ces volumistes, ne sont pas très vieilles connaissances, mais depuis l'armistic P les salons et les petites galeries nous ont si so vent convoqué à admirer les travaux de ces artistes q nous n'avons plus beaucoup, ici, cette impression t surprise que nous éprouvions jadis aux serres du Cour la-Reine. Voici tous les étalons, tous les poulains de écuries Rosenberg et Guillaume, Weill et Druet, Vildr et Chéron, voici tous ceux qui, réunis en groupe monieux, ont orné sans lassitude les galeries Barba zange, Devambez et autres; nous les vimes rue SaintFlorentin et rue La Boétie, sur la rive gauche et a pied de Montmartre ; nous les retrouvâmes aussi par fois dans les « ensembles » des artistes décorateurs, a pavillon de Marsan et dans des endroits où l'on fait de la musique, où l'on vend des livres, où l'on fait de robes et des chapeaux. Jamais les jeunes peintres n'ont trouvé autant qu'aujourd'hui de facilités pour se «pro duire ». Nous ne pensons pas une seconde à les blâmer ni à les plaindre; nous ne nous plaignons pas nous mêmes de voir si fréquemment leurs travaux remplis de promesses ou d'ambitions. Nous voulons seulement fair remarquer que ces conditions nouvelles ont tout à fait transformé la signification du Salon des Indépendants Ce Salon, qui, s'il ne nous donne plus l'occasion de découvrir, d'entrevoir, de deviner, nous donne celle de récapituler.

X.

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Ainsi comprise, l'exposition de 1921 ne pouvait pas être plus clairement, plus agréablement, plus harmo nieusement agencée. Une série de petits Salons ont été pratiqués dans le grand. Grâce à cette série de confré ries artistiques on nous dit à peu près clairement c que veulent faire ceux des peintres d'aujourd'hui que l'on pourrait nommer les « jeunes ».

En somme, ils veulent faire à peu près tout; et, s

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