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Ce que nous présente M. Balieff est; d'ailleurs tout à fait séduisant. Ses décors sont hauts en couleurs et largement stylisés. Quelquefois, ils se réduisent, en avant d'un fond noir à un, deux ou trais panneaux découpés qui totalisent tous les éléments nécesaires au spectateur pour recréer imaginairement la place, le jardin, la caserne où évolue le numéro.

Ils sont de toutes sortes. Ici l'on chante, l'on danse, on représente des saynètes, des farces, des tableaux vivants.

Le programme se compose donc comme le programme de l'ancien music-hall issu du café concert. Mais quelle différence dans l'exécution. Au lieu de choir dans la bêtise, la vulgarité et l'indécence, il s'élève jusqu'à l'art, un art non exempt d'un peu de barbarie et d'une certaine puérilité par endroit.

L'orcheste ne joue pas des rengaines, mais du Mozart ou du Rimsky Korsakoff. Les acteurs ont de belles voix. Si un trio chante une romance d'autrefois, il ne se présente pas en ligne devant la boîte du souffleur, aveuglé par la lumière de la rampe illuminant une toile de fond pitoyablement peinte. Il s'organise autrement. Les acteurs se groupent dans des poses étudiées, quasi immobiles au bord d'un tableau merveilleusement éclairé. Tout est mis en scène avec des moyens très simples et choisis. Un chœur de hussards et de tziganes baigne dans l'atmosphère on dirait enfumée d'un salon sombre. Les hommes sont débraillés, les femmes alamguies. L'imagination peut vagabon

der à son aise.

Ces acteurs bien disciplinés sont capables de tout faire. Ils jouent à merveille la pantomime. Ils excellent dans un mouvement ralenti à représenter des automates, des soldats de bois ou les sujets fragiles d'une tabatière à musique. Le plaisir se tire d'un détail finement observé. Il y a neuf soldats tous avec des joues marquées d'un rond rouge et pas un ne ressemble à son voisin à cause d'un petit trait noir en plus ou en moins. Une parodie de Tchekhoff où celui-ci tourne en dérision le théâtre moralisateur de son époque et qui dure à peine trois minutes, n'est qu'une farce d'atelier, mais si parfaitement au point qu'elle semble plutôt une comédie comprimée.

En résumé, un spectacle coupé a qui l'on pourrait trouver un peu partout des ancêtres, mais dont la qualité raffinée les fait heureusement oublier.

GEORGES OUDARD.

Les Académies L'Académie française a reçu cette semaine à Chantilly, l'Académie de langue et littérature françaises de Belgique.

M. Carton de Wiard, président du e Conseil des ministres de Belgique, membre de l'Académie belge et correspondant de l'Institut de France, avait tenu, malgré la lourde tâche de l'heure, à accompagner ses confrères à Chantilly.

Les académiciens belges furent pré

sentés par leur directeur, M. Albert Giraud, de Louvain, fondateur, de la Jeune Belgique, un des défenseurs les plus ardents et les plus éloquents de langue française en Belgique, et par sa revue et par ses œuvres de poète : Le Scribe, Les dernières fêtes, Hors du siècle, Pierrot lunaire, Héros et Pierrots. A ses côtés se trouvait le secrétaire perpé tuel, M. Gustave Van Zype, et le groupe de leurs confrères comprenait M. Maurice Wilmotte, le grand philologue liégeois, qui, après Agénor et Gasparin, écrivit la Belgique morale et politique et l'Anthologie des écrivains belges de langue française; M. Mockel, un Liégeois encore, qui dans la

Albert

Wallonie exalta si heureusement avec Henri de Régnier, Maerterlinck, Van Leeberghe, Fernand Séverin, la jeune littérature française; M. Fernand Séverin lui-même, le poète lyrique du Lys, de Don d'enfance, de Chant dans l'ombre; M. Iwan Gilkin, le chantre de La Nuit, du Cerisier fleuri, que couronna l'Académie française, l'auteur du drame philosophique Prométhée; MM. Chartier, Delattre, A. et G. Doutrepont, Feller, Haust, Krains, Spaak, Valère Gille, Van Arenbergh.

M. Ernest Lavisse, premier conservateur de Chantilly, retenu à Paris par son état de santé, avait tenu du moins à écrire une allocution de bienvenue à ses hôtes et confrères belges. Elle a été lue par M. Frédéric Masson.

Il faut en détacher ce passage inédit:

a La grandeur du roi Albert est d'une sorte très particulière.

« Le roi, dit-on, et je crois que cela est vrai, n'a pas désiré la royauté. Il aurait préféré la simplicté de sa vie de famille qu'il avait tant de raisons d'ai

mer.

Mais il a reçu la royauté comme un devoir.

« Très modeste, il n'a pas rêvé de léguer à l'histoire une grand nom.

«Or, un jour est venu où lui et son peuple durent choisir entre le sacrifice de leur honneur et un péril.

« Ils ont choisi le péril, tout en sachant bien qu'il était terrible.

« Et, parce qu'ils déconcertèrent les plans de l'ennemi, parce qu'ils ont retardé l'invasion, parce qu'ils ont sauvé Paris, et avec Paris la liberté du monde, roi et peuple auront dans l'histoire de l'humanité, une page éclatante ! »

A l'issue du déjeuner, offert dans la salle du Jeu de Paume, plusieurs toasts. furent prononcés qui durèrent si longtemps que les Belges durent reprendre leur train sans avoir visité le parc et le

château.

Procès

Un éditeur a-t-il le droit lorsqu'un auteur lui a cédé, aux termes de son contrat la propriété entière d'une œeuvre, de publier une édition nouvelle à un prix différent de cet ouvrage sans verser à l'écrivain une somme supplé mentaire représentant sa part dans cette seconde entreprise?

Les faits étaient les suivants. Un éditeur avait signé un traité avec deux

romanciers pour la publication en fascicules d'un roman populaire pour la jeunesse, au prix de o fr. 25 chaque exemplaire. Cette première édition ne suscite aucune difficulté, en ce qui concerne les règlements de comptes, entre les deux parties, mais par la suite, l'éditeur ayant fait une autre édition à o fr. 1o le fascicule et un livre d'étrennes avec l'ouvrage en question, il considéra n'avoir à verser aucune rétribution nouvelle aux deux écrivains.

La Cour d'appel et la Chambre des requêtes à deux reprises ont donné raison à l'auteur et condamné l'éditeur à des dommages-intérêts importants.

Jean Aicard

M. Jean Aicard vient de mourir à l'âge de 73 ans. Il était le fils d'un écrivain. Son père, comme jadis les parents de Chapelain, avait souhaité qu'il fût poète. Le jeune homme ne lui désobéit pas. C'était un enfant sage: il demeura un poète sage jusqu'à sa mort. A dixneuf ans, il publiait son premier volume de vers. D'autres suivirent. Plusieurs furent couronnés par l'Académie française qui lui décerna même une année son prix de poésie pour un discours sur Lamartine.

Elève au lycée de Mâcon, Jean Aicard avait été voir l'auteur des Méditations vieillissant et qui l'avait encouragé à écrire.

Quelques années plus tard, le chansonnier, Gustave Nadaud, dans une lettre peu connue à son ami, Léon Merlin de Saint-Etienne, montrait plus d'enthousiasme. Pour lui, Jean Aicard était a le premier de nos jeunes poètes D. Quelqu'un, par la suite, devait lui rendre cette même place, mais pour des raisons alphabétiques.

Jean Aicard écrivit au cours de sa carrière bien des poèmes de circonstances. Il avait commencé à vingt-cinq ans valut une médaille d'or de la Ville de par un éloge de Pierre Puget qui lui

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Toulon.

Il donna au théâtre plusieurs pièces en vers, sauf une en prose, Smilis; Don Juan, une traduction d'Othello et le Père Lebonnard, la plus connue.

Dans son œuvre figurent encore une douzaine de romans dont Maurin des Maures est le plus célèbre.

Conteur à la voix chaude, il s'employa pendant la guerre à divertir les soldats convalescents dans son village. du Var. Il leur racontait Gaspard de Besse, Un bandit à la française.

C'était un excellent homme. En 1909, l'Académie l'avait nommé au fauteil de François Coppée. Ce fut son ami M. Pierre Loti qui le reçut. En s'excusant de parler un peu brièvement de son œuvre, il lui fit espérer qu'un jour son successeur y consacrerait une étude plus consciencieuse.

Double centenaire

Les amis de Flaubert que préside M. Jean Revel, célébreront le 21 mai prochain à Rouen, le double centenaire de Flaubert et de Louis Bouilhet.

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Le gouvernement des Soviets vient d'interdire à Maxime Gorki de quitter la Russie. Le fameux écrivain qui a terminé dernièrement une nouvelle œuvre Le Vieillard, aurait eu, paraît-il, l'intention de la publier dans un pays non communiste d'Europe.

Si les presses du gouvernement de Lénine n'ont pas arrêté de produire, elles impriment en effet surtout des ouvrages à tendances politiques et des livres de propagande.

Les poètes et les romanciers vivants éprouvent de grandes difficultés pour se faire éditer, quand ils continuent de séjourner en Russie. On comprendrait sans cela leur hâte d'en vouloir sortir.

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L'opéra romantique, le ballet, le vaudeville, le mélodrame, toute la production de l'époque figureront aussi dans cette curieuse rétrospective.

Livres rares

Voici encore quelques prix faits par de beaux ouvrages dernièrement mis en

vente.

Les Euvres complètes de Voltaire en 70 volumes dans l'édition de Kehl 1784-1789 avec des avertissements et notes par Condorcet, imprimées aux frais de Beaumarchais et ornées de belles figures de Moreau le Jeune sont montées à 4.500.

Les Romans et Contes de Voltaire en trois volumes,. dans l'édition Bouillon 1788 avec portrait et vignette; 3.620 francs.

Les Euvres Poissardes de Vadé, auteur de la Pipe cassée, poème epitragi poissardi heroicomique, édition illustrée de figures en couleurs et imprimé par Didot le jeune 1796: 4.000.

Parmi les livres modernes : Un des rares hollande de la Bonne Chanson de Verlaine 1322.

La Rotisserie de la Reine Pédauque dans l'édition Pelletan 1911 omnée de 176 compositions de Auguste Leroux : I. 1.510.

Notre littérature en Chine

Le président de la Commission des traductions des gens de lettres, dans une interview accordée à un de nos confrères lui a révélé quels étaient les auteurs français les plus prisés en Chine. Ce sont Alexandre Dumas fils avec la Dame aux Camélias et Emile Gaboriau.

Le premier tirage dans cet heureux pays est de 100.000 exemplaires. Mais la Chine n'ayant pas encore adhéré à la Convention de Berne, les éditeurs du Céleste Empire ne versent aucun droit aux auteurs français ou à leurs héri-: tiers. Malgré nos vives instances, on comprend qu'ils ne désirent as changer d'habitudes.

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Un théâtre de la Jungle

Dimanche dernier, le Pré-Catelan a repris ses représentations dominicales en son délicieux site naturel à peine accommodé en théâtre, et où tout ce qui est théâtre jure, accessoires, costumes, acteurs, pièces... et même les spectateurs. C'est jouer la difficulté. On l'y joue, avec plus ou moins de chance, au plein soleil.

ce

Mais ne serait-ce point l'occasion d'y essayer, au lieu de la tragédie ordonnée et pompeuse sous laquelle il est besoin de tendre un tapis sur le gazon qui est piteux,-un spectacle plus normal en ce lieu... quelques pantomime d'animaux, de singes, par exemple ? Le cinéma actuellement nous montre écran tant de ces bêtes qu'une troupe pourrait fort bien en être formé. Et ne serait-ce pas le lieu requis pour une adaptation scénique du Livre de la Jungle!

ARTS

Le mauvais commerçant

son

Il ne se contente pas de mal traiter ses propres affaires, il ruine ses com manditaires, moins par fatalité que par bêtise.

Ainsi va faire l'Etat s'il exécute son projet Voici: des marchands de tableaux allemands, installés à Paris, détenaient, avant-guerre, un grand nombre d'œuvres. Elles étaient signées des noms les plus notoires de la jeune pein

ture.

Les Allemands dont le plus souvent la production peinte est si pauvre, ont toujours eu le goût des nouveautés artistiques nées sur notre sol. Ils achetaient les yeux fermés tout ce qui semblait iné dit. C'est une méthode. Elle est ancien ne. Courbet lui-même en bénéficio. Moins déterminés que nous dans leurs préférences, moins craintifs du ridicule, ce parti pris de rechercher nos hardiesses les a conduits à s'encombrer d'essais parmi lesquels se trouvaient maints chefs-d'œuvre. Aussi les boutiques d'un Kahnweler, par exemple, grand pourvoyeur des galeries allemandes, étaient-elles fort achalandées.

Survient la guerre. Ces boutiques sont placées sous séquestre. Survient la paix, on va vendre leur contenu. Mais comment? Tout simplement comme s'il s'agissait de meubles en bois tourné. On va d'un coup, en vrac, jeter ces toiles sur le marché. On devine l'aubaine pour les spéculateurs sur la toile peinte.

Plusieurs des meilleurs artistes de notre jeune école avaient quantité d'au vres dans ces dépôts. Peut-on leur en faire grief? Il semble que non; bien au contraire. Ils étaient des Français ar tistes, sinon des artistes français et nous ne serions pas contents d'apprendre que

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I

les Allemands, en fait de peinture, se servaient en Norvège ou bien au Brésil. Qu'ils aient acheté des toiles venant de chez nous plutôt que d'ailleurs est un succès, tout de même, dont nous aurions bien mauvaise grâce à nous plaindre. Une dépréciation de prix dont l'artiste, n'en doutez pas, sera tout seul victime en fin de compte, va résulter de cette mise en vente globale et brusquée.

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La conséquence en est curieuse et M. Guillaume Jeanneau, dans une excellente étude du Bulletin la dégage à merveille. En voulant serrer la vis si j'ose dire à son débiteur, l'Etat français va du même coup léser crueltement d'excellents Français qui tous au surplus, ont fait sans ambage leur rude devoir militaire et ont forgé leur réputation sur des années et des années d'un labeur constant.

Comment empêcher cette débâcle qui frappe tant d'artistes ? Le moyen, selon les juristes, n'apparaît pas au premier coup et le code ne présente aucune issue, qu'ils disent. C'est le code qui n'a pas raison. D'ailleurs, il ne manque pas d'exemples antérieurs où le code fut un peu modifié pour des causes moins sympathiques. Au législateur d'apprécier... ROBERT REY.

ÉCONOMIQUE

Prix, salaires et rendement

vues,

Le conflit minier anglais s'éternise mieux, il s'exaspère, car les diverses tentatives de conciliation menées par le gouvernement, les travaillistes du Parlement ou les arbitres officieux n'ont réussi qu'à accentuer les divergences de et à buter les mineurs sur l'unique question des salaires, pivot de la crise et cause de tout le mal. Le pis, c'est que la Fédération des transports, neutre jusqu'alors, interdit la manutention des combustibles étrangers, que la triste ironie du sort oblige le gouvernement britannique à importer pour assurer, vaille que vaille, le fonctionnement des services publics: le gouvernement a beau jeu pour mobiliser l'opinion pu-blique contre la a tyrannie syndicale », au nom du droit à la vie que peuvent invoquer les collectivités. Il a fait donner toute la publicité désirable à un plan répandu par certains coopérateurs, tendant à confisquer tous les approvisionnements au profit des travailleurs, en cas de grève de la Triple Alliance: la Société Coopérative devait prendre possession de tous les vivres, combustibles, pétrole, fourrage qui pouvaient lui être destinés avant que le gouvernement ne les réquisitionne; il s'agissait d'empêcher le gouvernement d'organiser le ravitaillement dans l'intérêt public, et de l'organiser au moyen des coopératives dans un intérêt de classes. Le recours à ces peut amener, à la longue, une solution emporaire et bâtarde, destinée à proluire un jour ou l'autre une crise plus grave encore, et à perpétuer l'état de rouble qu'on s'accorde à déclarer nuiible au relèvement économique. Beaucoup de bons esprits jugent donc qu'on Fait fausse route, et qu'on aboutit faalement à une impasse en bataillant à

moyens extrêmes

natio

mort sur la seule question des salaires, à laquelle la réclamation d'un nal pool », d'une caisse commune, et d'une réglementation nationale des salaires vient d'ailleurs donner une couleur politique.

Une baisse des salaires ne résout pas le problème; cesser de travailler à perte, puisque, en mars, le déficit par ton ne disponible pour la vente s'est élevé, pour les charbonnages anglais, à 6 shillings 10. En février, il avait été de 5 sh. 11, et en janvier de 5 sh. '8. Le déficit a progressé de façon continue, malgré la baisse des salaires, qui étaient de 31 sh. 7 en janvier, et de 29 sh.. 3 en février par tonne disponible pour la vente; ils comptaient en mars pour 27 shillings 9; cette augmentation du déficit est due à la baisse du prix de vente, qui est tombé de 34 sh. 6 par tonne en janvier à 32 sh. en mars.

Sans proclamer tabou les salaires, on peut, avant d'y toucher, surtout avec la brutalité employée avant la grève par les propriétaires des mines anglais, étudier les différents facteurs du coût de production, et voir si des économies ne peuvent être faites de ce côté, bref demander à un rendement meilleur et à une exploitation plus a industrielle » un remède au déficit. Un grand industriel écossais, lord Weir, a fait l'enquête pour son compte, et il présente quelques suggestions plus grande durée de la journée de travail, abandon des puits qui ne paient » pas, bénéfices consacrés à l'amélioration du matériel, au lieu d'être sacrifiés aux mineurs, comme les propriétaires l'acceptaient, répudiation de toute manoeuvre politique.

Lord Weir établit ainsi, ses chiffres, le retour à la journée de 8 heures ramè nerait à 24 sh. par tonne les 27 sh. 9 qui représentent actuellement la part du salaire dans le prix de revient. L'accroissement de rendement ramènerait ces 24 sh. 1 à 20 sh. 2. La fermeture des exploitations non rémunératrices ramènerait ce chiffre moyen à 19 shillings 1. Une réduction équivalente aux 2 sh. par coupe dont les mineurs s'offraient à faire le sacrifice, mettrait la part de la main-d'œuvre à environ 13 sh. 10 par tonne. Bref, la série de compression à laquelle lord Weir se li-, vre en tablant à la fois sur l'amélioration du rendement et la diminution des frais généraux permettrait d'établir à 24 sh. 8 le prix de la vente de la tonne, au lieu de 39 sh. 1, ce qui ferait une différence énorme tant sur le marché du charbon que dans les prix de revient des diverses industries britanniques.

En faisant les réserves qui s'imposent sur une arithmétique aussi précise appliquée à des données essentiellement variables, et différentes suivant les exploitations, on peut trouver dans ces suggestions l'amorce d'une orientation. nouvelle et d'une méthode de conciliation qui permettrait d'éviter de buter dans l'impasse des salaires.

Le lancement d'une monnaie

nouvelle en Hongrie

La Hongrie possède un ministre des finances qui est une manière de chirurgien idoine, quand il s'agit de tailler à vif pour refaire du neuf il s'est si

gnalé par un projet d'impôt sur le capital, audacieux à des yeux d'Occidentaux, mais très susceptible de réussir dans un pays essentiellement agricole, où l'abondance du papier-monnaie est sans objet. Le dictateur, fort admiré et fort écouté en Europe centrale, rêve maintenant d'un assainissement des cours de la couronne hongroise, obtenu par la liquidation de l'ancienne monnaie, que sa parenté avec la couronne autrichienne laisse suspecter, et par l'émission d'une monnaie nationale nouvelle.

Il ne s'agit nullement d'une banqueroute, ou d'un estampillage équivalant à une faillite. Le Dr Hegedus veut simplement créer un papier garanti, au lieu d'assignats, il veut établir une institution d'émission de billets avec la couverture de papier commercial, ou de crédits sur titres. Avant l'opération, il a cru devoir procéder à une antiseptie rigoureuse, en immunisant son pays contre les germes de débâcle venus d'Autriche. La double monarchie aus. tro-hongroise avait, avant la guerre, une circulation fiduciaire de 2 milliards et demi, soit 500 couronnes par tête d'habitant; aujourd'hui, la circulation, en Autriche, s'élève à 42 milliards de couronnes, soit 7.000 couronnes par tête d'habitant en Hongrie, elle n'atteint que 16 milliards, ou 2.100 couronnes par tête. Comparativement, c'est peu. Et le Dr Hegedus a pu se réjouir en constatant que les presses à billets n'ont pas fonctionné depuis un mois.

Pendant toute la durée de l'opération d'échange des monnaies, la frontière hongroise sera soigneusement gardée, et on ne pourra pénétrer dans le pays avec plus de 1.000 couronnes austro-hongroises. Les vieux et les nouveaux billets circuleront à égalité pendant deux semaines. Un certain délai sera donné, pendant lequel les caisses publiques accepteront la monnaie ancienne sans agio, de manière que le public puisse payer princièrement ses impôts car l'émission d'une monnaie nouvelle est la conséquence et le complément nécessaire du projet d'impôt sur le capital; tout le système Hegedus repose sur une spéculation à la hausse sur la monnaie dépréciée.

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Plus tard, la monnaie ancienne sera prise avec moins-value de plus en plus accentuée 10 0/0, puis 30 o/o, et au 31 décembre, les billets de la banque austro-hongroise n'auront plus cours. Le divorce alors sera consommé, et chacun des Etats de l'ancienne monarchie courra sa chance, avec sa monnaie propre.

Les chemins de fer américains et les conventions nationales Le principe des conventions nationales des salaires qui est à la base du conflit minier anglais, vient d'essuyer un sérieux échec en Amérique: le « Railroad Labor Board» est en effet prononcé, après des négociations laborieuIses, pour l'abrogation des conventions nationales, conclues durant le stade du contrôle fédéral. Toute la politique du avait gouvernement américain visé à uniformiser le régime des chemins de fer et à établir un barème unique de ta

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rifs et de salaires, tarifs bas et hauts salaires. Le résultat fut qu'en février 1920, dernier mois du contrôle fédéral, à l'heure où le volume du trafic atteignait sa pleine abondance, le déficit journalier, toutes charges comprises, s'élevait à près de 2 millions de dollars. Les tarifs ont été relevés en septembre, et pendant les quatre mois qui ont suivi le relèvement, les recettes ont dépassé notablement les dépenses; si le rendement s'est abaissé depuis, le bénéfice net réalisé pendant toute cette période représente 2,85 0/0 du capital investi.

Le Bureau du Travail s'est rendu à

l'évidence, et il a invité les compagnies à établir, d'accord avec leur personnel, des statuts particuliers qui devront être présentés au Board, statuant en dernier ressort. Ces accords consacreront sans

aucun doute une baisse des salaires qui atteint en général 20 0/0.

Le principe du statut régional sort donc victorieux d'une confrontation trop longue avec le principe de la convention nationale. Le a Labor Board s'est contenté de formuler un certain nombre de règles générales, qui doivent servir de base au futur régime et de repère aux compagnies : principe de la loi de huit heures, droit des employés à s'organiser, obligation de porter les conflits devant une chambre d'arbitrage, salaire juste et raisonnable », sans constituer une charge assez onéreuse pour compromettre la stabilité de l'entreprise. De leur côté, les employés sont invités à reprendre les habitudes d'activité et de régularité ; bref, toutes directives très larges qui n'empiètent en rien sur la libre initiative rendue aux compagnies.

CE QU'ON LIT

anciennes

ROBERT FABRE.

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Leyde entre 1575 et 1648, et notamment Balzac et Théophile. C'est un ouvrage d'érudition fondamental.

Christine en liberté, par LEGRANDCHABRIER. C'est l'histoire d'une pe tite fille qui, devenue grande, reste naturelle. Ah! trop naturelle ! Aussi tombe-t-elle fort bas, et même on ne peut plus bas. Elle manque d'idées morales, mais tout à fait, et on l'étonnerait fort si on lui révélait qu'elle n'est pas, ou ne devrait pas être exclusivement instinctive et que même il est beau de dresser ses instincts pour en faire un meilleur usage. M. Legrand-Chabrier conte son histoire avec une simplicité qui n'exclut pas l'art et ne tombe jamais jusqu'à devenir choquante.

Stella-Lucente, par Albert ERLANDE. Le marquis de Stella-Lucente est peintre anglais Welseley fait le portrait d'une jalousie absurde et terrible. Le

de sa femme et ce lui est une raison de torturer plus que jamais cette malheureuse. Celle-ci se laisserait enlever par Welseley; mais le marquis, aveti par une maîtresse dédaignée du peintre, enferme sa femme dans un château où elle devient folle tandis qu'il meurt de la fièvre. L'action est menée avec une violence extrême.

Degas, par François FOSCA.-M. Fosca est de ceux qui parlent le mieux de la peinture. Il porte dans sa critique une sensibilité et un goût raisonné que l'on trouve rarement à ce degré, et il les fonde sur des connaissances techniques et historiques, qui sont presque aussi rares chez ses confrères. Il n'aime pas de se perdre dans une esthétique nuageuse, ni de pousser, en termes consacrés, des exclamations de rapin. Il est difficile de lire une critique plus attachante et plus sûre que celle de M. François Fosca.

Les Insectes, par E. CAUSTIER, L'histoire est passionnnante de ce petit monde de bestioles, pleines de ruses, armées jusqu'aux dents pour l'attaque et la défense, et sachant au besoin se déguiser pour la fuite. On y verra l'ingéniosité d'un petit oiseau, le baya, qui éclaire son nid avec des vers luisants, et l'aventure de certains. jeunes coléoptères que les fourmis adoptent et nourrissent.

Le travail du métal, par Henri CLOUZOT. Nul ne connaît mieux les arts industriels que le conservateur du musée Galliera, et son érudition historique en ces matières, comme sa science des procédés techniques, est réellement surprenante. Dans ce nouvel ouvrage, M. Clouzot étudie le bronze d'éclairage, le bronze d'appartement, l'étain, le cuivre repoussé et percé, l'orfèvrerie civile et religieuse, la bijouterie et la joaillerie. Il termine en constatant que l'effort fourni par nos industriels en 1900 ne s'est pas renouvelé et que les artistes décorateurs ne trouvent pas auprès des fabricants la bonne volonté qu'il faudrait souhaiter. Ce n'est pourtant qu'en s'unissant à l'art que l'industrie nous fournira les beaux objets que nous attendons.

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Dans le même numéro du Divar, M. Louis THOMAS évoque de cette façon directe, vigoureuse qui lui est propre et qui n'exclut pas un lyrisme mâle, le souvenir romanesque d'une jeune créole dans l'infernal New-York. A signaler également les courageuses et intelligentes considérations critiques de M. Henri MARTINEAU. Cette petite revue contient aujourd'hui plus de substance que de gros magazines.

La Revue de Paris débute par une nouvelle de Mme de NOAILLES, la Peur d'être inutile, où de nobles pensées s'expriment par les mots les plus riches et les plus harmonieux ; et c'est, naturelle. ment, un hymne à l'amour. La Revue continue par une excellente étude de M. G. PARISET sur le Système napoléonien de gouvernement, et divers autres articles où il faut distinguer les notes de M. Henry BIDOU sur Jules Laforgue.

M. Jean-Louis VAUDOYER publie dans la Revue critique cinq courts poèmes dé licieux, musicalement construits sur des thèmes de romances, qu'il intitule 5 ritournelles. M. André THÉRIVE DOUS Y offre les considérations les plus justes sur l'Argot et la langue populaire à propos d'un livre récent de M. Henri Bauche. C'est en effet une vérité que l'argot n'est qu'un « langage de convention fait de déformations artificielles et soumis à des caprices mystérieux mais délibérés. » Il est « l'idiome le moins naturel, le moins instinctif ». C'est a une création perpétuelle de dérivés cocasses ou saugrenus, de métaphores charmantes ou ridicules... Un artisan de Belleville... fera de son langage une étourdissante invention littéraire ». Bref, l'argot n'est nullement « le langage po pulaire : il est une langue littéraire du peuple.

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M. Pierre Benoît a semblé souhaiter que les intellectuels soient dispensés de se battre, à la prochaine guerre. M. André LAMANDÉ, dans la Renaissance, proteste et il a bien raison.

LES FAITS DE LA SEMAINE

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LE 12 MAI. A Berlin, nouvelle déclaration du chancelier Wirth affirmant sa volonté de tenir les engagements pris. Le Reichstag s'ajourne au 30 mai. En Silésie, la Haute Commission a réussi jusqu'à présent à empêcher des conflits sanglants entre les Polonais et les Allemands. En Angleterre, la crise ouvrière s'aggrave: les cheminots se prononcent de nouveau pour la grève générale. En France, le gouverne ment accorde aux familles des mobilisés les mêmes allocations que pendant la guerre.

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LE 13 MAI. A Paris, M. Leullier est nommé préfet de police en remplace ment de M. Raux appelé à un autre poste. Mort de Eugène Etienne, ancien ministre, et du poète Jean Aicard En réponse à sa lettre, le cardinal Dubois reçoit de l'archevêque de Colo gne une lettre insultante pour France. A Londres, aux Communes, M. Lloyd George prononce un discours inattendu et qui semble devoir avoir un certain retentissement. Extrêmement dur

la

pour la Pologne et plein de déférence envers l'Allemagne, il dénie à la France le droit d'interdire aux Allemands d'envahir la Haute-Silésie pour y rétablir l'ordre. Le désir des Allemands d'entrer dans la Silésie est comparable, à ses yeux, à celui de la France d'entrer dans la Ruhr. Pendant ce temps, l'Allemagne, en effet se prépare militairement, aux frontières de la Silésie. Des corps francs commencent même à y opérer et molestent les troupes françaises. Guerre gréco-turque: Nouvelle défaite grecque sur le front de Mendérés.

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LE 14 MAI. L'Allemagne accueille avec une joie bruyante le discours de M. Lloyd George. La presse française et la presse italienne, par contre, protestent avec tristesse. La presse anglaise se montre favorable au premier ministre anglais. Officiellement, le gouvernement français fait publier une déclaration de <mise au point » dans laquelle il annonce que toute intervention de troupes régulières allemandes en Silésie sera considérée par la France comme un casus bellz. Reprise des troubles irlandais en Angleterre.

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LE 15 MAI. Au cours des déplacements de voyageurs pour la fête de la

La Bourse

George semble s'apaiser légèrement :
M. Wirth a déclaré que l'Allemagne ac-
ceptait la décision des Alliés; l'opinion
américaine approuve l'attitude fran-
çaise; en Silésie, les membres britanni-
ques de la mission interalliée protestent
contre l'intrusion de bandes armées alle-
mandes sur le territoire plébiscitaire.
LE 17 MAI. Echange de télégram-
mes affectueux entre le Président de la
République française et le roi des Bel-
ges. Londres insiste pour une réunion
prochaine du Conseil suprême. L'Alle
magne reste dans l'expectative. Situa-
tion stationnaire en Silésie.
LE 18 MAI. M. Lloyd George fait
publier une note dans laquelle il con-
firme ses déclarations précédentes au su-

Pentecôte, deux graves accidents se pro-
duisent sur l'Orléans. Nombreux morts
et blessés. Dans la nuit du 14 au 15,
observation, à Paris, d'une très remar-
quable aurore boréale. La déclara-
tion du gouvernement français a eu pour
résultats en Angleterre que M. Lloyd
George fait demander à la France une
nouvelle conférence (au sujet de la
Haute-Silésie); en Allemagne que le
gouvernement allemand ne parle plus
d'intervenir sur le territoire silésien.
En Italie, les élections législatives se
déroulent dans un calme relatif : une
vingtaine de morts sur tout le territoire.
Elles sont un succès des partis gouver-
nementaux et de tous les partis attachés
à l'ordre public. Les socialistes perdent
plus du tiers de leurs sièges. - Angle-jet des droits de l'Allemagne en Haute-
terre attentats sinn-feiners violents
dans plusieurs faubourg de Londres.
LE 16 MAI.
A Lille, au cours de
grandes fêtes de gymnastique, M. Mille-
rand et le roi Albert Ier se rencontrent.
Manifestations franco-belges enthousias-
M. Jonnart est nommé ambassa-
deur extraordinaire auprès du Vatican.
- Sports A Saint-Cloud, le Grand
Prix du Printemps est gagné par Poli-
dora (anglaise). -L'impression pro-
duite par le discours de M. Lloyd

tes.

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La semaine a été coupée par trois jours de chômage et, dans ces conditions, elle ne pouvait être intéressante, d'autant plus que la liquidation de quinzaine suivait immédiatement les fêtes.

Les dispositions du marché qui s'étaient tout d'abord très bien maintenues sont ensuite devenues peu satisfaisantes, la Bourse ayant fort mal accueilli le discours de M. Lloyd George. Le recul des cours a donc été général et parfois très sensible surtout en Coulisse où la faiblesse des changes a une influence déprimante.

Le marché des changes accentue son mouvement rétrograde, et tout fait croire que l'amélioration de notre franc est loin d'avoir dit son dernier mot. En effet, des négociations pour la conclusion d'un emprunt français de 100 millions de dollars sont engagées aux Etats-Unis et sont sur le point d'aboutir. Cet emprunt précipitera sans doute le fléchissement du dollar et, par suite, celui de toutes les autres devises.

Les rentes françaises, comme précédemment, sont sans intérêt et n'accusent que fort peu de variations.

Les actions de nos grandes banques sont l'objet de prises de bénéfices bien naturelles après leur récent mouvement de hausse, mais ces réalisations ont été absorbées avec une très grande facilité.

Les valeurs industrielles sont en recul général, les dégagements d'acheteurs portant surtout sur la «< Penarroya », la « Financière des Pétroles » et les valeurs de sucre. Les valeurs d'électricité cependant font preuve d'une grande résistance.

Au Marché en banque, les valeurs russes sont, en fin de semaine, très offertes et la « Bakou », surtout affectée, laisse loin derrière elle le cours de 3.000.

La «De Beers » est en baisse sensible et il en est de même des mines sud-africaines et des valeurs de caoutchouc.

Seul, le « Mexican Eagle » est très bien tenu, la nouvelle de nouveaux jaillissements amenant des demandes suivies.

A signaler des offres en « Balia Karaïdiu» et des réalisations en valeurs pétrolifères roumaines. J. DESPRÉAUX.

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Silésie, attaque violemment la Pologne et reproche avec mauvaise humeur à l'opinion française de ne pas donner raison à l'Angleterre. Entrevue, à Paris, entre M. Briand et l'ambassadeur d'Allemagne, M. Mayer. Le général Mangin est désigné pour une mission importante au Pérou. Haute-Silésie: Les bandes armées allemandes continuent à se concentrer dans les régions d'Opole et de Klucberk. Des escarmouches ont lieu entre elles et les Polonais.

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