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quelque chose ». Telle est la prétention avouée ou tacite. Les résultats d'une telle prétention nous obligent trop souvent à regretter que la devise en honneur, dans le Palais des Lois, ne soit point plus modeste: Pauca sed bona.

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L'erreur de cette mentalité est d'autant plus sensible, que la procédure en vigueur, pour l'élaboration et le vote des lois, l'excite au lieu de la réfréner. Certes, le Parlement compte des compétences. Elles sont dispersées dans les partis; elles ne figurent pas toutes dans les Commissions. Mais ces compétences peuvent ne pas être préparées au métier de législateur. Faire une loi est un métier qui exige un apprentissage juridique. D'autre part, un juriste peut ne pas être un technicien. Ce qui revient à dire que, pour être complète, une loi doit être élaborée à la fois avec des connaissances juridiques et des connaissances spéciales et pratiques. Il s'ensuit qu'une bonne élaboration législative ne peut être opérée que dans un laboratoire bien agencé, où tous les éléments d'information, de connaissance, d'appréciation, de généralisation et d'expression seraient maniés par des spécialistes, dont les travaux seraient méthodiques et cohérents. Pour la rédaction actuelle des lois, le ou les auteurs semblent reprendre volontiers les termes d'une phraséologie électorale, qui généralement ne recouvre aucune substance vivante et viable. Il s'agit, par les mots, de donner satisfaction à un clan d'électeurs. A l'heure de la discussion, les représentants des opinions diverses interviennent. Ils obtiennent des modifications de forme. L'accord se fait sur un texte dit transactionnel. Au total, aucun changement. Le texte, vide de substance, demeure vide de substance. La loi est faite, votée. Hâtivement, on passe à la suivante. Le temps presse. L'électeur trépigne. Il veut des lois. En voilà !

La loi est promulguée. Ou bien elle est inapplicable et reste lettre morte; ou bien elle est dangereuse et provoque des résultats contraires aux buts poursuivis par ses auteurs. Les exemples abondent: loi du 1" juillet 1916 sur les bénéfices de guerre, loi du 25 octobre 1919 instituant les Chambres d'agriculture, loi du 31 juillet 1920 sur la transmission des titres nominatifs, etc. La nomenclature serait interminable, si nous pénétrions dans le cimetière des lois mort-nées.

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Il apparaît donc qu'un législateur qui néglige de s'informer sur la matière humaine et sociale, sur la psychologie humaine et sociale, par des méthodes d'observation exacte, s'égare dans un idéologie creuse et commet un mauvais devoir de rhétorique. Au surplus, le législateur moderne est sollicité par trop de problèmes différents et sa compétence ne saurait être universelle. C'est entendu. C'est pourquoi il serait opportun d'étendre le système des enquêtes parlementaires aux objets des projets de lois d'ordre économique, social, financier, ou professionnel, et de mettre à la disposition du législateur un laboratoire législatif, où les projets seraient filtrés et analysés par des spécialistes, avant de passer sur l'écran des séances, devant des spectateurs plus ou moins bien avertis et attentifs. Dans cet ordre d'idées, la « Société d'Etudes et d'Informations Economiques >> a émis une suggestion création d'un Corps Spécial, que les Chambres devraient obligatoirement consulter sur toutes les propositions de lois, avant de les examiner. Ce Corps Spécial comprendrait des sections, chargées d'éclairer le gouvernement sur les questions d'ordre économique, social, financier, ou autre. Les membres seraient élus par le Sénat et la Chambre, sur une liste de présentation dressée par les compétences de l'industrie, du commerce, des finances, de l'agriculture, etc. Une telle organisation ne diminuerait en rien le droit d'initiative parlementaire, ni le droit d'amendement. Elle apporterait

à ces droits constitutionnels des garanties sur la forme juridique des lois et sur la valeur de leur substance.

Cette procédure nous épargnerait, sans doute, la littérature onéreuse et stérile d'une législation, confuse qui soulève dans ses applications, quand elle est appliquée, des contradictions de droit et de fait et installe une anarchie légale. Par un exemple concret, nous essaierons de mieux justifier notre critique et nos voeux.

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Il existe une loi, celle du 26 avril 1917, sur les actions de travail. Qui s'en douterait ? Nous sommes en 1921. A quoi a-t-elle servi? On le rechercherait en vain, car elle est demeurée lettre morte. Mais la cause de cette stérilité? Tout simplement celle-ci : c'est une loi contraire aux intérêts qu'elle prétendait servir et, de ce fait, inapplicable. Employés comme employeurs lui tournent le dos. En observant de plus près ce phénomène, nous connaîtrons, sans doute, l'histoire des mésaventures communes à toutes les « lois d'illusion ».

Dans une petite brochure suggestive (1), M. Emile Mireaux, esprit averti, a su analyser, avec autant de verve que de sagesse, les causes de l'échec de la loi du 26 avril 1917. La moralité qu'il en tire est instructive.

M. Mireaux ne se refuse pas à reconnaître que les auteurs de la loi sur les actions de travail étaient animés des plus généreuses intentions. Mais, remarque-t-il, « c'est une de ces réformes que des âmes généreuses recommandent et que les partis politiques prétendent imposer trop souvent au monde du travail. Le but que uns et les autres se proposent est assurément louable. Mais la route qu'ils ont choisie, conduit-elle à l'étape?».

les

Quelle fut donc l'intention des auteurs? A n'en pas douter, leur idéal fut, non point de supprimer la propriété, mais de la répandre, parce qu'ils l'ont considérée comme une garantie de la liberté civile et de l'indépendance politique de l'individu. Dans leur esprit, la créa tion « d'actions de travail ». au profit des travailleurs avait pour fin de faire participer les salariés à la possession de l'entreprise à laquelle ils sont attachés.. Tous propriétaires. Voilà le principe.

Aussitôt, surgit une objection. La propriété entraîne la responsabilité. Est-il moral d'imposer à un employé, libre citoyen, le placement de sa petite épargne, gagnée par son travail, dans une entreprise essentiellement aléatoire? Non, ont estimé les auteurs, avec raison. Et ils ont écarté la propriété individuelle des actions de travail. Les actions de travail, d'après leur loi, ne pourraient être que la propriété collective du personnel salarié, constitué en société commerciale coopérative de main-d'œuvre. Mais la propriété entraîne logiquement le droit de regard sur la chose possédée, en l'espèce sur l'entreprise commerciale. En effet, la co-propriété des entreprises est complétée, dans la loi de 1917, par la participation des salariés à la gestion. Soit. Mais toute participation à la gestion entraîne inévitablement la participation aux responsabilités. Or, nous avons vu que les auteurs avaient sagement estimé qu'il y aurait immoralité à faire courir des risques à la petite épargne des travailleurs. C'est pourquoi la loi de 1917 est muette sur cette conséquence de la gestion ouvrière. D'ailleurs, cette gestion qu'elle installe est exercée, non par des ouvriers individuellement propriétaires d'actions, puisqu'ils n'existent pas en droit, mais par des mandataires d'une entité juridique, la Société commerciale coopérative de main d'œuvre, qui ne sont ni actionnaires, ni responsables. C'est une méconnaissance à la fois des principes rationnels du droit et des réalités économiques.

Le vice radical de cette loi, destinée à faire de nou

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(1) Les Actions de Travail, Société d'Etudes et d'Informations Economiques, éditeur (1921).

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veaux propriétaires, note M. Mireaux, est de n'en pas créer un seul «< Aucun ouvrier ne se voit par elle attribuer de façon tangible la moindre parcelle de capital social. » Sous le régime qu'elle entend instaurer, le salarié ne participe à la possession des actions de travail que parce qu'il est, et dans la mesure où il est un salarié. La loi de 1917 évoque, aux yeux des travailleurs, un «< fantôme de propriété ».

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y a mieux ou pire. Cette loi, qui prétend contribuer au progrès social, pourrait être, par certaines de ses dispositions, un danger économique et une cause d'anarchie. Dans les sociétés d'exploitation régies par elle, l'argent que versent les propriétaires « d'actions de capital », est mis à la disposition d'une collectivité ouvrière irresponsable, qui peut en fair l'usage le plus contraire aux intérêts de l'entreprise. D'autre part, les salariés ont la faculté de provoquer la liquidation des sociétés à participations ouvrières, auquel cas l'actif social doit être réparti entre tous les actionnaires... Remarquons que ce procédé est même le seul dont ils disposent, pour transformer en propriété effective et individuelle une propriété virtuelle et collective!

A tout prendre, constate M. Mireaux, la loi sur les actions de travail « n'était, dans l'esprit de ses auteurs, qu'une expérience. L'expérience a échoué. »

Mais les leçons de cette expérience? Elles ont été inutiles. Sous une autre forme, la même erreur est répétée, à l'occasion du nouveau régime des chemins de fer. Elle est répétée, et aggravée. Le législateur s'ingénie à rendre obligatoires les dispositions de la loi de 1917, qui n'était que facultatives. La Chambre a décidé qu'il serait créé, dans chaque réseau, une société commerciale coopérative du personnel. Obligatoirement, la moitié de la part de prime de gestion allouée au personnel sera versée à ces sociétés. Le personnel ne pourra librement disposer que de l'autre moitié de sa part de prime. En d'autres termes, le vote de la Chambre a exproprié les agents des chemins de fer... vraisemblablement avec l'intention de les bien servir. Ceux-ci, non consultés, ont protesté contre cet excès de zèle. Ils ont revendiqué le droit de propriété sur la totalité des primes gagnées par eux. De leur côté, les Compagnies ont démontré comment elles seraient progressivement expropriées par un tel régime, au bénéfice de coopératives de fonctionnaires sans aucune responsabilité, donc au détriment de l'entreprise et de l'intérêt général. Le Sénat, après hésitation, a maintenu le principe de l'actionnariat ouvrier, collectif et obligatoire. Or, ce principe va être installé par une contradiction. Sous prétexte de rendre le personnel ouvrier propriétaire, le législateur commence par le priver d'une part de sa propriété. L'Etat républicain intervient, pour protéger, avec toutes les rigueurs de la loi, le salarié contre lui-même. Il le place en tutelle. Il s'institue son « conseil judiciaire », impérativement. Il lui retire une partie du bénéfice de son travail, pour le confier à une collectivité anonyme et irresponsable... C'est ainsi que la loi, principe de l'ordre, peut créer de l'anarchie obligatoire!

Une telle légifération est démagogique, antidémocratique et dangereuse. Les législateurs donnent l'impression d'avancer à tâtons, sur un chemin glissant. Ils ont cependant la conviction d'être sur le chemin du progrès social. Ils y piétinent, y trébuchent. Et, parfois, ils reculent. « Marchons à tout prix, pour ne pas périr! », semble être le mot d'ordre des plus téméraires.

Oui, l'immobilité, c'est la mort. Mais l'agitation, ce n'est pas l'action. Toute progression sociale doit être organisée, parmi les poussées grégaires qui précipitent les masses incohérentes vers les utopies. Si le législateur ne consolide pas sa marche en avant par toutes les garan

ties, il risque de ruiner l'ordre établi, sans parvenir à établir un ordre nouveau. L'heure du romantisme est passée. Dans la complexité des réalités modernes, l'étude scientifique du mécanisme social s'impose. Commettre l'imprudence de détraquer un des rouages de l'engrenage, sous prétexte de perfectionnement, et sans avoir la certitude de la valeur pratique du perfectionnement et de son harmonieuse adaptation à l'ensemble, c'est provoquer un retentissement grave sur le fonctionnement général. Exemples: la loi de huit heures, la loi sur les bénéfices commerciaux et industriels, et les deux lois examinées ici, parmi beaucoup d'autres... Il serait vraiment plus sage de faire l'économie de ces lois d'expérence, qui ne sont que des lois d'illusion, gaspillent le temps, l'énergie et le travail parlementaires et ne peuvent apporter que des confusions et des perturbations dans une vie sociale déjà inquiète, hésitante et toute disposée à s'abandonner aux courants tumultueux. L'action parlementaire ne peut être féconde que si elle est basée sur une documentation précise et une connaissance exacte. Elle ne peut être que désastreuse, si elle se livre à un sentimentalisme nébuleux.

M. Emile Mireaux semble avoir donné une juste conclusion à l'examen perspicace qu'il a entrepris d'une des erreurs économiques et sociales du législateur, lorsqu'il écrit: « Il est hautement souhaitable que la promotion du plus grand nombre possible de travailleurs, au rang de propriétaires soit aidée et encouragée. Nous sommes persuadés que la machine économique moderne est assez souple, pour permettre de mener à bien cette tâche. Encore convient-il de ne pas accepter, en théorie, pour les violer, en fait, les principes suivant lesquels elle a été construite. Sous prétexte de développer la propriété privée, il faut prendre garde de ne pas la tuer et, surtout, il faut se méfier de ces lois-boomerang qui reviennent frapper en plein visage les législateurs inconsidérés. » Quelques maîtres de la réalité », comme les entendait un grand Américain d'autrefois, Abraham Lincoln, seraient assurément les bienvenus! L'illusionnisme est

jeu de théâtre...

L

ROBERT VEYSSIÉ.

CE QU'ON DIT

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E Sénat a commencé la discussion du budget. Il y manifeste un esprit d'économies et une indépendance qu'on ne saurait qualifier que de farouches. Les contribuables s'en féliciteront. Ils leur demande des sacrifices de plus en plus lourds, il aiment apprendre que l'on comprime les dépenses. On est bon de leur donner l'impression que ces sacrifices sont nécessaires. Le Sénat a opéré sur certains chapitres des réductions, sans doute peu importantes, mais qui montrent un désir très ferme d'éviter tout gaspillage. La suppression des automobiles des ministères est un symptôme de cet état d'esprit.

Il y a, par contre, des économies malheureuses. Espérons que le Sénat ne suivra pas la commission qui a refusé les crédits nécessaires à relever les traitements du personnel de l'enseignement. D'autre part, la Chambre avait voté un crédit de 20 millions et demi pour essais et travaux de chaussées répondant aux nouvelles conditions de la circulation. Le Sénat a réduit ce crédit à 1 million et demi.

Au moment où il faut reconstruire notre réseau routier à peu près complètement, il y a le plus grand intérêt à expérimenter les diverses méthodes que l'on peut employer. On a reconnu que les procédés utilisés jusqu'ici d'une façon courante ne répondaient plus du tout aux exigences de la circulation moderne. Depuis quel

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suisses?

ques années, des essais ont été tentés avec les méthodes cipent des professeurs anglais, hollandais, belges et analogues à celles employées en Angleterre et aux Etats-Unis. Mais le crédit alloué par le Sénat ne permettra pas de construire par ces procédés nouveaux plus de sept ou huit kilomètres de route, c'est-à-dire ne permettra pas d'essai dépassant beaucoup la portée des expériences de laboratoire. Les 20 millions et demi votés par la Chambre permettraient de construire une centaine de kilomètres, c'est-à-dire d'entrer dans la voie des véritables applications pratiques permettant de comparer entre elles les diverses méthodes.

On demande à ceux qui circulent en automobile de payer de lourds impôts, encore faut-il mettre à leur disposition des routes qui ne soient pas absolument impraticables. Il faut aussi penser que le tourisme peut devenir une des principales sources de richesse et de prospérité de notre pays. Les étrangers qui viennent chez nous pour leur plaisir y dépensent de l'argent, et il en rentre une partie dans les caisses de l'Etat sous forme de taxes de luxe ou de taxe sur le chiffre d'affaires. Suivant le mot du sympathique vice-président du Touring-Club, le tourisme c'est l'exportation à l'intérieur. La France était réputée avant la guerre pour l'excellence de son réseau routier, il importe de lui rendre sa réputation. SERGE ANDRÉ.

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Les étudiants alliés n'ont-ils pas décidé, l'an passé, à Strasbourg, que les étudiants des pays ennemis ne seraient admis parmi eux qu'après que ces pays auraient été reçus dans la Société des Nations? Pourquoi, dans ces conditions, les étudiants alliés acceptent-ils une nouvelle discussion sur le même sujet, à Prague?

La foire aux jambons.

La foire aux jambons est terminée. Elle nous a valu les obligatoires articles de journaux annuels. Et personne (puisque nul ne l'avait remarqué les années précé dentes ou puisque, depuis longtemps, tout le monde a cessé de le remarquer) personne n'a songé à se demander pourquoi cette foire s'obstinait à tenir ses assises durant la plus maigre des semaines qui est la semaine sainte. plus de 300. Pendant la guerre même, il y en eut suffiQuant aux baraques, avant la guerre, il y en avait samment. L'année dernière, on en comptait une centaine. Cette année, 70.

Pourquoi? Manque de marchands et de marchandises? Pas du tout vingt-quatre heures avant la fin de la distribution des places, toutes étaient déjà prises. Manque de baraques, alors? C'est l'excuse qu'on donne. Si nous disions manque d'organisation et insouciance de l'ádministration devant la vie chère?

:

On croit avoir tout dit sur la Foire aux jambons ! Gageons pourtant que l'annonce que voici, et qui figu rait dans un grand quotidien (le Matin, pour ne pas le nommer), a échappé aux regards de bien des

curieux :

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C'est bien simple, répondent les chauffeurs. Nous avons, pour nous renseigner sur l'état de notre compteur, les courses classiques. Par exemple, Gare de l'EstGare Saint-Lazare. Gare du Nord-Gare Saint-Lazare: 2 fr. 75 invariablement.

Mais le client, comment saura-t-il ?...

C'est tout aussi simple. En comptant, à raison de I franc par kilomètre (sauf pour le premier, qui est de I fr. 15, à cause de la prise en charge), vous pouvez voir compteur dit vrai. C'est ainsi que procède la Préfecture sur une carte, à l'aide d'un curvimètre ou d'un fil, si le lorsqu'il y a des plaintes.

C'est très simple, en effet. Encore faudrait-il que la petite lampe du chauffeur fût placée de telle façon qu'on pût lire le totalisateur et voir clair dans la voi

ture.

C'est drôle.

Vous montez dans l'autobus et vous tendez au receveur une pièce belge de 25 centimes en nickel. Eh bien, il la prend.

Cette pièce vaut-elle cinq sous? Non, mais elle est garantie par l'Etat belge.

Dans le même autobus, vous offrez de payer votre place avec une coupure d'un franc du territoire de la Sarre. Par ordre supérieur, on vous la refuse.

A remarquer que cette coupure n'est différente que par sa seule couleur rouge des autres coupures de un franc émises par la Chambre de commerce de Paris. Tout y est l'effigie de la République, etc. Bien mieux : c'est l'Etat français et non plus seulement une Chambre de commerce qui se porte garant de ce billet. J'ai renoncé à comprendre. Et vous?

Gai! Gai! Vive le vin!

On pourrait dire de cette semaine qu'elle fut celle des

vins.

En Alsace, M. Lefebvre du Prey condamné à déguster plus de cent crus fameux...

En Champagne, à Bar-sur-Aube, le 28 mars, un défilé auquel les vignerons de 25 communes de l'arrondissement ont participé avec leurs chars artistiques (c'est le mot consacré) et leurs reines. Après quoi, une reine des reines a été élue à l'hôtel de ville au bruit des discours de parlementaires, et des dégustations gratuites de champagne ont eu lieu en divers endroits de la-ville... Parisiens, ne soyez pas jaloux, le 15° arrondissement annonce une fête du muguet, ce 15° qui possède déjà une rue de la Rosière, en souvenir de la rosière couronnée en 1826! Mais en 1826, hélas ! Montmartre, Suresnes, Argenteuil avaient des vignobles et le Luxembourg aussi !

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A ce propos, a-t-on remarqué, outre le nombre de spéculateurs victimes de la baisse qui se donnent la mort, le genre de suicide auquel ils ont recours ? La pendaison, toujours la pendaison.

Tel ce paysan qui s'est pendu à un chêne parce qu'il avait dû céder pour 1.100 francs, au marché, une vache qu'il espérait vendre 2.000 francs.

Si le sujet était moins lugubre, on s'amuserait à remarquer que le fait de se pendre haut est une singulière façon de réagir contre la baisse.

Au pays du café.

et court

Il est question d'installer dans les rues de Paris des appareils téléphoniques publics pour appeler les pompiers et la police.

Des appareils de ce genre ont déjà été essayés en 1914. Ils ne sont pas suffisamment au point, paraît-il. On cherche encore.

Dirons-nous que tout cela nous semble un peu long? Des dispositifs analogues, et plus perfectionnés encore, et fonctionnant à merveille, sont depuis longtemps à Rio-de-Janeiro et à Sao-Paulo.

Chaque habitant possède, à cet effet, une clé munie de son numéro. On sait donc qui a appelé. Mais s'il la perd?

L'Eve éternelle.

C'est la baisse, il faut en convenir.

Sur de nombreuses boutiques des pancartes annoncent quelque chose comme : « C'est la ruine .. Le patron est devenu fou! Il perd tout ce qu'il veut !»

Alors cette dame qui passe avec son époux dit à celui-ci « On peut demander le prix. Si j'entrais pour demander le prix ? Ça n'engage à rien de demander le prix ? »>

Sans doute, il passe de la sorte, dans cette boutique, ou dans une autre, des centaines et des centaines de femmes qui se contenteront de « demander le prix ». Mais qu'advient-il ensuite ?

Dites-nous, ô pauvres époux de ces dames, ce que la baisse vous coûte !

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Littérature spontanée.

Voici un mot authentique Son auteur, le conducteur d'un camion appartenant à une Compagnie de chemins de fer, l'a prononcé spontanément devant le zinc classiquement réaliste du bistrot.

Il contait, non sans mêlo et mêlé-cass' dans la voix, la catastrophe de H... qui, l'été dernier, fit tant de victimes. On avait réquisitionné sa voiture pour le transport des corps. Le garde champêtre était sur le siège, avec les adresses des parents :

Ah! on en bouffa des kilomètres! Mais on s'arrêtait souvent en chemin, dans les auberges, pour prendre un coup de vin blanc. N'est-ce pas, il n'y avait pas d'inconvénient, au contraire les gens ne savaient pas encore leur malheur : nous leur donnions du bon temps de reste, quoi!

Oxford-Cambridge.

Chez nos voisins.

Le match Oxford-Cambridge s'est couru, s'est «ramé », dit-on aujourd'hui.

Un de nos amis qui assistait à l'entraînement en vue de cette épreuve, nous a appris de quelle manière les champions de la lutte en question s'astreignaient à respirer.

Uniquement par le nez ? Non. On a trouvé mieux. les rameurs tiennent la bouche fermée, c'est exact. Mais entre leurs dents, leurs lèvres closes, est un cure-dents creux. Et ce cure-dent est l'étroit tuyau par lequel leurs poumons entrent en relation avec l'atmosphère.

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Une page d'histoire.

Le peintre anglais, sir W. Orpen qui, pendant la guerre, eut l'occasion de faire les portraits de presque tous les grands chefs des alliés, vient de tracer cet amusant croquis du maréchal Foch :

"...Tout le temps qu'il posa, de grandes batailles étaient en train et les Allemands étaient repoussés. Les nouvelles lui parvenaient environ toutes les dix minutes. Quand elles étaient bonnes, il disait: Bon! Quand elles étaient moins bonnes, il se contentait de faire un bruit curieux en soufflant l'air par ses lèvres jointes. C'était au moment où les Américains entreprenaient leur premier sérieux travail et je me rappelle que Foch fut très contrarié en apprenant que les Boches s'étaient évadés de la poche de Saint-Mihiel sans ce faire prendre. Je me rappelle aussi un certain matin (le maréchal ne savait pas que je comprenais le français) un général entra et assista à toute la séance de pose. Le maréchal très calme lui fixa des heures, des dates, des endroits où des batailles seraient déclanchées jusqu'à fin décembre 1918, spécifiant les divisions françaises, anglaises, américaines qui seraient utilisées. En rentrant à mon cantonnement, je jetai sur le papier les dates et les noms d'endroits que je me rappelais, sans en parler à qui que ce fût. Tout se passa comme il avait dit, jusqu'à la mi-octobre. A cette époque, les Boches prirent la fuite; et les choses allèrent alors plus vite que le maréchal n'avait 'espéré. >>

Curieux point de droit.

Le Nicaragua veut donner sa démission de membre de la Société des Nations. Il trouve que la cotisation de 200 livres par mois est au-dessus de ses moyens ! Le Nicaragua doit à la S. D. N. 9.600 francs pour cotisations arriérées. Sera-t-il question de sanctions?

La voix de son maître.

Il y a vingt ans, un peintre, Francis Barraud, eut l'étrange idée d'un tableau représentant un chien comiquement attentif devant un pavillon de phonographe. Le tableau fut refusé au Salon de l'Académie royale de Londres; et il n'y a pas lieu de s'en étonner. Pensant que son échec était dû uniquement à un petit détail de couleur, l'artiste se présenta dans une grande firme de phonographes et demanda la permission de peindre, d'après un modèle, un pavillon en cuivre, au lieu du pavillon noir qui figurait d'abord dans le tableau. Les fabricants, intrigués, demandèrent à voir son œuvre et finalement l'achetèrent 100 livres. Et le monde entier connut bientôt « La voix de son maître >> édité sous toutes les formes.

Mais l'histoire ne se termine pas là.

Il y a quelques jours, en reconnaissance des services exceptionnels rendus par la publicité de « La voix de son maître la firme qui en a bénéficié, remettait à M. Francis Barraud un titre de 250 livres de rente!

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Millionnaires américains.

Les statistiques de l'impôt sur le revenu annoncent pour l'année 1918, aux Etats-Unis, 5.246 millionnaires (c'est-à-dire jouissant d'un revenu de plus de 40.000 dollars, qui est l'usufruit d'un million à 4 0/0) de moins qu'en 1917. Les Etats-Unis cesseraient-ils d'être le pays des millionnaires ?

Rassurez-vous, bonnes gens. Ceci veut simplement dire que, la loi américaine ayant exempté de toutes taxes les emprunts d'Etat ou de villes américains, les millionnaires méricains ont cherché à éviter la ma

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jeure part du poids de l'impôt sur le revenu en souscrivant à ces emprunts.

Le patriotisme fiscal est la vertu la plus rare en ce monde; et, comme le disait je crois Anatole France, ildoit être rendu à chacun ce qui lui est dû: au riche sa richesse, au pauvre sa pauvreté.

Le champion des mangeurs.

Ludwig Consumo de Chicago (Illinois) et John Bongo de West Hammond (Illinois) sont en train de se lancer des défis, car chacun d'eux prétend avoir mangé et être prêt à manger plus que l'autre.

Bongo affirme avoir dévoré en un repas 9 mètres de saucisse, cinq livres de beefsteack, trois poules, quatre harengs cuits et englouti 4 litres de bière. Consumo a mangé, il y a quelques jours, 54 gaufres, 4 selles d'agneau, 2 boîtes de corned beef, 32 huîtres et un pain entier ; il prétend en plus être le champion du monde du café au lait. Les conditions du pari sont 500 dollars pour le gagnant, avec le titre de Champion du Monde de la Mangeaille. Le perdant, bien entendu,.. payera nourritures et boissons pour le repas des deux matcheurs-bouffeurs.

Affaires Extérieures

L'équation européenne et l'inconnue russe

Le problème silésien pose le problème russe. Si les Alliés, fidèles au principe de libre détermination et au texte du traité versaillais, tracent à travers la Silésie supérieure une frontière économique et ethnique, Is créent un second conflit russo-polonais aussi irréductibleque celui qu'ils provoquèrent en taillant le couloir de Dantzig, cette baie sur la mer. Toute transaction est impossible. Certes, les droits des minorités seront sauvegardés par le texte des conventions. Une partie de la dette allemande sera incorporée dans les terres indus trielles acquises par la Pologne. Une portion de la province silésienne restera comprise dans les frontières u Reich. Peu importe. Aucune concession n'apaisera les rancunes prussiennes. Berlin oublierait plus facilement la flèche de Strasbourg et le port de Dantzig, que le Wilhelmstrasse va préparer la guerre russo-polonaise. charbon de Silésie. Avec une haine encore accrue, la

A l'heure même où il paraissait indispensable pour les Alliés de coordonner leur politique russe, le Foreign Office signe, le 16 mars, avec le délégué bolcheviste, un accord commercial, dont M. D. Lloyd George souligne, le 22, l'importance politique.

moment

Trois arguments auraient pu décider le gouvernement britannique à ajourner ce tête-à-tête et à retarder cette signature. Il consolide, par un succès, le bolchevisme, aut où son existence semble menacée. Il passe l'éponge sur des actes dont l'hostilité est nettement caractérisée. Il prend des engagements qui exerceront sur la paix européenne de fâcheuses répercussions.

Des renseignements recueillis par la Société d'Etudes et d'Informations Economiques, il résulte que la famine du combustible a provoqué et que, demain, la famine des aliments provoquera contre la dictature des bolcheviks une irritation croissante, plus dangereuse que l'insurrection de Cronstadt, préparée par des extrémistes expulsés d'Amérique, déclenchée par des matelots menacés dans leurs privilèges alimentaires, appuyée sur des cuirassés sans canons et des forts sans munitions.

Jadis, les usines, confiées exclusivement aux ouvriers, ne marchaient pas faute de techniciens et d'administrateurs bourgeois. Aujourd'hui, ces « employés » (63 0/0 de l'effectif industriel) monopolisent la « Centrale »>

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