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cette petite flèche pointue qui ne se lançait pas d'ailleurs devant lui. Il vient d'écrire des pages très affectueuses sur l'auteur de Penses-tu réussir, dont on annonce une prochaine réimpression.

Papier-Journal

L'Allemagne est, en dépit de ses embarras industriels, un grand producteur de papier-journal, et la France n'est pas le moindre de ses clients. Ses dispositions à l'égard de l'industrie allemande du papier sont si excellentes, que celle-ci n'a même pas besoin de pratiquer le moindre dumping pour s'assurer un gros débouché sur notre marché. Bien au contraire, la différence des prix entre les deux pays est délibérément comblée par l'Allemagne qui se constitue ainsi une prime pour sa propre in dustrie. Et voici comment :

Le papier en Allemagne vaut de deux marks go à trois marks le kilogramme. Son prix de revient y est très sensiblement moins élevé qu'en France. On eût pu s'attendre à ce qu'à Berlin, les exportateurs missent à profit cette circonstance pour s'assurer la maîtrise du marché français? Or, le gouvernement a décidé que les importations de papierjournal allemand en France ne pourraient être autorisées que sous la condition expresse que le prix de chaque kilo. de papier exporté serait majoré d'une somme qui l'élèverait précisément à la valeur du kilo-papier en France à une époque donnée. Suivant les qualités, cette surtaxe ad valorem s'élève moyenne de 2 à 10 0/0.

en

Le syndicat contrôle toutes les exportations, sous la surveillance de l'Office d'Empire pour le papier, et consent à des firmes spécialement autorisées le commerce du papier-journal avec des pays étrangers expressément désignés à chacune d'elles. La différence entre le prix d'exportation et le prix intérieur est ristournée aux caisses de l'Etat qui emploie les sommes ainsi obtenues à servir des primes aux journaux, proportionnelles à leur consommation, et amortir une partie des dépenses que lui vaut le maintien du prix du blé à un taux suffisamment bas pour que le pain demeure bon marché. Et c'est ainsi

Prix

La Vie Intellectuelle, la revue belge qui vient de paraître à nouveau, après une longue interruption, fonde un prix de 5.000 fr. destiné à récompenser un écrivain belge, auteur du meilleur roman-manuscrit présenté au concours.

Le prix Pierre de Coulevain d'une valeur de 1.000 fr. destiné à un prosateur ou un poète, sera décerné cette anné par la revue Idéale Jeunesse.

Egalement cette année, la Société des Gens de Lettres disposera du prix Nelly Lientier. Ce prix qui s'élève à 903 fr. 08, sert tous les cinq ans à assurer l'édition d'une oeuvre de femme, vers ou prose. Au prix actuel de l'impression et du papier, il ne peut être question d'un ouvrage bien considérable.

On avait parlé, il y a quelque temps, d'un nouveau prix de 5.000 francs que créait une nouvelle revue. Mais elle a tout de suite disparu. Le prix aussi, sans doute!

Inédits

Le mois prochain paraîtront les Albums à Pauline, de Marceline Desbordes Valmore signalés à la bibliothèque de Douai par M. Jacques Boulenger dans son livre sur la poétesse.

Au cours de la réunion annuelle de la Société de l'Histoire de la Révolution française, M. Léon Cahen a révélé l'existence à la Bibliothèque Nationale de pages inédites de Condorcet. Ce sont les notes qui lui servirent pour le Tableau des progrès de l'esprit humain. Voilà qui va sans doute tenter quelque éditeur de livres rares.

La semaine prochaine paraîtra Tibériade, roman de M. Gonzague TRUC.

Pour Rémy de Gourmont

M. François Bernouard, le directeur de la Belle Edition et de l'imprimerie

Gourmontienne installée dans la maison même qu'habita si longtemps Rémy de Gourmont, vient de former, un comité chargé de recueillir les fonds destinés à l'apposition d'une plaque commémorative sur l'immeuble du 71 de la rue des Saints-Pères.

qu'une partie notable de la presse fran- ARTS çaise combat la vie chère en Allemagne.

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Le salon des Humoristes

D'où vient que ce salon, où se dépense tant de gaité, d'ingéniosité, de minutie, et qui devrait forcer l'éclat de rare, garde-t-il je ne sais quel air contraint ?

C'est je pense que des éléments d'humour tout à fait périmés l'alourdissent. D'abord il contient des auvres dont beaucoup, pour être charmantes, voire mélancoliques, n'en sont pas moins foncièrement dépourvues d'hu mour. Il est vrai que dans la composition de tout aspect entre un élément drôle; mais précisément le rôle analytique de l'artiste humoriste est d'extraire cet élément, de lui donner la prédominance, de le signaller. Or, voici déjà bien des lunes que nous sommes revenus aux mignardises, aux langueurs des fêtes galantes Verlainiennes ou

Banvillesques. On les a trop vus les Pierrots blancs, les Pierrots noirs, les Arlequins. Leurs grâces viennent de su bir une longue période d'exploitation. Si l'on ne veut point les user tout à fait, si l'on veut réserver à nos fils, quand ils auront vingt ans, le plaisir de découvrir, à leur tour, ces aima bles fantoches, il est temps de les renrer dans leur boite et de les laisser se reposer un peu.

D'autres dessinateurs s'adonnent aussi depuis trop longtemps à l'étude de notre jeunesse dorée. Le malheur est qu'ils en donnent une image trop conforme à l'idée qu'on s'en forge, je le suppose, à Vienne où à Stockholm, d'après les œuvres de M. Maurice Rostand. Enfin les persaneries sont usées jusqu'à la corde, vraiment. Qu'on me pardonne le mot, c'est de la rigolade surtout qu'il faudrait, de haute qualité certes et mêlant joyeusement le sel très fin au très gros sel. Or elle existe, mais ne l'emporte point par le nombre ni la dimension de ses effets.

Dans le dessin rapide et vivement coloré, quoi de mieux que les gaietés d'un Arnac, d'un Hervé Baille, d'un Jean le Seyeux. Croyez-vous qu'elle empêche Motet de nous révéler toutes les mélancolies et les grisailles des «villes principales »? Paul Mélide, Réalier, Dumas, sont-ils moins bons animaliers, le second de haute lignée même ? André Foy n'est-il pas hoffmanesque et dans une certaine mesure Baudelairien tout en nous secouant de rire? La patience paradoxale qui créa les animaux en pomme de pin de Maucoquillages, de Diffloth, noury, en n'est-elle pas du ressort de l'art; peuton a se ficher plus agréablement de la nature qu'en saisissant les points où, bonne fille, elle se caricature elle même ?

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Et Falké, et les enluminures si riches de détails pouffants de René Jouenne, de Jean Jean, ses microcosmes forcenés, et les petits tableaux, genre lithos en couleur 1825, de J.-J. Rousseau! en weux à ce dernier, qui n'a pas besoin de tels artifices, d'avoir utilisé des têtes qui ont servi déjà à Caran d'Ache).

Ils sont 1.260! Il y en aurait le tiers à citer. Notez que je n'ai nommé encore ni Gid ni Warnod, ni Guy Arnoux !... C'est considérable. Il n'est peut être pas un salon si riche, pourquoi donc tant de talents réunis ne font-ils pas une impression plus forte? ROBERT REY.

Sir William Blake Richemond, une des célébrités de la Royal Academy de Londres vient de mourir, âgé de 78

ans.

Sa renommée de portraitiste fut considérable. Il descendait une lignée de peintres et de miniaturistes. Au début de sa carrière, grisé par le charme didactique et puéril, qui se dégageait du mouvement préraphaélite, il partit pour Florence, où tant de miss Bell exquises, sont allées se griser de littérature en écoutant au loin les cloches d'Assise. Mais, tout comme Manet boucla sa période espagnole après

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son voyage d'Espagne, Richemond

laissa le Rossettisme au retour d'Italie. Il ne fii plus guère que des portraits. Il en est, de sa main de célèbres : Gladstone, Darwin, Browning, Bismarck. Enfin il avait entrepris les cartons d'une décoration intérieure en mosaïque de Saint-Paul de Londres. Tâche énorme autant qu'ingrate qui lui valut de violentes attaques. Il avait été le successeur de Ruskin à l'école des Beaux-Arts d'Oxford.

Archéologie

Deux trouvailles, presques simultanées, viennent d'être faites, l'une à Arlon, en Belgique, l'autre à Tronoën, en Bretagne. A Arlon, comme on dé blayait jusqu'aux fondations les gravats d'une vieille maison en ruine, on découvrit dans ses soubassements bien plus anciens qu'elle, de vastes bas-reliefs. L'un d'eux montre un géant suivi d'un chien et portant sur les épaules un taureau. Un autre représente une scène de sacrifice, l'officiant tenant d'une main un bélier, par les cornes, et de l'autre le couteau dont il va l'im moler. Ces sculptures ont trait évidemment aux mythes solaires qui forment l'ensemble du culte de Mithra. De lointaine origine védique, adoptés, puis rapportés en Grèce par les phalanges d'Alexandre, les rites de Mithra se répandirent dans le monde latin grâce aux cohortes de Pompée qui peu de temps avant notre ère les avaient appris des pirates siciliens. Mithra, dont le culte était à la fois mystique et brutal, fut pendant des siècles un dieu très populaire dans les légions et on peut classer les bas-reliefs d'Arlon parmi les vestiges de l'occupation militaire de la Belgique par les Romains.

A Troneën c'est en explorant un tu

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L'exposition Villard L'exposition de Villard, chez Bernheim Jeunes va connaître sans doute un gros succès. Les amateurs moyens -les plus nombreux savent qu'on parle beaucoup de « construction » et qu'il faut a peindre solide ». Par ailleurs dans la plupart des leurs réalisations, les zélateurs de l'évangile Cezannien, sont abstraits et de lecture difficile. L'amateur ne sait jamais devant une de leurs œuvres si le mot profond qu'il va dire est bien celui qu'il faut. Là point de ces surprises; une peinture très classique, seulement d'une fermeté d'écriture qui, dame, vous en impose. Des tons brûlants, vifs, à peine mêlés, enchassés dans des bruns tapissant, dans leurs reliefs, des formes dont les ombres sont d'encre ; des chaudrons dont le cuivre fait baisser les yeux, des artichauts hérissés, des pommes à casser les couteaux de table et des courges qu'il doit falloir attaquer à la hache; ah! pour être de la peinture construite, c'est de la peinture construite et lisible, certes, sans binocle. Après tout, c'est déjà beaucoup, et cela change des rébus, souvent admirables, mais bien difficiles, dont nos jeunes sont si fréquemment coutu

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mulus que M. du Chatellier, le savant ÉCONOMIQUE

Breton, découvrit de charmantes pote-
ries blanches bustes, poupées, ani-
maux; M. Paul Gruyer, dans l'Art
et les Artistes voit en ces figurines d'ar-
gile blanche, pleines de jeunesse et de
douceur et de gaieté, l'oeuvre d'artisans
gaulois, initiés d'ailleurs par les Ro
mains de la conquête, à ce genre de
modelage.

Bénéfice moral

On sait la situation privilégiée faite par le gouvernement anglais à ses archéologues.

Il s'en faut de beaucoup que les nôtres aient la vie si belle. Le général Gouraud, auquel ne manque aucune des qualités qui firent les grands proconsuls, voulut que des savants français vinssent en Syrie et se missent sans tarder à des fouilles. Tant de civilisation, tant de drames etchniques se sont succédé sur le vieux sol syriaque! Or, les deux archéologues qui viennent de s'embarquer ne recevront audun traitement; pas un sou n'est prévu dans aucun budget, à leur intention. A la fin de leur campagne ils devront pour obtenir le remboursement de leurs dépenses, les justifier devant une administration scrupuleuse mais souvent acariâtre, par la présentation de pièces signées, de de pièces qu'il leur faut exiger pour tous leurs

La campagne charbonnière

pour 1921, en France Notre situation, quant aux disponibilités en charbon, est infiniment meilleure que l'an dernier, à pareille épo que. Il ne s'ensuit pas que le problème de la quantité soit résolu pour l'année qui vient. La production totale de charbon en France, pendant l'année 1920, s'est élevée à plus de 25 millions de tonnes, mais nos importations de houille ont atteint presque ce chiffre (24 millions de tonnes). Malgré un effort de reconstitution auquel les pouvoirs publics ont rendu hommage, à plusieurs reprises, nos houillères sinistrées n'ont pu atteindre que 12,9 0/0 de la production de 1913; il est vrai que le pourcentage de 1919 n'était que de 3,1 0/0.

nous

Si l'on compte que nos besoins normaux s'élèvent à 74 millions de tonnes, et si l'on évalue à 29 millions de tonnes la production française de 1921, à 18 millions les quantités que fournira l'Allemagne, qui exécute docilement sur ce point le traité de paix, à 5 millions les quantités que nous sommes susceptibles d'obtenir de la Sarre et de la Belgique, il nous reste à obtenir de nos fournisseurs habituels, Angleterre et Amérique, les quelque 20 millions de tonnes supplémentaires.

Les disponibilités créées par la crise. mondiale actuelle permettraient de couvrir les besoins, mais il conviendrait de se prémunir contre la hausse des prix que produirait une aréfaction des stocks disponibles en faisant appel dans une large mesure au charbon amé ricain, pour échapper au monopole maintenant détruit des charbonniers anglais. Ainsi la prime légère que nous serions obligés de payer sur le charbon américain pourrait être considérée comme une assurance contre l'insuffisance possible de notre approvisionnement.

On trouverait dans une « politique du charbon bien conduite les moyens de familiariser nos importateurs avec le marché américain du charbon peu connu jusqu'ici, et de régler la question des crédits, que les hommes d'affaires américains, désireux de réorganiser le commerce international, paraissent disposés à ouvrir largement.

Les signes de la richesse allemande

Des finances publiques en déconfiture et des entreprises privées prospères, un budget qui fuit de partout et des dividendes qui s'enflent des déficits dans les comptes publics et des augmentations de capitaux dans les entreprises privées, de quoi dérouter le diplomate allié et combler d'aise le commerçant ou l'industriel allemand, voilà ce qu'on trouve en vérifiant les statistiques allemandes et en étudiant l'activité du marché des valeurs, à Berlin.

Le bureau de statistique de l'Empire allemand s'est enfin décidé à publier un tableau du commerce extérieur de l'Allemagne durant les huit premiers mois de 1920, tableau imparfait, car les valeurs ne sont données que pour les exportations on peut calculer que la balance du commerce extérieur allemand s'est soldée, pour les huit premiers mois de 1920, par un excédent d'environ 6 milliards de marks-papier. De l'aveu même du ministère du l'Economie d'empire, le commerce extérieur, très déficitaire en 1919 et durant les trois premiers mois de 1920, s'était soldé en avril et mai 1920 par des excédents de 576 et de 1.110 millions de marks. Le mouvement n'a fait Gue s'accélérer, si l'on en juge par l'ac croissement considérable des importations allemandes en Angleterre et en Belgique pendant le quatrième trimesmestre 1920.

Bref, les importations allemandes en 1920 sont restées bien au-dessous des chiffres atteints en 1913 tandis que les exportations d'objets fabriqués se rapprochent sensiblement des chiffres indiqués pour la période correspondante de

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Berlin a atteint 655 milliards de marks. Ce chiffre dépasse de 292 0/0 celui de 1919 et de 890 0/0 de 1913. Sur les actions des affaires métallurgiques, la marge de hausse dépasse 300 0/0, et ces valeurs sont à la hausse depuis deux ans. Car, (et le fait est caractéristique), le « boom » qu'a connu la bourse de, Berlin, comme les grandes bourses du monde, au printemps dernier, n'a pas été suivi de la réaction brutale qui a singulièrement réduit, chez nous, la marge de hausse sur les valeurs 1914. Son mouvement aussi continu, aussi nourri, a certainement à la base la dépréciation de ia monnaie. Mais comme la variation du change et du pouvoir d'achat intérieur de la monnaie n'a pas suivi un mouvement de baisse de la même ampleur, il faut en conclure que la valeur intrinsèque des affaires industrielles a augmenté et que l'industrie allemande et la banque sont au moins aussi prospères qu'avant la guerre.

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La métallurgie autrichienne

et l'expansion allemande L'histoire éloquente du rachat par Stinnes de 2/5 des actions de l'Alpine Montangesellschaft, société métallurgique autrichienne tombée en déconfiture, illustre la méthode d'expansion de la grande industrie allemande; la Fiat avait acheté 200.000 actions de cette Société pour s'assurer une solide base sidérurgique. L'affaire ne prospéra pas, faute de coke. Stinnes s'est trouvé à point pour racheter à la Fiat ce papier encombrant, à 1.000 marks l'action; il s'engage formellement à ravitailler l'Alpine en coke, ce qui permettra à la Société de mettre en œuvre toutes ses richesses minières, à Stinnes de s'assurer une base importante en minerai de fer et en demi-produits, à l'Allemagne de se rendre de plus en plus indépendante de la France pour son approvisionnement en minerai de fer, tout en attirant l'Autriche dans son orbite.

On est trop disposé à croire que l'Allemagne ne peut se dispenser le nous acheter des quantités considérables de minerai lorrain. En réalité, la Suède est le gros fournisseur de l'Allemagne, et les importations de minerai de fer français n'entrent que pour 20 0/0 dans la statistique des importations allemandes pour les huit premiers mois de 1920.

L'Alemagne va chercher son minerai de fer en Scandinavie, en Espagne, jusqu'au Brésil et en Guyane hollan daise. L'affaire de l'Alpine montre qu'elle ne néglige pas les ressources proches, et prouve une fois de plus que le nationalisme allemand et la grande industrie ont partie liée, quand il s'agit de refaire d'abord le Mitteleuropa économique.

ROBERT FABRE.

Le bilan de la guerre La nouvelle collection d'études économiques et politiques que M. Alfred de Tarde inaugure, annonce un dessein de brièveté et de clarté ; et son premier vo

lume le réalise brillamment. Le bilan de la France, signé modestement d'un anonyme, Trustee, n'est pas moins, en 150 petites pages, qu'un inventaire général des forces matérielles et morales de la France après la guerre, en quelque sorte un examen de conscience économique. Le sujet n'avait pas encore été tenté.

La France est malade de ne pas posséder la vérité. Nous vivons au milieu d'une véritable lâcheté de l'intelligence économique, dont ce serait une victoire de nous libérer, car elle nous pourrait nous mener au pire. Telle est la déclaration liminaire de notre au

teur.

Sous les signes monétaires, universellement dépréciés, il cherche les valeurs réelles, et, comparant chez nous les richesses réelles d'avant-guerre à celles d'après-guerre, il conclut que notre pays, toute compensation faite des bénéfices certains de la victoire, a vu diminuer sa richesse d'un quart au moins

et sans doute d'un tiers. Il suffit de songer à cet anéantissement des valeurs économiques que représentent nos 1 million 500.000 morts (car, selon la formule de Trustee & nous sommes d'abord riches les uns des autres ») pour n'être pas tenté de le taxer d'exagération.

Le pays du moins récupère-t-il en énergie morale ce qu'il a perdu en population active? Trustee ne le croit pas. Malgré quelques qualités nouvelles en affaires, la population est démoralisée ; la spéculation, les fraudes envahissent le marché. Le travail des femmes est une perte réelle pour la productivité du pays, car travailler sans faire d'enfants, c'est produire moins que de faire des enfants même sans travailler. Quant à la loi de huit heures, elle a été, dans les circonstances actuelles « un monument de lâcheté et d'imprévoyance ». L'évidence indique que le déficit de population et de forces ne pourra pas être comblé sans un effort de surproduction.

Mais l'Allemagne, dira-t-on, va nous payer? Notre devoir est clair; il est de faire payer à nos ennemis le maximum de ce qu'ils peuvent pratiquement payer. Mais, ceci dit, n'est-il pas imprudent, voire coupable, de suspendre toute notre vie économique à une condition qui ne se réalisera pas de longtemps,et de laisser croire au pays que l'or et le travail de l'Allemagne vont demain réparer les ruines de notre sol et le délabrement de nos finances? Il n'y a pas d'autre certitude ici, sinon que nous devons nous sauver nous

mêmes.

ANDRÉ TOULEMON.

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CE QU'ON LIT

Esquisses critiques, par Pierre LIEVRE. « Nous remarquons parfois des faits qui, si nous essayons de les mettre en formules, elles ont un air naïf qui nous rebute ». Telle est la première phrase de l'étude consacrée par M. Pierre Lièvre à P.-J. Toulet, et elle montre la souplesse d'un critique si habile à s'inspirer des tours de l'auteur qu'il examine. Robert de Montesquiou, G. Courteline, Henri Lavedan, Paul Bourget, Henri de Régnier, Abel Her

mant, Sacha Guitry, H. Bataille, Mar-. cel Boulenger, Flers et Caillavet, P.-J. Toulet et Eugène Montfort sont successivement caractérisés avec vigueur et analysés avec ingéniosité et goût dans ces Esquisses critiques.

Proses mystiques, par René-Louis DOYON. Trois belles eaux-fortes par Henry de Groux décorent ces trois proses, ces trois contes philosophiques, ces trois rêveries idéologiques, car c'est tout cela ensemble. Avec brièveté et goût, l'auteur y narre des histoires pleines de la préoccupation de l'au-delà.

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Pour la Turquie, par Léon ROUILL'auteur, après MM. P. Loti et Claude Farrère, plaide pour la Turquie. Il a des raisons moins sentimentales. Il déplore le malentendu francoturc et notre politique en faveur de la Grèce de Constantin. C'est la thèse, pour laquelle l'Opinion s'est prononcée depuis longtemps et que Mme Berthe Georges-Gaulis a souvent défendue ici.

Hindenburg, par le général BUAT. L'auteur (comme on le sait, notre chef d'état-major général), s'efforce de porter sur Hindenbourg un jugement définitif et il montre une impartialité méri toire. Il reconnaît que le chef allemand possédait une grande science militaire et des qualités très réelles. Il détermine du mieux possible la part réciproque que Hindenburg et Ludendorff ont eu dans la conduite des événements. Et au total la personnalité de Hindenburg apparaît, même à nous-mêmes, Français, comme honorable.

M. HENRY LEYRET étudie dans un livre De Waldeck-Rousseau à la C. G. T., l'évolution surtout politique et légale du syndicalisme. Il montre comment un progrès insensible a réglé la marche de ce siècle qu'il appelle: le siècle des ouvriers. Il conclut par cette parole toujours actuelle : L'histoire. a nous dit que l'ordre établi est la condition essentielle de toute profonde ré forme sociale. » Et il faut savoir gré, au distingué collaborateur du Temps, d'avoir écrit un ouvrage de saine et sérieuse histoire avec l'alerte plume de journaliste qu'on lui connaît.

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La Revue de France, depuis longtemps attendue, vient de faire sortir son premier numéro. M. Marcel PRÉVOST et M. Joseph BÉDIER en sont les direc teurs littéraires, M. Raymond RECOULY, le directeur politique. On peut supposer que M. Marcel Prévost s'y occupera plutôt de la partie artistique (romans, nouvelles, critiques), et M. Bédier de la partie historique.'

La revue publiera quelques illustrations. Elle annonce que M. Léon BERARD bien que ministre (ou plus probablement lorsqu'il ne le sera plus), MM. Ch. de LASTEYRIE et PierreEtienne FLANDIN y donneront des chroniques politiques. M. Albert BESNARD s'y occupera de la peinture, M. BOURDELLE de la sculpture, M. H. RABAUD de la musique, M. D. RousTAN de la philosophie, M. Ch. V. LANGLOIS de l'histoire, M. GLEY des sciences, le Dr Maurice de FLEURY de la médecine, M. WERY, de l'agricul> ture. Parmi les autres collaborateurs, citons M. Gérard BAUER, Mme Hen

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riette CHARASSON, MM. Fernand DrVOIRE, RODOCANACHI, André SALMON, Valéry LARBAUD. Dans le premier fascicule on lira notamment le début d'un roman de M. Pierre BENOIT : Le lac salé, la Quatrième lettre à Théophile de M. Marcel PRÉVOST, des Poèmes inédits de Marceline DESBORDES-VALMORE (provenant de la bibliothèque de Douai), et une belle étude de M. Joseph BÉDIER, sur l'Esprit de nos romans de chevalerie.

Les Marges publient une charmante saynète de M. Pierre LIÈVRE : Quelle horreur !

Le numéro du 15 mars de la Revue universelle, offre les souvenirs de M. Léon DAUDET sur Edmond de Goncourt et, du comte WITTE, des mémoires inédits sur les Tentatives d'alliance franca-germano-russes qui sont un document historique de première impor

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pour cause de maladie.
Russie :
Après de furieux combats, Cronstadt,
attaqué par les troupes bolchevistes,
succombe.

LE 18 MARS. A la Chambre, sui-
te du débat sur les scandales du ravi-
taillement, interrompu depuis huit
jours. La Chambre preserit une en-
quête sur l'affaire des blés. - Arrivée
à Paris du roi de Suède Gustave V.
En Haute-Silésie, derniers préparatifs
pour le plébiscite. Les Allemands émi-
grés franchissent la frontière au nom-
bre d'environ 190.000. Des troupes
anglaises viennent se joindre aux trou-
pes françaises, en vue de désordres
A
possibles, mais peu probables.
Riga, signature du traité de paix entre
la Pologne et la Russie. A Moscou,
signature par des délégués d'un traité
commercial germano-bolcheviste.

LE 19 MARS. - Un communiqué of-
ficiel français annonce que, contraire-
ment aux affirmations allemandes, il
n'y a pas eu progression des troupes
alliées dans la Ruhr. Il y a eu simple-
ment des déplacements d'avant-postes,
jugés nécessaires après une inspection
du général Weygand. - Rome: A la
Chambre, importantes déclarations du
comte Sforza, dans lesquelles il affirme
le parfait accord entre Alliés au sujet
des sanctions. Manifestations fran-
cophiles à New-York.
LE 20 MARS. Plébiscite en Haute-
Silésie. La majorité des voix, dans
l'ensemble, va à l'Allemagne. (Pour
l'Allemagne, 705.000
l'Allemagne, 705.000 environ; pour
la Pologne, 475.000 voix environ).
Mais alors que les districts du Nord
et de l'Ouest se rallient à l'Allemagne,
ceux de l'Est et du Sud votent pour
la Pologne. Ces derniers sont au nom-
bre de neuf, (sur un total de seize dis-
tricts) et englobent l'ensemble du ter-
ritoire minier et industriel. Le traité
de Versailles a prévu que chaque dis-
trict doit être attribué à la nation pour

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LE 22 MARS. Londres: Discours, aux Communes, de M. Lloyd George, sur le traité anglo-bolcheviste : C'est, dit-il, un accord purement commercial, auquel il s'est décidé lorsqu'il a va a la faillite de toutes les prédictions relatives à la chute prochaine des Soviets ». La Conférence des ambassadeurs, réunie à Paris, discute la question de la ligne douanière du Rhin. Le général Gouraud quitte Paris, se rendant à Constantinople. New-York M. Hughes donne sa dé mission de secrétaire d'Etat des EtatsUnis. En Irlande, sinn-feiners et soldats anglais se livrent encore des combats meurtriers (10 tués et 20 blessés).

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LE 23 MARS. Au Sénat, discussion générale du budget. On parle des moyens de faire payer l'Allemagne. Pendant ce temps, l'Allemagne envoie à la Commission des réparations sa réponse au sujet du payement de 1 milliard de marks or qu'elle devait effectuer le 23 mars : c'est un refus de s'exécuter. A Paris, première journée du concours hippique. Troubles communistes dans différentes villes d'Allemagne (nombreux morts.) Il semble bien qu'ils sont la conséquence des excitations d'agents provocateurs du gouvernement.

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Questions Financières

La Bourse

La Bourse a été sous l'influence des questions de politique extérieure et, par suite, a présenté de moins bonnes dispositions. Les transactions, d'autre part, ont été plus réduites, l'approche des fêtes de Pâques incitant la spéculation à ne pas augmenter ses engagements.

Cependant le recul des cours est peu important et il semble qu'à la première éclaircie un mouvement de reprise assez accentué se produira. Du reste, l'échéance de fin mars s'annonce comme devant s'effectuer dans de bonnes conditions et les difficultés que certains prévoyaient ne se produiront pas. En outre, la situation de place est maintenant très saine et il n'y a plus à redouter de liquidations forcées.

Le marché des changes demeure très irrégulier et accuse des variations dans les deux sens sans aucune signification. On a remarqué la grande fermeté du dollar qui serait motivée par des achats du gouvernement qui prendrait, dès maintenant, ses mesures pour assurer ses prochains règlements aux Etats-Unis.

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Les rentes française sont sans intérêt et seul le 3 0/0 donne lieu à des transactions suivies.

Les actions de nos grandes banques sont toujours en faveur. Les résultats de l'exercice 1920 sont très favorables, ce qui a pour conséquence l'augmentation des dividendes. On annonce que la Banque de Paris répartira 65 francs contre 50 francs et pour la Banque Nationale de Crédit les chiffres les plus optimistes sont mis en

avant.

Aux valeurs diverses, les valeurs de Transport en commun et les valeurs d'Electricité retiennent toujours l'attention. Les valeurs de navigation sont très irrégulières, mais on note une reprise des Affréteurs Réunis. La Penarroya, la Raffinerie Say et les valeurs de produits chimiques sont bien tenues, tandis que le Rio Tinto demeure très discuté.

Au marché en banque, le Mexican Eagle est très attaqué et revient aux environs de 300 francs; on parle de la venue d'eau salée dans les puits de la Compagnie, mais il semble qu'on vise plutôt une grosse position

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Secteur de la Rive Gauche

Le règlement transactionnel, passé entre la Société et ses créanciers, prévoit l'échange titre pour titre des obligations. 1899 contre des obligations 5 0/0 1914, jouissance 1er avril

Compagnie franco-espagnole

du Chemin de fer de Tanger à Fez

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et

Cette Société Anonyme Marocaine, au capital de 15.000.000 de francs, procède au placement de 120.000 obligations françaises de 500 fr. 6 o/o au prix de 475 fr., remboursables au pair en 45 ans, de 1930 à 1974. Le montant des coupons et le remboursement des titres seront nets d'impôts présents futurs tant en France qu'au Maroc. La Compagnie aura la faculté d'accélérer l'amortissement à partir du jour où la ligne entière aura été ouverte à l'exploitation. L'intérêt est garanti par le gouvernement français. L'amortissement est garanti par le gouvernement chérifien entre l'année 1930 et l'ouverture de la ligne entière, et par le gouvernmnt français à partir de

cette ouverture.

Les demandes seront reçues aux guichets de chacun des établissements suivants :

Banque de Paris et des Pays-Bas, Crédit Lyonnais, Comptoir National d'Escompte de Paris, Société Générale pour favoriser le développement du commerce et de l'industrie en France, Société Marseillaise de Crédit Industriel et Commercial et de Dépôts, Banque de l'Union Parisienne, Banque Française pour le Commerce et l'Industrie, Crédit Algérien, Société Générale de Crédit Industriel et Commercial.

(La Notice exigée par la loi a été publiée au Bulletin des Annonces Légales Obligatoires, à la charge des sociétés financières, en date du 14 mars 1921, n° 11. Les formalités néces sitées par l'application de la loi du 21 mai 1916 ont été remplies).

Société Générale

Assemblée ordinaire du 22 mars

Les actionnaires ont approuvé les comptes de l'exercice 1920, qui se soldent par un produit net de 26.553.798 fr., qui a reçu les affectations suivantes : Réserve, 1.327.689 francs; intérêt de 5 0/0 ou 12 fr. 50 par action, 12.500.000 francs; sur le surplus, 10 o/o au conseil : 1.272.60 francs laissant un solde disponible, y compris 2.990.907 francs du report antérieur, de 14.444.405 francs, qui a été réparti comme suit dividende supplémentaire de 10 francs par action, 10.000.000; report à nouveau, 4.444.405 francs.

Le dividende est ainsi fixé à 22 fr. 50 brut, soit 20 fr. 25 nets d'impôts, sur lequel il a été payé, à titre d'acompte, 6 fr. 25 le 2 janvier 1921. Le solde, de 14 francs nets par action, sera mis en paiement le 1er juillet prochain.

Ils ont ratifié la nomination comme administrateur de M. Ludovic de Villèle pour trois ans, en remplacement du baron Hély d'Oissel, décédé ; réélu administrateurs pour cinq ans MM. Bouillat et Nicou et censeur pour trois ans M. de Witt. Enfin, ils ont nommé commissaires, pour l'examen des comptes de 1921, MM. de Witt, Desroys de Roure et Cornudet.

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