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Et puis il y a eu, vous vous en doutez bien, les familles où, pour être libre, on annonçait aux parents du mari que l'on passerait le jour de l'An chez les parents de la femme, tandis que l'on avertissait ces derniers que l'on passerait le même jour chez les parents du

Mais Dieu bénisse les enfants !

Celui-ci rêvait d'un plumier fermant à clef. Un plumier de quelle dimension, de quelle valeur? N'importe!... Ses parents, pauvres, lui donnèrent un pauvre plumier de bois blanc. Et l'enfant pensa s'évanouir de bonheur son plumier fermait à clef !

Avons-nous assez songé, en revanche, à ce gosse paradoxal qui est le fils du tenancier de quelque petite baraque du jour de l'An, à ce gosse qui est triste, lui, triste comme son papa quand il le voit, le soir, rapporter trop de jouets à la maison ?

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Les employés, eux, ont touché, suivant la vieille ha bitude, le « mois double », le bienheureux « mois double »...

Oui, malgré la crise que subissent les affaires, les patrons n'ont pu faire autrement que d'octroyer cette gratification. N'avaient-ils pas, cependant, une consolation? Autrefois, nombre d'employés se disaient « J'attends le 1er janvier, mon mois double, puis je quitterai la maison où je travaille !... » Et le patron s'attendait à toutes les défections, sinon à tous les reniements. Aujourd'hui, en présence du chômage, combien d'employés ont-ils osé faire le même calcul?

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Reverrons-nous les beaux jours où l'on pouvait se garer de la pluie en entrant dans la première maison venue sous le prétexte d'y visiter en détail les appar tements à louer ?

Combien d'annexes et suppléments à notre Annuaire des téléphones 1921 nous donnera-t-il ?

Combien de nouveaux restaurants italiens seront ouverts à Paris ?

Nos ministres continueront à inaugurer les monuments aux morts, dans leurs départements. Mais aurons nous assez de sous-secrétaires d'Etat pour l'inauguration des monuments des soldats qui se sont fait tuer avant que d'élire un député devenu ministre ?

Enfin, hélas, enfin, combien de fois lirons-nous dans notre journal: « Il n'y a plus une faute à commettre » ?

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Accidents

Voici, probablement, les plus belles de nos étrennes ; Avez-vous remarqué qu'en 1920 tous les accidents de chemin de fer, tous, ceux dont les journaux parlaient comme ceux dont ils ne parlaient pas, étaient causés par un train de marchandises prenant en écharpe un train de voyageurs ?

Eh bien, c'est fini. Le sort est conjuré. La nouvelle nous en est arrivée le 1er janvier exactement Oui, exactement à cette date, près de Narbonne, sur la ligne de Cette, un train de marchandises a tamponné un autre train de marchandises.

Sans doute, certain employé de chemin de fer belge, me confiait récemment qu'il préférait aux déraillements de trains de marchandises les déraillements des trains de voyageurs, la voie étant, avec ces derniers, plus facilement déblayée.... Mais il faut se placer au point de vue général quand on parle de voies ferrées d'intérêt général.

Le problème du jour.

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Enfin nous savons qu'il existe à Paris 294-434 i étrangers appartenant à 75 nationalités, sans compter on la nationalité des 25 gaillards qui trouvent le moyen d'être malgré ce choix « sans nationalité ».

Il y a 12 Lettons que la statistique appelle Lettoniens, 6 Lichtensteinois, 2 Annamites, 2 Arabes, 28 SanMarinois, 16 Esthoniens, 21 Andorrans, 64 Monégasques, 48 Salvadoriens. Quant aux 33 Azerbeidjanais et 33 Georgiens, ils ne peuvent être, j'imagine, que la délégation venue pour parler avec nos gouvernants. Ils ont été pris dans la rafle.

Abandonnons les « 4 protégés français sans nationalité » que nous serions tout de même bien heureux de connaître, et contentons-nous de béer d'admiration devant l'homme, unique représentant d'une nationalité à Paris, l'homme que Montesquieu aurait voulu faire parler, l'homme dont aucun journal n'a songé à donner une interview ou le portrait, l'homme qui est un Dantzicois !

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Hélas! avouerai-je que cette statistique si complète ne me satisfait point? J'aurais voulu y voir figurer des Hawaïens. Vous me direz qu'ils sont Américains depuis 1898. Alors, pourquoi dans les dancings où ils jouent du jazz-band, se disent-ils Hawaïens? Qu'est-ce qui me prouvera qu'ils ne sont pas nés rue Lepic?

Quoi qu'il en soit, calculons: Paris possède 294-434 étrangers et 689 dancings (dont 242 sont éclos l'an passé). Cela fait plus de 4.000 étrangers par établissement. Supposez que les étrangers sérieux, les délégués de l'Azerbeidjan et de la Georgie notamment, sont remplacés par quelques snobs ou provinciaux désireux d'être bien Parisiens, et vous cesserez, je l'espère, de croire que la France d'après-guerre est folle des danses exotiques.

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On ordonna aux congressistes de ne point bouger de leurs places. On ouvrit une porte. Une femme entra. Elle parla. Puis, on rouvrit une porte. La femme scrtit. La porte fut refermée et l'on commanda aux congresistes de ne point quitter leur siège pendant un quart l'heure.

Sur quoi, l'on cria à tous les échos, l'on imprima parout que cette femme qui avait parlé était Clara Zetkin. Et si ce n'était pas elle?

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Le jour même où, à Tours, reconstructeurs et résisants criaient aux communistes « Si Jaurès vivait enhore, vous l'expulseriez du Parti !», un incendie, à Paris, onsuma les archives du journal l'Humanité. Je dis en: les archives.

Et, pendant huit jours, on put voir, dans la rue du roissant, au milieu du tas de cendres attendant les nstatations de la bourgeoise compagnie d'assurance, s portraits à demi calcinés de Jaurès, un poème de 4ictor Basch récité à la mémoire de Jaurès, partout le ptom de Jaurès.

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Turf et nougat...

Dans sa petite baraque des boulevards, ce marchand de nougat et de sucreries, pansu, crêpu et lippu, s'agite et prodigue aux badauds rassemblés les encouragements et les plaisanteries.

Mais un camelot, tout à coup, annonce Paris-Sport, et le marchand se hâte de l'acheter.

Permettez une minute, messieurs et dames. Ça, vous comprenez, c'est sacré. Faut voir si Bibi a gagné. Vérification faite dans un religieux silence, Bibi n'a pas gagné et le gros petit homme a une minute de tristesse. Mais, très vite, il se reprend :

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Infirmières de grand magasin.

Un grand magasin de Paris, entre la maroquinerie, la parfumerie et les sports, a installé un rayon d'objets relatifs à l'hygiène. Il ne l'a point fait sans mise en scène spéciale. En y passant, on a presque le petit fris son de l'hôpital.

Cela convie-t-il à l'achat autant que l'a certainement cru l'organisateur? Je ne sais, mais ce que je sais bien c'est qu'il y aurait peut-être eu plus de tact à ne pas habiller les vendeuses en infirmières, avec blouses et voiles. Sans doute, la croix rouge, réservée aux sociétés officielles, n'y est pas; mais le liseré rouge du corsage ne serait-il point là pour en donner quelque illusion?

Il faut respecter certains souvenirs de souffrance lorieuse, en ne les évoquant pas ainsi!

Stock de panthères.

C'est la vague de baisse! Les quatrièmes pages des journaux, les affiches sur les palissades le proclament. L'acheteur semble demeurer sceptique. Il attend que la vague s'affirme, que les prix diminuent encore, que l'amoncellement des stocks s'écroule sur le marché.

Cependant ne sera-t-il pas sensible à cette annonce, publiée et affichée, des Soldes et Occasions de cette semaine, dans un magasin montmartrois célèbre par son crédit, et dont le fondateur fut de son vivant plus d'une fois chansonné? Après l'énumération accoutumée des vêtements, du linge, des articles de ménage, on lit:

« Jolies panthères, naturalisées, sacrifiées au prix de 495 francs. »>

Quel singulier stock a été constitué là! A moins que ces panthères ne proviennent de l'hôtel, de haut luxe, qui est toujours à vendre, aux Champs-Elysées...

Le retour de la poupée,

Dans la rue Montmartre, une pâtisserie prévient sa clientèle qu'elle possède la plus jolie collection de baigneurs de porcelaine pour en truffer la galette des Rois.

Cette coutume de remplacer la fève par la poupée est assez récente, puisqu'elle ne date que de l'an 1884. Alors, on la chansonna en la prétendant l'oeuvre sournoise des dentistes, vu le nombre probable mais innombrable des dents, vraies ou fausses, qui s'y casseraient. Mais ce devait plutôt être une bonne opération commerciale allemande, puisque la plupart de ces bébés venaient. de Saxe par milliers.

En reviendront-ils ?

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Vous avez tous connu le monsieur qui paraissait, que l'on proclamait très fort, qui laissait dire qu'il était très fort, qui prouvait à l'occasion qu'il était très fort.

Vous avez tous connu aussi le monsieur qui vous déclarait à tout instant : « Oh! moi, vous savez, je n'y connais

rien !... Ce n'est ni mon métier ni mon affaire... Je juge avec le gros bon sens du populaire... Donnez-moi plutôt votre avis... Je ne sais pas, moi!... Que vous dirai-je? »> Puis, un jour, vous avez appris que ce monsieuroh! apparemment sans le vouloir a roulé le monsieur très fort. Et vous avez fini par vous demander si, par hasard, Constantin n'était pas un plus fort diplomate

que Venizelos...

Les gros salaires.

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Il faut bien reconnaître que l'augmentation continue des salaires est une des causes de la vie chère, et pour

tant aucune corporation consciente et organisée n'a le courage de demander la diminution des dits salaires. Aussi est-il bon d'enregistrer une leçon qui nous vient d'Amérique. Oh! Ce n'est pas de l'Union Travailliste! Non c'est de M. Wilson lui-même.

Donc, ces jours-ci, un journal fit offrir à M. Wilson 30.000 dollars pour un article sur un sujet à son choix! Trente mille dollars, c'est une somme pour quelqu'un qui va quitter la Maison-Blanche.

Mais M. Wilson a décliné l'offre en donnant comme raison qu'à son avis « aucun article de journal ne valait 30.000 dollars ! >>

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Cela nous paraît très simple! Bien des gens diront: Il a bien raison! Oui, mais interrogeons notre for intérieur. Parmi ceux qui écrivent, en est-il beaucoup qui soient capables de répondre que leurs articles ne valent pas ce qu'on leur en offre ?

Et puis, allez donc proposer 500 francs par jour à un balayeur, et vous verrez s'il refusera !

Le mystère de Jutland.

Au public anglais qui, depuis deux ans, demandait la lumière sur la bataille navale de Jutland, le gouver nement vient de servir des documents si nombreux, si touffus, si techniques, que le public n'y voit que du fet Le mystère reste mystérieux.

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Il est permis de se demander si cette confusion n'est pas voulue le gouvernement anglais vient, en effet, d'interdire la publication du livre du capitaine Harker qu'il avait chargé d'écrire une histoire de l'affaire de Jutland à la portée des lecteurs les plus « terriens ».

Du fatras de documents publiés, il ressort que le mystère dont on enveloppe la bataille est moins fai pour masquer les fautes de telle ou telle personnalit que pour cacher l'erreur d'une théorie. Mais on ne di pas laquelle, de deux théories en présence, est celle qu'i faut condamner.

L'une de ces thèses est qu'il suffit de maintenir libre les passages et communications utiles au transport les ruses, les défilades, le bluff, les subtilités peuvent Thèse dangereuse qui apprend aux jeunes officiers que remplacer l'esprit ancien d'offensive.

La vieille thèse, qui a encore ses partisans la thès 'de Nelson ne voyait dans la bataille navale qu'un objectif : la destruction de la flotte ennemie.

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Pourquoi l'Amirauté anglaise ne prend-elle pas parti ?

D'ailleurs, en cherchant dans le passé, on verrait que les Romains après la bataille d'Actium, les Grecs pen dant les guerres du Péloponèse, se disputaient déjà à propos de ces deux tactiques.

Affaires Intérieures

Un projet de régionalisme

Je ne suis pas très sûr que le projet de loi soumis par M. Charles Reibel à l'examen de ses collègues satisfasse tous les régionalistes français. D'abord parce ciles à satisfaire qu'ils ont plus longtemps attendu la que les régionalistes français sont d'autant plus diffi réalisation de leurs rêves. Ensuite parce que les régio nalistes français ne sont d'accord entre eux que sur des principes. Lorsqu'il s'agit de sortir des principes pour entrer dans le domaine du concret ils commencent à se blée de régionalistes le « département »>, j'ai été mis diviser. Pour avoir un jour défendu dans une assemà l'index. Certes, Charles Brun n'hésite pas à me ser rer la main quand j'ai le plaisir de le rencontrer, mais d'autres, que je ne nommerai pas, préfèrent changer de trottoir dès qu'ils m'aperçoivent. Il y a peu d'apôtres aussi convaincus et aussi « sur l'oeil » que les apôtres

โล

Sur

So

de

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du régionalisme. Il y en a ! Il y a les âpôtres de l'es- | peranto, lesquels ne pardonnent jamais la moindre plaisanterie et vous envoient par pli recommandé des menaces affreuses si vous osez imprimer cinq lignes qui leur déplaisent.

Non, le projet de loi étudié par M. Charles Reibel ne satisfera pas tous les régionalistes français, puisqu'il ménage les départements. Mais qu'il excite l'inquiétude des centralisateurs, on n'en saurait douter puisqu'il établit les régions. Et voilà peut-être son mérite: à deux écoles rivales, il offre un terrain de transaction. Les mérites de ce genre ne se discutent pas tout de suite, mais finissent par être reconnus.

Je n'ai pas l'intention d'examiner aujourd'hui dans ses détails d'application le projet de M. Charles Reibel. Je répète qu'il maintient les départements avec leur organisation centrale et qu'il supprime les arrondissements avec leurs conseils et leurs sous-préfets. Les départements maintenus sont groupés et forment vingt à vingt-cinq régions. Les régions ainsi formées sont dotées d'un préfet régional qui aura autorité sur les préfets départementaux, et d'un conseil régional qui sera composé: 1° de membres désignés par les conseils généraux à raison de un par cinq membres; 2° de quatre membres représentant les intérêts professionnels; 3° de quatre membres pris en dehors de la région et choisis par le conseil régional sur une liste de huit membres présentés par le préfet régional. Le préfet régional recevra délégation du pouvoir central pour un certain nombre d'attributions. Il en sera de même pour les divers chefs de service placés à côté de lui. Le conseil régional tiendra une partie de ses attributions de celles des conseils généraux, une autre partie de celles des administrations centrales. Les ressources financières de la région auront mêmes origines: ressources prélevées sur les impôts revenant au département, ressources prélevées sur les impôts dévolus à l'Etat.

On connaît par ce schéma la préoccupation de l'auteur. Elle est à la fois centralisatrice et décentralisatrice. Son projet crée entre l'Etat et le département un organisme intermédiaire qui décongestionnera le pouvoir central, mais qui, en même temps, condensera au siège de la région certains services administratifs départementaux. Si l'on pense que le pouvoir central est souvent trop loin et presque toujours trop encombré pour décider vite et bien, on peut penser aussi, sans contradiction, que le département est parfois trop petit, trop fonctionnaire, trop démuni de ressources pour des œuvres d'ensemble, et reconnaître comme légitime la double tendance du projet. Qu'il s'agisse d'enseignement technique, d'offices de tourisme, de système routier, de monuments historiques, de crédit agricole, industriel ou commercial, d'institutions d'hygiène ou de prévoyance sociale, la décentralisation est désirable. Mais pour toutes ces questions et pour d'autres encore, le cadre régional ne doit-il pas être préféré au cadre départemental ?

.

Les centralisateurs » ne manqueront pas d'accuser M. Charles Reibel de morceler la puissance politique et de dissocier l'unité française en créant une vingtaine de Parlements qui auront leurs sessions, leur budget, leur part de souveraineté, C'est une vieille querelle que M. Reibel va réveiller. Le fait est qu'en France toute initiative réveille de vieilles querelles parce que les Français ont depuis des siècles disputé sur tout. Cependant, si l'on voit bien pour quels motifs la Constituante sacrifiait à l'unité nationale les anciennes libertés provinciales et corporatives, on voit bien aussi pour quels motifs il est devenu nécessaire de ranimer celles-ci comme celles-là. Ce que l'on voit beaucoup moins bien, c'est comment l'unité nationale risquerait en 1921 d'être compromise par une large mais prudente décen

tralisation. On a peine à imaginer le conseil régional
de Limoges ou de Bordeaux se dressant contre le pou-
voir central et proclamant l'autonomie politique du Li-
mousin et de la Guyenne. Mais on imagine aisément les
heureux effets qui résulteraient d'une vie provinciale
plus intense. Ces petits Parlements seraient des foyers
d'activité intellectuelle. Dans les régions se poursui-
vraient des expériences, se prépareraient des compéten-
ces. Elles donneraient à la France des idées et des
hommes. La République «<
« une et indivisible» en a

besoin.

L'ambassade au Vatican

La question reste pendante de l'ambassade au Vatican et voilà un assez bel exemple de la difficulté d'aboutir qui nous afflige. Car enfin l'ambassade au Vatican. est utile ou elle ne l'est pas. « Elle l'est! » affirme le gouvernement. « Elle ne l'est pas!» riposte l'opposition radicale-socialiste. Gouvernement et opposition devraient au moins s'accorder sur la nécessité de trancher le litige. Il semble, au contraire, qu'ils ne cherchent l'un et l'autre qu'à gagner du temps, convaincus, sans doute, l'un comme l'autre, que gagner du temps c'est gagner la partie. Différer: telle est la devise. Telle est aussi, je crois, la raison de quelques-uns de nos maux passés ou présents. Au lendemain du désastre, Jules Favre se montrait plus expéditif que M. Georges Leygues au lendemain de la victoire. Il nommait l'ambassadeur de France auprès du Saint-Siège par simple

décret.

En attendant que le Sénat renouvelé consente à discuter le projet de loi jadis déposé par M. Millerand et adopté par la Chambre, sur avis conforme de deux commissions, après six mois d'ajournement et trente-six heures d'éloquence, des penseurs libres ne craignent pas d'aborder le sujet. Je voudrais signaler entre autres l'article de M. Henri Hertz, dans le Monde Nouveau (numéro de décembre 1920), puisque cet article ajoute des renseignements intéressants à ceux qu'avait donnés M. Fournol dans l'Europe Nouvelle, touchant les buts de guerre et les buts de paix de l'Eglise romaine.

M. Henri Hertz conclut « qu'il ne s'agit pas pour la France de politique religieuse nationale à sauvegarder ou à prohiber, mais de savoir si la France veut ou ne veut pas pratiquer une politique internationale ». « Préparons-nous, dit-il, à assister, dans les années qui viennent, au spectacle passionnant de la « Nouvelle Internationale» de l'Eglise en émulation implacable avec les autres Internationales et équipée pour leur disputer la souveraineté. Réglons là-dessus notre politique. » Et M. Hertz regrette qu'en face de si grands desseins, gouvernement et Parlement aient vu si petit. « Ceux qui ont bataillé pour ou contre l'ambassade ont donné la fâcheuse impression de n'avoir pas su s'élever au-dessus des remords causés par le Concordat... Benoît XV doit sourire de voir les politiciens français s'attarder à des perspectives qui ne sont plus les siennes. >>

M. Henri Hertz est sévère! Me permettra-t-il de lui signaler qu'en faveur de l'ambassade, j'ai précisément allégué les raisons internationales sur lesquelles il insiste fort judicieusement et qui sont, à mon avis, les raisons essentielles. M. Paul-Boncour ne les a pas davantage négligées, mais il les à retournées contre l'ambassade. a En alléguant ces raisons, j'ai cité M. de Monzie et M. Fournol. J'aurais cité M. Hertz, si son étude avait de ses devanciers! paru plus tôt. Il ne faut jamais mépriser les travaux

n'a pas lu le Journal officiel. Par son article, je devine La sévérité de M. Henri Hertz m'incline à penser qu'il qu'il avait mieux à faire.

MAURICE COLRAT.

Affaires Extérieures

La négociation financière

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et le désarmement allemand Le cabinet français n'a pas de politique orientale. M. D. Lloyd George l'affirme, et étant donné les confidences qu'il reçut de M. Georges Leygues, son témoignage est indiscutable. Le Quai-d'Orsay n'a pas de politique belge. M. Millerand était parvenu à vaincre son inertie obstinée, à signer la convention militaire et à rétablir l'intimité nécessaire. Depuis qu'il a changé de rive, l'œuvre vitale est interrompue. Prenant pour prétexte les lenteurs avec lesquelles traînent les négociations économiques - alors qu'il eût été si facile de réaliser le troc du fer lorrain contre la houille wallonne le cabinet de Bruxelles va imiter le geste du Foreign Office, renoncer à ses droits de saisie éventuelle sur les propriétés allemandes. Et cependant, au milieu des négociations financières, une rupture du bloc occidental, l'abandon d'une garantie juridique, la revendication individuelle à une valeur d'échange collectif présentent une gravité sur laquelle il serait cruel d'insister. Nous n'avons point de politique espagnole. Chaque service traite isolément les divers problèmes, qui devraient être incorporés dans une seule négociation. Et rien ne prouve que le Quai-d'Orsay ait encore accepté, pour résoudre la question de Tanger, là solution du général Lyautey, la seule qui puisse donner à la France, à la fois, des avantages pécuniaires, un port marocain et l'alliance espagnole. Le Quai-d'Orsay n'a pas davantage, vis-à-vis de la Société des Nations, de politique arrêtée. Il n'a su utiliser, pour grandir le prestige moral de la République et orienter le Parlement de Genève vers des réalités, ni l'expérience de M. Hanotaux, ni l'autorité de M. L. Bourgeois, ni l'éloquence de M. Viviani. Et comme nous n'avons pas non plus - et je vais le montrer de politique allemande, je suis bien obligé de conclure à la carence intégrale

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du ministère des affaires étrangères.

L'absence de tout programme et le manque de méthode conduisent, sur le terrain diplomatique comme sur d'autres, droit à la banqueroute. Il serait temps de s'en souvenir. Il n'y a plus une heure à perdre.

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Le Quai-d'Orsay n'a pas de politique allemande. Je veux dire que chacun des organismes français et interalliés, commmission de contrôle et commission des ambassadeurs, ambassade de Berlin et légation de Munich, commandement des troupes et commissariat des terres rhénanes, commission des réparations et ministère des finances, fonctionne avec une liaison insuffisante et sans directives identiques. Les événements ne donnent pas l'impression que l'action de ces organes soit coordonnée suivant une méthode logique et orientée vers des fins précises.

Voici, par exemple, que la question du désarmement de l'Allemagne est posée de nouveau, par le Quai-d'Orsay, dans toute sa gravité, au lendemain du jour où le ministre des affaires étrangères a flétri le pessimisme de son collègue démissionnaire et à la veille du jour où doivent reprendre les sondages de Bruxelles. Cette coïncidence est singulièrement inopportune.

Admettons que le gouvernement du Reich ne soit pas, dès maintenant, résolu à riposter à l'intransigeance des alliés sur la question militaire, par la même intransigeance sur le terrain financier. Il paraît, en effet, démontré que les ministres allemands n'ont pas tenu le même langage à l'ambassadeur français qu'au chargé

d'affaires britannique. Auprès de l'un, ils ont protesté avec véhémence et indiqué la possibilité d'un chantage. Auprès de l'autre, ils ont exprimé leur douleur et protesté de la loyauté de leurs sentiments. Et cette différence d'attitude ne constitue pas un succès pour la po litique, ni une confirmation du prestige de la Républi que. Il est en tout cas certain qu'un conflit violent avec la France à propos du désarmement et une campagne véhémente des dogues de la presse pangermaniste faciliteront les efforts de H. Stinnes et consorts, de tous ceux qui veulent ajourner la conversation et éviter toute transaction financière, creuser davantage le déficit d'un budget truqué et escompter encore l'écroulement de la République polonaise.

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et

Les sondages de Bruxelles et les sommations de désarmer exigent des tons différents. Les experts financiers cherchent, avec bonne foi, une solution pratique qui, tout en sauvegardant, au moins partiellement, la créance alliée, ne se heurterait point à l'intransigeance absolue des négociateurs allemands. Les experts militaires, forts d'une longue expérience, savent que, seule, la force peut triompher de la résistance germanique au désarmement. Les uns voudraient découvrir une transaction et obtenir une collaboration. Les autres doivent imposer leur solution arracher un consentement. Ceux-ci achèvent la victoire. Ceux-là préparent la paix. Les deux tâches, également nécessaires, sont profondé ment différentes. Elles ne sauraient être entreprises simultanément. La même atmosphère ne leur convient pas. La première ne peut être abordée que lorsque la seconde sera achevée. On ne négocie pas pendant la nissaient autour d'une table, armés jusqu'aux dents. bataille. Le temps n'est plus où les diplomates se réusi une extension du territoire occupé ou même le renEt, d'ailleurs, comment aborder le problème financier forcement des troupes d'occupation vient accroître les charges portées au compte du Reich, au point d'absorber toutes ses disponibilités éventuelles ?

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Cette contradiction entre ces deux négociations peut en être sûr n'échappera pas au gouvernement

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anglais. Certes, il n'éprouve aucun attrait pour les solutions logiques. Mais il se débat au milieu de difficultés graves. Le chômage ouvrier grandit au point de prendre les proportions d'une catastrophe nationale. Un de mes camarades de l'armée britannique me disait l'autre jour : « Nous aurons bientôt 500.000 chômeurs à Londres. Les deux tiers sont des soldats démobilisés, Ils ont des grenades et savent s'en servir. Des désordres sont certains. Ils seront graves ». Pour les éviter, il faut rogner les dépenses et rétablir les transactions. Tandis que le cabinet français dépense en Cilicie - sur une terre qu'il devra évacuer les derniers millions d'une caisse obérée, le cabinet anglais fait évacuer la Perse et prépare l'évacuation partielle de la Mésopotamie. Les négociations anglo-américaines sur la limitation des armements navals seront bientôt abordées. Le départ de Krassine n'interrompt pas les transactions commerciales avec les bolcheviks. La situation économique est assez grave pour que D. Lloyd George, contrairement à des usages séculaires et aux règles de l'hygiène, ait renoncé à ses vacances de la Noël. Et voici Georges Leygues, par la plume du maréchal Foch, lui demande, conformément à la convention de Spa, d'imlizei, le licenciement des gardes-blancs, Einwohnerwehposer par la force la dissolution de la Sicherheitsporen et Orgesch, concentrés en Bavière et en Prusse Orientale, la réduction des pièces lourdes dans les forts de Koenigsberg, Pillau et Swinemunde à 20, 36 et 32, la destruction des 168, 28, 171, 32 canons de Kustin, Glogau, Ulm et Ingolstadt. Le Foreign Office ne va pas se presser pour répondre. Il se pressera d'autant moins que, par une de ces erreurs qui donnent une juste idée de la manière dont fonctionne le Quai d'Or

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