DE M. DE FLORIAN, De l'académie françoise, de celles de Je tâche d'y tourner le vice en ridicule, DE LA FABLE. La quelque tems qu'un de mes amis, me voyant occupe de faire des fables, me proposa de me présenter à un de ses oncles, vieillard aimable et obligeant, qui toute sa vie avoit aimé de prédilection le genre de l'apologue, possédoit dans sa bibliothèque presque tous les fabulistes, et relisoit sans cesse la Fontaine. J'acceptai avec joie l'offre de mon ami : nous allâmes ensemble chez son oncle. Je vis un petit vieillard de quatre-vingts ans à-peu-près, mais qui se tenoit encore droit. Sa physionomie étoit douce et gaie, ses yeux vifs et spirituels; son visage, son souris, sa ma nière d'être, annonçoient cette paix de l'ame, cette habitude d'être heureux par soi, qui se communique aux autres. On étoit sûr, au premier abord, que l'on voyoit un honnête homme que la fortune avoit respecté. Cette idée faisoit plaisir, et préparoit doucement le cœur à l'attrait qu'il éprouvoit bientôt pour cet hone nête homme. Il me reçut avec une bonté franche et polie, me fit asseoir près de lui, me pria de parler un peu haut, parce qu'il avoit, me dit-il, le bonheur de n'être que sourd; et, déjà prévenu par son neveu que je me donnois les airs d'être un A |