d'enlever en Espagne et dans la République Argentine, quelles sont contraints les savants ? Les récentes déclades commandes très importantes de matériel de chemins rations du maître Branly me donnent tristement raison de fer. Il semble que la taxe de 25 olo qui vient d'être Et de quoi souffre, en général, la recherche intellecfixée par l'accord de Londres ne doive pas entraver ce tuelle, si ce n'est des difficultés de la crise quotidienne développement qu'aide si puissamment la politique éco- qui, mettant même la pauvreté à un prix déjà élevé, nomique et fiscale suivie depuis l'armistice par le gou- suppriment beaucoup de vie méditative et paralysent vernement allemand. la plus précieuse production de l'esprit, laquelle n'est ANTOINE DE TARLÉ. pas d'utilisation immédiate ? Les moyens d'expression (édition des livres et pério diques de haute culture) se trouvent en même temps Aux chefs d'entreprise industrielle diminués. D'intéressantes tentatives de coopération, à Messieurs, les intellectuels ont besoin de vous, et vous peu près strictement universitaires, vous laissent inavez besoin des intellectuels. Mais bien plus que les quiets pour les lettres libres, pour la pensée des travailintellectuels, l'intelligence elle-même. leurs indépendants. C'est-à-dire -cette intelligence qui est qualité et dé- Enfin, péril plus général : l'indifférence grandissante sintéressement, qui est libre recherche dans la science de la société bourgeoise (surtout en province) et du proet dans la pensée, qui enfin est invention, et que les létariat (ce prolétariat qui va englober une bonne part nouvelles conditions de la vie paralysent sous nos yeux. de la classe moyenne) aux choses de l'esprit. C'est pour Les intellectuels arrivent à se maintenir comme ingé- quoi les débouchés pour les livres sérieux se raréfient, nieurs, professeurs, journalistes, parce qu'ils ont tout les journaux négligent la part supérieure de l'intellide même la force du nombre et qu'ils l'organisent. Mais gence, etc... comme savants, comme inventeurs, comme observateurs Voilà les caractères précis d'un péril souvent dénoncé sociaux, comme critiques, ils sont contraints d'abandon- en termes trop vagues. Voici comment il faudrait s'efDer un travail qui n'est que de rendement tardif, incer forcer de le conjurer. tain, qui ne nourrit point son homme ; et gagnant dé- Evidemment, en travaillant à réveiller la vie de l'essormais leur vie dans l'enseignement, le journalisme ou prit dans un public désintellectualisé, et en donnant les affaires, ils ne remplissent plus leur fonction propre aux chercheurs de l'esprit un appui immédiat. dans la société. En raison de quoi un programme positif comporteDemanderez-vous en quoi ce malheur vous touche di- rait : une institution de cours publics destinés à ranirectement ?Vous ne le demanderez point pour ce qui mer les forces intellectuelles de la province autour du est des savants, initiateurs de vos industries. Pour les seul foyer qui subsiste : l'Université ; l'étude comautres, vous savez qu'il sont à peu près maîtres de l'esplète des besoins de la recherche scientifique en vue prit public. Voulez-vous qu'ils maintiennent ou bien de les coordonner; enfin l'élaboration d'un projet de qu'ils dissipent les préjugés qu'il y a contre vous dans << Crédit à l'intelligence ». la nation ? Car celle-ci commet trop souvent l'erreur de 1° Le problème à résoudre pour la restauration de vous confondre avec les mercantis. Erreur qui lui est la vie intellectuelle est d'actualiser la culture, c'est-àfuneste ! Il n'y a pas d'esprit public véritable tant que dire de la faire participer à la vie des producteurs, les diverses élites d'une nation s'ignorent entre elles ; chefs d'entreprise, intellectuels, ouvriers. Le jour où des et il n'y a pas de nation véritablement forte sans esprit hommes remarqués pour leurs recherches indépendantes public ouvriraient des cours publics sous le double patronage La nation française a besoin que vous participiez à de l'Université et de la Production, et pour traiter des ses directions ; elle a donc besoin que vous vous accor- grandes affaires modernes, de l'élite ouvrière, des dondiez avec ceux qui peuvent être ses directeurs intellec- nées de la pensée et de l'art modernes, est-ce qu'un coutuels, ou bien, s'ils sombrent dans le désespoir de rant de vie intense ne serait pas créé, capable de vivifier l'abandon, ses pires anarchistes. Vous personnellement , la culture et de la porter à travers la société ? producteurs industriels d'une nation à régime politique L'idéal serait assurément d'ouvrir de tels cours tout d'opinion , ne comprenez-vous pas comme votre intérêt d'abord en Sorbonne, mais l'Université elle-même s'opse trouve engagé dans cette alternative? poserait à ces nouveautés. Soyons pratiques, et puisque Vous n'en êtes pas moins aujourd'hui la plus haute nous avons l'amitié d'Herriot, pourquoi ne pas prendre puissance sociale, et la plus active. L'intelligence a Lyon comme ville d'expérience et installer à l'Univerbesoin de vous, non seulement parce que seule elle est sité de Lyon un petit système d'enseignement supérieur impuissante et qu'elle doit s'appuyer sur une force en accord avec le ministère (Léon Bérard), avec la mucomme la vôtre, mais aussi parce que c'est vous qui nicipalité (Herriot), avec les Compagnons de l'Univercréez le monde moderne et que, sans vous, les intellec- sité nouvelle, et avec les producteurs industriels de la . tuels n'ont du monde moderne, de sa réalité fondamen région ? La collaboration de ces derniers serait indistale , qu'une connaissance de seconde ou troisième main. pensable, et celle des producteurs régionaux en général. En outre, votre expérience des grandes entreprises leur Me demanderez-vous comment choisir les professeurs ? fait espérer que vous trouverez le moyen de réaliser leuts Les Compagnons de l'Intelligence ont leurs candidats programmes et d'embarquer l'intelligence dans tout prêts. 2° Une étude sévère s'impose pour la coordination L'intelligence désintéressée a des alliés dans la tech- de notre outillage scientifique. Les journaux impriment ar et le fonctionnariat ; c'est pourquoi , écrivains, chaque matin que la France manque de laboratoires. artistes , professeurs, ingénieurs se rencontrent et se C'est une erreur ; elle possède plus de laboratoires groupent à la C. T. 1. Mais vous êtes, vous aussi et plus qu'on ne croit, mais privés, et qui s'ignorent les uns imaginatzon serait vous doit compter immense d'organiser un outillage si dispersé. Au moins parmi les siens. Elle n'en veut pas à votre argent, mais faut-il commencer par en dresser le tableau : les graves un programme d'étude et lacunes y apparaîtraient. Telles situations désastreuses marquées. réussite sociale. une image in this alliés naturels, ses frères en invention, en les autres , en sorte que beaucoup font double emploi des Com pagnons de l'Intelligence alors en mesure de prendre utilement l'initiative de grandes souscriptions nationales. 3° Mais le Crédit à l'Intelligence serait sans doute notre cuvre la plus belle. Elle serait aussi la plus diffi- | le glaive ou l'outil, dont il possède la poitrine profonde , cile. Sur quelles bases asseoir un crédit si nouveau ? l'épaule épaisse, prolongée, le bras puissant, les muscles Avec quelles sortes de garanties? et pour quelle sorte sortis, assemblage magnifique d'avant-main où il prend de production ? Au préalable, tout un travail théorique appui pour recevoir la masse de son individu animée est à faire. Les « Compagnons » le feront. Aujourd'hui d'une vitesse énorme, pour la faire rebondir, foncer, se il ne faut qu'en comprendre la nécessité, pour toute une ruer de nouveau en avant, Noble animal vraiment, en qui élite malheureuse des professions libérales, ainsi que le saut qui prime tout, éclate... pour une élite de la pensée, de la science et de l'art. Il est venu de loin à cette « condition », fruit de la L'émouvant projet du « Crédit Intellectuel », dont les qualité de la bête et d'un entraînement méthodique. TouSaint-Simoniens eurent, en 1860, la première idée, ne tefois, il y est arrivé rapidement. Car à l'âge où ceux doit-elle pas être la première institution de l'intelli- de son espèce hors du sang, de selle même, sont encore gence française ? des poulains, pâturent et mêlés à leurs mères, déginganTelle est la commune tâche tout d'abord d'étude tés et gorgés d'herbe, et ne portent que les mouches, lui, à laquelle les producteurs intellectuels convient les presque fait et soudé, commençait sa vie d'endurance, producteurs de l'industrie. La revue Le Producteur, que connaissait les nourritures substantielles, le labeur fortidirige M. Gabriel Darquet et qui a entrepris dans cet fiant, le poids du cavalier, et le souci et l'orgueil de esprit saint-simonien l'élaboration des grands pro-| l'épreuve... Ah ! tandis que l'heure de la lutte approche, grammes nationaux, ouvre la voie de l'avenir. Puisque que ses concurrents gagnent le paddock derrière lui, les « Compagnons de l'Intelligence » permettent la comme ses souvenirs abondent !... A peine né, huit ou rencontre et la collaboration des purs intellectuels avec dix jours après, il prit le large avec sa mère. Son éblouisvous, répondez à leur appel, messieurs les chefs d'entre- sement et son émoi furent grands. Le balancement et le prises. Ce sera répondre à l'appel de l'intelligence elle- bruissement des feuillages, la mer verte des prairies immême. mobile devant ses sabots, le toucher du vent courant sur Votre intérêt de producteur vous y invite, et aussi son poil, et le chant des oiseaux sous l'azur éclatant, votre devoir de citoyen. l'emplirent d'abord de surprise et de stupeur. Mais le HENRI CLOUARD. lait qu'il buvait ruisselait d'une mamelle ardente. Il n'eut qu'un instant d'étonnement. La-Bigorre, au pas, s'enfonçait dans le pré : il bondit vers elle. Et, affermi Au plein air. sur ses pieds, il regarda le monde, le comprit d'instinct , et, dès lors, fit tête aux choses... Chaque jour depuis et Armagnac-Noir plus longtemps, il sortit, une lampée de lait chaud ava lée. Et vinrent durant les premiers mois les galops fous Tout à l'heure, Armagnac-Noir, par l'Astarac et La parmi l'herbage, les sauts et les ruades dans le vent, les Bigorre, va partir dans une course de trois ans. C'est la glissades sur la terre tendre, tous les jeux de force suspremière grande épreuve de plat qu'il dispute. Ménagé cités par le sang qui consolidaient ses jeunes fibres. Et jusqu'ici, engagé en dessous de ses ressources, instruit ce fut l'existence au grand air venu de l'horizon; de plus sous une monte habile « à naviguer dans le peloton », outre, de l'Océan, aspiré âpre et salé parmi les hennisseil ne s'est point encore tout entier livré, attendant son ments; parfois sous les averses de pluie tiède qui lui heure, attendant aussi que le soleil ait repris l'empire. trempaient la chair en attendant la sueur. Oui, l'espace C'est un champion de printemps. Né au bord de l'A- et ses agents qui dilatent, assainissent, tonifient l'orga. dour au renouveau, dans un haras célèbre dont il est nisme. Après quoi il rentrait, à l'heure des repas, mėler l'orgueil, il a gardé de la saison frémissante où les seves aux herbes broutées les barbotages de son frisé, les rajaillissent sous l'astre grandi, où tout est bondissement, tions d'avoine noire, mangés d'abord dans la même on ne sait quelle impétuosité, quelle furie « à sauter dans auge que La-Bigorre pour apprendre d'elle à mâcher , le train ». Et le printemps achève de déferler. Il pousse, ensuite à part, dès qu'il sut mastiquer comme un futur il en fle sa houle des grands blés verts encore aux grands champion. Et puis il fut sevré. En même temps on lui bois envahis de feuillée, il roule la terre dans les par- parlait , on le fattait , on le caressait. Comme il aimait fums et les murmures, et le vent allègre qui soulève les à grignoter dans la main, on en profita pour l'approcher crins de l'étalon, soyeux et ondés comme une chevelure, de plus près, l'habituer aux soins et à la présence de lui parle de galops aux quatre coins du monde et l'enivre. l'homme, pour le « tripoter ». Oh ! avec précaution et En main, resplendissant de reflets sombres, et l'étoile douceur. Il importait de ne point éveiller ses instincts de au front comme la nuit, il erre impatiemment dans le défense ou de révolte, de le plier à la soumission d'un paddock, il aspire au défilé, et, en érigeant par instants lent enveloppement, en prévision de l'étalon puissant son encolure musculeuse, jette un regard sur la piste, qu'il allait devenir, et qui, perpétuellement fouetté par son champ de lutte. Il est d'origine illustre. En autre il la lutte, et doué d'une longue mémoire, et brave enfin & reçu une ossature dense aux longs rayons, des fibres rendrait coup pour coup. Education qui engage serrées de son père, et de sa mère des tissus fins traver- où l'animal en vient à considérer celui qui l'emploie, soit sés de nerfs vibrants, et de tous les deux l'énergie, « le « comme un maître affectueux digne d'être servi , soit coeur », c'est-à-dire l'ardente volonté de l'emporter. Qui comme un exploiteur brutal surveillé avec rancune. Arvivra le verra ! Et il râde, en mâchant son filet, et les magnac-Noir n'était pas né pour souffrir un dominateur . amants de formes pures et pleines arrêtés sur son pas- On lui attacha un lad, svelte et fin et doux comme une sage, et l'admirent et le flattent de l'oeil. « Songiligne », fille. Tout de suite ils devinrent compagnons. Des doigts d'un trait suivi presque, tiré de la nuque à la queue par légers de l'enfant , en jouant, il accepta le large surfaix un rein court, une hanche étendue, inclinée à peine, bien rembourré, serré autour du torse pour l'habituer à resétabli sur des jarrets droits, bien d'aplomb sur des ge- pirer sanglé, le filet de caoutchouc sur lequel il s'ap. noux larges et fermes, comme sur des fûts, il ressemble puiera plus tard en allongeant sa foulée, et enfin la selle à un monument, à la sobre façade d'un temple antique. avec ses panneaux pressés sur les flancs, son arçon riEt souple , équilibré, allant à pas obliques, il ressemble gide et dur au garrot, comme si une main d'acier aussi à quelque félin géant, avec le balancement de son faisait prise. Et un jour, après le pansage, tandis qu'il col, le jeu élastique de ses membres, le glissement libre dévorait une botte de luzerne que le petit lui avait apà la fois et bandé de son corps. Et il ressemble à portée dans son box, il le laissa se hisser gentiment sur l'homme, dès qu'il dresse sa tête fine, sèche, éclairée d'un son dos... Il fléchit un peu, à peine, comme une branche vil brûlant, farouche même. A l'homme fort, fait pour sous un oiseau, et ce fut chose entendue entre eux. l'avenir, . 23 juillet 1921 Son premier règlement de vie remonte à cette époque. que chose comme des tours de galop auxquels il s'adon11 porta , sur le régime. Il s'agissait de créer en sui des nait avec joie et passion, parmi l'odeur vivante de la réserves : en graisse, en muscles, en substance osseuse. pouliche rabattue par le vent... Et partant à amener son estomac à fonctionner libre- Ces luttes avec La Chalosse affirmèrent sa qualité, ment , sûrement . On lui donna l'habitude de rations en achevant de le mettre en forme. Il sentit ses pouidentiques à heures fixes. On voulait acheminer son or mons s'ouvrir, son cour battre plus fort, et son sang ganisme vers l'assimilation régulière de toutes choses : affluer à ses tissus, et ses veines saillir en même temps de la nourriture comme du travail, et l'accoutumer à que ses côtes, et, lorsqu'au retour du travail il passait chercher dans la ration une réfection après le labeur. devant une vitre claire il y pouvait voir chatoyer sa Au reste, il ne s'en plaignit point. Trois fois par jour, robe sombre aux reflets huileux. Et vint l'essai « sur dans son box entretenu de litière fraîche, il recevait ses l'herbe »), où l'on juge le « racer ». aliments Trois fois de l'avoine, deux fois de la lu- - Courant sur le sol d'un train uni, sans s'élever preszerne. que, comme une yole sur les flots, il « sema » le peloton, volonté 1 ca. Paille il la ramassait autour de lui à volonté . Il se rappelait que les quantités augmentèrent il sema le hack dont la ligne connue devait mesurer la pen à peu jusqu'à 4 kilos d'avoine et 5. de luzerne. Le 4 vitesse. Le vieux jockey qui le pilotait « n'avait jamais tout , bien entendu, coupé de longues pâtures. Enfin, eu mieux en mains ». Et il aborda, de deux jours en deux fois par semaine, il savoura des mask, de la deux jours les canters de 1.000 et 1.200 mètres, pris graine de lin et du riz cuits, de la farine d'orge. Un aussi vite que possible, avec une pointe à la fin où régal. Aussi connaissait-il l'heure des repas mieux peut- il prodiguait toutes ses ressources. Et il « brûla toutes être que son lad. Il était debout dès le jour, il se cam- ses graisses », élimina toute chair inutile jusqu'à ne pait contre la porte, grattait du pied pour appeler, et, plus présenter que les muscles nécessaires à la propul , le box ouvert, se jetait d'un bond. de l'autre côté, vers sion, et il « éclaircit » sa sueur, et il la tarit presque, le mur, en dégageant le passage, et mêlait des hennis- au point de ne plus en rendre que quelques gouttes sements brefs de plaisir aux rires clairs du petit homme. limpides, germées sur sa fibre compacte comme de la Alors quand il fut ferré inium, les talons rosée sur un bronze. Et enfin, il acquit « le style », abattus, les fourchettes et la sole en contact avec la terre, une manière d'arriver, de passer le poteau dans une comme une plante d'homme, afin d'empêcher le sabot allure irrésistible, foudroyante, comme l'aigle fend la de former ventouse dans l'action, il entra à l'entraîne- nue, comme l'éclair troue l'abîme... ment... On pourrait écrire au noviciat, tant la règle y Mais l'heure décisive sonne. On fait l'appel des règne en souveraine... partants, Armagnac Noir s'avance. On sent qu'il a Au jour, lever , pansage sommaire, déjeuner léger deviné les ordres deviné les ordres : s'engager doucement, progresser d'avoine; une heure après boute-selle, sortie sur la piste à mesure que le. peloton s'égrène, serrer, prendre la cavalière, inspection : et puis départ pour le travail. corde, attendre un jour et s'y précipiter, et puis rejoinLes canters pris, rentrée à l'écurie, nouveau passage dre. celui qui mène, et puis, le poteau entrevu, attaquer plus long, graissage et soins des pieds. Sur quoi dîner : brusquement, puissamment l'adversaire pour le briser, A eau courante, luzerne, avoine, paille. Et sieste, après- et gagner ... C'est-à-dire l'arrivée de haut style, l'armidi. A quatre heures promenade dans le pré. A six rivée ramassé sur , pointée, bouche souper : comme le dîner. Mais la nuit vient; coucher. ouverte, buvant l'air retentissant d'acclamations, Horaire, régime, travail immuable. J'ajoute que l'on buvant la gloire. -àprononce là deux veux au moins : celui d'obéissance, qui tout à coup resplendit, des couleurs nouvelles qui celui de chasteté. éclatent, quelque chose comme un avènement connu du Armagnac-Noir évoquait avec fierté ses débuts. Il se monde entier... Armagnac Noir le sait. Tévéla vite comme un sujet d'avenir. En tête des autres, Sait-il le précédent illustre ? Il y a deux mille ans, quand on se rendit à la file au travail par une allée un étalon syrien triomphait de même à Olympie. Il sablée , « les garçons . » devant, « les demoiselles » der portait le noud de pourpre d'Alexandre le Grand. Le rière , de peur même de flirt, il montra le chemin, fait fait fit aussi le tour de l'univers antique. Et, plus tard, au mouvement de la vie, sous la tente, rappelant à familiers cette victoire Desdétait acoutumé le premier journant aspect des choses hippique t'arrache devant la Grèce assemblee , recone Dès qu'il s'embarqua sur la route de galop » pour quérant mêlait le nom d'Olympie à ceux d'Issus, du un canter de mètres, innée Granique et d'Arbèles dont il avait jalonné les sables les foule , une aisance singulares de allure qui leappărere et incelants du déserts Armagnac Noire est digne de ces de frappèrent les regards , Il était calme. Point avec lui de piétine. souvenir. ment en rond qui énerve, de sueurs intempestives qui JOSEPH DE PESQUIDOUX. vident. Il était droit. La tête placée, appuyée sur la main, il cherchait d'instinct « à raser le tapis », à filer devant lui comme un trait. De bonne heure il se dé L'Opinion Régionaliste tacha du groupe dans lequel il s'exerçait, et le quitta pour travailler à intervalle et à distance réguliers avec Théâtres des provinces deux de ses aînés déjà confirmés et rapides. domina. Sa façon de se comporter ne changea en rien. Il les M. Léon Bérard a reçu une délégation de l'académie Bien que le débat se fût accentué, il ne parut point se des théâtres, conduite par M. Symian, député, et notre dépenser ou s'animer davantage, et il rentrait en main confrère Georges Casella, qui lui a demandé le rétablisdu même pas élastique et tranquille, tandis que son sement des primes à la décentralisation théâtrale. Ces poi se séchait. « Il encaissait » l'effort sans trouble au primes serviront-elles vraiment la décentralisation ? On cun, pareil à un accumulateur d'énergie et de vitesse peut se le demander. Le passé est un peu décourageant à cet égard. C'est dans un tout autre esprit que la démoiselle » de son âge, sa cousine lointaine, de sang pour but de donner à chaque région les spectacles cor centralisation théâtrale doit être tentée ; elle doit avoir même pied » que lui, on les fit galoper ensemble. Elle exemple, ne égal, primait aussi dans un autre lot et semblait. ( du respondant à l'esthétique particulière de la région. Par s'appelait La Chalosse. Et, soit désir de briller devant représentation des opéras et opéras comiques de D. de devrait-on encourager officiellement la elle, soit émulation nouvelle, il augmenta son train, restant maitre de la course, mais poliment, juste assez Séverac en Languedoc et au Roussillon ? Cela vaudrait pour le prouver. Ce furent de délicieux canters, quel- net dans les grandes préfectures provinciales. mieux que de primer les premières d'ouvres de Masse an nom obscur tout de suite au bruit, pro Un esprit nouveau semble apparaître. Une présidence de ne pas se montrer indigne de la haute charge spiriillustre doit patronner la création très prochaine à tuelle qu'avait assumée Mariéton. Montpellier d'un Rabelais à Monlpeliier, en langue d'oc Orange est un magnifique porte-voix ; c'est là que les du félibre Dezeuze, 'Escoutaire. C'est toute une équipe jeunes auteurs tragiques français devraient trouver, entre de jeunes Languedociens qui a organisé ce spectacle. Il les lauriers roses, leur scène sonore. vient à un moment heureux et comme une indication, à L'étranger à ce point nous donne des leçons. Mais l'heure où l'on fixe les programmes estivaux des théâ- que viens-je parler d'étranger quand il s'agit d'une tres de plein air du Midi. vince de notre langue ? Nous n'avons jamais considéré L'un des hommes qui avaient mis le plus d'espéran- comme étrangère la fraîche terre de Vaud. On connaît ces dans les plein-airs du Midi français, füt, à coup sûr, les spectacles que donnait sur son petit théâtre du Jorat Déodat de Séverac. Aux Arènes de Béziers, devant tout à Mézières (Vaud, Suisse), le poète René Morax. Ces un peuple, en 190o, il avait vu s'animer son Héliogabale. spectacles avaient été interrompus pendant la guerre igoo Dans les dernières notes qu'il a publiées, Séverac Ils vont reprendre. Déjà pendant la guerre, au temple avouait que les heures de Béziers, voilà vingt ans, avaient , de Pully, le groupe des Cahiers Vaudois avait représenté été les plus pleines de sa vie. Depuis, il en avait vaine un M ystère d'Abraham, de M. Chavannes, avec des oosment cherché d'aussi dorées ; il connut cependant d'ai- tumes de J.-L. Gampert. Tous les samedis et les dimanmables heures quand on joua, lui présent, la Fille de la ches, du 11 juin au 10 juillet, une compagnie locale Terre, dont il avait écrit la musique, aux Arènes de jouera au théâtre du Jorat le Roi David, de René Morax, Nîmes, à Amélie-les-Bains, à Causan (Aude). Toutes avec une musique d'Arthur Honneger. Il s'agit d'un les vertus que quelques-uns avaient rêvées dans l'effort « drame en 2 parties, 5 degrés et 25 épisodes » ; tout le du plein air, Déodat de Séverac les précisait à ses amis. petit monde des lettres et des arts du pays de Vaud, Hélas ! le mercantilisme des organisateurs de specta dans une amitié provinciale charmante que nous voucles et des directeurs de casinos ne donnait que peu drions voir aux régions de France, a collaboré à l'ouvre d'espoirs de voir au beau rêve une coutumière applica commune ; j'ai dit que les acteurs étaient du cru ; ils tion. Dans les villes d'eaux des Pyrénées, on trouve sont une centaine avec les figurants, les lévites et les beaucoup plus facile de jouer au crépuscule n'importe danseuses de l'Arche ; le chaur est de 100 chanteurs ; quel opéra-comique du répertoire que de monter quelque l'orchestre est de Mézières et de Lausanne avec « 2 flûtes, œuvre nouvelle. Ces dernières saisons, le dévouement de i hautbois, 2 clarinettes, 1 basson, 2 trompettes, 1 cor, Séverac et de son ami Signon qui, président des socié I trombone, I contre-basse à cordes, I harmonium, tés méridionales de musiciens, assemblait orchestre et I piano, 1 célesta, timbales et batteries ». Trois peintres romands se sont installés à Mézières, y brossent les déchours, fut trop peu utilisé. cors et dessinent les costumes, Alexandre Cingria, Jean Le Théâtre Antique d'Orange, lui-même, qu'est-il Morax, A. Hugonnet. De belles mains cousent la soie, , devenu ? Ce n'est plus rien autre qu'une scène de pro- la tarlatane et le velours. vince où aux trois premiers soirs d'août la Comédie Fran- Toute la région vaudoise a pris sa part à l'ouvre çaise vient son répertoire. C'est pourtant avec une autre ferveur que ter fedéraux et les tramways de Lausanne ont organisé gens ont Paul Mariéton y organisa ses grands spectacles. Orange des services spéciaux pour transporter le public de y avait alors un chorége ; elle n'a plus aujourd'hui qu'un Genève, Vevey, Montreux, Fribourg, Neuchâtel et Berne. impresario. Les agences des villes délivrent les billets. Tout cela Paul Mariéton, qui croyait au génie méditerranéen, at- n'est-il pas bon ? Et n'ai-je pas raison de dire que c'est tendait toujours, pour l'été prochain, une renaissance là l'effort de toute une région ? Le joli programme classique. Inlassablement, à Orange, il monta chaque assure que l'on verra « une harmonieuse synthèse de la année des oeuvres tragiques de jeunes poètes français. parole, de la musique et de la peinture, réalisée uniqueLe bon chorége pensait qu'une giande aire comme celle ment par des interprètes de la Suisse française. » d'Orange devait être offerte aux Muses et permettre Il faut rendre hommage aux Suisses français pour aux poètes de ce temps de reprendre la chaîne de nos leur essai qui démontre que tout effort collectif local destinées tragiques. Chacun des trois soirs orangeois, n'est pas à Oberamergau. J'avoue n'aimer guère les , Mariéton faisait donner quelques chefs-d'oeuvre de grands spectacles, défilés et chours, festivals des saisons Pierre Corneille et de Jean Racine et aussi quelque de Montreux et de Genève ; la qualité en est médiocre ; oeuvre nouvelle de Gasquet, Lionel des Rieux, Rivollet, cela rappelle un peu trop les congrès d'orphéons aux Paul Souchon. C'est ainsi que fut donnée une des pre- après-midi de comices agricoles. Mais il en est tout aumières représentations du Polyphème avec de Max. La trement aux représentations plus modestes et d'un goût grave et belle Hécube, de Lionel de Rieux, fut créée la plus sûr. Pendant la guerre, à Genève, quand la Suisse même saison. Une autre année, ce fut le Dionysos, de devait compter ses hommes et revoir ses sentiments, Joachim Gasquet. Il est amer de penser aujourd'hui que M. Jacques Copeau a joué un beau Tell dans des déla mort a emporté le chorége et ses poètes. Sur la ligne cors de M. René Auberjonoz. M. le chanoine L. Broquet, de la bataille, des Rieux est tombé ; de la bataille en- à l'abbaye de Saint-Maurice-en-Valais, où M. Henri core est mort, peu après, Gasquet. Seuls, les acteurs Ghéon a parlé aux collégiens, cet hiver, du théâtre chrésurvivent encore et, vingt ans après, jouent toujours les tien, m'a dit que ses élèves joueraient bientôt la farce jeunes dieux et les amants de tragédie. du Pendu dépendu, de M. Henri Ghéon. Je demande : Les dernières saisons d'Orange firent amèrement regretter l'ancien chorége ; cet été, n'a-t-on pas joué autant ? Dans nos collèges religieux, on joue de pâles combien y a-t-il de collèges français prêts à en faire Samson et Dalila devant le Mur ? La Comédie-Fran- décalcomanies : le Fils de Roland; dans nos lycées, des çaise, entre deux trains, vient dérouler son répertoire. variantes sur Marceau ou les Enfants de la République Aucune place n'est plus faite aux jeunes auteurs tra- (quand encore on daigne jouer la comédie ou le drame! giques. Nos Compagnons de l'intelligence, qui ont tant L'exemple du collège de Neuilly jouant l'Iphigénie de fait pour maintenir leurs places aux écrivains de France, Moréas devant Maurice Barrès et Henri Dagan, voici dis devraient s'occuper de cette situation. M. Léon Bérard ans, est resté isolé. Nos lycées et collèges devraient joue a annoncé qu'il se rendrait cet été à Orange. Sera-ve des pièces de nos meilleurs écrivains français. Les bort pour y voir Samson et Dalila ? Je le demande à l'orga- Valaisans nous donnent un exemple qui ne doit pas êtr nisateur de la saison prochaine, homme de goût et de perdu en France. loisirs, Victor Magnat, qui nous a donné à Lyon de si En France, dans ce domaine, nous aurons fort à faire beaux spectacles, les derniers hivers. Magnat se doit Dans un domaine voisin, une oeuvre honorable est à en rand; treprendre : ce serait de fixer dans chaque province les nèrent. L'antique Beauté ressuscita vraiment pendant ces spectades traditionnels. La Provence fidèle joue aux deux jours... Te ne puis croire qu'un peuple qui jouirait, soirs d'hiver le mystère des bergers, la Pastorale; il n'est tous les ans, d'un pareil spectacle n'ait pas à la longue de chef-lieu de canton où un cercle d'amateurs ou des pensées plus belles et des ames plus généreuses... » pas bien un patronage n'en ait monté quelqu'une, en langue Et M. Louis Bertrand, peu suspect d'un enthousiasme provençale le dernier hiver. Hélas ! sous ce nom, une méridional particulier, de dire la qualité de l'effort local : ridicule mascarade fut imaginée par M. Gémier, qui a « Ce public de Béziers m'a paru digne de tout éloge. On montré plus de goût avec d'autres sujets. Si l'on voulait sentait que ces fêtes étaient vraiment l'æuvre de la citė faire jouer une pastorale provençale à Paris, il le fau- tout entière et que chacun, selon ce qu'il pouvait, avait drait tenter avec le respect qu'a mis M. Jacques Héber- travaillé avec orgueil à leur beauté. » Les figurants, les tot à présenter le théâtre alsacien à Paris, au Théâtre machinistes étaient les gaillards robustes des chaix. Et des Champs-Elysées, sous la présidence de M. Mille- Louis Bertrand de conclure : « C'étaient vraiment les ce sont des acteurs alsaciens venus d'Alsace, qui, | Dionysiaques nouvelles.. » en dialecte alsacien, ont joué leur drame. C'est la me Eh bien ! je vous le demande, l'arrivée, le matin, des thode la plus pieuse, la seule honorable. Elle devran acteurs de la Comédie-Française et de l'Odéon qui doiêtre employée avec le répertoire de nos diverses provin- vent jouer sans autres répétitions, et avec les quatre figu-. ces ce seraient des soirées charmantes que nous don-rants du théâtre de la sous-préfecture, le soir, aux plein nerait M. Hébertot si après le drame d'Alsace, il faisait air du Midi, est-ce le cortège des Dionysiaques ? place à la Pastorale de Provence ou aux Ebaudes de Voici l'été. Bientôt les arènes de Provence et du LanBresse, représentées avec tant de succès dans la jolie ville guedoc, la Cité de Carcassonne, le Théâtre Antique d'Arde Bourg, autour de Prosper Couvert, de Viriat. Cepen- les, pour les représentations duquel le conseil général des dant, pour estimables que seraient de telles représenta- Bouches-du-Rhône vient de voter une importante subtions, c'est dans nos provinces qu'il convient de voir les, vention, le Théâtre Antique d'Orange, qui recevra la spectacles provinciaux. Je pense aussi que certains spec- visite de M. Léon Bérard, vont s'emplir de foules im-. tacles ne peuvent être donnés que là. Qui a gardé le sou- menses. Que vont donner les impresarii d'un soir, ou de venir des spectacles somptueux que montait à Béziers trois, à ces foules ? Des spectacles connus. Loin de moi le chorége magnifique qu'est M. Castellon de Bauxortes? l'idée d'écarter Corneille et Racine. Mais enfin, comme Sait-on qu'il y eut une esthétique bittéroise qui fut digne l'avait fait Mariéton, ne peut-on joindre aux chefsd'estime? J'ai retrouvé l'autre jour la petite revue Le d'ouvre de notre tragédie clasique les œuvres de nos Pays de France que publiait voici vingt ans, à Aix, jeunes dramaturges ? La vie est dure pour ces derniers. Joachim Gasquet. Un écrivain qui mieux que quiconque Quelle scène parisienne monte leurs oeuvres ? Du moins a compris, bien que lorrain, l'âme des foules méditerra- les grandes murailles méridionales devraient-elles retennéennes. M. Louis Bertrand disait la vertu de Béziers. tir de leurs vers nouveaux. La tâche de Mariéton et de M. Louis Bertrand affirmait sa volonté de dégager « la Castellon de Bauxortes est à reprendre. Comment ne signification sociale » des fêtes tragiques de Béziers. tente-t-elle pas un Victor Magnat, détenteur du Mur d'O is « Ce que je veux retenir de ces fêtes, écrivait-il, c'est la range et des murailles de Carcassonne ? grande leçon d'art et le bel exemple social qu'elles don MARCEL PROVENCE. demain dimanche. VII que divertir les spectateurs de leurs préoccupations et même des chaleurs d'un été accablant, elles ne risquaient LES PRÉSAGES point, selon l'expression vulgaire, de leur donner la méLes personnes qui , par condition, rarement par goût, ningite. Cependant, il régnait dans la salle un indicible sont obligées de tenir le calendrier de la vie parisienne, malaise . On se laissait égayer pendant ies actes : dès n'ont sans doute pas oublié que, le samedi 11 juillet que le rideau était baissé, on causait à voix basse , dans 1914, il y avait l'après-midi une répétition générale à les couloirs, de choses graves, au lieu de porter, comme la Comédie Française. On donnait l'Essayeuse de il est d'usage, des jugements téméraires et sommaires, M. Pierre Veber et le Prince Charmant de M. Tristan et de répéter les mots d'auteur. Un observateur superBernard, dont la première représentation eut lieu le len- ficiel n'eût point manqué d'attribuer cette humeur à , des habitués Cette date du 11 juillet peut sembler aux profanes , ennuyeuses, retenus la saison finie, contraints d'avaler , qui n'ont pas le sentiment de nos valeurs, la moins im- encore deux pièces à la veille de vacances bien gagnées, portante d'une double décade historique où l'on note la comparution de la meurtrière de Gaston Calmette qu'un double snobisme obligeait d'être là et de dire : Je prends le train tout à l'heure. devant les assises de la Seine le lundi 20 juillet et, le C'était une raison, mais non pas la seule, d'un souci lundi 27, son acquittement; entre temps, l'ultimatum de peu définissable. Quand on relit les journaux de l'épol'Autriche à la Serbie le vendredi 24, l'assassinat de Jaurès le vendredi 31, et l'ordre de mobilisation le sa que, on n'y trouve que des signes d'une inconscience medi 19 août. Les invités de la Comédie, le 11, qui ont qui, à distance, fait frémir, maintenant que l'on sait récu ces grandes heures d'angoisse et bien d'autres de de quelles catastrophes nous n'étions alors séparés que peu il semble que et, si l'on peut dire, indicatif, de cette répétition gé nul le tous. L'unique symptôme alarmant était ce procès. On Elle était pleine de sinistres présages, lourde de pres puis, gardé par savait de soupçon, agissait déjà sur les nerfs de entendait chuchoter : Je pars ce soir, mais je reviendrai la semaine prosentiments, assez difficilement explicables à première chaine assister à une ou deux audiences. fue. Les deux pièces que l'on offrait au public étaient Il passe pour démontré que les grands procès scanHaimables et spirituelles fantaisies : elles ne pouvaient daleux annoncent la fin d'un régime. Ce dogme quel nérale |