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Qt en un Congrès dissident.

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tent alors qu'une commission; composée de cinq de leur tid

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au: täbleau suivant,

vexemple , celui d'avoir participé, à Genève, au fonction- bien «i-fédérés », mais ils relèvent de la C. G. T. belge

, nement du Bureau international du Travail, à la tête

et non de la française. Ils se trouvent donc, en bloc, éliduquel se trouve M. Albert Thomas. Celui-ci, on-ne minés du Congrès, ou au moins réduits au·rôle d'assis

l'ignore point, depuis qu'il a fait son chemin dans le tants neutres., socialisme, se voit impitoyablement désavoué par ses

L'escamotage une fois accompli, on reprend les anciens fidèles, qui le considèrent comme un simple capi- assauts oratoires, et l'on consent, avec une patience taliste; en saine logique, la seule fréquentation de ce relative, à laisser M. Bidegaray développer longuement réprouvé devient donc, dans un milieu d'énergumènes, ses idées.

1 Pendant deux heures, il chante les louanges de la Cependant

, malgré les plus furieuses. logomachies, C. G. T., célèbre les mérites de son programme maximalgré l'invitation à ce une action plus virile devant :

mum, proclame « le réalisme » de Internationale l'intransigeance présente des compagnies et du gouver- d'Amsterdam, critique les extrémistes, malmène vivement », que présente un membre extrémiste de la com- ment ceux qui veulent subir avec docilité les ordres de mission exécutive, M. Chaverot, le Congrès d'abord sem- Moscou, et appuie d'ailleurs sur les bienfaits d'une disble pencher vers les réformistes; le rapport moral, qui cipline rigoureuse. Pour conclure, il dépose une sorte

approuve l'action de la C. G. T. et qui maintient la d'ordre du jour, d'une rédaction assez terne, trop conhance des cheminots à M. Bidegaray, estvoté par étendu pour être entièrement reproduit ici; mais sur ---543000 voix contre 46.000. La majorité apparaît donc lequel on se comptera en fin de congrès.

sérieusement marquée. Seulement, aussitôt des protesta- Dans cet ordre du jour, M. Bidegaray se recommande tions s'élèvent : le vote a été truqué; il y a eu des " des principes syndicalistes déterminés par la charte fraudes dans le dépouillement du scrutin; et les extré- d'Amiens » ; il préconise « l'union la plus étroite >> mistes menacent de quitter la salle pour se réunir aussi:

des syndiqués pour lutter contre « le capitalisme du

rail »; il demande qu'on en finisse avec « toutes les Soit qu'ils fussent de bonne foi, soit qu'ils n'osassent oppositions qui pourraient nuire à l'action des travail

à point affronter l'accusation d'avoir volontairement pipé leurs », et se prononce contre l'exclusion éventuelle des les suffrages de leurs camarades, les réformistes accep- dissidents, ce qui diminuerait les chances de succès :

« dans les différentes étapes de la bataille qui doit aboupartisans et de cinq adversaires, reçoive immédiatement

tir à l'émancipation totale du salariat... » En tant que le mandat d'examiner les réclamations des plaignants et

revendications corporatives, il mentionne « l'application bede vérifier leurs dires; après un contrôle minutieux et

de la journée de huit heures, la revision de l'échelle des une rectification des chiffres d'abord adoptés, on arrive

salaires », et, surtout, il lance le couplet sur « la réinù: se manifeste très clairement la tégration des révoqués, c'est-à-dire la réparation de la mentalité particulière de chaque-réseau :

monstrueuse injustice commise envers - les meilleurs... »

On voit que, ni -dans le fond, ni dans la forme, ce Réform. Extrêm. Abs.t

papier ne se distingue très sensiblement des oeuvres Algérie :

ordinaires du même genre. C'est habillé de la même 2.735

1.449 Orléans

2.644
6.993

rhétorique, le même programme que, depuis des années, Midi 3.027

137

on se repasse de main en main dans toutes les solenNord : 14.703 4.454

nités révolutionnaires. Du reste, le papier opposé pas

739 Etat

10.137
9.327

470

M. Monmousseau, et sur lequel on doit également se PS Tunisie 1.883

compter, ne nous offrira, lui non plus, rien de nouveau; P.-L.-M.

2.052 Alsace-Lorraine

15.212 1.076

seulement, il est d'un ton plus corsé, le ton de l'homme 1.777

10.927 Ceinture

qui opère dans l'opposition en face de l'homme. OCCU981 167

pant le pouvoir. 5.240 1.623 224

Comme M. Bidegaray, M. Monmousseau commence 7.826 433

par un discours ; il explique la théorie de « la lutte des 53.005 52.407 2.715

classes », auréole d'une apologie sans réserve « la dicPar suite d'une

tature du prolétariat », et invite nettement ses audinombre total des syndiqués représentés au Congrès est erreur ou pour tout autre motif, 'e teurs à se rallier aux grands prêtres de l'internationa

lisme: moscovite ; comme M. Bidegaray, il proteste ainst de 108.000 au lieu de 105.000. Il faut remarquer contre toute exclusion des dissidents, parle volontiers que cette revision du scrutin a largement profité aux de discipline et d'unité ouvrière, et se couvre au besoin, extrémistes qui, maintenant, n'auraient plus qu'à dépla- lui aussi, de la charte d'Amiens. Voici, d'ailleurs, les

, cer trois cents voix pour conquérir la majorité.

extraits les plus significatifs de sa motion poter, d'autre part, que les cheminots du Nord-Belge, « L'idéal syndicaliste, y: est-il dit, s'accomplira seudont le contingent est d'environ 4.000, et qui se déclarent 1 lement par la transformation totale de la société.... favorables à M. Bidegaray, se sont abstenus.

« Nées de la lutte des classes, les organisations ouvrièCette abstention n'a pas échappé à M. Monmous- « res ont pour but essentiel la disparition du patronat seau, et il a tout de suite compris l'importance essen- << et du salariat... Le syndicalisme prépare l'émancipatielle pour son succès de maintenir les Belges à dis- <tion intégrale des travailleurs, qui ne peut se réaliser tance au moment du vote final. Avec une promptitude « que par l'expropriation capitaliste ; il préconise, de décision qui fait honneur à ses capacités de mancu- « comme moyen d'action, la grève générale, et consivrier parlementaire, il profite du désarroi jeté dans les << dère que le syndicat, aujourd'hui groupement de ré rangs des réformistes par le vent de défaite qu'ils vien- << sistànce, 'sera, dans l'avenir, le groupement de pronent de sentir souffier sur eux, pour arracher l'accueil « duction et de répartition, base de réorganisation sofavorable d'une motion qui leur supprime toute pos- << ciale... Il doit poursuivre immédiatement la réalisa-. isibilité de retour offensif dans les scrutins à venir ; « tion des revendications corporatives restées en suset internationaliste intégral demande en effet que, « pens, telles que statut du personnel, échelle de traipour participer au droit de suffrage, les cheminots ««tements, indemnités de cherté de vie, application innient obligés non seulement d'être inscrits à la Fédéra- « tégrale de la journée de huit heures, et réintégration lion nationale, mais aussi à la C: G. T. française ; et « des révoqués.. Il réprouve toute collaborction de clasl'on accepte aussitôt cet exclusivisme fondé sur une

re ses, et entend ne pas donner suite à l'action des com" question de frontières ; or, les camarades belges sont « missions paritaires... »

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Rien que cette dernière phrase indique, à elle seule, médiatement que le Congrès modifie le mode de recru tout ce qui fermente de verbomanie en ces milieux désé- tement du bureau ; M. Bidegaray s'oppose avec fer quilibrés, et combien on y accepte aisément, sans en

meté à cette motion, il se retranche derrière les statuts. être gêné, sans même probablement s'en apercevoir, les Alors, dès la nuit même, les extrémistes se réunissen contradictions les plus catégoriques entre les paroles et entre eux et décident la nomination d'une commission les actes. Les syndicalistes proscrivent la collaboration exécutive qui élaborera de nouveaux statuts et les pré des classes ; ils ne tolèrent même pas ces commissions sentera à un Congrès extraordinaire spécialement com paritaires où employeurs et employés peuvent délibérer voqué à cet effet ; en attendant, ils nomment un bureau en commun de leurs intérêts. Mais, aussitôt ce dogme de leur choix, dont M. Sémard est le secrétaire

, et établi, « ils mandatent des délégués pour liquider, au M. Chaverot le secrétaire-adjoint. Mais, de leur côté

, les mieux de l'intérêt des cheminots, les revendications en réformistes nomment aussi un bureau où, à défaut de suspens, échelle des traitements, statuts du personnel

, M. Bidegaray qui n'est plus candidat, ils élisent M. etc... » Ils considèrent, en effet, que. « des tractations Montagne comme secrétaire, et M. Toulouse cimme sont inévitables entre patrons et ouvriers ». Seulement secrétaire adjoint. Le schisme semble, dans ces candiil y a, paraît-il, tractations et tractations ; il y a celles tions, aussi complet que possible. Il va pourtant s'agqui impliquent la collaboration des classes et celles qui graver encore. ne l'impliquent paş... Admirable matière à casuistique Car les extrémistes se considérant comme les seuls byzantine !

représentants authentiques de la majorité des syndi Jusqu'ici, comme nous l'avons noté déjà, les :liver qués, prennent, de leur autorité privée, possession de gences entre M. Bidegaray et M. Monmousseau résident l'immeuble sis rue Baudin, où se trouvé le siège de la surtout dans leurs procédés de style. Mais nous arrivons Fédération; et ils s'y installent. Mais M. Bidegaray qui à la question du choix à faire entre l'Internationale statutairement,

investiture antérieure d'Amsterdam et celle de Moscou ; c'est le point où se refuse de remettre la caisse et la comptabilité au camacreuse brusquement le fossé entre les deux factions ; rade Sémard, son hypothétique remplaçant Bien plus car si M. Bidegaray regarde vers Amsterdam, voici ce comme la Fédération des cheminots est illégalemen que M. Monmousseau et ses partisans pensent de constituée

constituée — et ceci, entre parenthèses, suffirait à légi

, Moscou :

timer les poursuites judiciaires contre lesquelles la « Le Congrès fédéral des cheminots considère que la presse d'extrême gauche éleva de si furieuses prots « Révolution russe, par ses principes et son action quo-' tations la maison de la rue Baudin se trouve avoi « tidienne, au milieu de difficultés issues de l'opposition été achetée et payée au nom de M. Bidegaray, qui se « intérieure et extérieure du monde capitaliste, est néan- trouve ainsi régulièrement en être le seul et unique pro« moins la première expérience de Révolution pro- priétaire, et qui peut réclamer aux tribunaux l'expu « létarienne. - Le Congrès déclare ne pouvoir rester sion des nouveaux occupants. (i dans l'Internationale d'Amsterdam qui, par

Avant toutefois de se résigner à faire appel à « la '« alliance avec le bureau international des gouverne- justice bourgeoise » de son pays, M. Bidegaray, préfère « ments capitalistes, montre qu'elle tourne le dos à la répondre par un coup de main au coup de main de « lutte des classes, et n'est qu'une caricature de l'Inter- envahisseurs. Un matin donc, suivi d'une troupe de pat « nationale ouvrière. Fidèle à l'esprit de la résolu- tisans, il procède à une attaque brusquée contre le loca « tion d'Amiens, il entend que le syndicalisme con- pénètre dans les couloirs et les pièces vides, et surprend « serve son indépendance complète vis-à-vis des partis quelques gardiens endormis, qui, affolés, supplient « politiques, et il estime que l'adhésion du syndicalisme « qu'on ne leur fasse pas de mal ». On se contentera e « français à l'Internationale syndicale de Moscou, loin effet de les mettre à la porte. Mais la stratégie révolai de constituer une violation de la Charte d'Amiens, tionnaire ne tient, paraît-il, jamais compte des possibl<< est la manifestation la plus sincère de ses principes lités de contre-offensive ; car M. Bidegaray, qui avat << révolutionnaires... >>

surpris les extrémistes, se laisse à son tour surprendre Donc, sur toutes les questions - y compris même

, par eux : ceux-ci s'introduisent de nouveau dans la place le vou contraire à aucune exclusion de la future

par les soupiraux des caves, dit-on, et expulsent leur ' minorité dissidente - l'unité syndicaliste paraît en expulseurs. somme persister; seule, la question d'Amsterdam ou de Pendant que ces événements se déroulent, la C. G. 1 Moscou alimente la discorde : inais elle l'alimente lar

ne sait plus quelle attitude elle doit garder entre le gement ; c'est sur elle, et rien

que

deux partis en guerre. Chacun lui réclame le timbre con se compter à l'heure du vote, dans cette réunion qui a

fédéral auquel il prétend avoir droit. Mais si la C. G. censément pour but la solution de problèmes corpora- donne son timbre à l'un des deux, c'est pour elle sort tifs. Et cette fois, la majorité se retourne ; elle passe de la neutralité et risquer de se compromettre avec nettement, par 55.140' voix contre 53.677, et.1.071 abs- vaincu de demain ; si elle donne son timbre à tous tentions, dans le camp de M. Monmousseau ; M. Bide- deux, c'est avoir l'air de vouloir consacrer le schism garay et les réformistes sont battus.

déjà terriblement avancé ; si elle ne donne son timb

: à personne, c'est exclure jusqu'à nouvel ordre tous le

cheminots syndiqués de la Confédération générale A partir de ce moment, le conflit qui n'avait jamais Travail. Dans ces conjonctures ultra-délicates,

.

el mérite d'être pris au tragique, mais que l'on pouvait | adopte, conformément aux meilleures traditions établic prendre au sérieux, va relever du vaudeville.

en d'autres milieux, la ressource suprême de toutes En effet, d'après les statuts syndicaux, le bureau fé... assemblées soucieuses de ne pas assurer des responsab déral qui appartient à la faction vaincue --- lités embarrassantes; elle charge une Commission de tro nommé par les Congrès des différents réseaux ; or, la ver la solution du problème et de prendre une décision majorité des réseaux reste favorable à la C. G. T., et, Dès lors, elle a du temps devant elle. par conséquent, au parti Bidegaray ; celui-ci, morale

Seulement, tandis qu'on en est là, M. Bidegaray, 9 ment désavoué par ses camarades, demeure ainsi le paraissait se tenir tranquille, sort brusquement maître de la situation ; en fin de séance, quand on dé- tente ; et il en sort pour aller se placer sous la prote signe les délégués au Conseil fédéral, les réformistes

tion de la « justice bourgeoise ». Au milieu des clameu: se trouvent au nombre de trente, et les extrémistes au

indignées et féroces de ses anciens amis. il sollicite u nombre de vingt-trois ; M. Moninousseau demande im- ordonnance de référé qui le remette en possession des

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que sur elle

l'on va

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est

de

Sertaient réellement un élément de

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bureaux Et « la justice bourgeoise », assez embarrassée ; M. Monmousseau fussent capables de réussir l'offensive devant une situation qui, en droit strict, semble évidem- où échouèrent leurs prédécesseurs avec des effectifs doument favorable à M. Bidegaray et aux réformistes, mais bles; d'autant plus qu'ils trouveraient aujourd'hui devant qui, en équité, justifie dans une certaine mesure les pré- eux des camarades fidèles à leur poste, mieux avertis de tentions des extrémistes, « la justice bourgeoise », dé- la folle et coupable aventure où l'on essaie de les précicide que, provisoirement, l'immeuble de la rue Baudin piter, un gouvernement plus résolu à la résistance

, une aux autres... n'appartiendra ni aux uns ni aux

opinion publique plus hostile et mieux organisée pour se Du spectacle de cet imbroglio picaresque, on ne peut défendre. vraiment pas dire qu'il ressorte l'impression que le parti

Et puis, l'un des principaux avantages de cette disrévolutionnaire, en son ensemble, se trouve actuellement

location de groupements purement politiques, quoi qu'ils dans une posture qui rehausse son prestige et renforce

en disent, c'est que les associations professionnelles ses moyens d'action.

recueillent d'une façon presque automatique et fatale les CONCLUSIONS

syndiqués qui échappent à l'emprise des pontifes révo

lutionnaires. Déjà, dans le monde des cheminots, la Et cette impression peut servir de conclusion générale

Fédération générale des mécaniciens et chauffeurs, à l'exposé sommaire que nous venons d'esquisser du ré

l'Association des agents des trains sont en voie de cent Congrès des Cheminots, — à condition toutefois

reconstitution. On délaisse les agités du communisme de ne point pousser au delà de certaines limites les possi

pour se rallier à de grandes oeuvres de mutualité, comme bilités optimistes résultant du travail de désagrégation

cette Fraternelle des cheminots qui, depuis 40 ans qu'elle qui se manifeste dans les grandes organisations antiso

existe, est arrivée au chiffre de 160.000 adlıérents et qui ciales de notre démocratie.

s'est constituée un fonds de réserve de 60 millions, mais On a beaucoup fait état, par exemple, de la scission qui met à la base de son programme l'entente de l'em

,
comme derniers

ployé et de l'employeur, et le devoir pour l'un et l'autre résistance aux de collaborer à la prospérité de l'entreprise dont: ils

; et vivent tous les deux. l'aucuns ont pensé que les idées d'ordre trouveraient

C'est en effet dans cet équilibre de la puissance corpoparmi eux des points d'appui appréciables. Rien n'est Tlus faux. Les mystiques ou les profiteurs qui se querel- probablement la solution de la plupart des graves

pro

rative et de la puissance patronale que se trouvera très ent brutalement autour de la Ile ou de la III InterWationale peuvent être divisés entre eux par des ques

blèmes actuellement pendants devant la sociologie. Déjà, ons de tactique et surtout par des rivalités de person

des rapports permanents s'établissent, qui sont pleins de es. En définitive, ils cultivent le même idéal de régres

promesses pour l'avenir. Pour ne parler que des agents ion vers une barbarie de pédants sanguinaires ; ils sont

de chemins de fer, ceux-ci voient leurs intérêts matériels barfaitement d'accord sur la nature du but à atteindre ;

et moraux protégés par un statut qui règle leur avanceTa stupide et cruelle « lutte de classes » reste, pour les

ment et établit le contrôle de la discipline à laquelle ils ins et pour les autres, le premier article de leur évangile.

sont soumis; par l'intermédiaire de délégués élus, ils peusa principale différence , c'est que les réformistes préten

vent suivre le fonctionnement des services de leurs ent faire la révolution au chloroforme, sans que le pa

réseaux; demain, comme membres de ce Conseil supérent crie trop et se débatte ; les extrémistes dédaignent entreprises ferroviaires, ils seront associés à la politique

rieur que prévoit la prochaine réorganisation des grandes as anesthésiques et veulent opérer sur la chair vive. Il sesterait à savoir si les premiers ne sont pas ainsi plus

générale des transports... dangereux que les seconds. Tests

Et, sans doute, ces réformes eussent-elles pu être A cet égard, certaines déclarations de principe, formu

acquises plus tôt sans les politiciens démagogues pour dées par M. Bidegaray en des occasions solennelles, nous

qui la culture des discordes civiles fut toujours un simple -, flutoriserit à ne pas le distinguer très nettement de M.

moyen de parvenir, une sorte d'exploitation industrielle s Midol, de M. Monmousseau et des autres. Le 15 octo

de la crédulité humaine. Par bonheur, il semble que cette ore 1919, au Congrès international de Washington, il

crédulité commence à s'apercevoir des abus dont elle est i lisait aux délégués allemands : « Je suis plus content de

victime. L'idéal soviétique, qui n'est pas neuf, mais qui ratemniser avec les ouvriers boches qu'avec les bourreurs

bénéficiait naguère du prestige dont on pouvait l'illumiIz le crânes des Compagnies et des ministères. » Le 15 OC

ner dans le monde des abstractions, n'a pas gagné à desescobre 1920, à Tours, parlant devant des syndiqués de

cendre sur la terre de Russie et à subir l'épreuve d'une Orléans et de l'Etat, il disait : « Il faut que la classe

réalisation concrète. En France au moins, la méfiance la fuvrière soit plus unie que jamais dans l'intérêt de tous ;

naît; le bon sens de la race se réveille. Il faut s'en louer. car, après la révolution russe, une autre viendra. » Le

Car, après tout, ce que perdra le socialisme sous ses 14 avril 1920, dans la Bataille, il écrivait : « La classe

diverses formes sera toujours autant de gagné pour le apuvrière se trouve en face d'un édifice qui menace de 4,9

progrès social. tomber en ruines. Il ne faut pas que les organisations

MAURICE SPRONCK. syndicales, bénévolement, bêtement, pourrais-je dire,

aillent domer de la tête contre ce mur chancelant. Vous
avez une arme qui doit servir à l'abattre ; et cette arme
c'est l'organisation syndicale. » De tels propos sont si- La suppression des droits d'octroi
gnificatifs. Nous savons bien qu'on doit y faire la part
d'une rhétorique qui ne correspond pas obligatoirement,

Si la lecture du Journal officiel est toujours ennuyeud'une façon exacte, aux secrètes pensées d'un meneur de

se, elle est parfois instructive si l'on veut bien essayer foules . Il n'en demeure pas moins évident qu'une extrême

de ne pas s'en tenir aux mots qu'on y lit, mais pénétrer prudence est de rigueur.

les idées générales qui les ont dictés pour en tirer une D'autre part, au point de vue de la sécurité publique ;

philosophie. paix générale, un affaiblissement notoire des

Notre attention a été attirée, dans le Journal officiel gences de perturbation collective ne constitue pas' un

du 4 mai 1921, par le texte d'une loi « autorisant la ville phénomène indifférent. Cent mille grévistes, en 1920,

de Meudon (Seine-et-Oise) à créer des taxes de remavoir qu'une puissance de malfaisance très placement de ses droits d'octroi. » Price; il serait invraisemblable que les 50.000 séides de Il n'y aurait pas lieu de s'y arrêter, si une pareille

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loi était un fait isolé et ne marquait que la tendance En septembre 1920, il a rapporté 292 millions ; il d'une ville, mais elle vient à la suite d'un certain nom- avait atteint dès le début son maximum, car ce chiffre bre d'autres lois analogues pour d'autres villes et sem- n'a fait que diminuer avec une régularité remarquable ble: dénoter une tournure d'esprit qui tend à se généra- mais désespérante pour arriver au mois de mars 1921 au liser dans les municipalités.

chiffre de 147 millions. Les personnes qui n'ont pas l'esIl est curieux de noter que jamais de semblables chan-prit chagrin ne verront là que la conséquence du ma

rasme économique actuel ; les pessimistes vous diront gements dans les sources de revenus (tant pour l'Etat que pour les communes) n'ont été aussi nombreux que

que c'est peut-être aussi parce que le nombre des décla

rations sincères diminue... pendant la période d'incertitude économique que nous traversons actuellement.

Il y a une erreur de psychologie fondamentale dans Il semble que l'on devrait être très prudent avant de ces lois qui basent le recouvrement de l'impôt sur la débouleverser ainsi des habitudes qui, si elles ne sont pas

claration de celui qui doit le payer. Au lieu de se bercer parfaites, ont, du moins, l'immense avantage de ne sou- d'utopies en supposant l'homme parfait et en élaborant lever. d'objections de la part de personne parce qu'elles des lois à la mesure de sa perfection, il serait plus judisont entrées dans les moeurs, et de tabler d'une façon cieux de considérer l'homme tel qu'il est, avec ses dé à peu près certaine sur les ressources qu'on a le droit fauts, de faire des lois qui lui soient applicables et d'en attendre.

d'essayer de le perfectionner. Mais il serait vain de chercher les raisons qui moti- On soutiendra que, remplacer dans une ville les droits vent pareilles attitudes de la part des municipalités d'octroi par d'autres taxes, c'est satisfaire tous les condans le domaine du bon sens ; il faut plutôt les trou- sommateurs pour ne frapper que ceux qui, théoriquever dans celui de la politique aux théories socialistes. ment, peuvent le supporter. Ces théories consistent, d'une manière générale, à vouloir faire payer par certaines catégories d'individus

Là encore, il ne faut pas se payer de mots. S'il est seulement, les sommes nécessaires à l'ensemble des ci

vrai que la très grande majorité de la population trouve

l'octroi « agaçant » on l'accepte, cependant, sans récri toyens du pays (s'il s'agit de l'Etat) ou de la commune

miner. Mais il ne faut pas prétendre que la suppression (s'il s'agit d'une municipalité).

des droits d'octroi allègera les charges du consommaCette manière d'envisager l'administration des finan- teur. Nous avons encore eu, récemment, l'expérience faite ces d'un Etat ou d'une ville, a conduit déjà à une solu- à Paris du remplacement des droits d'octroi sur les tion absurde: ne pas faire payer une marchandise ce boissons hygiéniques par des taxes sur les autos, voituqu'elle vaut et combler le déficit produit en puisant ail- res, chevaux et cercles. On n'a pas entendu dire que

le leurs: "Nous en avons eu deux exemples typiques, dans prix des boissons hygiéniques ait baissé à Paris : les la période d'après-guerre, dans la façon d'agir de la droits d'octroi supprimés ont continué à être acquittés Ville de Paris avec les tramways et omnibus et avec par les consommateurs, mais au lieu d'aller remplir les

caisses de la Ville, ils sont allés dans la poche du venPour éviter de laisser augmenter les prix des : places deur. Que l'on tente de les rétablir, le vendeur augmendans les autobus et celui du mètre cube de gaz, la Ville tera ses prix proportionnellement à ce qu'il aura à payer. de Paris s'est engagée à combler les pertes qui résulte

La chose n'est pas reversible, et l'on se rend difficileraient du maintien des prix anciens. Elle n'a pu se

ment compte de l'avantage qu'a pu trouver le consom procurer les sommes nécessaires à cette opération qu'en mateur dans ce changement ; par contre, on voit très créant des impôts nouveaux ou en augmentant ceux qui nettement les difficultés que la Ħille s'est créées pour existaient déjà : c'était donc, en définitive, les person- procurer des ressources. nes- qui ne prenaient pas le tramway et celles qui ne se

Les taxes de remplacement coûtent cher à établir ; servaient pas de gaz qui payaient une partie des dé

et les percepteurs ous diront que, pour un certain nompenses de ceux qui employaient tramways et gaz. Il est bre d'entre elles, l'on dépense, pour les établir, presque vraisemblable que c'est une libéralité dont elles se se

autant que ce qu'elles doivent produire. raient bien passées.

Il en est malheureusement de l'Etat et des Villes En matière d'impôt, il est certain qu'un impôt qui

comme des particuliers : l'expérience d'autrui ne leur ne touche pas tout le monde, pour frapper seulement un petit nombre de..« privilégiés. » rapporte peu et écrase

profite pas. Il n'y aurait qu'à jeter un coup d'oeil en Esceux qui le paient. Nous en avons un exemple avec l'impagne pour en tirer une excellente leçon et un exemple à

ne pas suivre. pôt sur le revenu : il frappe durement un petit nombre de Français ; les dissimulations et les fraudes augmen

Il fut décidé, il y a quelques années, que les droits teront fatalement et pour avoir les mêmes ressources,

d'octroi seraient supprimés par toutes les municipalités l'Etat se verra contraint de pressurer davantage ceux

et remplacés, dans un délai qui doit être aujourd'hui qui font leur devoir. Il n'est pas besoin d'être prophète expiré, par des taxes nouvelles. pour prédire que le nombre de contribuables honnêtes

A l'heure présente, on peut dire que toutes ces mun ne peut aller qu'en diminuant.

cipalités sont sans ressources et qu'elles ne savent où et Un exemple qui illustre bien ce qui vient d'être dit comment en trouver. nous est fourni par l'examen du rendement de l'impôt

Il semble qu'avant de nous lancer à imiter en granc sur le chiffre d'affaires. Pour les huit premiers mois

une manière de faire dont on peut constater les résul pendant lesquels cet impôt a été appliqué, son produit a été au total de 1 milliard 418. millions ; on avait prévu rait attendre l'expérience que sont en train de faire cer

tats désastreux dans un pays voisin du nôtre, on pour qu'il donnerait 3 milliards 329. millions, soit près de

taines de nos villes à cet égard. Il est probable que s 2 milliards de moins que ce que l'on espérait.

l'on voyait les effets déplorables que ce régime de sup Ce seul point nous montre quelle prudence il faut pression des droits d'octroi par des taxes de remplace montrer lorsqu'on veut tabler avec précision sur le ren- ment ne manquera pas de produire dans les commune dement probable d'un impôt entièrement nouveau. où il vient d'être mis en vigueur, les villes n'iraient pa Une autre déduction s'impose à l'esprit lorsqu'on re

grossir le nombre de celles qui s'en repentiront. garde les sommes produites par cet impôt, mois par mois.

MARGEL LEBON.

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D'une guerre à l'autre guerre

LE CRÉPUSCULE TRAGIQUE

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VI

sité ni ses alarmes. Il assistait cependant, étant doué

de seconde vue, à ce drame qui le désespérait, il en était LA VOIE ÉTROITE PARMI LES TÉNÈBRES

positivement le témoin, lucide, impuissant, passif, et Il est des âmes qui se reprennent toutes dès qu'elles l'on pourrait dire : endormi. De son unique visite à la ne se livrent plus toutes, et qui ne sauraient avoir un princesse, il avait, grâce à la prodigieuse mémoire de secret sans devenir entièrement secrètes. C'est pourquoi ses yeux, gardé une image parfaitement nette et minules privilégiés,' susceptibles d'éprouver l'amitié véritable, tieuse du décor, des physionomies, de tous ces détails exigent une intimité absolue et prennent ombrage des que se font donner les voyantes, avant de hasarder la moindres réserves. Elles ne sont la plupart du temps plus vague réponse aux questions qu'on leur pose; et que des taquineries innocentes, mais que leur ami pro- tous ces éléments lui servaient à imaginer les scènes où longe et pousse,: s'il en remarque l'effet excessif, puéril il faisait intervenir Rex chez la princesse, ou mieux à à à ses yeux et ridicule. Des êtres d'une exquise sensibi- s'en procurer véritablement l'hallucination. lité n'entendent rien à cette façon de prendre au tra- Il avait su, avec cette certitude d'une nature tout pargique des vétilles. Ils craient rendre service à celui qu'elles ticulièrement catégorique que donnent les intuitions à : font souffrir en le grondant, en essayant de le corriger. ceux même qui nient tout autre procédé d'appréhension": Mais celui qui aime d'amitié a raison de prendre au tra- que l'expérience et le raisonnement et qui répudient gique des petites choses, dont il aperçoit, lui, l'influence plus fièrement cette sorte de connaissance précaire, peu funeste. Cartelle est la différence plus essentielle de orthodoxe, il avait su le jour exact de la seconde visite

l'amour et de l'amitié, et sans doute la plus éminente de Rex chez la princesse : précisément quatre jours -supériorité de l'amitié sur l'amour !' tandis que l'amour quatre jours ! -- après la première qu'ils avaient faite

s'accommode d'une certaine dose de mensonge, et peut- ensemble. L'avertissement qu'il en avait reçu à l'instant Etre en est-il vivifié, l'amitié en est empoisonnée."

même où, ce jour-là, Rex'était rentré pour le dîner, et Philippe se rappelait et n'arait pas honte de se rap- dont il ne pouvait pas plus critiquer la valeur probante peler les souffrances inouïes, — pour le vulgaire, ab- qu'il n'en pouvait douter, était de l'ordre matériel ; il

; surdes, - qu'il avait endurées au temps de sa jeunesse le comparait lui-même à ce bizarre phénomène, souvent amicale, parce qu'on lui cachait sans motif une chose observé, de tout jeunes enfants jaloux de leur mère, qui

, sans intérêt : c'est qu'à ces moments-là il sentait que sentent, à la lettre, qui se

sentent, à la lettre, qui sentent, par une sorte de répuson amitié pouvait en mourir,:et l'enfantillage prenait gnance physique; qu'elle vient de se livrer à un amant. à ses yeux les proportions d'une catastrophe. Son amitié: Le choc avait été si surprenant et si rude qu'il avait l'Oxfordídemeurait le plus pur-souvenir de sa vie sen-: tressailli

, n'osant d'abord lever les yeux sur Rex, puis imentale et le plus :serein, parce que jamais la sécurité brusquement les avait levés : regard, non point qui in Zen avait été troublée :ainsi

, grâce non seulement à la terroge, mais qui annonce qu'il sait, et Rex en avait Téracité de Rex Tintagel, mais à la précision ingénuer páli. Et cette fois avait été la dernière où, sans rien se -le: cette véracité

. L'autre Rex; son fils, ne comprenait dire, ils s'étaient communiqués l'un à l'autre. Presque pas moins que lui-même; tant leurs sensibilités étaient aussitôt après, ils étaient redevenus tous deux, maîtres pareilles, ce qui devait maintenir et ce qui devait tuerc de soi et impénétrables

. leur amitié (car la tendresse paternelle et la piété filiale, A peine Philippe avait-il su, qu'il avait ressuscité

ce degré de passion, qu'est-ce qu'une amitié ?) Hélas! toute la scène en son décor, avec la figure des personna-> que pouvaient-ils l'un et l'autre, malgré leur bonne ges, leurs places, leurs numéros, comme on dit au théavolonté

, contre la fatalité maligne qui venait de sus- tre, et leurs passades. Ses yeux, soit dans le moment citer entre eux Lydie Tverskoi

, vivant symbole, non du .,

ou'ils voyaient ou quand ils se ressouvenaient, n'aper

.

* , = mensonge, mais de ce qui ne peut pas être- dit ? cevaient pas seulement le dessin des corps et des visages, Ils..se.résignaient tous les deux, ils étaient tous les mais, avec la même netteté, le dedans des âmes : ils

deux consternés. Rex n'eût rien souhaité. davantage que étaient témoins des sentiments comme des gestes. Phide n'avoir pas ce jardin secret. Philippe, était trop scru- lippe savait exactement quel regard avait lancé Lydie puleux pour en violer la clôture ; mais il chérissait trop 2

Tverskoï à Rex quand il avait paru et, une seconde, son fils, qu'on lui ravissait, pour avoir la force de s'in- hésité sur le seuil du salon, et exactement comment il terdire de rôder, de guetter alentour, d'épier. Toute sa fallait interpréter ce regard. Tous les mouvements empréoccupation, durant de longs. mois, fut cet espion- pruntés et les expressions de Rex, Philippe les aurait nage qui le faisait rougir de honte, cependant que leur pu reproduire sans l'erreur la plus légère, et dire à quelle vie commune gardait les apparences de l'intimité la mesure battait alors le coeur de son fils,. et la sorte d'émo. plus étroite, qu'ils demeuraient chaque jour et causaient tion que trahissait ce rythme. ensemble des heures, avec agrément, avec abandon, as- Il croyait même entendre toutes les répliques. Il n'au

. se sez ingénieux, en même temps que soucieux de 2

rait su les écrire. Ainsi qu'en un rêve très distinct, il point blesser, pour dissimuler, parmi tant de choses .

avait dans les oreilles le son des voix, et il comprenait qu'ils disaient sans contrainte, la contrainte que mettait le sens des paroles, sans toutefois, retenir les syllabes entre eux l'arrière-pensée toujours présente de la chose articulées. L'effort qu'il faisait pour les saisir, comme qu'ils ne disaient pasi

au réveil, irritait et fatiguait ses nerfs. Puis un apaisePhilippe, du moins, voulait ne devoir qu'à lui-même, ment, un soulagement, comme après une alerte, lui ind ses inductions, à ses analyses, d'une pénétration pres-diquaient qu'à cette deuxième rencontre – cela était qe miraculeuse, la connaissance abscure, hypothétique,

d'avance bien certain – rien n'était arrivé d'irréparable. de l'intrigue ensemble :mystique et vulgaire dont il de. Mais combien y gagnait-il de temps, ? La joie du péril Ninait une à une les péripéties. Il négligeait les docu- cette fois détourné lui était gâtée aussitôt par le pressenPents que lui auraient pu fournir les propos du monde. timent de l'imminence et de la fatalité de la chute. Il Antant interroger les domestiques ! Il eût encore moins se rappelait une phrase d'un vieux roman : « Les chutes beterrogé Rex, et il prenait soin de ne trahir ni sa curio- des honnêtes femmes sont d'une rapidité à faire frémir »;

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sa fal

.

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