anglais au Labon pendance et leur valeur des mots d'ordre de la rue Cadet | M. Briand de subites tendresses. Comment ne point et de la rue de Valois ; d'autres hommes, enfin, qui, ins- éprouver, sinon quelque rancune, du moins quelque surtruits par les leçons de la guerre, avaient donné, tout en prise et quelque méfiance? D'autant que D. Lloyd demeurant dans leur groupe, leur adhésion officielle au George est l'homme qui voit grand. Et si parfois cet parti Jonnart Ne savait-on pas dès lors qu'il convenait invincible attrait pour les constellations grandioses lui je déduire de la Majorité Absolue les Albert Gérard, a dicté, notamment pendant la guerre, des décisions les Trouvé et les Royneau, les Monzie, les Jouvenel et les fécondes, les excès de cette imagination impressionPaul Strauss, les Perchot, les Mascuraud et les Nou- nable et ondoyante ont parfois coûté cher au peuple lens ? l'empire gréco-byzantin qui devait se dresser Que demeure-t-il donc de la leçon de ce scrutin sur les ruines de l'Islam morcelé, ne s'écroule-t-il pas dont il était aisé de prévoir l'issue ? Ceci. Que le aujourd'hui, avec autant de fracas que la Triplice qui Bloc national qui, à la Chambre, hésitait à fixer les devait se partager l'empire des mers? Or les questions frontières de la majorité et à rejeter dans la minorité économiques, auxquelles l'homme d'Etat le plus remarstérile du bloc de gauclie les valoisiens impénitents, n'a quable de l'Eure maintenant consacrer les resrien à redouter du Sénat : il y a, là aussi, une majorité sources fécondes de sa brillante imagination, sont de solide et sûre, décidée à marcher d'accord avec celle de celles qui ne se prêtent ni aux improvisations rapides , la Chambre, et grâce au vote si clairement intervenu sur ni aux constructions grandioses. Il faut procéder, par le terrain choisi, ces vérités, hier encore confuses et dis- des mains expertes et après de mûres réflexions, à des cutées, sont devenues lumineuses et irréfutables. analyses minutieuses et à des déblaiements successifs. Il en demeure ceci encore et ce n'est pas la leçon la moins ironique Nuls problèmes ne peuvent être plus difficilement réque les hommes d'Etat de gauche ont démontré qu'il fallait les classer dans l'opposition la formule cinglante et définitive de M. R. Poincaré -; glés par cette « diplomatie de cinéma », pour prendre et dans la minorité jusqu'à nouvel ordre. Ceci dit innovation redoutable, dont M. D. Lloyd George plus pour M. Gaston Doumergue en qui d'aucuns mettaient, que tout autre, porte la responsabilité. Et cependant , paraît-il, les plus vastes espoirs. Et ceci dit aussi pour M. Maurice Sarraut, qui n'a pas été très gentil pour son dès le 15, le premier ministre répondait explicables préventions. M. Steeg, qui eût pu exciper envisageait pour janvier la réunion « à Londres d'une frère, si difficilement dégagé, et depuis peu, des plus party “ qu'il allait discuter avec M. Briand tous les problèmes de l'heure ». Le 17 son journal, l'Observer légitimement de sa haute fonction à Alger pour s'abstenir – a tenu à marquer sa communion d'idées et de nouvelle conférence européenne », à laquelle seraient sentiments avec le Bloc national. N'a-t-il pas été plus transformer les relations économiques du monde en conviées l'Allemagne et la Russie Il ce qui pourrail a visé ? tier. » Mais ces deux douzaines de premiers ministres, TRYGÉE. après avoir été incapables de restaurer la production nationale, entreprendraient de restaurer la vie mon diale. Les voyez-vous en public, sous la lueur des proAffaires Extérieures jections, à portée des reporters, démontrer les mécanis mes du danger, jonglant avec des milliards-papier ?- Et comme le bon sens français pourrait se cabrer derant Les Conversations franco-britanniques ces exagérations de l'humour britannique, le projet de garantie territoriale et d'alliance occidentale réappaLa France a beaucoup d'alliances nominales : l'une rait .Le général Seely, qui, par une vaillante conduite au moins est singulièrement efficace. Le Quai-d'Orsay sur la Somme, racheta les coûteuses illusions de son rapeut compter sur la collaboration persévérante et gra dicalisme pacifiste, repose le problème dans le Times , tuite de la balourdise germanique. A maintes reprises, avec la vigueur du juriste et la loyauté du soldat. Certos avant, pendant et après la guerre, la pesante Germanie, cet échange de signatures paraît constituer la conclusion victime de son manque de tact, de finesse et de prévi- logique et la consécration morale des entretiens, au sion, est venue, au moment opportun, par une gaffe cours desquels des experts auraient progressivement providentielle, éclairer, orienter, soutenir la diplomatie liquidé les conflits et réajusté les politiques francofrançaise isolée, vacillante et timorée. anglaises. Mais ne serait-il pas dangereux de céder aux suggestions de Philippe Millet et de placer au contraire [x? cette négociation en tête du débat ? « Garantie » et Il est impossible qu'en s'embarquant le 19, MM. « Alliance » deviennent des éléments d'échange et des Briand, Loucheur et Philippe Berthelot n'aient pas moyens d'expression. Au prix d'une de ces signatures bien que M. Marcel Hutin ait affirmé le contraire dont le Français chicanier et paysan exagéra toujours éprouvé quelque inquiétude. Les dangers auxquels ces l'importance, ne sera-t-il point possible de l'entrainer conversations brusquées exposaient la délégation fran dans une de ces conférences, habilement composées et çaise, étaient trop évidents pour ne pas préoccuper jus dangereusement truquées d'où il sortira les mains ligo qu'à ceux que l'hospitalité toujours éphémère et tou- tées et les poches vides, après avoir joué et perdu la barjours inconfortable du Capitole républicain pénètre rière du Rhin. d'une optimiste sérénité. Mais cette excellente Allemagne veillait au grain. Es Le e Foreign Office a beau multiplier, depuis l'armis- au lieu de laisser les premiers ministres s'engager ava tice, qu'il s'agisse de la Turquie ou de l'Allemagne, de imprudence sans être avertis sur ces terrains dange la Russie ou du Japon, les démonstrations de cet art reux, elle décide de rendre à la France le précieux ser des revirements, dans lequel il a toujours excellé vice d'orienter le débat vers un problème concrete l'opinion française, plus conservatrice, moins souple et vers une réalité immédiate. Le 14, avant que M. Briark plus lente, a quelque mal à suivre ses amis dans leurs et M. D. Lloyd George n'aient pris contact, le Dr Wirts variations soudaines et intégrales. Hier la délégation écrit à la Commission des réparations pour lui annonce anglaise tentait d'écarter la France de l'Entente Ex- qu'il ne saurait faire face aux échéances de janvier trême-Orientale et la presse officielle passait sous si- de février. Faillite précieuse ! Bévue féconde ! Balous lence le discours de M. Viviani, dont le retentissement dise providentielle ! Le Dr Wirth fournissait à 2 fut considérable, scandalisant ainsi jusqu'à Wells lui- Briand le moyen de circonscrire le débat et d'éviter de même (Daily Express, 13 décembre). Aujourd'hui, à pièges, l'occasion d'apporter un programme financiera peu d'heures d'intervalle, le Foreign Office accable 1 de réaliser un aocord limité. 24 the .. Mais après avoir remercié Wirth il faut relire son Nombre de Sociétés en milliers de £ papier. Il est lamentable. Il constitue l'aveu le plus grave de 19 brasseries 940 18 olo 9 sociétés de gaz 12 18 olo la défaite, le signe le plus manifeste de l'impuissance hôtels 7 283 allemande. Relisez. Pas un fait ; pas une date ; pas un 20 fer, acier, charbon 1.318 28 olo chiffe. Le Reich invoque simplement le refus auquel se 14 sociétés agricoles 429 sont heurtés ses négociateurs à Londres : ni emprunt à 4 salpêtre + 95 + 205 olo longue échéance, ni crédit à court terme. Aucune indica 43 caoutchouc 965 84 olo tion claire et nette sur l'effort d'hier, d'aujourd'hui et 6 navigation 400 de demain pour faire honneur à la signature allemande. 5-grands magasins 37 Il 0/0 Le discours du 15 est aussi vague, aussi terne et aussi 1.259 186 olo mou que la note du 14. Le chancelier implore sa majo 5 télégraphe 1.030 70.0/0 6 textiles 2.263 et cela rité tout comme il implore les alliés. Il faudra 9 grandes firmes industrielles.. 158 20 o/o après trois ans de paix - voter le budget en temps utile, 61 sociétés diverses 1.225 équilibrer recettes et dépenses du trafic ferré, postal, supprimer les subsides indirects accordés à l'industrie soit pour 232 sociétés une réduction dans leurs bénéfices triet aux exportations. Ces réformes tardives et vitales mestriels de 10 millions de livres sterling, de 42 pour cent. sont demandées sans autorité et réclamées sans énergie, Devant des pertes et un chômage qui réduisait telle La parole est aussi lasse et aussi veule que la plume. des provinces britanniques, comme le disait avec une Le discours vaut la note, cette note dans laquelle la communicative émotion lord Derby, à l'état de « régions Commission des réparations dévastées » - ces esprits accueillent plus facilement les a n'a trouvé aucune précision ni quant aux devises, que le pensées irritantes ou chimériques, hâtives ou impru dentes. gouvernement allemand serait prêt' à fournir à chacune des échéances du 15 janvier et du 15 février, ni quant au délai Des banquiers commettent l'imprudence, pour justide grâce, qui serait sollicité pour payer le solde, ni quant fier le refus d'un prêt au Reich, de mettre uniquement aux garanties, qui seraient offertes dans l'intervalle, en cause ni allusion aux mesures que le chancelier a adoptées ou se propose d'adopter pour donner satisfaction aux vues expri- « les conditions, qui, pour les prochaines années, ont force mées par la commission dans sa déclaration orale du 13 no- de loi pour la Commission des Réparations, dans la quesvembre et sa lettre du 2 décembre 1921. » tion des obligations allemandes », Ni politique, ni programme, ni méthode. La planche sans préciser, ni distinguer, sans incriminer le gaspillage à assignats tourne. Au cours de la dernière semaine de énonté ni l'inflation systématique. Nos diplomates sont novembre, l'inflation a augmenté de 5 milliards, soit assez naifs pour trouver une panacée dans l'avènement trois fois plus qu'au cours de l'année 1920 tout entière. des populistes de Stinnes, qui seraient les fourriers de (Frankfurter Zeitung, 5 décembre.) Le Reich est un la réaction militaire et monarchique. (Lokal Anzeiger, gouvernement qui ne sait plus, n'ose point et ne peut 15/12). Des ministres, Winston Churchill, le 30 novempas vouloir. La médiocrité des caractères est plus grande la triplice anglo-américo-japonaise, qu'ils auraient voulu bre dernier, r, sont assez imprudents pour comparer à encore que la médiocrité des intelligences. Un aveu officiel confirme les témoignages impartiaux. L'Autriche dresser dans le Pacifique, la triplice anglo-germanoflanche. L'armature fléchit. La défaite économique française, « qui recréera la prospérité disparue de l'Eu « approche. rope ». Pour l'écarter, il ne suffirait ni d'accorder un morato Heureusement que d'autres Anglais voient plus clair, rium, ni de réduire la créance, – ni d'ouvrir un délai, ni ni d'ouvrir un délai, ni pensent plus juste. Par exemple, le bureau de la Fédé d'empiéter sur l'avenir. C'est maintenant qu'il faut agir, ration des industries britanniques qui, le 23 novembre, intervenir en chirurgien, porter le fer dans la plaie . Une proposait d'affecter au paiement des réparations des autorité doit dicter les réformes et créer l'organisme, actions dites de priorité ou de première hypothèque, qui assainiront la vie financière du Reich. L'intérêt des dont la création serait imposée par la loi allemande à Alliés n'est pas seulement en jeu. L'existence même de toutes les sociétés financières, navales ou industrielles l'Allemagne est en cause. La course à l'abîme se préci- tique du Daily Telegraph, qui écrivait , le 17 décembre d'outre-Rhin. Par exemple, le correspondant diplomapite. Si le mark ne se relève pas sensiblement, l'heure est proche où le super-Etat industriel participera à la dernier, après avoir démenti au nom du Foreign Office, faillite de l'Etat politique, ne pourra plus importer ni quelques-unes des rumeurs dont débordent les colonnes matières premières, ni denrées alimentaires, réduire au de la presse parisienne : chômage et à la famine une population urbaine qui ne « Sa manière d'aider et si nécessaire d'obliger l'Allemagne rit point sur la terre allemande, mais dépend, pour sa à adopter de solides méthodes financières devra être examisubsistance, des marchés extérieurs : or elle représente née à fond. L'équilibre de son budget ordinaire doit être 53.0/0 de la population totale. réel et non simplement théorique. Les taxes existantes doiCette opération chirurgicale, cette intervention réno vent être perçues, si la justice ne demande pas qu'elles soient Fratriçe, cette saisie-arrêt, cet assainissement fiscal, l'opi- être enrayé. Il y a certainement des moyens d'arrêter, sinon augmentées. Le flux incessant des presses à assignats doit Lion britannique, le gouvernement anglais sont-ils dis complètement, du moins d'une manière appréciable, l'évasion sosés à l'entreprendre? des capitaux. Par exemple, le gouvernement allemand pourUn réalisme trop étroit et une sentimentalité trop rait mettre l'embargo sur les titres étrangers possédés par smotive rendent les visions moins claires et les décisions des sociétés et par des sujets allemands. Le gouvernement noins nettes. Or si cette sentimentalité mystico-biblique allemand pourrait percevoir, par l'intermédiaire d'un orgaDie joue plus, outre-Manche, le même rôle néfaste que de nisme analogue à celui qui existe en Italie, ou grâce à une 906 à 1913, il est certain qu'une crise industrielle législation semblable à celle qui fonctionne en Grèce, les devises étrangères payées aux exportateurs et les leur remOntense, générale et prolongée rend les esprits réalistes bourser en monnaie nationale ou autrement. » blus enclins à nourrir des rêves chimériques et à prendre les décisions improvisées. Au cours du troisième tri- On ne saurait écrire de meilleure encre. C'est dans restre 1921, les bénéfices de l'industrie anglaise ont, par cette voie qu'il faut résolument s'engager. apport aux résultats du troisième trimestre 1920, dimi- Un autre Anglais, un grand Anglais celui-là, lord Kucé comme suit : Derby, nous y invite. Il n'est point hanté par les sou : et pros venirs de 1815, mais il reste fidèle à ceux de 1914. Il con- Le resserrement du blocus, puis la victoire des Allia nait les défauts mais il aime l'esprit de la France. Il sait ruinent une partie de cet échafaudage. Mais pour un qu'elle est indignement calomniée et outrageusement entreprise qui s'écroule, deux s'organisent défigurée. Il voit juste dans l'âme allemande, et il pro- pèrent. L'ettondrement même du mark, en facilitar clame « qu'on ne peut avoir aucune confiance dans la les exportations de l'Allemagne, sert la fortune parole des Allemands. » Il sent que les frontières terri- Stinnes. Les paiements qu'il reçoit à l'étranger, il le toriales de la France et les frontières industrielles de investit sur place, du même coup narguant le fisc alle l'Angleterre sont solidaires. Son coeur et sa raison mand, se mettant à l'abri des Auctuacions du chang lui démontrent que les besoins profonds et les vrais inté- et se poussant au premier rang des capitalistes inter rêts des deux pays concordent aujourd'hui comme hier. nationaux. Lord Derby peut se porter garant vis-à-vis de la Maintenant Hugo Stinnes est le maître véritable di Grande-Bretagne de la modération française, et vis-à- Reich. Ses richesses - d'aucuns les chiffrent à deux vis de la France de la « loyauté anglaise ». Avec lui, milliards de dollars, deux cents milliards de marksil serait facile de cimenter l'alliance occidentale et de papier — lui permettent de tout acheter, entreprises et bâtir la paix européenne... Mais lord Derby ne prend consciences. Le mécanisme de son consortium, composéaucune part aux entretiens de Downing Street. de sept groupements principaux aux innombrables rami. fications lui assure le contrôle de presque toute l'indusJACQUES BARDOUX. trie et d'une grande partie de la banque. Les hommes à sa solde remplissent les administrations publiques, les missions à l'étranger, le Reichstag. Par la presse , dont Hugo Stinnes il a acheté les principaux organes, par le cinéma, quil a trusté, il tient l'opinion. Le Volkspartei, le plus puisA Mülheim-sur-Ruhr, dans une maison vaste, mais sant peut-être, à coup sûr le plus riche des partis alle simple, un cabinet de travail austère, aux murs nus. mands est à sa dévotion. Et sur un signe de lui le faible Derrière une table de bois noir, un homme est assis. ministère Wirth, sans doute, s'écroulerait... Cinquante ans environ, taille moyenne, regard effacé Ce signe, il ne l'a pas encore fait. Prudence ? Mépris derrière un lorgnon, complet fatigué, cravate noire au de l'homme d'affaires pour les agitations de la polti . naud tout fait. Silhouette qui n'est sauvée de l'insigni- que ?- Toujours est-il que, jusqu'à ces derniers temos , fiance absolue que par la barbe noire et drue contras- Stinnes évitait de paraitre personnellement devant les tant avec la pâleur du teint. feux de la scène publique. Une seule fois, à Spa, ar Le médiocre personnage sonne. Un secrétairê parait. l'avait entendu parler au nom de l'Allemagne. Ave Quelques lettres sont dictées, quelques signatures je- quelle arrogancé ! Les Alliés s'en souviennent encore tées, quelques appels téléphoniques lancés... Et voici En quittant la conférence ne disait-il pas à un familier : que l'univers industriel et commerçant s'émeut : dans « L'Allemagne n'a pas été battue. Il ne me convenait la 'Ruhr, sur le Rhin, en Saxe, les puits de mines se point de mettre des gants blancs pour parler à 1108 creusent plus profonds, les hauts fourneaux flamboient ennemis. Après tout, que sont-ils ? Je pourrais tous bs davantage, les villes ouvrières se couvrent d'un voile de acheter, si je le voulais. Mais j'ai pour mon argent * fumée plus dense; à Hambourg, à Berlin, des quartiers meilleur emploi. » entiers changent de propriétaires ; des ports de la Bal- Cet éclat demeura isolé. Pendant un an, Stinnes ne tique sortent des flottes marchandes; aux Etats-Unis sortit pas de la coulisse. Mais son esprit ne demeurait le cours des pétroles est modifié, en Suède le cours des point inactif. Et voici que, dans cet esprit, un plan gi bois, celui du cuivre en Espagne, celui des peaux en gantesque s'est formé. Le but : assurer en Europe à l'AlArgentine. Et l'Angleterre, que la concurrence alle lemagne une hégémonie économique plus formidable que mande chasse de ses marchés extérieurs, voit avec ap- son hégémonie militaire de jadis. Les moyens : la mise préhension grossir l'armée de ses chômeurs. au panier du chapitre Réparations du traité de VerHugo Stinnes, le Bismarck de l'Allemagne moderne, sailles et la colonisation de la Russie. a parlé. Ce plan, Stinnes sent bien que l'union des Alliés en La merveilleuse « machine à affaires ! » La plus mer- rendrait la réalisation impossible. Aussi tente-t-il tout veilleuse peut-être qui ait jamais existé. Machine pré- pour la briser. Dans ce but, il joue la carte anglaise. So cise, réglée, puissante. Nulle fantaisie chez cet homme, tractations avec lord d'Abernon, l'ambassadeur britaset presque rien d'humain. Dans son existence aucune de nique à Berlin, ne sont, depuis longtemps, un secret pour ces touches romanesques qui rehaussent la vie d'un personne. Le mois dernier, il s'est rendu à Londres Cecil Rhodes. Nul trait qui frappe l'imagination. Mais L'objet ostensible de son voyage était la négociation de la volonté, de la puissance, une formidable puis- d'un emprunt extérieur ; la fin réelle en était de pers sance de travail, souvent de la divination et, au fond suader la Cité que l'exécution du traité conduirait le de tout cela, un succès régulier, progressif et éclatant. Reich à une catastrophe financière où l'Angleterre ris Stinnes ne commence pas sa carrière dans les clas- querait de se voir entraîner. Beaucoup des interlocuteurs siques sabots. Son père était un riche brasseur d'af- de Stinnes furent séduits par ses arguments comme ils faires. A vingt-deux ans, le jeune Hugo se voit déjà en le furent aussi par le mirage d'un consortium germano mesure d'acquérir plusieurs mines de houille. A celles-ci britannique pour l'exploitation de la Russie. Les ban s'ajoutent bientôt, selon le système de l'intégration quiers de Londres ne connaissent pas tous la fable de verticale, des briqueteries, puis des aciéries, enfin une Bertrand et Raton. petite flotte marchande. Stinnes a désormais le vent en Sous son front ridé et blême, Hugo Stinnes roule de poupe. Ses entreprises se multiplient, le succès les ac- vastes desseins. Mais les conversations franco-anglaise compagne. En 1914, notre homme est un des magnats dont le voyage de M. Briand à Londres vient de mar de l'industrie rhénane-westphalienne et on évalue sa quer le début pourraient bien venir à leur traverse L fortune à cinquante millions de marks. colossal en politique n'a guère, ces derniers temps, réuss La guerre la devait centupler. Dès le début des hos- au chef de l'Allemagne. La Fortune qui s'est dérobée tilités, Stinnes devient un des confidents de Guillaume II l'étreinte du kaiser romantique demeurera-t-elle jus qui fait son chef d'état-major économique. Il noue qu'au bout fidèle au ploutocrate en veston râpé ? Hoga dans les pays scandinaves des relations d'affaires et Stinnes doit parfois méditer sur la destinée du bûcheros des intrigues politiques qui servent en même temps les d'Amerongen. intérêts du Reich et les siens propres. JACQUES CARIES. NOTES ET FIGURES l'auteur. La fierté humaine qui subsiste en de telles abdications des jeux de la sensibilité, se reporte toujours, en pareils cas, sur la forme, et l'art de René Maran lui Le gagnant du Prix Goncourt. doit d'être ferme. N y a bien loin de ce travail tout per sonnel, de cette libération résolue des modèles admirés, La part de l'étude est grande dans la formation aux clectations de ses heures de loisir où voisinaient intellectuelle de l'auteur de Batouala. Les belles années à sa table de lecture Mathurin Régnier avec Charles de son adolescence se sont écoulées au lycée de Bor-Guérin, Gilbert de Voisins avec André Suarès, les vieux deaux, où il passait même les vacances, et s'il n'a ja- textes des éditions Edouard Champion avec Henri de mais eu un mot d'amertume contre sa réclusion, c'est Régnier, Baudelaire ou Samain ! La revision constante que de bonne heure il avait accouvert les richesses du de lui-même l'a emporté sur sa jolie passion des livres livre; et le secret de peupler de rencontres idéales le et des maîtres du langage. On craindrait aisément pour silence de sa vie intérieure. Sans doute, il était bon lui les ravages de la solitude et le desséchement qu'elle joueur de foot ball, habile à la salle d'armes, et ses provoque à la longue, si la littérature, qui a été le refuge aptitudes physiques lui avaient valu un entourage fort et le salut d'autres singularités que les siennes ne lui divers, mais sa personnalité frémissante s'était laissé faisait désormais une place qu'il n'espérait point condeviner et les bons camarades qui l'appelaient en sou- quérir. S'il est délivré des peines de vivre « contre sa riant « mon pauvre Colorado » savaient quelle attirance pensée, son tempérament et son coeur », il parviendra , l'emportait en lui sur les jeux animés. L'émulation de sans doute à cet élargissement de son écriture, en prose, lectures ordonnées et continuelles l'emplissait encore souhaité par les plus exigeants, et dont la plénitude quand il assembla, vers la vingt et unième année, les d'accent de quelques-uns de ses poèmes a donné déjà poèmes de son premier recueil, et ses premiers vers la grave promesse, portent la marque d'une sévère discipline verbale. On MANOEL GAHISTO. y trouve peu de confidences intimes : munu Sur Robert de Montesqulou. Oh ! quelques lignes de souvenirs seulement. Car il nies' accueillent des vocables favorables aux surprises C'est au « Pavillon des Muses »; à Neuilly, il y a de la rime et si, rétrospectivement, on découvre combien quelque vingt ans, qu'il se montrait, dans tout son éclat, étaient « vrais »- certains accents, la note générale est aux yeux d'une foule attentive, qu'il cherchait et qu'il de souplesse voulue, de simplicité docile et lucide. réussissait à ébahir. C'était l'époque des Chauves-souris, Le vrai bonheur c'est d'être bon, tout simplement, des Hortensias bleus, du Chef des odeurs suaves, c'était Comme la fleur parfuire, l'époque des aventures, des duels, de mille folies très C'est après La Maison du bonheur (1), que se dégage étudiées ; et tout Paris s'intéressait aux faits et gestes de cette habileté ensoleillée la personnalité mordue par de celui qui, avec ce nom et cette fortune, avait su rester les hâles de la vie : jusqu'au bout le fidèle compagnon du génial bohème de Toi qui gardes, songeur dans ton rêve inurė, Sagesse. Une oreille docile, hélas! aux lois du nombre, Il recevait princièrement : fleurs, musique, chère, parPersonne ne pourra t'empêcher de pleurer fums, tout y était d'une recherche que la renommée céléDe n'avoir pu sauter au delà de ton ombre. brait avec une pointe d'ironie ; et lui-même, n'hésitant Le second livre de vers de René Maran s'appelle La pas à s'extasier sur les beautés de la fête, vous reconduiVie intérieure (2). Des incidents qui sont les incidents sait avec un : « C'était superbe, n'est-ce pas ? », qu'il de toutes les jeunesses, des chagrins qui sont le lot de jetait d'une voix de fanfare. toutes les sensibilités, des angoisses qui ont mûri tous Dans l'intimité, on trouvait vraiment un personnage les coeurs, il a tiré de plus graves et plus lourdes .con- extraordinaire. Au fond de cette demeure, magnifique clusions : jusque dans ses moindres coins, qu'il appelait, en se Il faut qu'en l'ombre complice redressant, « l'un des plus beaux intérieurs du monde >> Où les yeux semblent mourir, (et c'était probablement vrai) s'il portait, en grand Ta miémoire s'abolisse seigneur, en effet, un nom sonore et glorieux, il se nonEn l'oubli du souvenir... trait aussi un aitiste dans toute l'acception du terme, Lorsqu'il a tenté d'écrire des romans, deux voies se réagissant proforidement aux formes, aux couleurs et aux sont ouvertes à lui, celle de la transposition passionnée | bruits, avide d'impression subtiles, et ayant une effarante à laquelle le genre concède toutes les facilités de la phobie de la banalité. iction et tous les plaisirs de l'autobiographie, et celle On a parlé de son insolence : elle était splendide. Je de l'observation étudiée et minutieuse. C'est cette der- me souviens de certaines répliques, débitées, toujours nière qu'il a choisie en ébauchant Batouala. Fidèle à avec cette voix claironnante et nasillarde, le busté rejeté une directive antérieure, parvenu à la limite dernière en arrière, les sourcils froncés, à des gens ir à qui il voudu silence de soi, il s'est efforcé de représenter exacte lait être désagréable » : c'étaient des chefs-d'œuvre. On ment les êtres les plus différents de sa propre menta à parlé de son élégance : elle était, me semble-t-il, inconlité et les plus éloignés de sa lourde complication cons testable, et l'on peut dire que toutes ses attitudes, en ciente. Avec le minimum strict de détails descriptifs, leur temps, furent copiées dévotement. On a parlé de sa rognant les alinéas de ses premiers textes et ciselant méchanceté ; si l'on veut ici être véridique, on ne saurait les phrases de son élémentaire récit, il s'est efforcé vers la nier : il avait ce défaut effrayant, bien de chez nous ces âmes obscures. Il les a comprises, il a chanté leurs au surplus, de ne pouvoir retenir un trait d'esprit qui lui chants, et il s'est amusé parfois visiblement d'être le venait aux lèvres ; et quel esprit !... Alors, tant pis ! témoin, lui, de leur grande simplicité. c'était avec une complète indifférence qu'il pouvait semer Telle est la gageure qu'il y avait sous la réalisation le mal comme le bien. Mérimée ne disait-il pas, déjà : de l'histoire de Batouala, née du destin singulier de « Un Français se ferait pendre plutôt que de manquer un bon mot. ! » J'ajouterai : A plus forte raison ferait-il (1) Editions Le Beffroi, Paris (1909). pendre son voisin !... On a parlé de sa beauté. Ici, je (2) Editions Le Beffroi, Paris (1912). suis embarassé. J'avoue que j'ai toujours admiré la fine : son : harmonie de ses traits, son allure de gentilhomme, la étagés, s'entasse, de guinguois, la ville pluvieuse, ma morgue même de ses mines ; je l'ai vu entouré de fort dorante, assombrie et malfamée où, depuis plus jolies femmes, mi-pamées, qui l'adoraient ; mais je me quinze ans, la doctrine de Karl Marx exaspère sans trê rappelle aussi que, vers 1904, un jour qu'il venait chez Pindividualisme des Bas-Bretons. moi et qu'avec raison il n'avait pas donné son nom à Du coup, la ville que Vauban ceintura de nob ma petite bonne, qui le connaissait, celle-ci me l'annonça remparts, a perdu cette dignité que la marine lui pre en ces termes : longtemps. Les ouvriers de l'arsenal, tous déracin Monsieur, c'est cet homme si laid. de la campagne avoisinante, initiés, l'alcool des gra Cet homme si laid... Allez y comprendre quelque des villes aidant, à l'anticlericalisme le plus brutal Pchose ! une épaisse bourgeoisie radicale, ont appris à maudi Je n'ai jamais répété cette affreuse parole à Montes aussitôt qu'à parler. Et les cailloux lancés, à chaqu quiou : je crois qu'il aurait été très réellement vexé. grève, contre les magasins, renseignent les éducateu Car il est vraisemblable que même sa simplicité — il sur la violence des passions qu'ils ont alluméees dan était quelquefois simple était volontaire et travaillée. la sensibilité ardente de cette population celte déchaînée Je nous revois assis, tous les deux, un dimanche, sur un Ainsi répond Prospéro à Caliban qui lui apprit à parler banc public de l'avenue de Neuilly, comme de petits La violence même de l'âme bretonne userait ici, plus bourgeois. Passèrent deux belles madames, qui le recon rapidement qu'ailleurs, les chefs que poussent les batailnurent et qui paraissaient fort choquées. Lui, il était ravi. lons des « travailleurs » de l'arsenal. Cet ancien petit Mais, princesse, disait-il devant moi dans le télé- commis de la marine, élu député pour ses outrances, phone, il m'est absolument impossible d'aller dîner chez devenu depuis capitaliste puissant, assurent les jeunes vous mardi : c'est mon jour de cinéma ! communistes, a pu craindre sérieusement un échec aux Le besoin d'étonner. élections de 1919. Mais la complicité souterraine des Un jour que le valet de chambre lui annonçait un visi- loges radicalisantes intervint, à point, pour lui donner teur richissime, célèbre, qui désirait connaître sa mai- le succès. Et c'est bien là le secret de la durée au poza voir municipal des socialistes, tour à tour majoritaires Je n'y suis pas, fit-il sèchement ; puis, il ajouta, et minoritaires, sourdement unis, malgré tout, pour avec un sérieux parfait : avancer les voies de la Révolution sociale. Dites à ce monsieur que je suis sorti, que je fais L'histoire de l'administration communale de ces actuellement mes visites pour entrer à l'Académie fran- communistes, depuis plus de dix ans, formerait les çaise. chapitres divers d'un même livre écrit par Aristophane Mais avec quel sourirc malicieux, se retournant vers et Thucydide. Mais comment épuiser le grotesque de moi, pendant que le domestique allait faire la com- ces démagogues proscrivant le savon comme un artide mission, il me criait : de luxe, travaillant dans un arsenal militaire au cri de: Il va le croire !... « A bas d'armée », s'enivrant de lourd alcool autant que C'est qu'il avait peut-être, en tout, un seule préoccupa- d'idées révolutionnaires ; abolissant à l'intérieur de leur tion, une sorte de hantise : la recherche du rare. « Des familles la plus élémentaire morale, et revêtus de l'échape Esseintes », a-t-on dit. Il est possible je n'en sais rien tricolore, déclarant unis, au nom de la loi, citoyens et que Huysmans l'ait portraituré dans A rebours: mais citoyennes fiancés ! Je promets à M. René Benjamin de alors il a ajouté un côté maladif que Montesquiou larges joies s'il suit jamais les séances de la Mairie ou de la Bourse du travail à Brest... Tel quel, en tout cas, avec ses défauts comme avec Qui n'a pas traversé les rues de Recouvrance ou de ses qualités, qui furent grandes aussi, ceux qui le con- Kéravel aux taudis humides et noirs, traversés de la nurent vraiment, l'aimèrent. Il avait beaucoup d'ennemis, senteur molle des absinthes d'avant-guerre, ne peut et il s'en vantait : il eut peu d'amis, mais sincères et comprendre l'observation faite par un magistrat , et fidèles ; et il en était fier aussi. confirmée par les médecins, que Brest est la ville où Depuis quelques années il faut employer .ce mot la proportion des incestes est la plus forte. La licence cruel - il était à peu près oublié du public. Forcé d'aban- des mours à suivi ici rapidement le dérèglement des donner Neuilly, faute d'argent, exilé dans ce beau esprits. xe Palais rose » du Vésinet, d'un accès difficile, le voilà C'est à Brest, vrai carrefour de toutes les démagoqui meurt sans bruit, lui qui fit tant de bruit jadis ! gies, qu'on pourra aussi analyser sur le vif le ravage Vis-à-vis de l'homme, rien à dire : aussi bien, lui-même porté dans les meilleurs esprits démocrates je l'écris ici parce que je le sais l'avait-il voulu chrétiens, issus du Sillon, dont le chef se faisait insainsi. Mais vis-à-vis du poète je l'avoue non moins crire hier au Comité d'action en faveur des assassins franchement – je crois que l'on commet une grande de droit commun, Sacco et Vanzetti. Démagogie cominjustice. L'avenir en décidera. muniste, démagogie sillonniste rivalisent ici de surenPaul HEUZÉ. chère électorale près des milliers d'ouvriers inoccupés, que l'Etat français rémunère chaque semaine, Un paradis bolcheviste en Basse Bretagne. La voie ainsi préparée au bolchevisme, comment s'étonner que Brest demeure un des bastions les plus Il se signalait déjà par le taux excessif de ses im- puissants de la Révolution sociale. Le fisc municipal y pôts urbains, plus de 60 0/0 du montant des loyers, lors détrousse légalement le commerce ; les bandes commuque l'attentat commis contre le consulat des Etats nistes y brisent vitres et magasins; les « travail. Ūnis a rappelé l'attention sur la bande de ses commu leurs des services municipaux, aussi bien ceux des honistes, tous jeunes voyous de 16 à 18 ans, apprentis à pitaux que de la voirie - plus nombreux que jamais – l'arsenal de la Marine, et, à ce titre, payés pour ne rien ou bien se mettent en grève périodiquement, ou bien faire par les contribuables français. négligent à ce point leur service, qu'aucune ville de France, à cette heure, ne montrerait de rues plus sales Sur la rade incomparable de Brest qui dans ses brumes vit passer autrefois le roi Grallon fuyant la ville d'Ys, ou d'hôpital plus mal tenu ; dès la nuit, les rues sont et que les Américains eurent dessein d'aménager en désertées tant y pullule la pègre du poignard et do revolver, toute prête à lancer contre des Français la grand port transatlantique ; face à la vallée enchantée grenade que ces embusqués craignaient si fort pendant où saint Guénolé abrita sa retraite ; au-dessus de son la guerre. arsenal d'une si belle ordonnance avec ses longs édifices Tel est le paradis bolcheviste dont on aura l'avant n'avait pas. par les |